Le Piége, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, de Théaulon, 22 août 1812.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Piège (le)
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ?
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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22 août 1812
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Théaulon
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Almanach des Muses 1813.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Martinet, 1812 :
Le Piège, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, Par M. Théaulon. Représentée pour la première fois à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 22 août 1812.
Couplet d’annonce.
Air : Du lendemain. (N° 750 de la Clé du Caveau.)
Pour attraper, à la file,
Tous ceux que poursuit l'ennui,
Un auteur du Vaudeville
Y tend un piège aujourd'hui ;
Mais si l'on ne le protège,
Trop certain de succomber,
Il aura tendu un piège
Pour y tomber.
Le texte de la pièce est précédé d'une dédicace :
A ma femme.
L’autre jour, un esprit railleur
Me disait que , dans cet ouvrage,
J’avais un collaborateur,
Pour me conformer à l'usage :
Mais quand, dans sa malignité,
Il tenait un pareil langage,
Il ne croyait pas, je le gage,
Dire si bien la vérité ;
Nous étions deux, je le confesse ;
Puisqu’on l’a déjà publié
Le taire serait maladresse !
A mon aimable associé,
Par un hommage expiatoire,
De mon succès et de ma gloire,
Je dois céder une moitié ;
Oui, quand des juges du parterre,
Pour adoucir l’austérité,
Je voulus peindre une beauté
A la fois décente et légère,
A l’esprit joignant la gaîté,
La modestie au don de plaire ;
Malicieuse, avec bonté,
Et fidèle, par caractère,
Par moi le plan fut arrêté ;
Mais j’en conviens, ma Josépbine,
Je ne l’eusse fini jamais
Si tu n’avais fourni les traits
Dont je peignis mon héroïne.
Présentée comme une réimpression, par exemple dans la France littéraire de Quérard, tome neuvième, p. 398, Un Page du Régent, ou le Piège, comédie-vaudeville en un acte, Paris, Barba, 1827, ne paraît pas une simple reprise de la pièce de 1813. Il faudrait comparer de façon précise les deux pièces pour en mesurer le degré de ressemblance (et donc de différence). Les personnages sont les mêmes, et l'intrigue paraît fondé sur les mêmes ressorts peu originaux utilisés en 1812.
Journal de l’Empire du 25 août 1812, p. 3 :
[Après une tentative d’épuiser toutes les combinaisons possibles autour d’un titre prêtant à des ambiguïtés, le critique révèle ce qu’est ce piège, celui qu’une femme jeune et belle tend à un vieux mari volage. Elle utilise la ruse, d’abord une lettre destinée à un autre, et qu’il intercepte, un rendez-vous où il se rend, pour se trouver en présence d’une vieille, puis d’une jeune femme voilée. Mais toutes deux sont sa femme déguisée. Le mari confondu est bien obligé de renoncer à sa quête de bonnes fortunes. Geoffroy ne croit guère ce renoncement sincère, et il déconseille à une femme « d’essayer de corriger son mari en mortifiant son amour-propre ». Il reproche à la pièce de reprendre la situation de la fin du Mariage de Figaro et de Défiance et Malice. Si la pièce a malgré tout réussi, elle le doit aux ingrédients habituels : « de jolis couplets, un dialogue enjoué, une foule de traits piquans ». Et l’auteur a été nommé.]
THEATRE DU VAUDEVILLE.
.Première représentation du Piége.
Est-ce un piége tendu aux spectateurs ? un piége que l'auteur s'est tendu à lui-même ? c'est ce qu'on pouvoit demander avant la représentation. On-ne peut douter à présent que les spectateurs se soient laissés prendre parce qu'il leur étoit doux d’être pris, et que l'auteur ne s’applaudisse d'avoir évité le piége qu'il s’étoit tendu. Il faut laisser ces petites gentillesses qui ne sont pas de très bon goût ; venons au fait : ce piége est celui que tend une femme d'esprit à un mari volage. Ce mari est militaire ; il a le grade de major, et sert en Allemagne : son neveu est capitaine dans le même régiment. Ce major, âgé de cinquante ans, a toujours la prétention d’être homme à bonnes fortunes, et néglige sa femme qui est jeune et belle. Pour se venger, cette femme va s'établir dans le château de la comtesse de Lindorf, son intime amie : là, elle fait écrire au capitaine, neveu du major qu'une dame l'attend à déjeuner et fait en sorte que le billet tombe entre les mains du1 major. L'oncle ne demande pas mieux que de souffler à son neveu cette bonne fortune : il vole au rendez-vous, et n'y trouve qu'une vieille pour sa conquête, et pour son déjeuner que des noisettes et de l'eau. La vieille le mystifie tout à son aise, excite sa jalousie par de certaines anecdotes sur le compte de son rival : il veut aller chercher son rival, les portes du château sont fermées, on lui fait signer une capitulation burlesque avant de lui donner la liberté de sortir. Enfin, la vieille fait place à une jeune beauté magnifiquement parée et couverte d'un voile. Le major s'épuise en galanteries lorsque le voile se lève et lui montre sa femme, qui étoit tout à la fois la vieille et la jeune, grande confusion du major qui renonce aux bonnes fortune. Je doute que ce soit sincèrement ; et il est toujours dangereux pour une -femme d’essayer de corriger son mari en mortifiant son amour-propre. II y a quelque réminiscence du dernier acte de Figaro, de Défiance et Malice ; mais de jolis couplets, un dialogue enjoué, une foule de traits piquans, ont engagé les spectateurs à se laisser prendre au piége. L'auteur a,été demandé ; c'est M. Theaulon.
