La Première nuit manquée, ou Mon tour de garde, comédie-vaudeville en un acte, de Jean-Baptiste Dubois et René de Chazet, 3 fructidor an 10 [21 août 1802].
Théâtre Montansier-Variétés
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 11 (1802) :
La Première nuit manquée, ou Mon tour de garde, comédie-vaudeville en un acte, Par MM. Dubois et Chazet. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre Montansier-Variétés, le 15 fructidor, an 10.
La date de première donnée par la brochure est inexacte : cette première représentation a eu lieu le 3 fructidor [21 août].
La page qui précède le texte de la pièce donne la liste des personnages, le lieu de l'action, mais aussi les différents costumes que doivent porter les deux acteurs principaux, le couple Delbœuf.
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PERSONNAGES.
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ACTEURS.
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M. DELBŒUF, marchand drapier de la rue St.-Martin, 60 ans.
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Tiercelin.
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Mad. DELBŒUF, sa femme, 50 ans.
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Mme Barroyer.
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AUGUSTE, premier commis de M. Delbœuf.
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Frédéric.
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FLORE, nièce de M. Delbœuf.
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Mlle Granger..
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NANETTE, vieille gouvernante.
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Mme Caumont.
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UN CAPORAL.
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Vauxdoré.
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Gardes.
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Gens de la Noce.
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La scène se passe à Paris dans la maison de M. Delbœuf , à neuf heures du soir.
COSTUMES.
Au lever de la toile, M. et Mad. Delbœuf sont dans le plus riche costume de vieux époux.
Scène VI. M. Delbœuf est en petite robe-de-chambre en coëffe de nuit et en pantouffles.
Scène VIII. Mad. Delbœuf est en grande camisole, et en bonnet de nuit.
Scène XVI. M. Delbœuf est en frac .de campagne, Mad. Delbœuf en robe de voyage.
Courrier des spectacles, n° 1995 du 4 fructidor an 10 [22 août 1802], p. 2 :
[Le retour de Brunet, parti en tournée à Lyon, va faire la fortune du théâtre Montansier, dont il est la vedette, tout comme le succès de la pièce nouvelle, gaie, un peu grivoise, et même parfois un peu plus, mais « on a ri, et l'on a été désarmé ». L'intrigue n'est pas particulièrement originale : une jeune fille à marier, que son prétendant ne peut obtenir que par la ruse. Pour corser le tout, la ruse se joue le jour des noces de l'oncle de la jeune fille, que le prétendant force à quitter sa nouvelle épouse pour aller faire son tour de garde. Mais cela ne change pas le dénouement. Les couplets du vaudeville final ont été applaudis : ils sont l'œuvre de bons faiseurs, Chazet et Jean-Baptiste Dubois. Dommage tout de même que les acteurs sachent si peu leur rôle ! Les longueurs auraient été moins senties...]
Théâtre Montansier.
Le retour de Brunet arrivant de Lyon et le succès d’une pièce nouvelle, voilà deux bonnes fortunes pour ce théâtre : il en avoit besoin pour attirer de nouveau la foule que la chaleur en écartoit. Brunet dans son genre est vanté avec quelque raison près des étrangers comme excellent niais ; on veut le voir, on le voit et on est forcé de rire ; on avouera aussi qu’il est difficile d’avoir le masque plus bénin et en même-tems plus plaisant. Il jouoit hier dans 1e Désespoir de Jocrisse, et quoiqu’on l’eût vu cent fois dans ce rôle, on étoit venu peut-être autant pour lui que pour la nouveauté que l’on devoit représenter : La Première Nuit manquée, ou le Tour de Garde. Le sujet en est fort gai, peut-être un peu grivois, le dialogue même offre quelques expressions peu délicates ; mais on a ri, et l'on a été désarmé.
M. Delbeuf, marchand de la rue St.-Martin, se marie, et il a invité au repas de nôce Auguste, qui recherche la main de Flore sa nièce. Comme il a quelque sujet de mécontentement de ce jeune homme, et qu’il trouve les deux amans trop jeunes pour se marier, Auguste se propose de le mistifier dans la nuit même de ses nôces, et reçoit de Delbeuf l’assurance d’épouser Flore, s’il peut, ainsi qu’il s’en vante, lui jouer quelque tour.
Auguste amène avec lui quatre hommes de garde qui viennent chercher Delbeuf au moment où il va se coucher, et qui le somment de les suivre afin de monter sa garde qu’il a déjà manquée deux fois. Delbeuf obéit, arrive au corp-de-garde où il fait faction, tandis que madame Delbeuf, la nouvelle mariée, trompée par Auguste, va chercher son époux dans un autre quartier ; à la fin ils se retrouvent, et au moment où ils vont rentrer dans la chambre nuptiale, Auguste suivi des gens de la nôce vient réclamer le prix du tour qu’il a joué à Delbeuf, et l’obtient.
Parmi les couplets, on a sur-tout applaudi ceux du vaudeville qui sont tournés avec l’esprit que l’on reconnoit aux citoyens. Chazet et Dubois, auteurs de la pièce ; nous citerons celui-ci :
Auguste (au Public).
Sur le chemin qui conduit au Parnasse
Tambour battant on mène un pauvre auteur,
Le sifflet part, l’auteur meurt sur la place,
Et sans pitié l’on rit de son malheur,
De vous dépend ou la paix ou la guerre.
Seul vous donnez les lauriers, les cyprès,
N'agissez pas en juge trop sévère,
Ne mettez pas notre pièce aux arrêts.
Si les acteurs avoient mieux sçu leurs rôles, on se seroit moins apperçu des longueurs de ce petit ouvrage.
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