La Poste prussienne ou Un trait du prince Henri, vaudeville en un acte, 21 frimaire an 13 [12 décembre 1804].
Théâtre Montansier.
Almanach des Muses 1806.
Courrier des spectacles, n° 2848 du 22 frimaire an 13 [15 décembre 1804], p. 2 :
[La pièce aurait donc pu avoir un succès complet si le dénouement avait été mieux amené, car il a sinon bien des qualités, couplets « spirituels et gais », scènes assez bien amenées, intérêt, acteurs. C’est uniquement la dernière scène qui a empêché que le public manifeste sa satisfaction. Le sujet est emprunté à une anecdote (réelle ou imaginée) mettant en scène le prince Henri, le frère de Frédéric II, qui intervient discrètement pour permettre à un jeune homme de quitter le service armé et d’épouser sa fiancée. Il s’oppose ainsi aux manœuvres d’un vieillard qui convoite sa fiancée et fait tout pour qu’il reparte dans son régiment. L’annonce trop précoce de l’intervention du prince enlève tout intérêt à la fin de la pièce, et il faudrait refaire ce dénouement en faisant rester le prince jusqu’à la fin. Un dernier point : Bosquier-Gévaudan est remarquable dans un rôle d’homme ivre. Toutefois, « seulement un de ses gestes a été par trop allongé ». Chacun imaginera le geste qu’il veut, mais il doit aller contre les convenances. Même un homme ivre doit savoir se tenir. Le nom de l’auteur n’est pas donné.]
Théâtre Montansier.
La première représentation de la Poste prussienne, ou Un Trait du Prince Henry, vaudeville en un acte, auroit eu un succès complet, si le dénouement eût été arrangé avec: plus de soin. Les couplets sont spirituels et gais, les scènes assez passablement amenées ; l’on s’intéresse au sujet principal, et les acteurs ont tous fort bien joué. Mais la nullité de la dernière scène a contrarié le public qui n’a donné ni à l'auteur, ni aux acteurs aucun des signes de satisfaction accoutumée.
Auguste, fils de la maîtresse de poste Mad. Remy, a servi pendant cinq années dans les armées prussiennes, avec distinction et fidélité. Il est en ce moment chez sa mère, où il attend son congé absolu pour épouser Julie sa maîtresse. Mais cette jeune personne est recherchée par un vieux et ridicule habitant de l’endroit qui, ne pouvant se dissimuler qu’il a un rival dangereux dans la personne du jeune Auguste, emploie ses moyens, son crédit et particulièrement un frère qu’il a à Berlin dans les bureaux de la guerre, pour soustraire les papiers du jeune homme, lui faire refuser son congé, et l’obliger à rejoindre sur-le-champ son corps.
Cette ruse du vieillard auroit un plein succès sans l’arrivée imprévue du prince Henri, qui, sous l’incognito, se fait instruire de l’affaire d’abord par un postillon, puis par des personnes plus dignes de foi, et laisse une lettre adressée à Auguste lui-même, par laquelle il l’autorise à rester chez sa mère , et à compter très-positivement sur son congé absolu. Le Prince se retire, et continue sa route.
Le jeune Auguste déjà parti pour son corps, mais ramené sur ses pas par une sorte de pressentiment , reçoit la lettre dont la signature lui apprend que c’est au Prince Henri lui-même auquel il doit son bonheur.
On conçoit que de suite et sans obstacle, il épouse la jeune personne : mais cet événement intéressant peut-être pour les jeunes gens, cesse de l’être pour le publie qui a perdu le peu d’intérêt que lui inspiroit l’action, dès que le Prince a écrit la lettre, et qu’il est remonté en voiture.
On peut, sans beaucoup d’effort, refaire ce dénouement et conserver tous les personnages | en scène jusqu’à la fin,et alors la pièce marchera.
Nous ne pouvons nous refuser de faire l’éloge du talent de Bosquier-Gavaudan, qui a joué avec beaucoup de perfection le rôle de Postillon ivre. Seulement un de ses gestes a été par trop allongé.
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