Monsieur de Largillière, ou Mon cousin de Dreux, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Sewrin et Chazet, 2 novembre 1805.
Théâtre Montansier.
La première représentation est annoncée dans le Courrier des spectacles du 2 novembre 1805 sous le titre du Cousin de Dreux.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Cavanagh, (s. d.) :
Monsieur de Largillière, ou mon Cousin de Dreux, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles ; Par MM. Sewrin et Chazet, Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Montansier, le 2 novembre 1805.
Courrier des spectacles, n° 3205 du 12 brumaire an 14 [3 novembre 1805], p 3 :
Le Cousin de Dreux, joué au Théâtre Montansier, a trouvé peu de Cousins parmi les auditeurs. Son existence ne s’est sou tenue qu’à l’aide de quelques couplets, et surtout d’un logogriphe, espèce de ressource théâtrale que l’on ne connoissoit pas encore.
Courrier des spectacles, n° 3206 du 13 brumaire an 14 [4 novembre 1805], p 3 :
[Le compte rendu s'ouvre par un jugement ans appel : « une bluette très-foible d’invention » dont on ne pourrait sauver que « quelques couplets agréables ». Commençant « d’une manière assez heureuse », elle s'essouffle ensuite, malgré l'utilisation d'un moyen dramatique nouveau, un logogriphe dans lequel le prétendant malheureux veut faire comprendre les sentiments qu'il éprouve pour as future épouse, sa cousine. L'intrigue est très conventionnelle par ailleurs, un conflit entre époux sur le choix de l'époux futur de leur fille. C'est le choix du père qui prévaut : il souhaite permettre à sa fille d'épouser celui qu'elle aime, plutôt que le ridicule cousin provincial à qui sa mère le destine. Le critique conclut son compte rendu par l'affirmation que le personnage provincial gauche et niais est usé, qu'il faut « des compositions plus neuves, plus originales », et il en donne plusieurs exemples. Et il prédit que la pièce a peu d'avenir.]
Théâtre Montansier.
Le Cousin de Dreux.
Cette pièce est une bluette très-foible d’invention, mais dont le fonds est relevé par quelques couplets agréables. Elle s’annonçoit d abord d’une manière assez heureuse. On y remarquoit de l’esprit et de la gaieté ; malheureusement le feu des auteurs s'est éteint graduellement, et malgré le mérite d’un logogryphe, sur lequel ils avoient sans doute beaucoup compté, l’enthousiasme de l'auditoire s’est refroidi dans la même proportion.
Un M. de la Montagne, riche propriétaire, est père d’une jeune et jolie fille nommée Gabrielle ; c’est de tous les pères le meilleur, de tous les époux le plus soumis. Il sait que Gabrielle aime beaucoup son cousin Belval, et ne voit rien de mieux que de donner à sa fille un mari qui lui plaise. Mais il craint que sa femme, toujours prête à contrarier ses volontés, ne nuise à l’union de ces deux jeunes gens. Pour éviter les contrariétés, il feint de vouloir que Gabrielle épouse un cousin de Dreux nommé l'Argillière. Le provincial arrive ; la Montagne et sa fille jouent leur rôle à merveille. Mad. la Montagne s’emporte contre eux et donne hautement sa protection à Belval ; pour user même de toute sa supériorité, elle fait dresser un contrat et le présente impérieusement à son mari qui le signe et rit bientôt aux dépens de sa femme.
Les provinciaux gauches et niais sont des personnages trop usés ; il faut aujourd'hui au théâtre Montansier des compositions plus neuves, plus originales. Après le Singe bleu, l’Intrigue dans les caves, le Pont des Arts, etc. c’est perdre son tems que de s’amuser à des idées communes et vulgaires. Un homme qui tombe des nues, qu’on pêche à la ligne, qu’on met en cage, ou que l’on prend dans une taupière, voilà des conceptions fortes et vraiment digne des suffrages d’un auditoire éclairé. Il est à craindre que le Cousin de Dreux n’ait fait un voyage inutile.
Le logogriphe proposé par Monsieur de Larguillière :
Le terme que j'ai pris
Sans doute est d'un grand prix;
Il peint du cœur
Les transports et l'ardeur.
C'est un très-grand mot que l'Amour
Met, dans nos romans chaque jour :
Si l'on veut le décomposer,
On peut bientot, sans s'abuser,
Y trouver trente mors pour un
D’un usage assez commun.
On y trouve, d'abord,
Un endroit où l'on dort,
Plus un fleuve très-beau,
près du Pô.
Un prophète éloquent,
Un vent assez piquant,
Puis le synonyme de Lisbeth,
Plusieurs lettres de l'alphabet.
De plus, dans ce mot sans égal,
On voit le contraire du mal,
Un défaut qui déplait beaucoup,
Ce que l'on voit au bas du cou,
Ce que l'on voit entouré d'eau,
Ce qu'on trouve au fond d'un tonneau,
Ce qui vient après le printems,
Ce qui rend les mêts plus piquans,
Ce qui réunit les époux...
C'est ce que j'éprouve pour vous.
Et la bonne réponse est « sensibilité », qui contient entre autres « lit, plusieurs lettres de l'alphabet, bêtise, sein ».
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