Le Père supposé, ou les Époux dès le berceau

Le Père supposé, ou les Époux dès le berceau, comédie en 3 actes, d’E. J. B. Delrieu, 24 Frimaire an 7 [14 décembre 1798].

Théâtre Cité Variétés, et de la pantomime nationale

Almanach des Muses 1800

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Huet, an X :

Le Père supposé, ou les époux dès le berceau, comédie en trois actes, en vers, Par E. J. B. Delrieu. Représentée pour la première fois sur le théatre de Louvois par les comédiens de l'Odéon, le 4 ventose an 10.

Les dates ne concordent pas ! La Bibliographie universelle ancienne et moderne, tome X (nouvelle édition, 1855), p. 350, précise que la pièce, jouée en 1802, avait été d'abord jouée au Théâtre de la Cité (le Théâtre des Variétés), comme Le Jaloux malgré lui, du même auteur. Le Courrier des spectacles donne bien la première de la pièce, au Théâtre de la Cité-Variétés, le 24 frimaire an 7.

Courrier des spectacles, n° 662 du 25 frimaire an 7 [15 décembre 1798], p. 2-3 ;

[Succès pour la pièce nouvelle, l’auteur « a paru au milieu des plus vifs applaudissemens ». Le critique en résume l’intrigue, une histoire de fille sauvée par celui-là même qui est la cause du danger auquel il la fait échapper. Il veut maintenant l’épouser alors qu’elle aime un jeune homme qui, hélas, ne peut se marier avec elle, parce qu’il doit épouser une autre jeune fille, dont il a perdu la trace. Mais le hasard fait vraiment très bien les choses : le père de la jeune fille qu’il doit épouser reparaît, et retrouve sa fille dans celle qui a été sauvée jadis. Et tout s’arrange : le sauveteur permet le mariage de sa protégée. C’est d’ailleurs ce point qui choque le critique : ce n’est pas à celui qui l’a élevée de donner la main de la jeune fille, mais à son père. La pièce est bien écrite dans l’ensemble, mais « le troisième acte n'a rien de commun » (ce qui pourrait bien vouloir dire qu’il ne tient pas trop debout : c’est l’acte où l’on découvre que la jeune fille est celle que justement le jeune amant devait épouser – quelle incroyable coïncidence ! –). Et seule une actrice est mise en avant, celle qui joue le rôle de la suivante – mais on sait que els suivantes, comme les valets, sont des personnages essentiels dans la comédie.]

Théâtre de la Cité-Variétés, et de la Pantomime nationale.

Le Père supposé, comédie en trois actes et en vers, dont la première représentation fut donnée hier à ce théâtre, y a obtenu le succès le plus décidé. Elle est du cit. Delrieu, qui a été demandé, et qui a paru au milieu des plus vifs applaudissemens.

Beaufort, commandant Américain, a sauvé de l’embrâsement d’une ville qu’il a détruite, une jeune enfant de deux ans, qu'il a fait élever sous le nom de Lucile. Elle a atteint sa dix-huitieme année, et croit voir son père dans celui qui n’est que son amant. Quant à ce dernier titre, son cœur le donneroit volontiers à Julien ; mais ce jeune homme n’auroit même aucun moyen d’entrer dans la maison, si Betzi, suivante de Lucile, ne joignoit à beaucoup d’attachement pour sa maîtresse, assez d’esprit pour concevoir un projet hardi. Beaufort vient de renvoyer son secrétaire, Betzi lui en propose un ; c’est Arlais son cousin, ou plutôt c’est Julien, dont elle déguise ainsi le nom et le personnage. Le faux Arlais accepté pour secrétaire, devient bientôt le confident de son maître. Celui-ci lui apprend qu’il n’est pas le père de Lucile, mais son amant, et le charge de lui faire une romance pour sa maîtresse. Julien Arlais est poëte, mais de plus il est amant ; la romance est d’autant moins difficile à composer, que comme il le dit plaisamment à part : Il fait un impromptu composé de la veille. Mais l’amour qu’il éprouve pour Lucile, Julien ne peut s’y livrer sans remords. Son père a promis, dès sou berceau, de l’unir à Julie, fille de Richemond ; lui-même a fait à son père mourant la promesse solemnelle de ne jamais avoir d’autre épouse. Il ignore ce que sont devenus Richemond et sa fille ; mais son serment subsiste toujours. Un vieillard vient d’être sauvé de la mort par le commandant Américain. Beaufort l’a retiré de l’eau au moment où il alloit en être entraîné ; il l’a ramené chez lui, et a confié le soin de ses jours à ses gens, pour ne s’occuper uniquement de son mariage, qu’il veut célébrer le lendemain. Arlais doit y pré parer Lucile, en la détrompant sur sa naissance. Cette double nouvelle la plonge dans le plus grand désespoir ; mais lui-même veut fuir. Les domestiques s’affligent de voir ainsi Julien s’éloigner. Richemond, car le vieillard qui étoit prês de périr n’est autre que le père de Julie, Richemond entend nommer Julien, et reconnoît bientôt son gendre. Il retrouve également sa fille dans Lucile, et Beaufort est obligé d’oublier son amour pour unir les deux jeunes gens.

On a observé qu’il étoit absolument inutile de faire unir Julien à Julie par Beaufort, outre que ce sacrifice est violent à exiger, quel autre que Richemond a le droit de disposer de la main de sa fille ? On a remarqué dans cet ouvrage des vers très-bien faits et très-naturels, quelques autres ont paru moins faciles. Le troisième acte n'a rien de commun. La cit. Toussaint a donné de nouvelles preuves de son talent dans le rôle de Betzi,

Le Pan.

Louis-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris : le Théâtre de la Cité, 1792-1807 (Paris, 1910), p. 180 :

24 frimaire (14 décembre) : Le Père supposé, ou les Epoux dès le berceau, comédie en 3 actes, en vers, par E.-J.-B. Delrieu.

La pièce se joue aux environs de Boston. Pendant la guerre d'Amérique, deux compagnons d'armes, l'un Français, l'autre Américain, ont fiancé leurs enfants, Julio âgé de six ans, et Julie qui n'a que deux années. Cette dernière disparaît d'une façon mystérieuse et Julio fait serment de la retrouver, de n'avoir en tout cas jamais d'autre épouse. Julie a été recueillie par l'officier Beaufort qui l'a élevée sous le nom de Lucile, en la faisant passer pour sa propre fille. Mais il n'a que trente-six ans tandis que Lucile en a dix-huit, et il devient amoureux d'elle. C'est à Julio qu'il fait confidence du dessein qu'il a de l'épouser, à Julio qui, épris de Lucile, s'est introduit chez Beaufort comme secrétaire et dit s'appeler Harley. Lucile, qui partage l'amour de Julio, est désolée du projet de Beaufort ; par bonheur, à divers indices, le jeune homme soupçonne dans Lucile la Julie qu'il cherche ; un médaillon conservé par elle et qui porte leurs noms unis confirme cet espoir. Beaufort, édifié, s'incline devant les droits de Julio et l'unit à Lucile,en priant les deux époux de ne le point quitter.

Sujet peu vraisemblable, traité en vers simplement corrects. L'ouvrage, repris au Théâtre Louvois le 4 ventôse an X, ne fut imprimé qu'à cette date.

La base César attribue à la pièce 14 représentations du 14 décembre 1798 au 18 mars 1799, au Palais des Variétés (ce qui concorde avec l'indication de l'Almanach des Muses).

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