Oui ou le Double Rendez-vous

Oui ou le Double rendez-vous, opéra-vaudeville, de Goulard, musique de Solié, 12 fructidor an 8 [29 août 1800].

Théâtre Favart.

Titre :

Oui ou le Double rendez-vous

Genre

opéra vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

12 fructidor an 8 [29 août 1800]

Théâtre :

Théâtre Favart

Auteur(s) des paroles :

Goulard

Compositeur(s) :

Solié et vaudevilles

Courrier des spectacles, n° 1274 du 12 fructidor an 8 [30 août 1800], p. 2 :

[Le compte rendu commence par un jugement sévère : « fonds très-léger, qui n’est peut-être pas bien moral », « pas le mérite de la nouveauté ». Les remèdes habituels de ces défauts sont « des couplets plus ou moins heureux » et « un dialogue quelquefois assez piquant » : tout cela n’est pas encourageant. Le critique enchaîne ensuite avec le résumé du sujet, une intrigue plus que convenue, avec des ingrédients qui ne sont en effet pas neufs (la lettre, la ruse, le boudoir) et un dénouement facile (on pardonne tout aux maris volages, apparemment). Un tel sujet rappelle fortement au critique la Folle épreuve, et seule une bonne interprétation assure un succès à une pièce « en général très foible ». Quant à la musique, elle est d’un niveau insuffisant, simple « délassement d’amateur ». Si on peut y trouver deux morceaux « très-agréables », d’autres « ont paru négligés ». Et les accompagnements sont eux aussi inégaux, les uns très jolis, les autres manquand « d’expression et de caractère ».

La Folle épreuve dont Oui ou le Double rendez-vous serait si proche est une comédie en un acte de François-Benoît Hoffmann de 1788.]

T11héâtre Favart.

L’opéra, ou plutôt le vaudeville donné hier à ce théâtre sous le titre du Oui, ou le Double rendez-vous, repose sur un fonds très-léger, qui n’est peut-être pas bien moral, et qui en outre n’a pas le mérite de la nouveauté. L’auteur a cherché à racheter ce double défaut par des couplets plus ou moins heureux, et par un dialogue quelquefois assez piquant. Passons au sujet ; il est fort simple : Fontalbe, époux de Julie, conçoit du goût pour Claire, amie de sa femme. Il écrit à l'objet de sa nouvelle flamme pour en obtenir un rendez-vous, et sur-tout un oui, garant desiré de son triomphe. Cette lettre entre les mains de Claire, éveille la jalousie de Florville, dont elle est aimée. Malgré les instances et les reproches de celui-ci, elle lui laisse ignorer le contenu de la lettre, qu’elle communique tout simplement à Julie, en lui faisant part d’une ruse qu’elle imagine pour confondre Fontalbe et le punir de son inconstance. On ôte d’une boëte le portrait de Julie, et seulement on y renferme la lettre que Fontalbe avoit écrite à Claire. Fontalbe ne tarde pas à venir ; il trouble un entretien que sa femme avoit avec Florville ; et malgré les petits mouvemens de jalousie que cette entrevue a fait naître dans son esprit, il n’en nourit pas moins le projet de se rendre au rendez-vous qu’il a demandé et obtenu de Claire. Julie, avant de le quitter, lui remet la boëte en question ; lui fait promettre de ne point l’ouvrir qu’elle ne le lui ait positivement permis. Fontalbe jure de se conformer à cette intention ; il s’éloigne. Florville rentre, cède à la prière que lui fait Julie de l’accompagner dans un boudoir. De ce lieu, tous deux entendent très-clairement l’aveu que Fontalbe fait à Claire ; cet époux volage va plus loin encore, il entraîne sa nouvelle conquête vers le boudoir ; mais il y voit sa femme avec Florville,

On se renvoye les soupçons et les reproches. La contenance la moins assurée pourtant est celle du mari, qui pour éclaircir un mystère cependant bien dur à pénétrer, brûle d’ouvrir la boëte. Enfin il cède à son impatience ; il y cherche le portrait de sa femme : « Vous n’y verrez que le vôtre, lui dit Julie, et tracé de votre main même. » Ce peu de mots n’a rien d’énigmatique ; Fontalbe a déployé la lettre et reconnu son écriture. Sa honte est complette, mais on lui pardonne, et Claire pardonne également à Florville des soupçons à la vérité bien plus excusables.

