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Le Premier venu ou Six lieues de chemin
Le Premier venu ou Six lieues de chemin, comédie en trois actes et en prose, de Vial. 12 prairial an 9 [1er juin 1801].
Théâtre français, d'abord rue Feydeau et maintenant rue de Louvois
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Titre :
Premier venu (le) ou Six lieues de chemin
Genre
comédie
Nombre d'actes :
3
Vers ou prose ,
en prose
Musique :
non
Date de création :
12 prairial an IX (1er juin 1801)
Théâtre :
Théâtre Français, rue de Louvois
Auteur(s) des paroles :
Vial
Almanach des Muses 1802
Dorimon, qui demeure à six lieues de Lyon, est un original qui ne pouvant se décider entre deux prétendants à la main de sa fille ; et, persuadé que le hasard est le meilleur guide auquel il puisse se livrer, la promet à celui des deux qui arrivera le premier chez lui. Dorval et Berville sont rivaux sans cesser d'être amis ; ils conviennent de ne partir qu'à six heures, et de ne voyager qu'en ch ci reçoit leur argent et les sert tous deux, en faisant naître coup-sur-coup des incidens qui puissent tour-à-tour les arrêter. Enfin Dorval arrive le premier : il est d'abord victime d'une ruse qu'il avait employée pour faire éconduire son rival ; mais il est assez heureux pour que ce rival l'ait servi en cherchant à lui nuire, et il épouse Emilie, dont il est aimé.
Plan qui paraîtrait coupé pour l'opéra-comique plutôt que pour la comédie. Imbroglio très- compliqué, et souvent fondé sur des moyens très-invraisemblables ; mais un dialogue pétillant d'esprit de d'une gaieté soutenue. Beaucoup de succès.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris chez Huet et chez Charon, an ix (1801) :
Le Premier Venu, ou Six lieues de chemin, comédie en trois actes et en prose, Représentée, pour la première fois, par les Comédiens de l'Odéan, sur le théâtre de la rue Louvois, le 12 prairial an 9 ; Par J. B. C. Vial.
Courrier des spectacles, n° 1555 du 13 prairial an 9 [2 juin 1801], p. 2-3 :
[La pièce a connu un immense succès à sa première représentation, et ce sans le secours d’une cabale. Le critique souligne le caractère exceptionnel d’un tel triomphe, gage d’un succès durable. L’auteur était d’ailleurs attendu après un premier succès. Il a réussi avec cette pièce nouvelle réussi l’exploit de proposer une intrigue « plus compliquée » que celle de toutes les autres pièces, Figaro compris, et ce « sans qu’aucune soit immorale ». Drôle et moral, voilà qui mérite en effet d’être souligné. Le critique souligne aussi la richesse : si le premier acte contient autant d’éléments comique qu’une pièce en cinq actes, l’acte 2 n’est pas en reste, et si l’acte 3 est moins riche en scènes comique, il reste tout à fait charmant. Au moment d’entamer la traditionnelle analyse, le critique ressent une certaine inquiétude devant une tâche qu’il estime impossible. Et ce qu’il raconte est en effet une constante course en avant : deux hommes qui doivent arriver le premier pour épouser la femme qu’ils courtisent et que son père a promis à celui qui arriverait avant l’autre. Un jockey qui trahit les deux hommes pour son propre intérêt. Et bien sûr un vainqueur, qui n’est pas le plus malin, mais plutôt le plus chanceux. Le compte rendu s’arrête au mariage, sans aucun commentaire d’aucune sorte.
On note avec ironie une erreur non rectifiée : le titre donné dans l’article est inexact...]
Théâtre Louvois.
Le succès le plus brillant obtenu sans cabale, voilà ce qui est devenu très-rare. Aussi garantissons-nous que celui de la comédie jouée hier pour la première fois, intitulée : le Premier Venu, ou les six heures de chemin, durera long-tems. L'auteur est le cit. Vial. Il a été demandé ainsi que tous les acteurs, et des applaudissements universels les ont accueillis. Le succès de Clémentine, ou la belle-mère, nous avoit fait concevoir de grandes espérances : le citoyen Vial vient de les réaliser. Il n’est pas de pièce au théâtre, sans en excepter Figaro, qui soit plus compliquée que celle-ci, et nous croyons que le Premier venu a l’avantage d'être beaucoup plus féconde en scènes comiques, sans qu’aucune soit immorale.
