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Le Portrait ou la Divinité du sauvage

Le Portrait ou la Divinité du sauvage, comédie lyrique en deux actes, de M*** [Guillaume Saulnier], musique de Champein, divertissement de Laurent, 22 octobre 1790.

Académie royale de musique.

Titre

Portrait (le), ou la Divinité du sauvage

Genre

comédie lyrique

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

 

Musique :

oui

Date de création :

22 octobre 1790

Théâtre :

Académie Royale de Musique

Auteur(s) des paroles :

Guillaume Saulnier (et non Rochon de Chabannes)

Compositeur(s) :

Champein

Chorégraphe(s) : Laurent

Almanach des Muses 1791

Un sauvage prend Julie pour une divinité, parce qu'il a vu son portrait entre les mains de son amant. On lui montre un autre portrait pour le désabuser.

Des morceaux de musique très-agréables.

Réimpression de l'ancien Moniteur, Gazette Nationale ou le Moniteur universel, n° 297, dimanche 24 octobre 1790, p. 196 :

Académie Royale de Musique.

On a donné vendredi dernier à l'Opéra le Portrait ou la Divinité du Sauvage. Le fond est peu de chose, et sans doute trop peu de chose pour fournir à deux actes. Un sauvage, qui a été pris en Amérique, se met dans la tête qu'un petit portrait auquel son patron rend de continuels hommages renferme une divinité. Arrivé en France, il prend de même pour des divinités toutes les femmes qu'il rencontre, et surtout Julie, l'original du portrait. Elle est très étonnée de s'entendre nommer par cet homme ; mais l'arrivée de Dorval éclaircit ce mystère, et l'erreur du sauvage prouve la constance de l'amant. Cette bagatelle n'a pas été favorablement écoutée, malgré deux morceaux de musique fort applaudis au commencement, savoir : une espèce d'air de bravoure chanté avec beaucoup de légèreté par madame Ponteuil, et un autre, d'un genre plus vif, que madame Rouxellois a rendu avec finesse et gaité. L'auteur des paroles ne paraît pas s'être assez convaincu qu'il y a certains détails familiers que n'admettra jamais le genre lyrique, et ces détails ont plu d'autant moins que le musicien a cherché à les rendre avec du chant proprement dit, tandis qu'on aurait pu les supporter tout au plus en récitatif. Ce n'est cependant que par l'observation de ces convenances qu'on peut se flatter (en choisissant des objets heureux) de faire réussir la comédie purement lyrique. Le divertissement de la fin, qui est de M. Laurent, et dans lequel dansent madame Pérignon et M. Vestris, a été universellement applaudi.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome XI (novembre 1790), p. 344-345 :

[Le compte rendu met surtout en valeur la musique de Champein et la danse, à laquelle il n’est pas si fréquent de faire des compliments. Le « poëme » est moins valorisé : le sujet est trop mince pour deux actes, et il n’a dû son salut que dans des retranchements et des changements pour trouver le succès à la deuxième représentation. Car la première représentation a été orageuse... Notons que la première a eu lieu le 22 octobre 1790, et la seconde le 24.]

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

Le vendredi 22 octobre, on a donné la premiere représentation du Portrait, ou la Divinité du sauvage, comédie lyrique en deux actes, musique de M. Champein.

Voici la fable de cette piece. Dorval, entraîné en Amérique par la voix de l'honneur, a laissé au Havre de Grace, Julie son amante, qui n'a point reçu de ses nouvelles, & qui le soupçonne d'inconstance. Un vaisseau entre dans le port, c'est celui qui porte Dorval. Un sauvage que Dorval amene avec lui, voit Julie, la nomme, lui parle, lui tient un langage qui ressemble à l'amour. Julie ne sait que penser de cette aventure ; elle s'en effraye même. Mais Dorval qui vient, qui est plus tendre & plus fidele que jamais, la rassure en lui apprenant que, pendant son absence, il se consoloit, avec son portrait, du chagrin d'être séparé d'elle ; que son sauvage, le voyant toujours dans cette occupation, a cru qu'il adoroit sa divinité en contemplant ce portrait, en lui parlant, en l'adorant , & qu'il n'est pas étonnant qu'il l'adore, en effet, quand il revoit en elle la personne qu'il a toujours prise pour une déesse. Dorval épouse Julie & le sauvage épouse Finette, suivante de Julie. — La premiere représentation de ce petit ouvrage a été un peu orageuse. On a trouvé que l'auteur auroit pu tirer parti du rôle du sauvage, qui n'est que secondaire Mais au moyen de retranchemens & de changemens bien entendus, l'ouvrage a eu à la seconde représentation un succès décidé. L'auteur du poëme est un homme-de-lettres, connu par des succès brillans, & qui se délasse aujourd'hui de ses anciens travaux, dans des sujets de peu d'importance. On a remarqué de l'esprit, de la grace & des morceaux pleins de vérité dans la musique de M. Champein. Le spectacle & les ballets ont faits grand plaisir. Les airs de danse sont vifs, animés &
d'un bon genre.

Grimm et Diderot, Correspondance littéraire, philosophique et critique, Troisième et dernière partie, tome cinquième (Paris, 1813), p. 570 :

[L'attribution du livret à Rochon de Chabannes est une erreur.]

Le Portrait, ou la Divinité du Sauvage, comédie lyrique en deux actes, a été représentée pour la première fois sur le Théâtre de l'Académie royale de musique le vendredi 22 octobre. Les paroles sont de M. Rochon de Chabannes, la musique de M. Champein.

Dans ce ridicule ouvrage, si quelque chose peut se comparer à la sottise de l'invention, c'est la platitude du style et des vers. Quant à la musique, on n'y a remarqué qu'un ou deux airs d'une facture facile et d'un chant agréable, le reste est un tissu de réminiscences et de trivialités ; ajoutez à cela que tout est presque dans la même modulation. C'est le sieur Laïs qui fait le Sauvage avec tout l'esprit de Panurge, c'est la belle madame Ponteuil qui joue le rôle de Julie, et mademoiselle Rousselois celui de Finette.

La base César attribue la paternité du texte à Guillaume Saulnier (et non à Rochon de Chabannes, comme le font à tort Grimm et la Biographie universelle). La pièce a été jouée 7 fois à l'Opéra, du 22 octobre au 10 décembre 1790, et reprise 1 fois, toujours à l'Opéra, le 14 juin 1793.

André Tissier, Les Spectacles à Paris pendant la Révolution, tome 1 (Droz, Genève, 1992), p. 520, attribue lui aussi le texte à Guillaume Saulnier.

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