La Petite Nichon ou la Petite paysanne de la Moselle, petits tableaux en une petite action et un petit prologue, texte de Pierre Villiers et Jean Cuvelier, musique d'Alexandre [Piccini] avec Elisa Gougibus (Nichon), 23 novembre 1811.
Théâtre de la Porte Saint-Martin (théâtre des Jeux Gymniques).
En 1811, Élisa Gougibus (Marie-Élisabeth Adrienne Leménil) a cinq ans.
Journal de Paris, n° 38 du 7 novembre 1811, p. 1 :
[L'anecdote qui est à l'origine de la pièce.]
Metz, 2 novembre.
Hier, dans l'après-midi, deux voleurs profitant du moment où l'on était à l'église, se sont introduits dans une maison isolée, située entre Vasière et Vantoux, village près de Metz ; ils franchirent une haie, et se disposaient à enfoncer la porte de la maison, lorsqu'une petite fille, âgée de dix ans, et était restée seule à la maison, les ayant aperçus par une fenêtre, monte au grenier pour appeler au secours, et vient ensuite se placer à une autre fenêtre au-dessus de la porte. Elle soulève avec peine une pioche et la laisse tomber sur la tête des fripons qui évitent le coup; s'emparent de cette pioche et s'en servent pour forcer la porte, qu'ils enfoncent enfin. La petite fille ne se déconcerte pas ; elle va prendre deux pistolets que M. Colchen, le propriétaire de la maison, avait laissés dans son cabinet, et tue à bout portant le premier voleur qui se présente à elle. Le second prend la fuite ; on est à sa recherche.
La petite fille qui vient de donner ces preuves de courage et de présence d'esprit, est d'un naturel timide et d'un caractère fort doux : elle se nomme Nichon.
Journal de Paris, n° 55 du 24 novembre 1811, p. 2-3 :
[Le critique choisit de faire un compte rendu plutôt critique de la pièce, dont il rappelle l'origine, un article paru quelques jours plus tôt. Il en profite pour dire que la pièce n'a pas demandé d'effort d'imagination à ses auteurs. Il s'étonne ensuite de ce qu'une enfant aussi jeune ait été laissée à la maison le jour où on marie sa sœur. Il aurait fallu trouver un autre motif pour ce qui apparaît comme une punition. De même, l'intrigue aurait eu besoin d' être nourrie de « quelques incidens ». La pièce doit son succès à la très jeune interprète, qui « a fait preuve d'une intelligence, d'une finesse et d'un aplomb au-dessus de son âge » et a su réciter « avec beaucoup de grace » la « fable qui termine la pièce ». Preuve du succès, les auteurs ont été nommés.]
JEUX GYMNIQUES.
Première représentation de Nichon ou la Petite paysanne
de la Moselle, pantomime en un acte.
On a lu dans le numéro de ce journal du 7 novembre , qu’une petite fille de dix ans, des environs de Metz, étant restée seule dans une maison fut attaquée par deux voleurs,qu’elle en tua un et mit l’autre en fuite.
C'est cette action, presque incroyable, qui fait le sujet de la pantomime nouvelle ; mais elle n'a dû coûter aucun effort d'imagination aux auteurs.
Le prologue nous apprend, que les parens de Nichon sont absens pour assister au mariage de sa sœur. Les deux coquins profitent de l'absent de cette famille, dont ils ont reçu des bienfaits, pour venir les voler
On s étonne qu'une enfant, dont on doit être si content, reste enfermée, comme en pénitence, dans la maison, le jour où l'on marie sa soeur, il y a de la cruauté à ne pas l'avoir amenée à la noce. Il fallait motiver autrement l'absence de la famille. Enfin, on pouvait rendre la pièce plus intéressante, en créant quelques incidens.
Elle n'en a pas moins été fort applaudie. La petite fille, chargée du rôle de Nichon, en a été en grande partie cause. Elle a fait preuve d'une intelligence , d'une finesse et d'un aplomb au-dessus de son âge ; elle a sur-tout récité avec beaucoup de grace une fable qui termine la pièce. Les auteurs ont été demandés et nommés : ce sont MM. Villiers et Cuvélier pour la pièce, et M. Alexandre pour la musique.
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