Le premier acte, le plus rempli peut-être qu'il y ait au théâtre, sembloit avoir épuisé tout ce qu’on peut mettre de bon comique dans une pièce en 5 actes. On désespéroit pour le second, mais à quelques longueurs prés il a soutenu la comparaison avec le premier. Il ne reste plus rien pour le troisième, disoit-on, et en effet il étoit prévu, mais la manière dont il est traité le fait trouver charmant, et vraisemblablement si la pièce en avoit eu davantage, l’auteur aurait eu l’art du surprendre toujours agréablement le spectateur, en lui procurant de nouveaux plaisirs.
Pressés par le tems, gênés par la place, ce n’est qu’en tremblant que nous entreprenons l’analyse d’une pièce dont nous craignons de ne pouvoir nous rappeler les détails.
Ier Acte.
Dorval et Berville, tous deux officiers dans le même régiment, sont à Lyon dans une auberge. Ils prétendent à la main d’Emilie, fille de Dorimon, qui demeure à un château éloigné de six lieues. L’un a vu la jeune personne au bal, l’autre sait seulement qu’elle a cent mille francs en mariage. Quoiqu’amis , ils sont prêts à se battre, l’un pour obtenir sa main, l’autre pour avoir sa dot. Le père d’Emilie ne connoît aucun des deux prétendants ; mais lié avec leurs pères, et n’ayant aucune raison de pencher plutôt pour l’un que pour l’autre, il écrit à chacun la même lettre, et le premier venu des deux aura la main de sa fille. Nos deux concurrents se promettent réciproquement de ne pas partir avant six heures, et de ne se rendre au château qu'en chaise de poste. Dans la même auberge loge un jockei que son maître, en partant, a laissé sans condition. Dorval le prendroit à son service s’il étoit plus honnête ; Berville s’il étoit moins gros : ce qui fait que le rusé James est prêt de se résoudre à devenir honnête pour maigrir. Mais le besoin que nos deux jeunes gens ont de son adresse lui laisse le moyen de conserver son embonpoint et de travailler à sa fortune. Dorval lui donne sa bourse, à condition qu’il retiendra Berville, en le faisant circonvenir et par mad. Rozernonde, riche douairière, qui en est folle, et par ses créanciers. Une seconde bourse passe des mains de Berville dans celles de James, à la charge par lui d'égarer Dorval dans la forêt qui conduit au château de Dorimon. De plus, Berville obtient que son ami soit consigné, sous prétexte qu'il doit se battre en duel. James glisse devant madame l’amoureuse, madame Rozemonde, une lettre adressée par Berville à Laure, l’une de ses maîtresses. Le tems qu’il se voit obligé de perdre à sa justification l’expose à ne pouvoir partir, mais il réussit à faire croire que c’est un tour que Dorval lui joue. Celui-ci, obligé de répondre à l’importune Rozemonde, se trouve pris dans ses propres filets, et est bientôt arrêté par un huissier, à la requête des créanciers de Berville ; il ne s’en dégage qu’en lui montrant la riche Rozemonde, qu'il fait passer pour sa tante et sa caution.
D’un autre côté, Berville pris d’abord pour Dorval à cause de la ressemblance d’uniforme, est quelque tems consigné et retardé dans son départ.
Ce premier acte, entr’autres charmantes scènes, en contient une très-agréable dans laquelle James demande à chacune des bourses qu’il a reçues ce qu’elle exige de lui. etc. etc.
2me acte.
