Le Petit pêcheur

Le Petit pêcheur, vaudeville en un acte, de Du Mersan, 8 août 1810.

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Petit pêcheur (le)

Genre

comédie mêlée de couplets

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

8 août 1810

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. Du Mersan

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mlle. Lecouvreur, 1810 :

Le petit Pêcheur, comédie en un acte, mêlée de couplets, par M. Du Mersan. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le mercredi 8 août 1810.

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome quarante-troisième, n° CCCCLXXV (samedi 25 août 1810), p. 498 :

[Un compte rendu un peu ironique, qui montre le caractère artificiel d’une intrigue construite à coups de clichés, et que ne sauvent que des aspects secondaires (« un tableau assez agréable » et une scène de mystification. On sent que la pièce, proche du mélodrame par bien des aspects, souffre dans l’esprit critique de cette proximité.]

Le Petit Pêcheur, vaudeville en un acte.

Il y a dans ce Vaudeville de quoi faire un mélodrame assez bien conditionné. Le Petit Pêcheur qui en est le héros, n'a ni père ni mère : il doit tout à un vieux marin qui depuis a perdu tonte sa fortune et l'un de ses bras, et qu'il nourrit du produit de sa pêche. Il est amoureux et son rival est un niais. Il fuit sa fortune et la perd dans l'espace de quelques scènes. Il y a de plus dans la pièce une tempête, un naufrage, une descente et un combat. On voit qu'avec une reconnaissance ou deux, ce Petit Pêcheur vaudrait presque Hariadan Barberousse. Malgré tout cela, il a réussi, grâce à- un tableau assez agréable, à quelques couplets assez gais et à la manière dont le niais rival du Petit Pêcheur, est mystifié par une gentille Cauchoise. L'auteur est M. Dumersan.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome IV, p. 396-398 :

[Un succès que l’auteur du compte rendu explique par trois éléments (qu’on retrouve plus ou moins dans les divers comptes rendus), l’agrément d’un tableau, le charme de l’actrice qui joue le rôle du petit Pecheur, et la scène de mystification.]

THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.

Le Petit Pêcheur, vaudeville en un acte, joué le 8 août.

Ce petit pêcheur, nommé Théodore, est un orphelin qui n'a jamais connu ses parens. Le capitaine Hubert l'a recueilli à son bord, et lui a enseigné son métier. Il a eu le malheur d'essuyer dans le même jour un combat et un naufrage, de perdre à la fois, son vaisseau, sa fortune et l'un de ses bras, et Théodore s'est chargé à son tour de sa subsistance. Il a vendu sa tasse d'argent pour acheter des filets ; il a bâti au bon invalide une petite cabane sur le bord de la mer, à Saint-Valery, et il le nourrit du produit de sa pêche. Le petit pêcheur est amoureux et aimé d'une jeune fille, que sa mère lui refuse, parce qu'il est pauvre, et qu'elle veut donner à un sot rival qui possède quelques écus Tandis que Théodore est à la pêche, un orage se déclare. Juliette tremble pour Théodore, et Hubert lui-même est inquiet. En effet, un vaisseau se jette à la côte, mais Théodore sauve sa barque et revient avec une cassette qu'il a trouvée dans ses filets. Il en a fait sauter la serrure, et l'a trouvée pleine d'or et de diamans. Sa fortune est faite ; il ne doute pas que la mère Thérèse lui donne la main de sa fille : l'affaire est conclue dans un moment, et on se rend chez le notaire. Mais un officier est venu à terre du vaisseau qui est engravé sur la côte. Cet officier, après s'être reposé chez la mère Thérèse, a demandé un pêcheur à qui il veut donner une commission. Théodore se présente ; quoiqu'il soit devenu riche, il est toujours prêt à obliger ; et il voit bientôt que la commission ne sera que trop facile à faire. Il s'agit de repêcher une cassette que l'officier a perdue, et à la description qu'il en donne, Théodore la reconnoît pour celle qu'il a déjà pêchée et qui devoit faire son bonheur. Le jeune homme ne balance pas ; il reprend la cassette des mains d'Hubert qui revient de chez le notaire avec Thérèse et Juliette, et remet courageusement son trésor entre les mains de l'officier.

Celui-ci ne paroît pas trop disposé à le récompenser, du moins pour le moment ; dès-lors la mère Thérèse rompt le mariage ; Hubert murmure, Théodore s'afflige ; on ne sait comment il sortira d'embarras. Des pêcheurs effrayés viennent annoncer un débarquement opéré par un corsaire. Aussitôt Théodore les exhorte à se défendre ; on-s'arme à la hâte, on défère le commandement à Hubert ; on marche à l'ennemi, et bientôt on revient après l'avoir forcé à quitter le rivage. Théodore s'est distingué dans l'action ; l'officier n'hésite plus à lui faire sa part de la cassette ; la mère Thérèse l'accepte de nouveau pour gendre, et tout le monde est
content.

Cette pièce a eu du succès : elle le doit à des tableaux gais et gracieux, à la manière piquante dont Mademoiselle Desmares joue le rôle du petit Pécheur ; à un épisode assez comique où Claudine, jeune paysanne, mystifie Gauthier, paysan niais, très-plaisamment joué par Joly.

L'auteur a été demandé; c'est M. Dumersan.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1810, tome IX (septembre 1810), p. 292-296 :

[Jugement assez sévère sur une pièce que sa ressemblance avec le mélodrame condamne aux yeux du critique, qui ne se prive pas pour ridiculiser le genre dont il condamne les facilités (cf. l’illusion sur le dénouement). Ce qui permet le succès est identique à ce qu’on trouve dans les autres comptes rendus (avec d’étonnants points communs de l’un à l’autre). Un grief supplémentaire : le manque d’originalité du rôle de niais de ce presque mélodrame, compensé partiellement par la gaîté qu’il introduit dans la pièce.]

