La Petite revue lyonnaise, ou Fanchon la vielleuse à Lyon

La Petite revue lyonnaise, ou Fanchon la vielleuse à Lyon, comédie-vaudeville impromptu en un acte, de Dupaty, jouée à Lyon, sur le Théâtre des Célestins, les 7, 8, 9 et 10 novembre 1811.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez M.me Masson, 1811 :

La Petite revue lyonnaise, ou Fanchon la vielleuse à Lyon, comédie-vaudeville impromptu en un acte, Représentée sur le théâtre des Célestins à Lyon, les 7, 8, 9 et 10 Novembre 1811, Par M. Emmanuel Dupatu.

Le texte de la pièce est précédé d'un poème dédiant la pièce au Préfet du Rhône, le Comte de Bondy :

A MONSIEUR

LE

COMTE DE BONDY,

CHAMBELLAN

DE S. M. L'EMPEREUR,

PRÉFET DU DÉPARTEMENT DU RHONE.

    De ces remparts que vous rétablissez,
    De ces beaux lieux que vous embellissez,
En joyeux troubadour, j'ai passé la revue ;
J'ai salué vos ports, vos pompeux monumens,
Vos fleuves nourriciers et ces coteaux charmans
Qui, de l'observateur, chez vous frappent la vue.
De vos murs glorieux, ma lyre a fait le tour ;
Elle a chanté les arts, la valeur, l'industrie,
        Et n'a point oublié l'amour
Qu'aux belles ou y porte, ainsi qu'à la Patrie !
Que restait-il encor à chanter en ces lieux ?
    L'activité, le zèle infatigable ;
L'urbanité française, une noblesse affable ;
Les sentimens d'honneur, si chers à nos ayeux ;
        Cet esprit de chevalerie
        Que les preux de François premier
        Joignoient à la galanterie ;
        La grâce du siécle dernier;
Cet élan créateur né du siécle moderne ;
    L'intégrité, la franche loyauté,
        Et cette inquiette bonté
Qui touche et qui séduit ceux qu'en père on gouverne !
A la ville, à la cour, qui ne reconnaîtra
Les traits que je dépeints ; mais ici je m'arrête,
J'entends que l'on vous nomme ! et chacun s'écrîra.
    Que ma revue est à présent complète !

« Le théâtre représente le salon d'un Directeur de comédie. Une table est d'un côté, un paravent de l'autre. ».

Il y a quatre personnages, le directeur (de la comédie), un médecin, Niaizot, le valet du directeur (son nom indique clairement qu'il va tenir le rôle du niais) et une actrice sous divers costumes. Le directeur a envoyé Niaizot chercher l'actrice dont il a besoin pour sa pièce, toutes ses actrices étant malades. Mais le valet a surtout visité les cabarets et leur carte des vins. Arrive le médecin, censé soigner les actrices malades, mais qui ne peut rien pour lui. Il lui a simplement parlé d'une actrice, celle que justement on attend, et qui ne sera engagée que si elle peut remplir « tous les emplois ».. Commence le défilé des actrices : une Cauchoise d'abord, à Lyon parce que son amant l'a abandonnée dans cette ville : elle peut jouer les servantes, mais le directeur ne veut pas d'elle à cause de son accent normand ; une « belle dame » qui se présente comme madame de Melcour, que le directeur accompagne quand elle annonce son intention de visiter la ville ; il laisse son valet et le médecin dont le dialogue met en valeur la suffisance du médecin et la niaiserie du valet. A son retour le directeur revient indigné de ce que le médecin a conseillé à ses actrices de se taire pour épargner leur voix. Arrive enfin une vielleuse, la fameuse Fanchon, de la pièce à la mode, qui se propose pour occuper la scène. Elle donne un échantillon de ses talents, mais le directeur persiste à attendre son actrice de Paris. Elle sort, et il ne reste plus que Niaizot, qui se propose pour jouer la pantomime. Le directeur se propose de jouer Pigmalion, Niaizot faisant la statue de Galathée. Le directeur entreprend de sculpter la statue, quand arrive une vieille, qui se présente comme « la jeune Demoiselle qu'un de tes amis t'envoye pour remplir tous les emplois ». Le directeur la refuse aussi, elle passe derrière le paravent, et reparaît en Galathée : elle est l'actrice promise par le médecin, et a joué les quatre rôles, « Fanchon, la Vieille, la Parisienne, la Cauchoise ». La pièce s'achève, comme de juste, par un vaudeville.

Tout au long de la pièce, les personnages ont multiplié les allusions à Lyon et à ses richesses, et des notes aident obligeamment le lecteur à les décrypter.