Un orage violent a égaré nos voyageurs ; ils arrivent tous deux chez l’Intendant de Dorimon, Rapinier, dont la maison est au milieu de la forêt. Dorval plus malheureux que Berville, a eu sa chaise brisée ; elle est hors d’état de servir. Chacun s’annonce pour gendre de Dorimon, et demande tout bas à l’Intendant de retarder le départ de son rival ; celui ci les prend pour deux fripons, et s’enferme soigneusement chez lui, ne leur laissant pour azile qu’un salon. Cependant Berville descend à l'office pour se rafraîchir. Dorval n’ayant plus l’espoir d’arriver le premier chez Dorimon, le prévient par une lettre que lui porte un valet de Rapinier, qu’un intrigant doit se présenter chez lui sons l’uniforme d’of icier pour obtenir la main de sa fille. Berville de retour, est prêt de se livrer au sommeil ; craignant que Dorval ne se serve de sa chaise pour s’en aller, il met dans sa poche la clef de l’appartement, mais James lui fait accroire, d’après divers rapprochemens, qu’ils sont chez Dorimon, que Rapinier n’est autre que le père d’Emilie, que Juliette, fille de l'Intendant, est celle dont il recherche la main, et que le coup de maître seroit de faire partir son rival. Les détails qui amènent et accompagnent cette scène seroient trop longs à décrire : Dorval part, et ce n’est que long-temps après que Berville reconnoît son erreur. Il n’a d’autre moyen pour suivre sa route que de monter dans la carriole de M. Rapinier, qui les conduit et toute sa famille au château de Dorimon.
3me acte.
Le père d’Emilie, à la réception de la lettre que lui a écrite Dorval, prend toutes sortes de précautions pour n’être point la dupe de l’intrigant qu’on lui annonce. Ici une scène très-plaisante imitée de l’Ecole des Femmes, dans laquelle Dorimon fait rendre compte à sa fille, comme il a coutume de le faire tous les soirs, des pensées qu’elle a eues dans la journée. Elle demande à son père si les femmes en usent ainsi avec leurs maris : le père répond qu'il ne l'a vu faire dans aucun ménage, et qu'il ne faut pas se singulariser. Dorval arrive. Le père d'Emilie, prévenu contre lui, ne veut entendre aucune explication qu’après la signature du contrat de mariage de sa fille avec le premier venu des deux officiers. Sur l'avis de James, Dorval se retire dans le parc. Dorimon défend à toute sa maison de dire qu’il est arrivé quelqu’un. Berville, accompagné de Rapinier et de sa famille, est très-bien reçu. Il tient la plume pour signer son contrat de mariage, lorsqu’appercevant son rival, il le nomme. Dorval ainsi justifié par Berville lui-même, obtient, comme le premier venu, la main de l’aimable Emilie.
Courrier des spectacles, n° 155- du 14 prairial an 9 [3 juin 1801], p. 2 :
[Ce deuxième article était attendu : épuisé par le travail de rédaction de l’analyse de la pièce, le critique n’a pas eu la force et le temps de formuler son jugement : ce devrait être l’objet de ce second article. Mais le critique commence par un paragraphe consacré à dire combien sa tâche est compliquée, puisqu’il faut en quelques heures écrire un long article en tenant compte de mille contraintes, et le faire composer. Il revient ensuite, par souci d’exhaustivité sur l’intrigue, pour apporter quelques précisions sur des éléments un peu secondaires. Et il achève en parlant de tous els acteurs, des principaux aux secondaires, et même aux accessoires, tous ayant droit à des compliments, collectifs pour les secondaires et les accessoires.]
Théâtre Louvois.
Rentrer à onze heures du soir pour faire l’analyse d’une pièce nouvelle dont quatre heures auparavant on n’avoit pa la moindre idée, s’en rappeler sur-le-champ toute l’intrigue, quelque compliquée qu’elle puisse être, la tracer à la hâte pour en distribuer à fur et à mesure quelques lignes à chaque compositeur, telle est la tâche que nous avons à remplir en sortant d’une première représentation. Si l’on y ajoute la gêne de mesurer ce que l'on a à dire à la place que laissent les autres articles du journal, on se fera une idée de la difficulté de notre travail. *
En rendant compte hier de la jolie comédie du citoyen Vial, nous avons omis de parler de Canivet, gendre futur de Rapinier, qui sert au second acte à entretenir l’erreur de Berville, qui a cru reconnoître en lui Saint-Elme, officier de son régiment. Mais comme ce rôle n'est qu’accessoire dans l’ouvrage, nous ne croyons pas que cette omission ait nui au développement de 1’intrigue.
Nous profitons de cette occasion pour payer un juste tribut d’éloges à tous les acteurs qui ont paru dans cette comédie, et principalement aux cit. Vigny James, Barbier Dorval, Clauzel Berville et à mesd.. Delille Juliette, Adeline Emilie. Cette jeune personne, qui débute à ce théâtre, est douée d’une très grande intelligence et a beaucoup de talent pour les ingénuités. Vigny, qui semble réunir toutes les sortes de talens, rend parfaitement le personnage du jockei. Mlle Delille a très-bien saisi l’accent de la jeune provençale Juliette.
