Le Portrait de Fielding, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, de Ségur jeune, Brousse-Desfaucherets et Després, 3 Floréal an 8 [23 avril 1800].
Théâtre du Vaudeville.
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Titre
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Portrait de Fielding (le)
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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3 floréal an 8 [23 avril 1800]
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Théâtre :
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Théâtres du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Ségur jeune, Desfaucherets et Desprès
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Annoncé dans l'Almanach des Muses sous le titre de Fielding.
Almanach des Muses 1801
Garrick voit un jour un peintre fort embarrassé d'achever le portrait du célèbre Fielding son ami, que la mort venait de lui enlever. Il profite de la facilité qu'il a de changer ses traits pour essayer de prendre ceux de Fielding. Il y réussit, et le peintre achève le portrait. C'est à cette anecdote connue que les auteurs ont ajouté une intrigue filée avec art, et qui a répandu un grand charme sur la pièce.
Beaucoup de succès.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, au Salon littéraire :
Le Portrait de Fielding, Comédie en un Acte, mêlée de Vaudevilles, Par les citoyens Ségur, jeune, Desfaucherets et Després. Représentée pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, rue de Malthe, le 3 Floréal, An VIII.
Courrier des spectacles, n° 1137 (25 Germinal, an VIII), p. 3-4 :
[Le Courrier des spectacles a consacré une série d’articles au Portrait de Fielding, un premier avant sa création, pour annoncer la pièce (on pourrait lui trouver un côté publicitaire avant l'heure), puis deux autres le lendemain et le surlendemain de sa première représentation, articles largement favorables à la pièce, même si le second article insiste à la fin sur le grief de la trop grande prévisibilité du dénouement. Le second article cite plusieurs couplets « vivement applaudis et redemandés ».]
On annonce dans ce moment au Vaudeville une pièce nouvelle ayant pour titre : le Portrait de Fielding : nous ne connoissons ni cet ouvrage, ni son auteur, mais en citant l'anecdote où il paraît avoir puisé son sujet, nous croyons exciter encore plus le désir de voir comment il l'aura traité :
Lorsque Fielding mourut, on se trouvoit dans l'impossibilité d'achever son portrait, qui n'étoit encore qu'ébauché : son ami intime, le célèbre acteur Garrik, pleurant la perte de ce fameux romancier, -conçut l'idée d'en conserver les traits. Il décompose les siens, et trompant ainsi la mort même, revêtu du costume de Fielding, il va trouver le peintre : « C'est Fielding, lui dit-il ; achève de me peindre. » L'artiste surpris reprend ses pinceaux et transmet à la postérité un tableau dont la ressemblance frappante consacre à jamais les talens de l'acteur, et rend à l'Angleterre l'image de ce génie brillant qui l'enrichit de ses immortels ouvrages.
Courrier des spectacles, n° 1146 (4 Floréal, an VIII), p. 2
Théâtre du Vaudeville.
Nous avons rapporté dans le Numéro 1137 de ce journal, l'anecdote qui avoit donné lieu à une pièce annoncée alors au théâtre du Vaudeville, sous le titre du Portrait de Fielding. Hier cette pièce représentée pour la première fois reçut les plus grands applaudissemens ; et elle les mérite à tous égards : esprit, grâce, finesse, morale et sensibilité, tout s'y trouve réuni ; et nous ne craignons pas de prédire que le Portrait de Fielding aura le succès le plus constant et le plus mérité. En un mot, il est digne de succéder à M. Guillaume.
Nous observerons cependant que c'est moins un vaudeville qu'un petit drame. Il y a une teinte de tristesse et un peu de sombre répandus dans toute la pièce ; mais qu'elle [sic] recommandation ne portent pas avec eux les noms si célèbres de Fielding et Garrick, l'un le premier romancier, l'autre le premier acteur de l'Angleterre ! Ce dernier personnage est rendu par le citoyen Vertpré de manière si frappante, qu'il est méconnoissable même aux yeux des plus clairvoyans.
Le citoyen Julien, dans le rôle difficile de Hogarth, et mesdames Henry et Duchaume, dans ceux de Sophie et de madame Miller, ont enlevé tous les suffrages. Enfin cet ouvrage monté avec le plus grand soin offre un rôle brusque, vif, emporté mais bon. On ne peut mettre plus de flegme et de sévérité que le citoyen Lenoble, qui a déjà fait ses preuves dans M. Guillaume.
