La Papesse Jeanne (Léger, 1793)

La Papesse Jeanne, comédie en un acte, en vers et en vaudevilles, de Léger, 26 janvier 1793.

Théâtre de la rue Feydeau.

Titre :

Papesse Jeanne (la)

Genre

comédie en vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 janvier 1793

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Léger

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le Citoyen Cailleau, an II :

La papesse Jeanne, comédie, en un acte, en vers et en vaudevilles ; Par le Citoyen Léger. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la rue Feydeau, le Samedi 26 Janvier 1793.

Mercure français politique, historique et littéraire, n° 30 du mercredi 30 janvier 1793, p. 240 :

[Le critique n’apprécie guère la pièce. Il la résume sommairement, avant de dire ce qu’il faut en penser selon lui : une pièce sans action, sans situation dramatique, sans intérêt, seuls les couplets étant bien écrits ; mais le tout est « peu piquant » (une des qualités attendues d’un vaudeville), et surtout peu convenable (ce qui est un grand reproche). L’auteur, nommé, a déjà fait mieux.]

Théâtre de la rue Feydeau.

La Papesse Jeanne, piece en vaudevilles.

Jeanne était sur le point d’épouser son amant. Elle en a été séparée, comme elle marchait avec lui vers l’autel, par un accident dont l’auteur ne rend pas un compte fort clair. Obligée de fuit et de se cacher, elle arrive à Rome sous l’habit ecclésiastique ; elle parvient à toutes les dignités de l’église, jusqu’à celle de cardinal. On va nommer un pape au moment où la piece commence. L’ambitieuse Jeanne ose y prétendre, et préfere la thiare [sic] même à son amant qui l’a retrouvée. Les intrigues des cardinaux, leur libertinage, leur ignorance, tous les défauts qu’on reproche aux gens d’église forment les détails au moyen desquels les scenes sont prolongées jusqu’au dénouement. Jeanne est pape ; elle ordonne le mariage des prêtres, et donne l’exemple en épousant son amant : mais comme alors elle déclare son sexe, on décide de nommer un autre pape le lendemain.

Nulle action, nulle situation dramatique, nul intérêt ; des couplets fort agréablement tournés ; plus de licence que de vraie liberté ; un ton peu piquant, et sur-tout peu convenable. La piece est de Leger, acteur du théâtre du Vaudeville, qui dans plusieurs autres ouvrages à ce théâtre,a fait un meilleur usage de son talent.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 3 (mars 1793), p. 331-333 :

[Le compte rendu commence par une mise au point historique : cette papesse Jeanne n'a jamais existé, ce n'est qu'une invention destinée à discréditer l'Église catholique. Et le critique a besoin, pour arriver à rétablir la vérité, d'une érudition impressionnante. De l'adaptation du conte au théâtre, il retient surtout qu'il a fallu que l'auteur s'écarte de l'histoire, sans profit pour son ouvrage : on trouve Jeanne devenue cardinal sous un habit masculin, et qui est élue pape. Elle décide de permettre le mariage des prêtres, et annonce qu'elle va en profiter la première. La pièce gagnerait à être plus ramassée, et à ne plus offrir « quelques équivoques un peu fortes ». Elle a réussi  : l'auteur a été demandé sans paraître/ Le décor représentant le Vatican « est fort agréable », mais le mélange de costumes ecclésiastiques modernes et de tenues des anciens Romans « offre un anachronisme par trop ridicule ». L'article s'achève par l'annonce de la pièce homonyme de Flins des Oliviers.]

La papesse Jeanne, comédie en un acte, en vers & en vaudevilles, de Léger.

Tout le monde connoît l'histoire fabuleuse de la Papesse Jeanne ; c'est entre Léon IV & Benoit III, que d'anciens chroniqueurs & quelques protestans placent cette prétendue papesse sous le nom de Jean VIII. C'étoit, selon ces bonnes gens, une fille déguisée en garçon, qui, étant parvenue à la thiare, s'avisa d'accoucher en habits pontificaux dans une procession au Colysée de Rome. Cette fable, racontée comme une vérité par soixante-dix auteurs, n'est plus aujourd'hui adoptée de personne. Les calvinistes l'ont opposée long-tems aux catholiques ; mais depuis ils ont rougi eux-mêmes de la citer. Le pape Jean VIII, que ces auteurs désignoient sous le nom de Papesse Jeanne, ne fut élu qu'après Adrien II, en 872, & l'on ne remarque qu'un seul trait dans sa vie qui puisse donner lieu à cette calomnie. Jean, se laissant fléchir par les prieres de Basile, empereur d'Orient, reçut Photius à la communion de l'église, & le rétablit sur le siege de Constantinople : Photius étoit le plus bel homme de son tems : la complaisance de Jean pour lui, surprit tous les orthodoxes, & a fait dire au cardinal Baronius, que c'est ce qui a sans doute donné occasion au vulgaire de s'imaginer que Jean VIII étoit femme. Quoi qu'il en soit, tous les chroniqueurs se sont trompés sur l'époque du pontificat de ce qu'ils appellent la Papesse Jeanne ; car, cinq jours après la mort de Léon IV, Benoît III fut élu pape, ce qui détruit l'opinion fabuleuse de ceux qui ont placé la prétendue Papesse entre ces deux pontifes. En 1694, Jacques Lenfant donna l'Histoire de la Papesse Jeanne in-12. Lenfant revint dans la suite de ses préjugés au sujet de cette fable si ridiculement inventée ; mais Alphonse Vignoles donna, en 1710, une nouvelle édition de son ouvrage, en 2 vol., avec des augmentations considérables, dans lesquelles il fit de vains efforts pour appuyer ce roman.

C'est ce conte plaisant que M. Léger a donné au théatre ; mais il s'est écarté de l'histoire, & son ouvrage n'y a pas gagné. Ici, Jeanne, obligée de se séparer, dans Athenes, d'un amant qu'elle chérissoit, est parvenue jusqu'au cardinalat sous des habits d'homme & de prêtre. Son amant arrive à Rome le jour même où le conclave est assemblé pour élire un pape. Jeanne est élue; mais à peine est-elle revêtue de la pourpre romaine, qu'elle fait des réformes considérables & établit le mariage des prêtres : chaque cardinal veut lui faire des objections, lorsque Jeanne annonce qu'elle va profiter la premiere de cette loi : en effet, elle apprend,à tout le monde qu'elle est femme, & donne la main à son amant. En coupant quelques scenes un peu longues, & en supprimant quelques équivoques un peu fortes, cette bagatelle pourra ne laisser rien à désirer : elle a d'ailleurs complettement réussi, & l'on en a demandé l'auteur, qui n'a point paru.

La décoration qui représente une partie des bâtimens & des jardins du Vatican, est fort agréable ; mais le mélange des costumes ecclésiastiques modernes, & de celui des anciens Romains, offre un anachronisme par trop ridicule.

Le sieur Flins va donner au Théatre du vaudeville une piece sur le même sujet.

D’après la base César, la première a eu lieu le 26 janvier 1793. La pièce a été jouée 35 fois au théâtre de la rue Martin en 1793, puis, au Théâtre Feydeau, 24 fois en 1794, 4 fois en 1795 et 1 fois en 1797.

Les 7 représentations signalées au Théâtre du Vaudeville, entre le 5 février et le 22 mars 1793, pourraient être attribuées à la pièce de Flins (Carbon de Flins Des Oliviers, Claude-Marie Louis-Emmanuel) annoncée à la fin de l'article et dont l'Esprit des journaux du mois d'avril rend compte : César ignore cette pièce.

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