Le Prélat d'autrefois, ou Sophie et Saint-Elme, fait historique mis en action, comédie en trois actes et en prose, de Maurin de Pompigny et d'Olympe de Gouges, 28 ventôse an 2 [18 mars 1794].
Théâtre de la Cité-Variétés.
La pièce a été jouée à titre posthume grâce à l'action du fils d'Olympe de Gouges qui a retravaillé la pièce en collaboration avec l'écrivain Maurin de Pompigny, mais cette représentation n'a pas eu de lendemains.
La pièce a été publiée en 1795 chez Cailleau :
Le Prélat d'autrefois, ou Sophie et Saint-Elme, fait historique mis en action, comédie en 3 actes et en prose, par Pompigny et Degouges, Paris, Cité-Variétés, 1794.
Joseph Goiset fait de la pièce d'Olympe de Gouge une comédie en cinq actes, posthume, arrangée par Maurin de Pompigny, créée sur le Théâtre de la Cité le 18 mars 1794 (Dictionnaire universel du Théâtre en France et du théâtre français à l'étranger, p. 96 – l'article consacré à Olympe de Gouges est à chercher sous Aubry, Marie-Olympe de Gouges).
Henri Welchinger, le Théâtre de ka Révolution, 1789-1799 [Paris, 1880], p. 223-224 :
[Erreur sur le nom des auteurs (Pompigny, de Gouges), le même théâtre, c'est le Théâtre de la Cité-Variétés. Sinon, la pièce est présentée comme une nouvelle pièce sur une jeune femme enfermée dans un couvent, et qui n'échappe à la lubricité d'un évêque que grâce au courage de l'abbesse du couvent, et à l'intervention des dragons.].
Poinsigny et Degouges représentent dans « le Prélat d'autrefois ou Sophie et Saint-Elme » joué en 1794 sur le même théâtre, un évêque amoureux d'une jeune femme que sa famille a enfermée dans un couvent pour l'empêcher d'épouser le capitaine de dragons Saint-Elme. L'évêque va attirer Sophie dans les pièges les plus périlleux, quand l'abbesse du couvent, son ancienne maîtresse, se dresse devant lui : « Je veillerai moi-même, dit-elle, sur les victimes innocentes qui me sont confiées et que tu voudrais empoisonner de tes maximes !... » L'évêque furieux jure de tuer Saint-Elme et l'abbesse, lorsque les dragons arrivent et l'enchaînent. Saint-Elme dit aux religieuses :
« Victimes de la tyrannie, séchez vos pleurs, bannissez vos alarmes, vous touchez au terme de vos malheurs. Que dis-je? Il luit ce jour heureux qui va briser vos fers et vous rendre à la liberté. Ah ! Sophie, bénissons-le à jamais ce jour fortuné. Il est le triomphe de l'Amour et de la Vertu ! »
(1) A Paris, chez Cailleau, an II.
Louis-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris : le Théâtre de la Cité, 1792-1807 (Paris, 1910), p. 69-71 :
[Le résumé de l'intrigue fourni par Lecomte permet de voir qu'il s'agit d'un mélodrame respectant toutes les lois du genre plutôt que d'un fait historique ou une comédie. En ajoutant les couplets chantés aux entractes, il permet de comprendre dans quel contexte la pièce était placée.]
28 ventôse (18 mars) : Le Prélat d'autrefois, ou Sophie et Saint-Elme, fait historique mis en action, comédie en 3 actes, par Maurin de Pompigny et Olympe de Gouges.
La scène se passe à Epernay, entre Reims et Châlons. Le chevalier de Saint-EIme devait épouser Sophie d'Ostède quand le père de celle-ci mourut. La veuve, qui n'a d'affection que pour son fils, fait disparaître Sophie en publiant le bruit de sa mort. Mais, blessé grièvement en duel, le jeune d'Ostède révèle à Saint-Elme que son amante vit et est enfermée dans un couvent C'est au monastère des Dames de Saint-Benoît qu'elle est prisonnière sous le nom de Cécile Dumont ; Saint-Elme l'apprend par son valet Champagne, qui noue dans la place des relations avec Germain, ancien compagnon d'armes devenu valet de l'évêque du diocèse. Cet évêque, tombé amoureux de Sophie, essaie de la déterminer à prononcer des vœux qui la mettront en son pouvoir ; mais l'abbesse du couvent, ancienne maîtresse du prélat, lui veut ravir sa victime. Entré par ruse dans la sainte maison, Saint-Elme peut entretenir Sophie ; celle-ci le repousse, car on lui a dit que son frère avait été frappé par son amant. Saint-Elme la détrompe, et tous deux se disposent à fuir, en compagnie de l'abbesse, quand l'évêque survient et s'empare de Saint-Elme qu'il vouera à la mort si Sophie persiste dans son refus. Pour sauver celui qu'elle aime, la pauvre fille va prononcer ses vœux, lorsque Champagne et les dragons que commande Saint-Elme enfoncent les portes du couvent et enchaînent l'évêque ainsi que ses complices. Aux bravos du peuple, les religieuses, Sophie en tête, sont alors rendues à la liberté et à l'amour.
Sujet de mélodrame, traité avec tous les agréments du genre et chaleureusement accueilli.
A la Cité-Variétés, comme dans la plupart des théâtres parisiens, les entr'actes souvent étaient occupés par des chansons républicaines. Voici, comme spécimen, les couplets qu'« un sans-culotte de la section du Nord » y fit dire le 30 ventôse, ou 20 mars.
Air : Des Trembleurs.
Jadis, sous l'ancien régime,
Tout paraissait légitime,
Le dol, l'astuce et le crime
Etaient à l'ordre du jour ;
Le fort exerçait sa race,
Le faible perdant courage
Portait au col cette image ;
La Colombe et le Vautour.
Aujourd'hui, tyrans despotes,
Horreur des bons patriotes,
Malgré toutes vos marottes
Votre règne est au cercueil ;
Tous nos braves sans-culottes
Sauront repousser vos bottes
Et, dans l'opprobre et les crottes,
Doit se perdre votre orgueil.
Et ! oui, ma chère Patrie,
Depuis si longtemps flétrie,
Tu deviens l'idolâtrie
De tous les Républicains ;
Peuple Brutus, que l'on sache
Que tu rempliras ta tâche
Et ne quitteras la hache
Qu'après le dernier Tarquin !
Le peuple, ainsi flatté, ne pouvait qu'acclamer les occasionnels trouvères.
Dans la base César, la pièce est une comédie en prose en trois actes, d'Olympe de Gouges, qui a été guillotinée le 3 novembre 1793, et Maurin de Pompigny. Première représentation le 18 mars 1794, au Palais des Variétés, au total 18 représentations dans ce théâtre jusqu'au 5 septembre 1794. Une dix-septième représentation le 30 septembre 1794 au Théâtre de la Cité (le même théâtre sous un autre nom), et une dernière représentation le 17 janvier 1796 à la Maison Égalité.
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