Courrier des spectacles, n° 1147 (5 Floréal, an VIII), p. 2-3
Théâtre du Vaudeville.
Nous regrettons de n'avoir pas fait connoître hier les noms des auteurs de la charmante pièce du Portrait de Fielding : ce sont les citoyens Ségur jeune, Després et Desfaucherets, qui ont sçu lier à l'anecdote du Portrait une intrigue sagement conçue et pleine d'intérêt, plusieurs scènes charmantes où règne un style vif et serré, et le ton de la bonne comédie.
Hogarth, peintre célèbre, se dispose à honorer par une fête funèbre la mémoire de son ami Fielding, dont il n'a pu conserver les traits sur la toile. Garrick et plusieurs autres sont invités à cette cérémonie religieuse, où miss Sophie, élève d'Hogarth, doit chanter une romance sur la tombe de Fielding. Sophie, orpheline, ignore le nom de celui à qui elle doit le jour. Sa mère et son protecteur, M. Walton, l'ont confiée à Hogarth, qui en cultivant ses heureuses dispositions pour la peinture en est devenu éperduement amoureux. Mais un obstacle l'arrête, il a promis à son ami mourant de chercher une fille naturelle qu'il laissoit après lui, et de l'épouser. Hogarth ignore la retraite de cette fille, il ignore même si elle existe. N'importe, il a promis et il cherche à vaincre son amour pour son écolière.
Un ordre de départ envoyé à Sophie par Amélie, sa mère, qui la rappelle auprès d'elle, augmente le désespoir du malheureux Hogarth ; il veut parler, déclarer sa passion ; Sophie l'évite, quoiqu'à regret. Garrick, qui a lu dans le cœur de son ami, l'invite à ne pas perdre l'espérance ; mais Hogarth détourne la conversation et la ramène sur Fielding, dont il chante les louanges. Son plus grand, regret, c'est de n'avoir pas le portrait de son ami. Garrick forme alors le projet de le lui retracer, et pour y parvenir, tandis que Hogarth est absent, il entre dans la chambre qu'occupoit jadis Fielding, et où on conserve ses habits ; il les revêt, et à l'instant où Hogarth, de retour chez lui, travaille à retrouver dans sa tête quelques traits de Fielding, des sons plaintifs partent de l'appartement voisin, une voix forte et lugubre appelle Hogarth ; il se retourne, il voit Fielding, oui Fielding lui-même, qui lui ordonne de le peindre. Le voir s'écrier, prendre ses crayons, tracer le portrait de son ami, c'est l'affaire d'un moment. Hogarth se précipite vers Fielding, qui disparoît ; mais il a son portrait, c'est lui-même, il le reconnoît, l'admire, appelle ses amis. Sophie la première accourt et voit une tête parfaitement semblable au portrait qu'elle porte secrettement sur son cœur, et que sa mère lui a fait promettre de ne montrer à personne. M. Walton, qui étoît venu pour l'emmener, avoue alors à Hogarth que Sophie est fille naturelle de Fielding, et le jeune peintre s'applaudit doublement d'épouser celle qu'il aime et de remplir les dernières volontés d'un ami. Mais comment at-il pu voir Fielding ? par quel prodige cet écrivain célèbre s'est-il présenté à ses yeux ? Garrick résout la question, et imitant la voix de Fielding, et répétant ces paroles : « Hogarth ! Hogarth ! etc. » il confirme ce que le peintre lui dit en parlant de son talent universel :
Ce ne sont plus de vains portraits,
Tous les hommes renaissent :
Leurs passions, même leurs traits,
Nos yeux les reconnoissent.
Tu sçus charmer dans chaque emploi
Et la cour et la ville.
Quel acteur est pareil à toi ?
Garrick l'interrompant
Tu n'as pas vu Préville
Voici deux autres couplets qui ont été vivement applaudis et redemandés :
Garrick à Hogarth , sur les honneurs rendus à Fielding.
Air: Abolissons ce triste usage.
Tandis qu'au sein de ta famille
Nous pleurons l'ami généreux,
Londre où sa gloire éclate et brille
L'inscrit au rang des noms fameux.
Le mérite aux lieux où nous sommes
Chez Hogarth ne peut s'oublier :
Et l'art d'honorer les grands hommes
Est l'art de les multiplier.
Mad. Miller, gouvernante d'hogarth, en parlant de Garrick:
Air du Vaudeville du Mameluck.
