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Le Pauvre Diable, ou Un bienfait n'est jamais perdu

Le Pauvre diable, ou Un bienfait n'est jamais perdu, comédie-vaudeville en deux actes, de Rougemont et Dumersan, 10 octobre 1808.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Pauvre diable (le), ou Un bienfait n'est jamais perdu

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

10 octobre 1808

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Rougemont et Dumersan

Almanach des Muses 1809.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Masson, 1808 :

Le Pauvre Diable, ou un Bienfait n'est jamais perdu, comédie-vaudeville, en deux actes ; Par MM. de Rougemont et D***. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le Lundi 10 Octobre 1808.

La seconde édition de la brochure, publiée la même année chez J.-N. Barba, donne le nom du second auteur, Du Mersan.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1808, tome VI, p. 185-186 :

[Le compte rendu situe d’abord le personnage du « pauvre diable », puis résume d efaçon peu claire une intrigue reposant sur de fausses identités. La pièce a eu du succès, le critique dit qu’« elle est bien conduite et offre de l'intérêt et de la gaieté ». Interprétation jugée de façon positive.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Pauvre Diable, ou un Bienfait n'est jamais perdu, comédie en deux actes, jouée le 10 octobre.

Ce pauvre Diable est un personnage singulier, espèce de Gilblas, qui après avoir été tour-à-tour, clerc de procureur, médecin, peintre, auteur, comédien, soldat, est maintenant braconier. Martin, c'est son nom, caché sur un arbre, entend les secrets d'un jeune seigneur, qu'une affaire d'honneur oblige à se cacher sous le nom d'Alexis, et qui est épris d'Henriette jeune villageoise. Cette jeune personne donne des secours au braconier, qui bientôt après rencontre dans le Sénéchal du pays, un sot avec qui il avoit été clerc chez le même procureur. Ce Sénéchal le prend pour secrétaire et le charge d'être l'interprète de son. amour auprès d'une petite paysanne chez laquelle il l'envoie. Martin reconnoît sa bienfaitrice, déchire le message du Sénéchal et empêche bientôt après le père d'Henriette de l'accorder au prétendu Alexis.

Il reconnoît dans ce bon paysan un ancien militaire que la friponnerie de son procureur avoit ruiné, et il le remet lui-même en possession de ses biens, au moyen d'un titre que le Sénéchal avoit eu la bassesse de détourner, et qu'il avoit su lui reprendre pour en faire un meilleur usage. Le bon homme reprend alors son vrai nom. Le prétendu Alexis redevient le marquis de Rosambert, et tout le monde est heureux, grâce au pauvre Diable. Cette pièce a eu du succès. Elle est bien conduite et offre de l'intérêt et de la gaieté. Mademoiselle Desmares a été très-aimable dans le rôle de la jardinière, Hippolyte a bien joué celui du pauvre Diable, et Joly a été fort comique dans celui d'un garde-chasse niais. Les autres rôles ont été bien joués par Saint-Léger, Séveste et Saint-Esteve.

L'auteur est M. de Rougemont.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1808, tome XII (décembre 1808)p. 281-284 :

[Le point de départ du critique, c’est l’idée de déguisement, qui au théâtre va bien au-delà de ce qu’on rencontre dans le monde : au théâtre, « le nom, l'habit, le sexe quelquefois, tout se déguise ». C’est sur ces déguisements que repose la pièce le Pauvre diable, où tous les personnages sauf un sont déguisés : « un baron, un marquis et une fille de qualité déguisés en paysans », et aussi « un clerc de procureur changé en braconnier, un fripon devenu un sénéchal ». Une telle situation entraîne dans une intrigue compliquée, où personne n’occupe sa place. Mais chacun finit par redevenir ce qu’il est réellement, et la pièce s’achève par un mariage, bien sûr, et par le rétablissement des fortunes que les malversations du procureur (celui qui n’est pas déguisé sous une fausse identité) avaient bouleversées. Fin de l’article un peu ironique : «  Tout cela se fait donc le plus facilement, le plus commodément du monde [ce n’est pas ce qu’on ressent en lisant le résumé de l’intrigue]. On a cru voir aussi que la pièce avait été faite sans fatigue [peut-être bien une accusation où on peut mettre tous les griefs qu’on veut, sur l’intrigue, le style, etc.]. Elle a réussi sans difficulté. »]

Théâtre du Vaudeville.

Le pauvre Diable.