Les autres rôles, moins importans, sont bien rendus, mad. Rozemonde par mad. Molé, Dorimon Picard, Rapinier Habert, Canivet Berlin, valet de Rapinier, Mlle Clément. Les citoyens Bosset, Valville et Picard jeune remplissent des rôles de notaire, huissier et garçon de labour.
* Nous n’entrons dans ces détails que pour détromper les personnes qui croyent que les auteurs nous donnent communication de leurs manuscrits. On conçoit qu’en les acceptant, nous nous ôterions la possibilité de donner franchement notre avis sur les ouvrages,
La Décade philosophique, littéraire et politique, an IX, IIIme trimestre, n° 26 (20 Prairial), p. 497-499 :
[Article repris dans l’Esprit des journaux français et étrangers, trentième année, tome X, messidor an IX [juillet 1801], p. 207-210.
La pièce, une des nombreuses nouveautés du Théâtre Louvois, a obtenu « un de ces succès qu'on appelle d'enthousiasme », dont le critique rappelle que, contrairement « aux succès d'estime », ils risquent fort d’être sans lendemain, ce qui toutefois ne retire à cette pièce son réel mérite. Son analyse défie la capacité du critique, tant y sont nombreux les incidents et les quiproquos. Il tente néanmoins d’en résumer l’intrigue. Le bilan qu’il dresse ensuite fait ressortir le comique d’un dialogue « vif et serré », mais aussi le caractère plus comique que naturel des situations, qui ne sont pas toujours très vraisemblables. Une critique encore : pourquoi avoir cédé à la mode et avoir affublé un valet qui joue un rôle important d’un accent anglais qui « ne sert qu'à fatiguer l'attention du spectateur » ? Pièce « jouée avec assez d'ensemble » : les acteurs « ont fait plus qu'on n'avait droit d'en attendre ».]
Théâtre Louvois.
Le Premier venu , ou Six lieues de chemin.
Les nouveautés se succèdent rapidement à ce théâtre.
Un ouvrage représenté, pour la première fois, le 12 de, ce mois, sous le titre du Premier venu, continue d'attirer un grand nombre de spectateurs.
Cette pièce a obtenu un de ces succès qu'on- appelle d'enthousiasme, que les auteurs et les acteurs préfèrent aux succès d'estime, mais qui sont moins flatteurs, et presque toujours éphémères. Cependant elle mérite en grande partie tous les éloges qu'on lui a prodigués, et nous pensons qu'elle fera long-tems plaisir.
Pour donner à nos lecteurs une idée exacte de cet ouvrage, il faudrait décrire scène par scène tous les incidens, les quiproquos, etc., qui forment le canevas d'une pièce à intrigues ; nous regrettons de ne pouvoir en présenter qu'une courte analyse.
Emilie, fille de Dorimond, espèce d'original qui demeure à six lieues de Lyon, est aimée par deux jeunes officiers du même régiment. Dorval et Berville sont rivaux sans cesser d'être amis. Le père qui ne sait auquel donner la main de sa fille, écrit â chacun des deux que le premier arrivé à son château sera son-gendre. Les amans se communiquent la lettre de Dorimond, et conviennent amicalement de ne partir qu'à six heures, et de ne se rendre au château qu'en chaise de poste. Le petit-maître, Berville, est servi depuis quelque tems par un domestique anglais qu'il ne trouve point assez leste, et qu'il a l'intention de renvoyer, parce qu'il veut en avoir un qui ne pèse pas plus de quatre-vingt-seize livres. Il lui offre pourtant de le garder, sans avoir égard au prix, s'il peut retarder le voyage de son rival. Il lui donne en conséquence une bourse : le valet accepte et promet tout. Dorval a recours au même moyen, fait les mêmes offres au jokei anglais ; elles sont également acceptées. Voilà le jokei lié des deux côtés, et qui, pour gagner honnêtement son argent, déchaîne contre Berville, une femme romanesque et une foule de créanciers, tandis qu'il s'apprête à conduire et faire verser en route la chaise de Dorval. C'est sur le savoir-faire de ce valet que roule toute l'intrigue. après une foule de projets déconcertés, de méprises, d'accidens imprévus, de ruses déjouées, Dorval est le premier arrivé chez Dorimond. Mais son triomphe n'est pas long, car ce vieillard montre une lettre dans laquelle il a été prévenu qu'un fripon doit se présenter chez lui, sous le nom du futur. Cette lettre écrite par Dorval même, tourne à son désavantage. Il est pris pour un fourbe, et consigné dans une chambre du château. Arrive Berville qui est bien accueilli. Il va signer le contrat, quand, voyant paraître son ami délivré par le jokei, il le nomme, et désabuse Dorimond. Dorval, comme le Premier venu épouse Emilie.
