La Pièce en répétition

La Pièce en répétition, comédie en trois actes, puis en deux, et en prose, de Roger et Brousse-Desfaucherets], 7 frimaire an 10 [28 novembre 1801 .

Théâtre Français, rue de Louvois

Almanach des Muses 1803

M. Giraud, musicien passionné, ne veut accorder la main de sa fille qu'à un poète qui lui donnera une pièce à mettre en musique. Sydney, jeune Anglais, amoureux de mademoiselle Giraud, a acheté de son valet un poème que celui-ci a volé à Saint-Albin son premier maître. Le poème est entre les mains de M. Giraud, qui le met en musique, et chez qui se font les répétitions. Sydney allait épouser la jeune personne, quand Saint-Albin, arrivé d'Amérique, vient présenter un poème aux acteurs ; c'est précisément le même que celui dont M. Giraud a fait la musique. Le véritable auteur est reconnu ; Sydney est éconduit, et Saint-Albin, rival préféré, épouse sa maîtresse.

Fond dont la plupart des spectateurs ne pouvaient apprécier le mérite, parce que, malheureusement, ils n'avaient jamais eu de pièces en répétition.

Détails vrais et piquans, dialogue vif et semé de mots comiques ; peu de succès.

Courrier des spectacles, n° 1734 du 8 frimaire an 10 [29 novembre 1801 :

[Le critique s’interroge d’emblée sur la pertinence d’un sujet dévoilant « l’intérieur des coulisses », ce qui n’est pas de bon augure pour la pièce. Le tableau présenté au public est « vrai peut-être, mais trop chargé de détails », qui « ne font pas une pièce » : l’action « est peu de chose pour une pièce en trois actes ». Cette action repose sur une petite escroquerie : quelqu’un propose comme sienne une pièce qu’il pense être d’un auteur qu’il croit mort, et le véritable auteur vient lire la même pièce, ce qui lui permet d’épouser la fille du directeur du théâtre, devenue un étrange enjeu de la rivalité des auteurs. La pièce a eu du mal à arriver à la fin, et devrait être ramenée à deux actes.]

Théâtre Louvois.

Quelqu’agréable qu’il soit pour le public de connoître l’intérieur des coulisses, est-il bien de l'intérêt des acteurs de l’y conduire, de lui faire voir leur nullité hors de la scène, leurs débats, leurs tracasseries, etc. ? Mais ne condamnons pas le but que s'est proposé l’auteur de la pièce en trois actes et en prose, représentée hier sous le titre de la Pièce en répétition ; il a cherché à égayer le public par un tableau vrai peut-être, mais trop chargé de détails, qui ont fatigué le spectateur et l’ont indisposé contre l’auteur. Ces détails ne font pas une pièce, et dans la nouvelle, ils sont même étrangers à l’action principale qui est peu de chose pour une pièce en trois actes.

Sydney a acheté un opéra en trois actes d’un domestique qui l’a pris à son ancien maître. Celui-ci, passant pour mort, Sydney croit qu’il ne risque rien de le donner à un directeur de spectacle qui charge d’en faire la musique, et qui est si content de l’ouvrage, qu'il promet à l’auteur la main de sa fille. Saint-Albin, jeune ami de Sydney, arrive, et dans l’espoir d’obtenir les bonnes grâces du Directeur dont il aime la fille, il lui propose un opéra qui est accepté. Au moment où les acteurs sont assemblés pour la répétition de l’ouvrage présenté par Sydney, St-Albin est prié de lire le sien, qui est le même. Sydney avoue qu’il n’en est pas l’auteur, et St-Albin épouse la fille du Directeur.

La pièce ayant été avec peine jusqu'à la fin, les auteurs se proposent de la remettre en deux actes.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an 10, Ier trimestre, n° 7 du 10 Frimaire, p. 435-436 :

[Compte rendu très négatif : la pièce, qui fait pénétrer le spectateur dans les coulisses d'un théâtre où on répète une pièce nouvelle, est ennuyeuse, les propos qu'on y tient sont insignifiants, elle n'est ni comique, ni de bon goût. C'est le sujet qui est « vicieux par lui-même ». Et il n'est même pas neuf. Le critique ne croit pas qu'il soit utile de réduire la pièce à deux actes, « probablement elle n'aura pas plus de succès ».]

Théâtre Louvois.

La Pièce en répétition.

DES auteurs témoins et souvent victimes du ton et des manières impertinentes de certains acteurs dans l'intérieur d'un foyer de théâtre, doivent être naturellement tentés d'offrir à la scène le tableau de ces ridicules. Il est en effet très-comique pour les personnes admises à ces importantes et bizarres assemblées qu'on appelle Répétition. Mais tous les spectateurs ne sont pas à portée de juger de la vérité des tableaux qu'on en présente. La Pièce en répétition, donnée le 7 frimaire au théâtre Louvois, quoique remplie de détails agréables et de saillies piquantes, ne pouvait donc obtenir un grand succès.

