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Le Pèlerin et le roi

Le Pèlerin et le roi, comédie-vaudeville en deux actes, de Joseph Pain et D.*** [Dumersan], 28 juin 1809.

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Pèlerin et le roi (le)

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

28 juin 1809

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Joseph Pain et D.*** [Dumersan]

L'opinion du parterre, septième année, 1810, p. 316 :

[Le mélange des genres ne réussit pas au Théâtre du Vaudeville : la pièce de Pain et Dumersan (c’est lui qui se cache, assez mal, derrière ses initiales T. D.) est une sorte de mélodrames avec des couplets. Leur pièce n’était bonne que pour les théâtres spécialisés dans le mélodrame, l'Ambigu-Comique et le théâtre de la Gaieté.]

28 Juin, Première représentation du Pélerin et le Roi, vaudeville en deux actes , de J. Pain et T. D.

Le mélodrame veut envahir tous les théâtres, ceux mêmes qui par leur genre en devaient avoir le plus d'horreur. Heureusement que toutes ses tentatives ne sont pas couronnées par le succès : une chute aussi prononcée que celle qu'a éprouvé[e] le Pelerin et le Roi, guérira sans doute MM. Pain et T. D. de l'envie de se présenter chez Momus avec des couleurs tolérables seulement à l'Ambigu-Comique et au théâtre de la Gaieté.

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome trente-septième (1809), n° CCCCXV (1er juillet 1809), p. 43-44 :

Un autre ouvrage qui n'a eu qu'une soirée d'existence au Vaudeville, est le Pélerin et le Roi. C'est un petit mélodrame en couplets, où un ministre, déguisé en pélerin, vient donner à un roi des avis sur la manière de gouverner ses Etats. Le pélerin a une fille, la fille est jolie, le roi en est amoureux ; un courtisan ambitieux et méchant se mêle à cette intrigue et fait proscrire et la fille et le père ; mais l'innocence triomphe, et la beauté persécutée s'assied sur le trône. Ces aventures romanesques ont été fort mal accueillies ; on a sifflé le roi, ses ministres et ses amantes, et la pièce n'a été achevée qu'avec beaucoup de peine.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome IV, p. 180 :

[Chacun à sa place, et celle des rois n’est pas au théâtre du Vaudeville. La pièce a fait rire, les rôles ont « été bien joués », mais la dignité des rois souffre d’être dans ce théâtre, même s’il existe des précédents qui ont réussi.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Pèlerin et le Roi, comédie vaudeville en deux actes, jouée le mercredi 28 juin.

Un roi sera toujours un peu déplacé au Vaudeville. On y a cependant vu Charles VII, le Czar Iwan, et d'autres souverains qui y ont complètement réussi. Mais on objecte que les modestes pipeaux sont faits pour chanter les amours champêtres, ou les intrigues bourgeoises ; aussi la sévère critique avoit-elle voulu en exiler le roi de Perse et le Pèlerin. Ils ont tenu bon, et on les voit maintenant sans défaveur.

Un visir disgracié, qui prend pour revenir dans son pays l'habit d'un pèlerin, rencontre à la chasse le roi qui est épris d'une jeune beauté, Zaïde, sœur de ce même visir ; elle est conduite à la cour où son frère la suit sans se faire connoître. Là, il confond ses ennemis, éclaire le roi sur ses flatteurs, et rentre en grâce en se faisant reconnoître pour Hassan et pour le sage Amram qui jouit dans tout l'Orient de la plus haute réputation. Il y a dans cette pièce plus d'intérêt que de gaieté. Cependant quelques scènes du premier eunuque du sérail et de la vieille nourrice de Zaïde qui le croit un grand seigneur et veut à toute force l'épouser, ont beaucoup fait rire. Le rôle de Zaïde a beaucoup de piquant par la manière dont le joue mademoiselle Desmares ; les rôles principaux ont été bien joués par MM. Saint-Léger, Saint-Estève et Joly.

Les auteurs sont MM. Joseph Pain et D***.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1809, tome IX (septembre 1809), p. 286-290 :

[L’article s’ouvre sur une joyeuse démolition pleine d’ironie du dénouement de la pièce, assez éloigné en effet des procédés habituels du Vaudeville (le genre comme le théâtre), puisque c’est un traité entre la Perse et le grand Mogol qui remplace l’habituel mariage final. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne retrouve pas les habituels ingrédients (le grand vizir destitué a une sœur promise au roi et qu’il a mise en sécurité dans une forêt). La pièce n’a pas paru très gaie, et rien n’a pu « vaincre le froid mortel » que la pièce avait répandu, malgré des chœurs exotiques, le faste de la cour, « les tristes gaîtés du premier officier » du sérail. Beaucoup de sifflets : la pièce est tombée.]

Le pèlerin et le Roi.