Le petit Pécheur, vaudeville en un acte, de M. Dumersan.

Ce petit Pécheur n'est pas Danois, comme ceux d'un petit mélodrame qu'on nous offrit il y a quelque-temps à ce théâtre ; Théodore est Normand et peut-être Cauchois, mais son histoire n'en est pas moins romanesque. C'est un orphelin qui n'a jamais connu ses parens. Le capitaine Hubert l'a recueilli à son bord et lui a si bien enseigné son métier, que Théodore y est passé maître à un âge où il est assez rare d'en connaître les élémens. Mais le brave Hubert n'a point perdu ses peines. Il a eu le malheur d'essuyer dans le même jour un combat et un naufrage, de perdre à la fois, comme il nous le dit, son vaisseau, sa fortune et l'un de ses bras, et Théodore s'est chargé à son tour de, sa subsistance. Il a vendu sa tasse d'argent pour acheter des filets ; il a bâti au bon invalide une petite cabane sur le bord de la mer, à Saint- Valéry, et il le nourrit, du produit de sa pêche. Il est inutile d'ajouter que le petit Pécheur est amoureux et aimé d'une jeune fille que sa mère lui refuse parce qu'il est pauvre, et qu'elle veut donner à un sot rival qui possède quelques écus. On sait que c'est-là le fonds commua de toutes les intrigues de théâtre.

Celle-ci, quoique resserrée en un acte est très fertile en événemens. D'abord, tandis que Théodore est à la pêche, un orage se déclare ; les filles de Saint-Valery ont peur ; Juliette sur-tout tremble, pour Théodore, et Hubert lui-même est inquiet. En effet, un vaisseau se jette à la côte, mais Théodore sauve sa barque et revient avec une cassette qu'il a trouvée dans ses filets. On peut se figurer sa joie, en apprenant qu'il en a déjà fait sauter la serrure et qu'il l’a trouvée pleine d'or et de diamans. Sa fortune est faite ; il ne doute pas que la mère Thérèse va lui donne à présent la main de sa fille, et il a raison : l'affaire est conclue dans un moment, et on se rend chez le notaire. Mais il ne faut pas croire cependant que son bonheur ne rencontre plus d'obstacles ; la pièce finirait trop. tôt. Un officier est venu à terre du vaisseau que l'on croyait perdu et qui n'est qu'engravé. Cet officier, après s'être reposé chez la mère Thérèse, a demandé un pêcheur à qui il veut donner une commission. Théodore se présente, quoiqu'il soit devenu riche, attendu qu'il est toujours prêt à obliger ; et il voit bientôt que la commission ne sera que trop facile à faire. Il s'agit de repêcher une cassette que l'officier a perdue, et à la description qu'il en donne, Théodore la reconnaît bientôt pour celle qu'il a déjà pêchée et qui devait faire, son bonheur. Quelque douloureuse que soit la découverte, le jeune homme ne balance pas : il reprend a cassette des mains d'Hubert qui revient à l'instant de chez le notaire avec Thérèse et Juliette, et remet courageusement son trésor entre les mains de l'officier.

Ici nous avons cru que la pièce en était à sa dernière scène, car l'officier s'informe de ce qu'est Théodore ; on lui répond qu'il ne connaît pas ses parens, et d'après les données communes à tous les drames, il était bien permis de s'attendre à une reconnaissance et à retrouver dans le maître de la cassette le père du petit pêcheur; mais, nous l'avouerons sans honte, notre sagacité s'est trouvée en défaut. Loin de reconnaître Théodore pour son fils, l'officier ne paraît pas trop disposé à le récompenser, au moins pour le moment, d'avoir retrouvé sa cassette ; dès-lors la mère Thérèse rompt le mariage, le brave Hubert murmure, Théodore s'afflige ; on ne sait plus comment il sortira d'embarras. Heureusement l'auteur avait une ressource toute prête ; il avait enrichi son petit pêcheur par un naufrage, et s'il vient de lui retirer sa fortune, c'est pour la lui rendre par un combat. Des pêcheurs effrayés viennent annoncer un débarquement opéré par un corsaire. Aussitôt Hubert, l'officier, Théodore les exhortent à se défendre ; on s'arme à la hâte, on défère le commandement à Hubert, on marche è l'ennemi, et bientôt on revient après l'avoir forcé à quitter le rivage. On peut bien penser que Théodore se sera distingué dans l'action ; on peut supposer même que ce sera lui qui aura tué le chef ennemi ou qui du moins l'aura repoussé, car on ne tue pas au Vaudeville ; on devine également qu'après un tel exploit l'officier n'hésitera plus à lui faire sa part de la cassette, que la mère Thérèse l'acceptera de nouveau pour gendre, et que tout le inonde sera content.

Cette pièce a eu quelque succès, maïs elle ne le doit point à l'intrigue que nous venons d'exposer. Ce qui l'a soutenue, c'est un, tableau gai et gracieux qui se découvre au lever de la toile ; c'est la manière piquante dont Mlle. Desmares joue le rôle du petit pêcheur ; c'est un épisode assez comique où Claudine, jeune Cauchoise, jouée par Mlle. Minette, mystifie un sot faiseur de filets joué par Joly. Ce rôle de Joly n'est cependant pas très-neuf, car il ressemble à tous les niais de mélodrame. Le tour qu'on lui joue n'est pas très-nouveau non plus, car la Famille des Jobards, farce des Boulevarts, en a donné l'idée. Mais tout cet épisode est plein de gaîté, et la gaité vaut toujours mieux au Vaudeville et même à la comédie, que les sentimens romanesques et les grands événemens.                    G.

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