Plusieurs mois après les représentations de la pièce de Dupaty à Lyon, le Journal de Lyon et du Département du Rhône publie une série d'articles consacré à ce qui est présenté comme un grand événement. Ce compte rendu est largement constitué d'extraits de la pièce.

Journal de Lyon et du Département du Rhône, n° 74, troisième année, du samedi 20 juin 1812, p. 2 :

LA PETITE REVUE LYONNAISE,
ou Fanchon la Vielleuse à Lyon.

Comédie-Vaudeville impromptu en un acte, représentée sur le Théâtre des Célestins à Lyon, les 7, 8, 9 et 10 novembre 1811.

Par M. Emmanuel Dupaty.

Lorsque cette pièce fut jouée l'automne dernier, pendant le séjour que Mme. Belmont fit en cette ville, elle obtint beaucoup de succès. On applaudit les idées ingénieuses d'un auteur dramatique dont une grande fécondité ne saurait épuiser l'imagination, ni fatiguer le talent, et qui vient de recevoir d'honorables témoignages de la munificence impériale ; on applaudit, comme cela se pratique au théâtre, les éloges mêmes que le poëte distribuait délicatement aux spectateurs : on applaudit sur-tout la figure, les grâces, le chant et le jeu de l'aimable actrice pour qui la pièce semblait aussi avoir été faite, et qui lui prêtait tant de charmes nouveaux.

En annonçant l'impression et la publication de la. Petite Revue Lyonnaise, piece qui a été depuis jouée par une autre jolie actrice, Mme. Linville, et qui restera sans doute au théâtre de Lyon, nous demandons à nos lecteurs la permission de citer un assez grand nombre de couplets. Comme ces vers, tournés avec esprit, sont consacrés à célébrer les monumens, les institutions et les usages de cette ville, ils appartiennent, pour ainsi dire, à son histoire ; et on les lira avec autant d'intérêt et de plaisir qu'on les a entendu chanter. Nous citerons aujourd'hui la dédicace de l'ouvrage.

A Monsieur le COMTE DE BONDY, Chambellan de S. M. l'Empereur, Préfet du département du Rhône.

    De ces remparts que vous rétablissez,
    De ces beaux lieux que vous embellissez,
En joyeux troubadour, j'ai passé la revue ;
J'ai salué vos ports, vos pompeux monumens,
Vos fleuves nourriciers, et ces côteaux charmans
Qui de l'observateur, chez vous frappent la vue.
De vos murs glorieux ma lyre a fait le tour ;
Elle a chanté les arts, la valeur, l'industrie,
        Et n'a point oublié l'amour
Qu'aux belles on y porte, ainsi qu'à la patrie !
Que restait-il encor à chanter en ces lieux ?
    L'activité, le zèle infatigable ;
L'urbanité française, une noblesse affable ;
Les sentimens d'honneur, si chers à nos ayeux ;
        Cet esprit de chevalerie
        Que les preux de François premier
        Joignaient à la galanterie ;
        La grace du siècle dernier ;
Cet élans [sic] créateur né du siècle moderne ;
    L'intégrité, la franche loyauté,
        Et cette inquiette bonté
Qui touche et qui séduit ceux qu'en père on gouverne ?
A la ville, à la cour, qui ne reconnaîtra
Les traits que je dépeins ? Mais ici je m'arrête,
J'entends que l'on vous nomme ! et chacun s'écrira
Que ma revue est à présent complète!

Journal de Lyon et du Département du Rhône, n° 75, troisième année, du mardi 23 juin 1812, p. 2 :

LA PETITE REVUE LYONNAISE,
Ou Fanchon la Vielleuse à Lyon.

Comédie-Vaudeville impromptu en un acte, représentée sur le Théâtre des Célestins à Lyon, les 7, 8, 9 et 10 novembre 1811.

Par M. Emmanuel Dupaty

Deuxième article.

Le cadre de cette pièce est simple, et sert à lier des scènes détachées, mais travaillées avec soin. Un Directeur de spectacle dans l'embarras, et il s'en trouve quelquefois à Lyon, attend avec impatience une nouvelle actrice qui doit l'aider à sortir de la fâcheuse situation où il est placé. Cette actrice se présente tour-à-tour sous les costumes d'une cauchoise, d'une élégante, de Fanchon la vielleuse, d'une vieille femme, et de la Galathée de Pygmalion. Le Directeur, enchanté du talent que cette actrice montre dans les divers personnages qu'elle représente, s'empresse de l'engager. Il faut ajouter à ces deux acteurs, un médecin en butte aux fréquentes épigrammes du Directeur, et un valet dont les niaiseries spirituelles répandent de la gaieté sur -la scène. En faisant imprimer sa pièce, l'auteur y a ajouté des notes que nous citerons quelquefois. Nous commencerons par celle-ci, qui intéresse le département.