Encore un vaudeville de tombé. C'est vraiment une épidémie. Celui ci a pourtant bien fait ce qu'il pouvait pour ne pas ressembler aux autres. A quoi pensez-vous que tienne le dénouement de la pièce ? A quelques espiégleries de valet ? Fi donc, A un mariage ? Cela vaudrait vraiment bien la peine de faire un vaudeville. A un traité avec le grand Mogol ? Pas moins que cela, l'heureux dénouement de vaudeville que la signature d'un traité avec le grand Mogol ! Heureusement on ne nous a pas lu les articles, on ne nous avait pas même mis dans le secret des négociations. Le traité est sorti tout d'un coup, à la fin, de dessous le manteau d'un pélerin, qui l'avait très-soigneusement gardé pour le dénouement. Ce pélerin est un sage qui remplit tout l'Orient du bruit de sa vertu, et que le ministre Usbeck avait consulté en secret dans l'affaire du traité pour se parer des plumes du paon. Ce n'est pourtant pas un trop mauvais ministre qu'un ministre qui consulte un sage. Il y en a tant qui agissent à leur tête. Mais ce sage n'était autre que le grand-visir Hassan, disgracié autrefois par le soins d'Usbeck, et qui passait le temps de sa disgrace à faire incognito les affaires du ministère. On commence à concevoir peut-être comment tout ceci a pu mettre le vaudeville en relation avec le grand Mogol. On sent que le roi de Perse étant le héros de la pièce, on ne pouvait décemment l'aboucher avec Gilles ou Cassandre ; rien de plus convenable par conséquent, dans cette occurrence, que le grand Mogol ; et l'on voit d'ici tout ce que l'alliance d'un personnage de cette importance doit avoir d'avantages pour le roi de Perse, et fournir de gaîté à un vaudeville. Cependant comme les grands intérêts n'empêchent pas qu'on ne prenne quelque part aux petits événemens de société, il faut savoir qu'Hassan, lors de sa disgrace, qui date d'environ dix ans, avait une sœur âgée de huit ans, destinée à épouser le roi, qui en avait alors dix-huit. Quand Hassan a pris son parti d'aller voyager, il a mis sa sœur, pour lui conserver le teint frais, dans une forêt tout près d'Ispahan, sous la garde d'une vieille gouvernante, qui ne l'a pas très-bien élevée, à ce qu'il paraît, ou qui lui a du moins laissé d'ignorance tout ce qu'il en faut pour faire ce qu'on appelle une ingénuité. Le naturel des manières de la jeune Zaïde s'était même étendu d'abord jusqu'à son vêtement. Le public l'a trouvée un peu trop sans déguisement, et a témoigné son opinion par des rires non équivoques, et que mademoiselle Desmares a le bon esprit de si bien comprendre, que lorsqu'elle a reparu à sa seconde entrée sur la scène avec un vêtement un peu plus épais sous sa robe de gaze, de vifs applaudissemens lui ont prouvé la satisfaction générale. Ce petit incident, loin de nuire à la pièce, aurait pu au contraire lui être favorable par le désir qu'a conservé le public de consoler une jolie actrice du petit désagrément qu'il lui avait fait éprouver d'abord. Mais il n'a pu avoir la même indulgence pour le grand-visir Usbeck qui l'ennuyait, pour le pélerin Hassan qui ne l'excusait point, pas même pour le roi Yesid qui est venu s'égarer dans la forêt où vit la belle Zaïde pour devenir amoureux d'elle et l'emmener à la cour le jour où y arrive son frère Hassan. Ce roi Yesid, qui ne parle que de sa passion dans le premier acte et qui tient son conseil dans le second, n'a pas plus diverti que les autres. N'être jamais qu'amoureux et roi, cela ne compose pas un personnage bien plaisant. Le pélerin Hassan est moraliste. La sœur Zaïde l'est parfois ; le grand visir Usbeck parle par sentences, et sa sœur Zuléma, la favorite d'Yesid, lui répond de même. On sait bien qu'il faut des sentences au Vaudeville, et que rien ne termine plus avantageusement un couplet qu'un précepte de morale ou de bienfaisance, si ce n'est un trait de sentiment; mais,

Faut d'la raison, pas trop n'en faut.

Le public a d'ailleurs donné la mesure du degré de philosophie auquel il permet qu'on s'élève au Vaudeville. Le grand-visir Usbeck, reprochant à sa sœur qu'elle ne se donne pas assez de soin pour ranimer l'amour du roi par la variété, lui dit qu'il faut aux hommes de la nouveauté, sur-tout à ceux qui ont le malheur d'avoir toujours été heureux. Le parterre a été très-choqué de cette tournure de phrase ; et fondé sur ce principe que

Le bonheur nous rend heureux
Et le malheur malheureux ;

il a vu là un véritable contre-sens. Il ne se serait pas au reste déterminé pour si peu de chose. Mais comment imagine-t on d'être Persan ? Ce conte oriental n'était pas de nature à réussir au Vaudeville : ni des chœurs de nègres et de négresses, ni la pompe du roi des rois, ni les tristes gaîtés du premier officier de son sérail, comme il se qualifie lui-même, n'ont pu vaincre le froid mortel qui gagnait insensiblement les spectateurs, et qui a fini par se résoudre en une grêle de sifflets destinés non pas à empêcher d'entendre la pièce, mais à manifester ce qu'on en pensait; ils ont seulement fait raccourcir le vaudeville de la fin et empêché de nommer l'auteur.

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