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Le Petit souper de campagne

Le Petit souper de campagne, comédie en prose, & en deux actes, avec des agréments, 19 mai 1792.

Théâtre de la rue de Louvois.

Titre :

Petit souper de campagne (le)

Genre

comédie avec des agréments

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

19 mai 1792

Théâtre :

Théâtre de la rue de Louvois

Auteur(s) des paroles :

 

Journal encyclopédique ou universel, tome LXXIII, janvier-juin 1792 (Slatkine Reprints, 1967), p. 570, (année 1792, tome IV, 10 juin, n° XVI, p. 520-521) :

[Compte rendu équilibré : la pièce n’est ni sans qualités, ni sans défauts : « un but très moral ; mais des longueurs surtout dans le premier acte », « de la facilité dans le style, & du trait dans le dialogue », des «  caracteres odieux [...] trop prononcés », « le 2e. acte & le concert ont fait plaisir ». Et il faudrait « resserrer considérablement toutes les scenes » (les longueurs, toujours les longueurs !). Interprétation jugée un peu froidement.]

T H E A T R E D E L A R U E D E L O UV O I S.

Le Petit Souper de Campagne, comédie en 2 actes. Cet ouvrage offroit un but très-moral ; mais des longueurs surtout dans le premier acte, ont nuit singulierement à son intérét. Un jeune militaire qui a fait des folies de jeunes gens, a épousé une innocente, & pour la garantir des pieges de la séduction, il l'a cachée dans un château isolé, & confiée à la garde d'une vieille tante, & de deux vieux domestiques. Pendant qu'il est à sa garnison, une baronne vient habiter le château voisin de celui de son épouse : cette baronne est une intriguante qui s'est fait accompagner d'un chevalier d'industrie, d'un poëte & d'un abbé gourmand. Ce cercle dangereux environne bientôt la jeune femme & l'entraîne par degré, dans le vice : elle confine sa vieille tante dans son appartement, chasse sa vieille gouvernante, prend à sa place une soubrette vouée à la baronne, & donne des petits soupers : un jardinier seul est resté, malgré tout je monde, dans le château, & gémit sur les égaremens de sa maîtresse. Sur ces entrefaites, le mari arrive : le jardinier lui fait part des changemens qu'il va trouver dans la maison. L'époux observe tout, retire avec adresse des mains du chevalier, tout ce qui pourroit compromettre son indiscrette épouse, & chasse tous ces intrigants au moment où, après avoir fait de la musique, ils se mettent à table, dans l'intention de faire un petit souper délicieux. Il est prouvé que la jeune femme n'est coupable que d'imprudence, & son mari lui pardonne, en lui montrant les pieges que l'on tendoit à sa vertu.

Cette piece offre de la facilité dans le style, & du trait dans le dialogue : peut-être les caracteres odieux du chevalier & de la baronne sont-ils trop prononcés : mais c'étoit une opposition dont il étoit difficile de saisir la véritable nuance. Quoiqu'il en soit, le 2e. acte & le concert ont fait plaisir : & si l'auteur veut resserrer considérablement toutes les scenes, nous ne doutons pas qu'il en fasse un ouvrage agréable.

Parmi les acteurs qui jouent dans cette piece, & de qui l'on exigeroit un peu plus de chaleurs le public a distingué particulierement M. Duverger, qui a mis dans le rôle du jardin[i]er, une vérité, un comique & un naturel dont peu d'acteurs sont doués dans cet emploi. M. Valville a tiré tout le parti possible du rôle de l'abbé, & Mlle. Vezard a joué celui de la soubrette avec beaucoup de finesse.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 8 (août 1792), p. 303-304 :

[Certes, le compte rendu dit en entrée que « le fond du sujet de cette piece est moral sans être neuf ». Mais c’est bien le seul aspect positif de la pièce : titre trompeur, longueurs insupportables, « accessoires inutiles ou peu utiles ». Et surtout le critique s’indigne que l’auteur a placé « parmi les vils personnages dont il entoure sa trop innocente héroïne, un homme de-lettres digne à peine de figurer parmi les facteurs de la petite poste » : comment un écrivain peut à ce point « verser l'opprobre & la honte sur un état dont on sait profession soi-même » ?]

THÉATRE DE LA RUE DE LOUVOIS.

Le samedi 19 mai, on a donné la premiere représentation du petit Souper de campagne, comédie en prose, & en deux actes, avec des agrémens.

Le fond du sujet de cette piece est moral sans être neuf. Un officier nouvellement marié avec une jeune & jolie personne qui sort du couvent, a été obligé de quitter sa femme dont quelques individus sans mœurs cherchent à pervertir les principes, afin d'en faire plus facilement leur dupe. Elle est sur le bord du précipice, quand le mari revient, est informé par un serviteur fidele de tout ce qui s'est passé en son absence, de ce qui se projette, &, après avoir éconduit les pervers qui tramoient sa ruine & sa honte, rend son épouse à ses devoirs par une leçon tirée de la situation même où il la retrouve.

On peut reprocher à l'auteur, son titre qui n'annonce rien qu'un incident peu marqué du second acte, la longue & très-longue tenue de ses développemens, enfin l'emploi immodéré d'accessoires inutiles ou peu utiles, qui relâchent sans cesse l'action & divisent tellement l'intérêt, que même, en en connoissant le centre, on le cherche souvent, sans le retrouver. Mais on peut, on doit lui reprocher encore d'avoir placé parmi les vils personnages dont il entoure sa trop innocente héroïne, un homme de-lettres digne à peine de figurer parmi les facteurs de la petite poste, lâche, avide comme un valet de comédie, & presque dégradé jusqu'à jouer le rôle, un peu détourné, d'un mendiant. Comment s'oublie-t-on au point de verser l'opprobre & la honte sur un état dont on sait profession soi-même ? On indique ces reproches ;. on ne les approfondit point. Nous reviendrons, peut-être, sur cette comédie, qui n'a été jouée qu'une seule fois, mais qu'on assure devoir reparoître considérablement diminuée.

César : pièce qui n'a pas été trouvée dans la base.

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