On connoît dans ce genre une pièce qui a été donnée au théâtre de l’Ambigu-Comique, sous le titre de la Folle Epreuve.

Le vaudeville nouveau est en général bien foible ; mais il est bien joué ; cet avantage n’a pas nui au succès qu’il a obtenu.

La musique est en quelque sorte un délassement d’amateur. On y distingue un air et un trio très-agréables ; plusieurs morceaux néanmoins ont paru négligés. Il y a des accompagnemens très-jolis, mais il y en a aussi qui manquent d’expression et de caractère.

Les auteurs ont été demandés ; ce sont les cit, Goulard pour les paroles, et Solié pour la musique.

B * **.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an 8, IVe trimestre, n° 35 (20 fructidor), p. 489-490 :

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Oui, ou le double Rendez-Vous.

Il semble que depuis quelque tems ce théâtre se soit consacré aux bluettes, et rapproché par-là de sa première origine : néanmoins ce mélange de vaudevilles et de musique, doit infailliblement nuire à l'un ou à l'autre des deux genres, et quand on possède un repertoire aussi fécond, quand on se rappelle les bons ouvrages des Grétry, des Monsigny, des Dalayrac, des Méhul, on ne peut concevoir l'espèce de prédilection qu'affecte aujourd'hui le théâtre de la rue Favart pour de petits actes bien pâles, bien insignifians ; il est peut-être encore plus bizarre de voir des compositeurs distingués se rabaisser eux-mêmes, et déroger jusqu'au petit genre, pour flatter le caprice momentané du public, et devenir ainsi complices de la rétrogradation de leur art.

Ces réflexions m'ont été naturellement inspirées par la représentation d'un petit acte, intitulé Oui, ou le double Rendez-vous. Ce n'est à proprement parler, ni un Vaudeville, ni un Opéra comique. L'ouvrage n'est pas assez ·piquant pour mériter le premier titre, et n'est pas assez neuf en musique pour mériter le second. Une petite intrigue légère sur un fonds presque usé au théâtre, un dialogue spirituel et pur, mais souvent froid, des couplets plus corrects que saillans, peu d'intérêt et presque point de comique, c'est tout ce qui compose et caractérise cette bluette ; mais elle a réussi, parce qu'au fond il serait difficile de lui faire d'autres reproches que celui de la froideur, et parce qu'elle est jouée avec beaucoup de soin. On a demandé les auteurs : celui des paroles, est le Cit. Goulard, déjà connu par quelques ouvrages spirituels, et celui de la Musique, le Cit. Solié, qui a donné plusieurs fois à ce théâtre des preuves d'un talent très-distingué.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1800, tome III, p. 110 :

Théâtre Favart.
Oui, ou le Double Rendez-vous.

Ce petit opéra vaudeville, très-foible par lui-même, a été soutenu par le jeu des acteurs. C'est le même sujet que celui de la Folle Epreuve, jouée à l’Ambigu comique , et que la Leçon conjugale aux Troubadours. Un époux oublie sa femme, pour faire sa cour â une jeune personne qui, d'intelligence avec l'épouse trahie, se moque de lui par un faux rendez-vous.

La musique est jolie et agréable, mais elle a peu de caractère.

Les auteurs sont les CC. Goulard et Solié.

Le titre « la leçon conjugale » est un titre utilisé à plusieurs reprises. La pièce à laquelle Oui ou le Double rendez-vous est celle de Jean-Baptiste Dubois, la Leçon conjugale ou le Voilà pris, jouée au Théâtre des Troubadours à partir du 22 messidor an 8 [11 juillet 1800], très peu de temps avant la pièce de Goulard et Solié.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris, répertoire 1762-1972, p. 350, désignent la pièce comme un « opéra-vaudeville » en un acte, livret de Jean-François-Thomas Goulard, musique de Jean-Pierre Solié et vaudevilles. Créée le 29 août 1800, elle a connu six représentations.

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