On prétend que les hommes se déguisent, mais jamais assez pour les auteurs dramatiques. Qu'un homme déguise sa pensée, ses sentimens, voilà quelque chose de bien neuf ! C'est ce qu'on voit tous les jours, et nous nous gardons bien de mettre sur le théâtre ce qu'on voit tous les jours. Va-t-on à la comédie pour y retrouver ce qui se passe dans le monde, et ira-t-on chercher pour son argent des portraits dont on a vu les originaux gratis ? On trompe, en effet, quelquefois dans le monde ; mais quelles tromperies mesquines ! L'homme le plus menteur ne nous en impose pas sur son état ; il paraît sous son nom, et à peu de chose près sous l'habit qui convient à sa condition ; quelques petites faussetés de détail, et voilà tout : c'est bien la peine de se mettre en frais. Les déguisemens au théâtre sont bien plus savans, bien plus profonds. Le nom, l'habit, le sexe quelquefois, tout se déguise ; et comme # faut toujours qu'il y ait quelqu'un d'attrapé, il est clair qu'on le sera bien davantage pour avoir pris une femme pour un homme, monsieur un tel pour monsieur un tel , un grand seigneur pour un paysan, qu'on ne serait d'avoir pris un fripon pour un honnête homme, quoiqu'il en coûte quelquefois un peu plus cher, une coquette pour une femme tendre, etc. etc. Ces moyens dramatiques ne sont pas épargnés dans le pauvre Diable. Un baron, un marquis et une fille de qualité déguisés en paysans, en voilà, je crois, assez pour un vaudeville; nous avons aussi un clerc de procureur changé en braconnier, un fripon devenu un sénéchal ; il n'y a que M. Grippon le procureur qui soit resté ce qu'il était,

Può mai cambiarsi all'agnello la volpe.

M. Grippon, plus fripon que ne le sont d'ordinaire même les procureurs de théâtre, qu'on accuse seulement d'allonger les écritures et de faire durer les procès, a trouvé le moyen d'en terminer un en faisant disparaître une pièce qui assurait au baron de Renneville la propriété de la terre de Saint-Marcel, et le baron de Renneville, ruiné, s'est fait paysan sous le nom de Pierre, et habite auprès de son ancien château, où personne ne le reconnaît, avec sa fille Eudoxie, qui, comme on le juge bien, est une charmante personne. M. le baron de Renneville a pour voisin M. le marquis de Rosenberg, qui habite aussi une cabane et porte le nom d'Alexis. Celui-ci n'est pas ruiné, mais obligé de se cacher pour se soustraire aux poursuites qu'il s'est attirées pour une affaire d'honneur. Il est, comme de raison, amoureux d'Eudoxie, et, comme de raison, il a sauvé la vie à son père. Un autre voisin, c'est le braconnier Martin, ci-devant clerc de procureur, qui se cache aussi, non pas pour avoir tué un homme en duel, mais pour avoir tué des lièvres et des perdrix qu'on veut lui faire payer un peu cher. Voilà, comme on voit , des gens très-bien dans leurs affaires ; et on serait peut-être embarrassé de savoir quel est des trois le pauvre Diable. C'est Martin. Placé encore un peu plus bas que ses voisins, il ne sait pas toujours où coucher et rarement comment dîner. Quelquefois logé en haut d'un arbre d'où il peut très commodément voir les passans, il a apperçu de sa fenêtre Eudoxie qui portait des fruits dans une corbeille ; il est descendu pour lui en demander, et Eudoxie lui en a donné. C'est un déjeûner un peu léger pour un braconnier qui a couché en plein air ; mais celui-ci s'en contente faute de mieux ; il en est même si content qu'il en conserve une grande reconnaissance ; et comme sa fortune était plus aisée à rétablir que celle des autres, ce sera lui qui le premier se trouvera en état de leur rendre service. Le procureur chez lequel il a commencé son métier de braconnier est M. Grippon ; M. Grippon avait un associé nommé Florbel qui l'a aidé à ruiner M. de Renneville en faveur du père d'Alexis. Ce Florbel, qui est devenu sénéchal, a besoin d'un secrétaire ; il rencontre Martin son ancien camarade et le prend ; celui-ci retrouve la pièce qui ruinait M. de Renneville, et qu'on avait eu la précaution de ne pas brûler ; il la rend. Alexis se fait reconnaître pour le marquis de Rosemberg ; il demande en mariage Eudoxie et l'épouse. Martin demande la grace de Florbel et l'obtient. Comme la terre de Saint-Marcel avait été volée à M. de Renneville pour le père de M. de Rosemberg, la chose ne sera pas difficile à arranger ; comme ils logent tout près du château, le déménagement ne sera pas long. Tout cela se fait donc le plus facilement, le plus commodément du monde. On a cru voir aussi que la pièce avait été faite sans fatigue. Elle a réussi sans difficulté. L'auteur demandé est M. Rougemont.                          P.

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