La Pension de jeunes demoiselles, pièce morale, en vers, en un acte, mêlée de musique, de Joseph Patrat, musique de Piccini fils, créée sur le Théâtre des Jeunes artistes le 19 Floréal an 9 [9 mai 1801].
La pièce de Patrat, musique d'Alexandre Piccini, a laissé peu de traces : je ne l'ai pas trouvée dans les journaux à la date annoncée. La publication de la deuxième édition de la brochure est simplement signalée dans le Journal de Paris, n° 324 du 24 thermidor an 13 [12 août 1805], p. 2277.
Dans les Types populaires de la littérature française (1926), Georges Doutrepont commente ainsi le choix du nom donné à maîtresse de la pension : « Patrat,, dans la Pension des Jeunes Demoiselles, un acte en prose (9 mai 1801, Jeunes Artistes) qui est une « pièce morale », suivant son indication, présente une maîtresse de pension s'appelant Célimène : elle aurait pu s'appeler, tout aussi bien, Elise ou Françoise » (p. 518).
Dans la Religieuse dans la littérature française (Presses de l'Université Laval, 1969), Jeanne Pronton caractérise ainsi le personnage de Célimène : « Le personnage principal est une ex-religieuse qui a conservé dans « le monde » les manies et l'étroitesse d'esprit acquises au couvent » (p. 386).
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, deuxième édition, chez madame Masson, an 13 [1805] :
La Pension de jeunes demoiselles, pièce morale, en un acte, en vers; Par M. Patrat. Musique de M. Piccini, fils. Représentée pour la première fois, à Paris ; sur le Théâtre des Jeunes-Artistes, le 19 Floréal an IX.
Je veux que la vertu, plus que l'esprit, y brille ;
La mère en prescrira la lecture à sa fille.
Métromanie, de Piron.
Le texte de la pièce est précédé d'une préface qui place la pièce sous la protection de Madame de Genlis, à qui Patrat souhaitait la dédicacer. La noble madame de Genlis a refusé cet hommage, ce qui n'empêche pas Patrat de la nommer, et de publier la dédicace qu'il avait prévu de mettre en tête de sa pièce (p. 3-4) :
PRÉFACE.
EN assistant à la distribution des prix décernés aux jeunes élèves d'une des plus belles pensions de l'Europe, je fus si vivement ému que je formai le projet de composer une petite pièce dans le genre des intéressantes productions de madame de Genlis, et d'en faire hommage à l'estimable institutrice d'un aussi bel établissement.
J'étais si plein de mon sujet, qu'il fut bientôt exécuté. Je présentai l'Ouvrage, il fut accueilli ; mais la modestie, toujours inséparable, du vrai mérite, en refusa la dédicace, en me permettant d'en faire lecture à toutes les élèves rassemblées. Quel prix plus flatteur pour un homme sensible, que les vifs applaudissemens et les douces larmes de l'innocence et de la beauté !
Je soumis ensuite cette petite production à madame de Genlis, dont les charmans Ouvrages m'ont servi de modèle ; et si j'osais placer ici la lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire, son jugement me servirait d'égide contre les coups de la critique, qui se plaît à tout dénigrer.
Quelques personnes me conseillèrent d'exposer ce petit Ouvrage aux risques de la représentation. Un compositeur estimé me proposa même d'en faire la musique, et cet offre me détermina. Il crut, d'après son cœur, sans doute, que la sagesse conduisant par la douceur l'innocence à la vertu, était un tableau intéressant, qui devait au moins obtenir un sujet d'estime, mais le comité de lecture en a jugé tout autrement.
Il a écrit:
» Votre pièce est charmante, etc. etc. Mais » elle est trop morale pour convenir à notre théâtre. «
Ce premier essai me dégoûta d'en tenter un autre; et je ne pensais plus à cette bagatelle, lorsque la curiosité me fit entrer au théâtre des Jeunes Artistes, rue de Bondy. Je vis avec plaisir que la nouvelle administration avait rassemblé avec goût un choix de jeunes personnes, dont les talens naissans et les figures intéressantes semblaient devoir donner à ma Pièce toute l'illusion qui peut en faire le charme. Soudain je me déterminai à placer mon petit tableau dans ce petit cadre. Si la pièce tombe, c'est un petit malheur; et si elle réussit, son succès sera la preuve consolante que les mœurs ne sont pas encore tout-à-fait corrompues.
A Madame ***
Vous avez refusé l'hommage
Que je désirais vous offrir.
La dédicace eût soutenu l'ouvrage,
Mais il fallait vous obéir.
J'ai caché votre nom avec un soin extrême ;
Et si quelqu'un vous reconnaît,
Ne vous en prenez qu'à vous-même,
En peignant les vertus, on fait votre portrait:
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