La Pompe funèbre, comédie-vaudeville en un acte, de Dupin et *** [Scribe], 14 octobre 1815.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Pompe funèbre (la)
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Genre
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comédie-vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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14 octobre 1815
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Henri Dupin et *** [Scribe]
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1815 :
La Pompe funèbre, comédie-vaudeville en un acte ; Par M. Henri Dupin et M. ***, Représentée pour la première fois sur le Théâtre du Vaudeville, le 14 octobre 1815.
M. *** est Scribe, si on en croit Théodore Muret, l’Histoire par le théâtre, deuxième série, la Restauration (Paris, 1865), p. 107. Il la cite d’ailleurs sous le titre : le Gascon, ou la Pompe funèbre. Il précise aussi que cette pièce est sans doute connue de peu de personnes.
La pièce a reparu en 1830, sous le titre de Les Héritiers de Crac, vaudeville en un acte de Scribe et Dupin, avec des retouches (la France littéraire, de J.-M. Quérard, tome huitième (Paris, 1836), p. 590.
Journal des débats politiques et littéraires, 16 octobre 1815, p. 3-4 :
[Le directeur du Vaudeville a changé, et ce changement pourrait laisser espérer la résurrection du vaudeville, genre proprement français, qu’il faut distinguer de tous les genres qui le concurrencent, « drames pleureurs », « pièces à grands sentiments », « opéras à parties savantes », « anecdotes triviales », « portraits de grands hommes » ; mais le critique craint fort que cela ne change rien avant longtemps : il faut sans doute attendre que le nouveau directeur ait « déblayé l’amas effrayant » des pièces, « insipides productions », qu’il a trouvées en arrivant. La nouvelle pièce n’est pas « un réconfortant merveilleux pour le pauvre malade » qu’est le théâtre du Vaudeville : une anecdote usée, et pas de gaieté, « nul sel dans les couplets, nulle adresse dans la liaison des scènes, nul comique dans l'ensemble ». La claque a bien tenté de faire croire au succès, mais la pièce n’a guère d’avenir.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
Première représentation de la Pompe funèbre, vaudeville en un acte et en prose, par M. Henri Dupin.
Lorsque le fondateur du théâtre du Vaudeville, lorsque le poëte aimable, le chansonnier joyeux qui le dirigea pendant plus de vingt ans, crut devoir abdiquer avant le temps, et transmettre les rênes de son administration à l’héritier de sa gaieté et de son talent, le public conçut l’espérance de voir renaître dans tout son éclat ce genre de spectacle éminemment français : le premier soin du nouveau directeur seroit, disoit-on, d'éliminer du répertoire tous ces ouvrages fastidieux dont il est depuis si long-temps encombré ; on ne verra plus figurer dans la maison de Momus ni ces drames pleureurs ni ces pièces à grands sentimens, ni ces opéras à parties savantes,. ni ces anecdotes triviales dont les nourrices bercent les enfans, ni ces portraits de grands hommes si ridiculement estropiés : le Vaudeville deviendra ce qu'il fut à sa naissance, ce que nous l'avons vu lors de sa résurrection, un tableau piquant des ridicules du jour. Il fera de nouveau circuler l’épigramme sur les ailes d'une chanson populaire ; il suppléera-à l'insuffisance de nos graves censures par le sel d'un couplet ingénieux et piquant ; malin sans méchanceté, éveillé sans licence, vif et étourdi sans insolence et sans folie, il effleurera légèrement les travers,.en dédaignant toutefois les traits empoisonnés de la satire ; il s'attaquera aux prétentions insolentes des parvenus, aux succès ! usurpés dans la littérature et dans les arts, aux petites vanités bourgeoises, quelquefois même à orgueilleux protectorat de la puissance. Telle est l’étendue, mais telle est aussi la limite de ses droits ; en-deçà et au-delà, il n'y a plus que confusion et ennui : voilà ce que l'on espéroit, et voilà ce qui, jusqu’iici, ne s'est pas encore réalisé.
J'ignore jusqu'à quel point M. Désaugiers est lié par les engagemens de son prédécesseur avec les auteurs dont les pièces ont été reçues avant sa direction. S'il est obligé de les faire jouer, à juger de l'avenir par le passé, nous aurons encore à attendre long-temps les fruits de la nouvelle administration : la médiocrité est féconde, et qui sait quand sera deblayé l'amas effrayant de ses insipides productions ? Le Vaudeville ressemble en ce moment à un malade qui changeroit de médecin en conservant le même régime et les mêmes alimens : ce n'est pas à ce prix qu'il recouvrera la santé.
La nouvelle pièce de M. Dupin ne sera pas un réconfortant merveilleux pour le pauvre malade ; c'est une anecdote qui traîne dans tous les recueils, assaisonnée de quelques traits ramassés dans le Dictionnaire d'Education de l'abbé Filassier.
Le fond est l'histoire d'un jeune homme qui profite de !a mort subite d'un compagnon de voyage pour venir, muni de ses papiers, reclamer en son nom la main d'une jeune fille qui étoit promise au défunt La broderie consiste dans le caractère du père, menteur effronté, et superstitieux à l'excès ; il croit aux revenans ; et lorsque Verseuil, voulant renchérir sur les gasconnades, lui annonce en plaisantant qu'il est mort et qu'il va assister à son propre enterrement, l'imagination du père s'allume, et il croit sérieusement avoir parlé à un mort ; de là quelques lazzis de frayeur qui visent à la plaisanterie, et dont l’invraisemblance et l'exagération détruisent tout l’effet. Du reste nul sel dans les couplets, nulle adresse dans la liaison des scènes, nul comique dans l'ensemble. De mauvais plaisans, rappelant un couplet de Vadé, disoient que cette Pompe funèbre était gaie comme un De profondis.
Une douzaine de claqueurs intrépides ont soutenu la pièce contre le silence et les bâillemens du reste de la salle. L’ouvrage aura encore deux ou trois représentations, au bout desquelles il sera vraisemblablement enterré.
[Jeu de mot final rituel, sur le titre de la pièce...]
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