« Les vins de Beaujolais, de Sainte-Foi et de Condrieux, ont de la réputation ; ceux de l'Hermitage ont de la célébrité ; le côteau sur lequel on les récolte offre un aspect enchanteur ; il est cultivé avec une grande perfection. Le Rhône coule au pied ; il est couronné par une chapelle qui forme un point de vue aussi pittoresque qu'agréable. »

Le directeur trouve l'occasion de rappeler que c'est à Lyon que le grand Molière entra dans la carrière qu'il a pour jamais illustrée, et qu'il saisit, l'Apothicaire Fleurant.

Voici des couplets que chante la Cauchoise.

La Cauchoise.

Air : Prenons d'abord l'air bien méchant.

J'ons fait pour vous bien du chemin ;
Je v'nons de c'beau pays de France,
Où comm' dans le plus frais jardin,
Les pommiers croissent en abondance.

Niaizot.

J'avons d'viné ça des premiers,
Et j' voyons ben, tous tant qu'nous sommes,
Qu' vous venez du pays des pommiers,
Car vous rapportez de bell's pommes.

La Cauchoise.

    Même air.

A donner l'prix de beauté,
puisque la pomme est destinée,
L'pommier d'vait être transplanté.
Sur cette rive fortunée ;
Et s'il voyait en ce moment
Tout's les bell's qu'ici l'on renomme,
J'gageons que le plus fin Normand
N' saurait à qui donner la pomme !

Dans la piéce imprimée, est jointe à ce couplet la note suivante.

« On compte à Lyon un grand nombre de jolies femmes. On peut citer entr'autres, Madame ***, dont la beauté est célèbre dans toute l'Europe ; Madame ***, dont les Grâces ont, également embelli l'esprit et la figure ; Madame ***, qui, par son enjouement, son clat, sa vivacité piquante, justifie le nom d'Aspasie qu'on lui donne ; etc., etc. »

    Air : Ma barque légère.

    La barque fragile
    Suit l'heureux penchant
    Qui vers cette ville
    Guide le courant.
    Le plus frais rivage.
    De riches côteaux,
    M'offrent au passage
    De charmans tableaux.
    Le gai nautonnier,
Rustique chansonnier,
    Redit sa chanson
Courbé sur l'aviron.
    Bressane jolie,
    Aux flots voyageurs,
    En chantant, confie
    Ses fruits et ses fleurs.
    De pampres superbes
    Ombrageant ses eaux,
    Recouvrant de gerbes
    Ses pâles roseaux,
    Chargé des tributs
    De-Cérès, de Bacchus.
    Le fleuve descend
Comme un Dieu bienfaisant ;
    Et gagnant la rive,
    Sans soins, sans efforts,
    Avec lui j'arrive
    Sur ces heureux bords.

    Air : Tout le long.

        Là, pour achever le trajet,
        S'offr' des bateliers en corset.
        Grâce à leurs yeux, à leur costume,
        Sur l'eau parfois le feu s'allume ;
        Et l'Amour, au faubourg Serin,
        Devient un petit Dieu marin,
    Qui court et navigue avec la batelière
Tout le long, le long, le long de la rivière

Journal de Lyon et du Département du Rhône, n° 94, troisième année, du jeudi 6 août 1812, p. 3-4

LA PETITE REVUE LYONNAISE,
Ou Fanchon la Vielleuse à Lyon.

Comédie-Vaudeville impromptu en un acte, représentée sur le Théatre des Celestins à Lyon, les 7, 8, 9 et 10 novembre 1811.

Par M. Emmanuel Dupaty.

Troisième article.

L'élégante Mme. de Melcourt, arrivant à Lyon par la joute de Tarare, annonce qu'elle n'a pu entrer sans émotion dans une cité qui fut fondée par les Romains, honorée par la naissance de Germanicus, embellie par Marc-Aurele, aimée de Louis XII, estimée de François Ier. ; et dont Henri IV. vanta la loyauté, comme tous les siècles vanteront son héroisme et son courage. L'auteur met dans la bouche de Mme. de Melcourt les couplets suivaus:

        Air : Si j'avais une terrasse.