Le cadre d'ailleurs, qui a servi déjà plusieurs fois, était trop resserré pour trois actes ; il aurait fallu pour le remplir une intrigue ; et l'on ne peut donner ce nom au canevas sur lequel on a brodé l'ouvrage.

M. Girault, musicien passionné, ne veut donner la main de sa fille qu'à un poëte qui lui donne un ouvrage à mettre en musique. Sidney, jeune anglais, amoureux de la jeune personne, a acheté de son valet un poëme qu'il a volé à son premier maître, Saint-Albin. M. Girault travaille à la musique de ce poëme, et c'est chez lui que se font les répétitions. Sidney allait être heureux, quand Saint-Albin, arrivé d'Amérique, vient présenter un poëme aux acteurs ; cet ouvrage est le même que celui qu'a présenté son rival ; et Saint-Albin, qui en est reconnu l'auteur véritable , épouse sa maîtresse.

Les auteurs de la pièce n'ont pas été demandés ; mais on y a remarqué un dialogue vif et pétillant de mots comiques. Cette pièce, malgré ses défauts, paraît être l'ouvrage d'un esprit exercé , et d'un observateur intelligent.

On dit que l'auteur se propose de la réduire en un acte. Nous ne pouvons qu'augurer favorablement du succès, après les changemens que le jugement du public a suffisamment indiqués.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIIe année an IX – 1801), tome IV, p. 270-271 :

Théâtre Louvois.

La Pièce en répétition.

Le théâtre Louvois, depuis son ouverture, n'a pas été heureux en petites pièces. Celle-ci, jouée le 7 frimaire, est tombée, malgré tout le zèle des acteurs et les bonnes dispositions du public. Rien n'est, en effet, plus ennuyeux que le tableau d'une répétition et des intrigues de coulisse. Les propos însignifians.des acteurs et des actrices qui refusent un rôle, qui ne trouvent pas le leur assez beau, et qui parlent de s'en aller pour faire leur dîner, ne sont pas une chose assez comique et d'un assez bon goût, pour en amuser le public pendant trois actes. Je dirai plus, présenter l'image de l'intérieur d'un théâtre, c'est détruire toute illusion. Beaucoup de gens n'auroient plus le même goût pour le spectacle, s'ils connoissoient à fond le tripot comique, et s'ils voyoient souvent les rois et les princes en habit du matin, et les princesses en négligé, faire leur petit ménage. Il en est de cela comme d'un bon diner auquel bien des gens refuseroient de toucher , s'ils avoient vu faire la cuisine.

Le sujet de la Pièce en répétition est donc vicieux par lui-même ; de plus, il n'est pas nouveau. Sans parler des anciennes parodies, où l'on a représenté l'intérieur d'un théâtre, on l'a vu dernièrement, au Vaudeville, dans Jean Monet ; rue du Bacq, dans le Couplet d'annonce ; au Boulevart, dans le second acte de Madame Angot de retour de Constantinople, etc. etc.

On annonce une seconde représentation de la pièce, réduite en deux actes ; mais probablement elle n'aura pas plus de succès.           T. D.

Nouvel almanach des Muses pour l’an grégorien 1802, Paris, chez Barba, an X. – 1802 :

[On apprend ici le nom des auteurs, et le destin de la pièce : peu appréciée d’abord en trois actes, elle a réussi en deux actes. Sinon l’intrigue est bien mince (et sans surprise : « on devine le reste »), mais la pièce est drôle.]

La Pièce en Répétition, comédie en deux actes et en prose. Par les CC. Roger et Desfaucherets. Le 7 frimaire an X.

L'anglais Sidney a fait recevoir un opéra, soi-disant de sa composition, par un directeur de spectacle, si enthousiasmé de l'ouvrage, qu'il se propose de donner sa fille à l'auteur. Le contrat de mariage doit se faire après la dernière répétition de la pièce, dont la représentation doit avoir lieu le lendemain. La demoiselle a un amant dont elle déplore l'absence, et une cousine comédienne, parfaitement dans les intérêts de la jeune personne, qui, par ses tracasseries et celles de ses camarades, fait manquer la répétition, ce qui désole l'auteur putatif. Au dénouement, l'amant est de retour : ll est parfaitement connu de l'anglais ; il est le véritable auteur de la Pièce en Répétition. Cette découverte fait changer les dispositions du père. On devine le reste, etc.

La Pièce en Répétition, d’abord en trois actes, n'avait point en de succès : réduite à deux, elle a parfaitement réussi. Un fond très-léger, et peu d'intrigue, dont on est dédommagé par des plaisanteries excellentes, et un dialogue plein d'esprit.

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