Geoffroy.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome X, octobre 1812, p. 292-294 :
[Dans une période de pénurie, la seule pièce nouvelle du Vaudeville est malheureusement « médiocrement amusante ». L’intrigue s’appuie sur une jeune femme trompée par son vieux mari, et qui se venge de lui par la ruse. Déguisements, humiliations, le pauvre mari (car c’est bien lui qu’il faut plaindre) capitule, et les époux se réconcilient. Action languissante, quelques bons moments (« de temps en temps de jolis couplets, des traits spirituels semés dans le dialogue », mais « l’auteur appuie trop sur les situations ». La pièce a pourtant réussi. Un dernier paragraphe, hors critique, souligne que les pièges qu’on tend aux maris ne sont pas toujours aussi gentils...]
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
Le Piége.
Les petits spectacles ont été, ce mois-ci, d'une stérilité remarquable. Sans doute on s'est défié de la bonne volonté des spectateurs qui, dans cette saison, négligent un peu les plaisirs de la ville pour ceux de la campagne. En trois semaines le théâtre du Vaudeville n'a donné qu'une pièce nouvelle, encore cette pièce est-elle médiocrement amusante.
Il n'est pas bien étonnant qu'une jeune et jolie femme qui se donne la peine de faire cent lieues pour déjeûner avec son mari, qui emploie, pour le ramener, toutes les ressources de la coquetterie, ait un moment d'avantage sur lui. Une femme de vingt ans est bien forte contre un volage de cinquante. Mme. Dermont apprend à Paris, que son mari, ancien officier de hussards, fait le jeune homme à Mayence, et que, malgré son âge, il veut courir de belle en belle. Elle part avec l'intention de le corriger de ce petit travers, et invente un stratagème pour l'attirer au château de Lindorf. Là, au lieu. d'une jeune beauté et d'un bon déjeûner, il ne trouve qu'une vieille baronne allemande et un repas d'anachorète. Indigné de se voir à table avec une femme de 75 ans, et réduit à déjeûner avec un biscuit trempé dans un verre d'eau, il veut fuir, mais les portes du château sont fermées, et ne doivent s'ouvrir pour lui que quand il aura signé une capitulation qui constate cette double bonne fortune. Il faut céder ; le major signe, la vieille disparaît et fait place à une belle personne voilée..qui, en vertu de la capitulation, lui apporte, avec toute 1a soumission possible, les clefs de la forteresse. Pour le coup, eu voyant cette jeune beauté, le major se croit réellement destiné aux grandes aventures. Mais plus attrapé peut-être la seconde fois que la première, il est atterré de trouver sa femme dans la belle personne qui l'avait déjà mortifié sous les habits de vieille. Bien entendu que les époux se raccommodent, et que le mari promet fidélité pour l'avenir. Tout cela est conduit assez languissamment, et quoiqu'il y ait de temps en temps de jolis couplets, des traits spirituels semés dans le dialogue, l'auteur appuie trop sur les situations, et la pièce marche lentement. Cependant elle a réussi, et le public se laissera prendre encore long-temps au piège que lui a tendu M. Théaulon.
Les maris seraient bien heureux que les femmes n'employassent la finesse et la vivacité de leur imagination qu'à leur tendre des piéges semblables à celui qui fait le sujet de cette pièce. On prétend qu'ils n'en sont pas toujours quittes à si bon marché.
La Pandore, journal des spectacles, des lettres, des arts, des mœurs et des modes, n° 819 du jeudi 11 août 1825, p. 4 :
[Annonce de la reprise du Piège :]
Le Gymnase manquant apparemment de pièces nouvelles, vient d'avoir recours au répertoire du Vaudeville ; en conséquence, avec la permission de M. Bérard, on va remonter au théâtre de Madame, le Piège, vaudeville de M. Théaulon, qui n'a guère été joué que deux ou trois cents fois. C'est Dormeuil, Klein et Mme Théodore, qui sont chargés de jouer les rôles de Laporte, Henri et Mlle Desmares.
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