    La route est d'abord difficile,
            Quand on veut courir
        A la gloire, au plaisir !
        Où commence un sol stérile,
    La France me paraît finir !
    Bientôt par un pouvoir magique,
    Sur les debris de Rome antique,
    En découvrant ces murs chéris
    Je crois voir un nouveau Paris !
    Mon œil embrasse ces coteaux,
    Ces ports, ces ponts, ces arsenaux,
    Ces magnifiques hôpitaux !
    Et ces deux fleuves sur vos bords
Venant former deux cornes d'abondance
            Qui de la France
        Y versent les trésors !
            Dans ces beaux lieux,
        Tout émeut, tout enflamme ;
    Chaque monument à mon ame
    Porte un souvenir glorieux.
            Et dans le délire
            Que ton nom m'inspire,
            Cité qu'on admire,
        Je vois sur tes remparts,
            Au courage unie
            Régner l'industrie,
            Planer le génie
        Et le Dieu des beaux-arts.

Air : Le magistrat.

De ces débris, on peut m'en croire,
La vetusté fait tout le prix ;
Elle a des monumens de gloire,
Dans de moins antiques débris.
Des vieux Romains, sous les épines
Rampent les temples, les autels ;
Mais sous vos modernes ruines
Croissent des lauriers immortels.

Air : Vaudeville de l'Avare.

Chacun a ses eaux qu'il protège,
Selon les maux et la saison ;
L'un vante les eaux de Barège,
Un autre le seaux de Luchon.
Veut-on seulement se distraire,
Et boire moins d'eaux que de vin ?
Veut-on des eaux pour rire, enfin ?..
Il faut aller à Charbonnière ! (1)

Nous avons fait beaucoup de citations, et cependant nous n'avons pas cité tout ce qui méritait de l'être. Nous nous sommes bornés aux couplets qui s'appliquent le plus directement à Lyon, en regrettant de ne pouvoir reproduire dans ce Journal toutes les saillies, tous les mots heureux qui étincellent dans le dialogue de la pièce de M. Dupaty. Il nous reste encore assez de vers agréables à recueillir, pour en composer un quatrième et dernier article. Nous pouvons croire et assurer sans vanité, que ces articles sont lus avec plaisir, puisqu'ils ont pour objet l'éloge de Lyon, et puisque les frais en sont faits par un Auteur auquel tout le monde reconnaît beaucoup d'esprit et de talent.

(1) Les eaux de Charbonnière sont bonnes, dit-on, pour les maladies de peau, On y va en partie de plaisir dans la belle saison.

Journal de Lyon et du Département du Rhône, n° 97, troisième année, du jeudi 13 août 1812, p. 1-2 :

LA PETITE REVUE LYONNAISE,
ou Fanchon la Vielleuse à Lyo
n.

Comédie-Vaudeville impromptu en un acte, représentée sur le Théâtre des Célestins à Lyon, les 7, 8, 9 et 10 novembre 1811.

Par M. Emmanuel Dupaty.

Quatrième et dernier article.

On pense bien que Fanchon à Lyon ne manque pas de tourner le bouton de sa vielle, et trouve souvent l'occasion de fredonner des airs. Elle comnience par ce tableau :

Air de la Bonaparte.

D'après ce qu'on m'a raconté,
Tous les Dieux amis de la France,
Ensemble firent un traité
Pour embellir cette cité.
    Cérès y mit l'abondance,
    Bacchus y mit la gaîté,
    Mars la force, la vaillance,
    Esculape la santé.
Par ses hôtes fort bien traité,
L'Amour y fit sa résidence,
Et, reine de la volupté,
Vénus y forma la beauté.
    Ici Minerve déploie
    Des arts le brillant trésor
    Et sur des tissus de soie
    Conduit la navette d'or.
                Là Richard,
        Révoil et Chinard
                D'Italie,
        Ont dans leur patrie
Rapporté l'immortel talent
De Michel-Ange et de Rembrant. (1)
    Ah! si leurs pinceaux fidelles
    Retraçaient tous vos hauts faits,
    Et peignaient toutes vos belles,
    Que de tableaux, de portraits !
                Le génie,
        Ici, m'a-t-on dit,
                Vit
La première Académie
Du dieu des vers suivre les pas (2) :
Et notez bien qu'on n'y dort pas.
        Préludant à votre gloire,
        Annibal, Trajan, César,
        Ont ici de la victoire
        Tour-à-tour guidé le char. (3)
Hercule purgea le marais
Hercule purgea le marais
                De Lerne,
        L'Hercule moderne,
Illustrant les bords Lyonnais,
A Pérache fonde un palais. (4)
    Mais qu'un chantre plus habile
    Ose prononcer son nom,
    Ici devient inutile
    L'humble vielle de Fanchon,
            Puisqu'animée
A célebrer le roi des rois
            La Renommée,
Pour raconter tous ses exploits,
N'a pas même assez de cent voix.