Il sait causer des allarmes,
Puis égayer les esprits :
Et quand il lui plaît, aux larmes
Il fait succéder les ris.
Tels, qu'ici je n'ose dire,
Auroient bien à réparer,
S'il leur falloit faire rire
Tous ceux qu'ils ont fait pleurer.
Nous ne finirons pas cet article sans observer que le dénouement nous a semblé prévu trop-tôt. Dès la cinquième ou sixième scène on se doute que Sophie est la même que la fille de Fielding. Dès-lors l'intérêt n'est plus le même, et pour qu'il se soutînt il faudroit que le public ne connût point presqu'en même tems la conformité qui existe entre la fille naturelle de Fielding et Sophie.
F. J. B. G***.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1800, tome I, p. 267-269 :
[La pièce illustre une anecdote connue, le portrait de l’écrivain Fielding par le grand peintre Hogarth, avec la participation de l’acteur Garrick (très populaire en France à ce moment). Pour l’étoffer, on y adjoint une intrigue sentimentale d’une grande invraisemblance et d’une grande prévisibilité (la jeune fille qu’aime Hogarth, c’est justement celle qu’il a promis d’épouser ! « Le dénouement de cette pièce est prévu trop tôt »). Le résumé de l’intrigue montre bien ces grands défauts, ainsi que le déroulement incertain de la pièce (les scènes s’enchaînent mal). Elle n’est pourtant pas sans qualités : « de .jolies scènes, un style vif et serré, et surtout [...] un jeu parfait. C’est d’ailleurs sur l’interprétation que s’achève triomphalement l’article : compliments pour les différents acteurs, qui se sont surpassés, et pour l’ensemble avec lequel ils ont joué, un ensemble qui « fait le mérite du théâtre du Vaudeville, et qui le fait suivre constamment ».]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
Le Portrait de Fielding .
On connoît l'anecdote du portrait de Fielding, fait après sa mort par Hogarth d'après Garrick. C'est à cette anecdote que l'on a joint une intrigue fort peu vraisemblable, et foiblement conduite; mais qui se trouve rachetée par de .jolies scènes, un style vif et serré, et surtout par un jeu parfait. Cet ouvrage a été joué, le 3 floréal, avec un grand succès.
Hogarth, peintre célèbre, ami de Fielding, désolé de n'avoir pu conserver ses traits, veut célébrer, par une fête lugubre, l'anniversaire de sa mort. Garrick y est invité, et Sophie, élève d'Hogarth, doit chanter une romance sur la tombe de Fielding. Hogarth aime éperduement son élève ; mais un obstacle l'empêche de s'unir à elle ; il a promis à Fielding mourant d'épouser sa fille naturelle, et il la cherche eu vain partout. Garrick arrive et est témoin des regrets de Hogarth, de n'avoir pas le portrait de son ami : il forme le projet de l'en consoler ; pour cela, il entre dans la chambre qu'occupoit Fielding et où ses habits sont conservés. Bientôt Hogarth se met devant son chevalet, une voix lugubre lui fait tourner la tête, et il voit.... Fielding lui-même qui lui dit : Hogarth ! Hogarth ! viens me peindre. Il prend ses crayons, trace le portrait de son ami, un moment lui suffit ; il veut s'élancer vers lui, Fielding disparoit. Il appelle ses amis, on accourt, on s'empresse, Sophie vient la première, et voit une tête parfaitement semblable au portrait qu'elle porte sur son cœur, et qui est celui de son père. M. Waltor, qui survient, achève de tout découvrir ; Sophie est la fille de Fielding, Hogarth est heureux. Mais comment a-t-il pu voir Fielding ; Garrick le lui apprend, et explique ce mystère, en prenant la voix de Fielding, et répétant, Hogarth ! viens me peindre.
Le dénouement de cette pièce est prévu trop tôt ; ce qui nuit beaucoup à l'intérêt.
Quant au jeu des acteurs , on ne peut trop le louer. Le C. Julien a mis, dans le rôle d'Hogarth, un aplomb, une tenue qui indiquent beaucoup de talent ; il ne lui manquoit qu'un peu plus de chaleur et même d'enthousiasme. Le C. Vertpré étoit méconnoissable, c'est tout dire. Lenoble étoit supérieur à tous les rôles qu'il avoit déjà joués. Mesdames Duchaume et Henri ont contribué à l'ensemble de la pièce ; c'est cet ensemble qui fait le mérite du théâtre du Vaudeville, et qui le fait suivre si constamment. T. D.
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