Monsieur Seringa, ou la Fleur des apothicaires

Monsieur Seringa, ou la Fleur des apothicaires, parade en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, d'Armand Gouffé, Georges Duval et Tournay, 11 prairial an 11 [31 mai 1803].

Théâtre Montansier.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Cavanagh, an 11 – 1803 :

[La brochure fait partie des nombreux ouvrages portant une fausse indication de lieu de publication : elle aurait été imprimée « à Seringapatam », une ville d'Inde rendue célèbre par un siège en 1799 par les Anglais.]

M. Seringa, ou la fleur des apothicaires, parade En un acte et en prose, mêlée de vaudevilles ; Représentée pour la première fois, sur le Théâtre Montansier, le 11 Prairial an 11. Par les auteurs de Cri-Cri et M. T***.

Unda, unda, unda, unda, unda, unda, accurrrite cives !

Senteul.

Les auteurs de Cri-Cri sont Armand Gouffé et Georges Duval. Et T*** est identifié à Tournay.

Courrier des spectacles, n° 2277 du 12 prairial an 11 [1er juin 1803, p. 2 :

[Encore un bon vaudeville de Gouffé et Georges Duval. Il y a bien eu quelques sifflets, mais couverts par les applaudissements. Les auteurs ont risqué un couplet qui pouvait créer la polémique, mais c'est un couplet bien tourné. L'analyse ne réserve pas de surprise : un père et un oncle, une fille et un neveu, un garçon apothicaire qui épouserait volontiers la fille de son patron, mais qui va devoir laisser le champ libre à son rival. Le dénouement est facile : le neveu n'a qu'à dire qui il est pour être agréé. Une intrigue peu consistante, mais aussi des scènes plaisantes. Des « couplets bien faits », mais aussi trop de jeux de mots, et même des trivialités. Un acteur a un peu nui à l'ensemble de la pièce par sa lenteur à se travestir.]

Théâtre Montansier.

Première représentation de Seringa.

Dignus est intrare in nostro docto corpore : oui, Seringa est digne de figurer à côté de Cri-Cri, de Fagotin et de toute la famille burlesque qui fait flores à ce théâtre. L’admission du nouveau venu a été assez bien accueillie ; mais il paroît que quelques personnes plus circonspectes hésitoient à le recevoir. Aussi après la pièce ont-elles voulu manifester une opinion contraire au vœu de la majorité, et faire entendre quelques sifflets timides qu’ont étouffés les applaudissemens d’une majorité bien prononcée, et la modestie des auteurs qui ont eu la prudence de garder l'anonyme. Ces derniers ont cru devoir faire dans le vaudeville un couplet contre les auteurs qui empruntent à droite à gauche, qui prennent à Piron, à Pannard, à Favart, une idée, un couplet, une scène, et ils n’ont pas senti que c’étoit là le cas de leur dire : Vous crachez en l’air et et cela vous retombe sur le nez : mais c’est l’usage, il faut leur savoir gré non de l’intention, mais du couplet lui-même qui est bien tourné. Passons à l’analyse de ce vaudeville.

Seringa est un garçon apothicaire qui s’est mis par amour au service de M. Anodin. L’objet de ses feux est mademoiselle Célestine, fille de son maître, et qui aime Saint-Firmin, neveu de M. Requiem, célèbre médecin du quartier, dont on peut dire :

Jamais empoisonneur ne sçut mieux son métier.

Saint-Firmin est venu s’établir en face de la nouvelle demeure d’Anodin, et il cherche tous les moyens de voir son amante. Un peintre occupé à tracer les attributs de la pharmacie sur la boutique de l’apothicaire lui en fournit bientôt l'occasion : il l’engage moyennant la promesse de quelqu'argent et de quelques bouteilles de vin à lui prêter ses habits et à prendre ceux de médecin et le rôle de son oncle Requiem. Le Peintre se présente sous le déguisement ; mais comme il a trop bu, il est prêt à chaque instant à découvrir le mystère  ; néanmoins M. Anodin qui sent qu’il doit le ménager puisqu’il peut achalander sa boutique, excuse son ivresse, et consent à donner sa fille à son neveu, lorsque l’oncle véritable, M. Requiem, arrive. Grande discussion entre les deux oncles : St-Firmin la termine en se nommant lui-même, et Seringa est obligé de renoncer à ses prétentions sur Mlle Célestine.

Ce fonds est sans doute bien léger, mais il présente quelques scènes plaisantes, entr’autres celle des deux oncles. On remarque d’ailleurs quelques couplets bien faits; et que ne fait pas oublier un joli couplet ? les jeux de mots cependant ont été poussés trop loin ; on a aussi trop prolongé quelques trivialités. Dans toute autre bouche que celle de Brunet, elles auroient excité les murmures.

Nous conseillons aussi à M. Aubertin de mettre plus de promptitude à se travestir, s'il ne veut pas faire manquer de nouveau la scène où Brunet monte à l’échelle. A l’exception de cette scène, la pièce a été jouée avec ensemble.

F. J. B. P. G***.          

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