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La Présence d’esprit

La Présence d’esprit, vaudeville en un acte, par M. d'Aimery, 2 août 1809.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Présence d’esprit (la)

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

2 août 1809

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

d’Aimery

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1809 :

La Présence d’esprit, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, Par Monsieur d’Aymery ; représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 2 Août 1809.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome IV, p. 399-400 :

[Le résumé de l’intrigue permet de découvrir de curieuses idées sur le mariage : une mère qui donne sa fille à celui qui la courtise pour effacer les soupçons de son mari, et le jeune homme qui accepte en échange d’un régiment. Le critique parle ensuite de « succès assez paisible », ce qui peut s’interpréter de bien des manières.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Un jeune officier, éperdument amoureux d'une femme mariée, s'introduit chez elle furtivement, se glisse dans son cabinet de toilette, et là se jette à ses pieds et lui fait une déclaration positive. Il est surpris par le mari dans cette attitude suspecte : mais la femme s'écrie avec une présence d'esprit admirable, « Voyez donc, mon ami, ce jeune fou, qui est à mes pieds depuis une heure pour me demander la main de ma fille.— Et pourquoi la lui refuser, dit bonnement le mari. On fait venir la jeune personne, l'officier hésite : mais on lui donne un régiment, et il accepte.

Cette pièce a eu un succès assez paisible. On a nommé comme auteur M. d'AIMERY.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome X, octobre 1809, p. 284-288 :

[Une indication intéressante sur les habitudes du public, différentes d’un théâtre à l’autre. Sinon, la pièce nouvelle, vue par un public important à sa création, n’a pas répondu aux attentes. Le fonds de la pièce est jugé à la fois « commun et peu vraisemblable, » et le résumé de l’intrigue confirme ce double reproche : il s’agit d’une histoire d’un homme qui vient chez celle qu’il aime au nez et à la barbe du mari, et qui finit, bien entendu, par épouser leur fille (pour des raisons qu’on peut trouver peu glorieuses). Et l’essentiel de la pièce consiste à tenter de cacher cet homme aux yeux du mari, qui finit tout de même par le voir, mais accepte l’explication qu’on lui donne. Rien d'original, rien de vraisemblable. Une telle intrigue peut être sauvée par les détails (le critique emploie le joli mot de « broderie », mais ce n’est pas le cas ici : seuls les amis de l’auteur ont applaudi des couplets dont le public riait, tant il les trouvait ridicules. Les effets de style n’ont eu aucun succès, et la pièce a été sifflée, mais sans excès. L’auteur, qui avait bien sûr réclamé l’indulgence du public dans le couplet d’annonce, a été nommé, mais il le doit à la bonté du public plus qu’à la qualité de sa pièce.]

Théâtre du Vaudeville.

La Présence d'esprit, vaudeville en un acte, de M. Dennery.

Ce n'est pas ordinairement aux premières représentations que la foule se porte à ce théâtre. Le public qui le fréquente, plus sage qu'au Théâtre français, est moins empressé de juger que de jouir. Avant d'aller voir une pièce nouvelle, il veut avoir quelque raison de croire qu'elle l'amusera. Quoique la saison où nous sommes dût encore l'affermir dans cette conduite prudente, il s'en est notablement écarté en faveur de la Présence d'esprit. Peu de vaudevilles en trois actes, donnés au cœur de l'hiver, ont été jugés par un plus nombreux auditoire. Nous ignorons la cause de ca rare empressement : ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'a point eu sa récompense.

Le fonds de cette pièce a deux grands défauts ; il est commun et peu vraisemblable. Un jeune militaire, le marquis de Saineval, est légèrement amoureux de la belle comtesse d'Orville, mais ce n'est qu'à la veille de partir pour son régiment, qu'il songe à lui déclarer son amour. La belle comtesse d'Orville a une fille aussi jolie qu'elle, et Saineval n'y a pas fait la moindre attention. Ce même Saineval est l'ami de la maison, aussi bien venu du comte que de la comtesse, et cependant il n'ose s'y présenter franchement pour faire ses adieux ; il s'y introduit par ruse. La comtesse, qui l'aime ou ne l'aime pas (car on ne peut le deviner), se fâche d'être surprise par lui dans son cabinet de toilette, et n'ose pas le faire sortir par la porte cochère, attendu que ses gens ne l'ont pas vu entrer. Cependant, lorsque le comte paraît, il n'est nullement surpris de le voir, mais bien de le trouver à genoux devant sa femme, ce qui prouve qu'il aurait pu se montrer sans crainte dans toute autre situation. Quant à la Présence d'esprit, voici le rôle qu'elle joue dans la pièce. D'abord, la comtesse entend du bruit ; elle croit que c'est Justine, sa femme-de-chambre, qui vient la coiffer ; elle lui dit de se mettre à l'ouvrage ; et le marquis, caché et courbé derrière son fauteuil, s'en acquitte pour Justine, tant bien que mal. Ensuite le marquis étant découvert, Constance, fille de la comtesse, entre dans le cabinet, et Saineval se cache derrière la toilette. En troisième lieu, lorsque le comte paraît pour la première fois, Justine met Saineval à l'abri derrière une robe de sa maîtresse. Enfin, Saineval est surpris par le comte, comme nous l'avons dit, et la comtesse le tire de ce mauvais pas, en disant qu'il n'est à ses genoux que pour lui demander sa fille. Ce qu'il y a de meilleur encore, c'est que d'Orville approuve sur-le-champ cette demande imprévue, que Constance en. est enchantée par reconnaissance d'une romance que le marquis a faite sur la perte de son serin, et que le marquis, d'abord un peu embarrassé, accepte le parti avec la plus grande joie, dès que d'Orville y ajoute l'espérance d'un régiment.

Ce fonds, tout mince qu'il est, aurait pu se soutenir par la broderie ; mais l'auteur n'a pas été plus heureux dans les détails que dans le plan. Il a prodigué les couplets, pour montrer apparemment qu'il en savait faire ; et de ces couplets, quelques-uns ont été applaudis par un petit nombre d'amis, les autres ont excité dans le public une gaîté qui n'était pas celle que l’auteur voulait produire. Nous en citerons un entr'autres où le jeune marquis reproche avec amertume au miroir de la comtesse de ne pas conserver toujours son image, puisqu'elle s'y regarde si souvent. L'ingratitude du pauvre miroir n'a révolté personne ; et lorsque Saineval, pour le punir, le couche à plat, sur la toilette,. on a ri d'assez bon cœur. L'Amour, Flore, Zéphyre, les roses, les papillons et autres gentillesses n'ont pas eu un meilleur succès ; elles ont fait sourire ; et l'on a presque murmuré à des gentillesses d'un autre genre, telles que la comparaison d'une jolie femme à un bastion, la curiosité de Constance qui croit que son oiseau agite le falbala de la toilette, lorsque Saineval s'en fait un abri, etc. Le public s'est conduit avec beaucoup de décence ; il n'a sifflé que faiblement, après avoir laissé finir la pièce, et il a laissé demander l'auteur. Il est vrai que, dans le couplet d'annonce, cet auteur s'était modestement présenté comme un novice ; il avait réclamé l'indulgence du public ; il en a joui dans toute sa plénitude , mais nous ne lui conseillons pas d'y revenir.                   G.

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