    Air: Fanchon va par la ville.

        Je puis hors de la ville,
        De la Roche Cardon
        Chanter l'aimable asile
        Et le charmant vallon.
    J'admire à la Sauvagère
            Un site enchanteur ;
    Je célèbre à la Duchère
            Courage et malheur !
Ou je rêve dans la prairie
            Au bord d'un ruisseau,
Sous l'arbre où le nom de Julie
            Fut gravé par Rousseau
. (5)

Air : Traitant l'Amour sans pitié.

    Traitant l'Amour sans pitié,
    Le Vaudeville caustique,
    Lutine, égratigne, pique
    Les gens de bonne amitié.
    Soulevant un coin du voile.
    Dans mes refrains je dévoile
    Les nuits du bois de l'Etoile,
    Et malignement je dis
    Que sous l'aile du mystère,
    C'est à la Boucle qu'on serre
    Les nœuds qu'on forme aux Tapis
. (6)

Air : Sous la clef j'étais retenue.

    Jadis la Nymphe de la Saône
    Gémissait dans un lac fangeux ; (7)
    De sa source, le Dieu du Rhône,
    La voit, et devient amoureux.
    Le Dieu, par la Nymphe légère.
    Fut bientôt payé de retour ;
    Différence de caractère
    Fait naitre quelquefois l'Amour.

Fanchon reparaît sous le costume d'une vieille, et ne manque pas de parler de l'Antiquaille, ancien palais de Caligula, maintenant l'hôpital des fous.

Air du Jaloux malade,

Quel rapprochement je vois là ;
Le palais qui fut l'apanage
Du farouche Caligula,
Des fous est le triste héritage,
Mais la touchante humanité
En adoucit la souvenance ;
Où régna la férocité,
Règne aujourd'hui la bienfaisance.

Nous terminerons par trois couplets du Vaudeville final, l'annonce d'une petite Comédie, dont tont Lyonnais doit avoir vu la représentation, et dont il doit mettre un exemplaire dans sa Bibliothèque.

Air : J'ons un cure patriote.

        De Minerve quand la ville,
        Sous des barbares tomba,
        La main d'un archonte habile
        Sur-le-champ la releva.
        Sous un magistrat connu,
        Par mainte noble vertu
, (8)
Ces remparts (bis) vont renaître à l'impromptu

        Tout le monde voudrait être
        Citoyen de ces beaux lieux.
        Ici qu'il vienne à paraître
        Un' belle de Condreux ;
        A peine a-t-elle aperçu
        Queuqu' garçon d'esprit pourvu,
Qu'ell' devient (bis) Lyonnaise à l'impromptu.

        Lorsque Rome par Carthage
        Vit son rempart assiégé,
        Tout Romain par son courage
        En un héros fut changé.
        Pendant un siége connu,
        Tout Français est devenu
Un héros (ter) à l'impromptu.

(1) Artistes distingués de la ville de Lyon. Elle en possède plusieurs autres d'un talent supérieur, et que leur réputation me dispense de nommer.

(2) La première Académie connue en France fut celle de Lyon. Elle ne fur fondée dans les siècles les plus reculés.

(3) On prétend que c'est au confluent des deux rivières qu'Annibal vint se reposer et se préparer au passage des Alpes

(4) On comble en ce moment les marais de Pérache, pour y fonder un palais impérial.

(5) Je n'ai pu citer toutes les campagnes charmantes qui environnent Lyon. Pourrait-on oublier celle où Rousseau a gravé le nom de Julie?

(6) Le bois de l'Etoile et les Tapís, promenades où l'on assure qu'il se donne de nombreux rendez-vous. La Boucle est une jolie guinguette sur les bords du Rhône. Le couplet explique le reste.

(7) On assure que la Saône formait jadis un lac au-dessus de Lyon, et que ces eaux percèrent enfin la rocher de Pierre-Scise, et allèrent se perdre dans le Rhône, qui se perd lui-même sous terre, à quelque distance de Genève,

(8) M. le Comte de Bondy, Préfet du Rhône, travaille constamment à relever et à embellir les quartiers de la ville qui ont été détruits. Grâce à son zèle, des souvenirs de reconnaissance remplaceront bientôt ceux qui n'étaient qu'affligeans.

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