Cet ouvrage pétille de traits d'esprit. Le dialogue en est vif et serré. Mais les situations sont plus comiques que naturelles ; les incidens, comme dans toutes les pièces à imbrolio, manquent presque toujours de vraisemblance. Néanmoins le C. Vial à qui l'on doit la jolie pièce de Clémentine, vient de prouver qu'il pourrait traiter des sujets comiques du premier ordre.
Nous nous éléverons, avec quelques écrivains, contre la manie d'employer dans les ouvrages dramatiques, des jargons ou des patois étrangers, qui ne sont comiques qu'un moment, et qui finissent toujours par ennuyer. Nous ne voyons point la nécessité d'avoir donné un jargon anglais au personnage du valet dans le Premier venu. Il est l'ame d'une intrigue très-compliquée: son monotone jargon ne sert qu'à fatiguer l'attention du spectateur.
La pièce est jouée avec assez d'ensemble ; et l'on doit des éloges aux efforts des acteurs qui ont fait plus qu'on n'avait droit d'en attendre. H. D.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIIe année, tome Ier, an IX (1801), p. 416-418 :
Théâtre Louvois.
Le premier Venu, ou Six lieues de chemin.
Cette comédie en trois actes , représentée le 12 prairial, a obtenu un succès brillant, on peut même dire qu'elle a excité de l'enthousiasme.
On ne pourroit en donner une idée, qu'en détaillant les ruses, les incidens, les quiproquo, dont cette pièce fourmille, et il faudroit alors analyser toutes les scènes, puisque chacune d'elles présente un incident nouveau qui embrouille l'intrigue, jusqu'à l'instant du dénouement.
Dorval et Berville aiment Emilie , fille de Dorimond, qui demeure à six lieues de Lyon. Fort embarrassé de choisir, il écrit à chacun des deux que le premier arrivé à son château sera son gendre. Les deux rivaux se communiquent leurs lettres, et conviennent de partir tous deux à six heures précises, et en chaise de poste. Berville a un valet anglais à qui il donne une bourse pour l'engager à retarder le voyage de son rival. Dorval vient ensuite lui faire les mêmes offres ; il promet aux deux rivaux, et reçoit l'argent de tous les deux. Pour le bien gagner, il commence par faire assiéger Berville par une foule de créanciers, auxquels se joint une femme romanesque ; et il s'arrange pour faire verser en route la chaise de Dorval. Après beaucoup de projets déconcertés de part et d'autre, Dorval, presque sûr que son rival arrivera le premier, écrit à Dorimond qu'un fripon doit se présenter, sous un nom supposé, pour profiter de sa crédulité Il arrive bientôt après sa lettre, et Dorimond qui le prend pour le fripon qui lui est annoncé, le consigne dans une chambre du château, et est prêt à donner Emilie à Berville arrivé quelques instans après. Au moment où il va signer le contrat, Dorval paroît, il est nommé par Berville, et Dorimond désabusé lui donne sa fille, comme au premier venu.
Le dialogue est vif et serré, les situations comiques, mais pas toujours vraisemblables. La scène entre Dorimond et sa fille, à laquelle il fait dire ses prières et faire son examen de conscience , a excité des murmures et des applaudissemens. Nous ne jugerons point si elle est bonne ou mauvaise, nous nous bornerons à dire que, quoiqu'elle soit neuve par les détails, elle ne l'est pas par l'invention, qui en est due à Molière, dans l'Ecole des Femmes. Nous ajouterons encore une réflexion sur le jargon anglais du valet. Il fatigue l'attention du spectateur, qui a déja quelque peine à suivre une intrigue assez embrouillée. Ce jargon est inutile à l'action et n'ajoute rien au comique. du personnage. L'auteur a été demandé, c'est le C. VIAL.
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