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Le Présent de noces, ou le Pari

Le Présent de Noces, ou le Pari, opéra comique en un acte, paroles de M. *** [Chazet], musique de M. Berton fils ; 2 janvier 1810.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Présent de Noces (le), ou le Pari

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en vers

Musique :

oui

Date de création :

2 janvier 1810

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

M. *** (René Alisson de Chazet)

Compositeur(s) :

Berton fils

Dans leur Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 372, Nicole Wild et David Charlton donnent le nom de l’auteur des paroles, René Alisson de Chazet, et donnent le nombre de ses représentations, une seule.

Almanach des Muses 1811.

Deux rivaux amis, Saint-Phard et Valmont prétendent à la main de Mélise. Ils se disputent gaîment cette conquête, et finissent par parier une somme assez forte que le plus heureux doit employer en un présent de noce. Mélise s'amuse un instant de la fatuité de Saint Phard qui se croit préféré, et de la jalousie de Valmont qu'elle aime. Mais bientôt un billet inatendu donne au premier son congé, et annonce à l'autre son bonheur. On apporte alors la superbe corbeille, que Saint-Phard regardait comme un monument de son triomphe, et Valmont l'offre à Melise après avoir reçu sa main.

Peu d'invention ; quelques détails heureux. Musique agréable. Point de succès.

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome quarantième, 1810, n° CCCCXLII du samedi 6 janvier 1810, p. 52-53 :

[Pour faire un opéra-comique, il faut plus que des vers libres et un dialogue plein d’esprit, il faut surtout un plan, « quelque chose de neuf dans l'intrigue, dans les situations ou du moins dans les caractères », tout ce qui manque dans la nouvelle pièce. C’est ce que montre l’analyse du sujet. Or, le public à une première « fait moins attention au style et aux détails d'un ouvrage, qu'à l'intrigue et aux situations », et c’est justement le style qui pouvait sauver la pièce, qui a coulé sans bruit ni orage. La musique, attribuée à un débutant, doit plus à la jeune mémoire du compositeur qu’à son imagination.]

Théâtre de l'Opéra-Comique. Le Présent de Noces ou le Pari.

S'il ne s'agissait, pour faire un bon opéra comique, que de savoir écrire les vers libres facilement et agréablement, d'entendre bien le dialogue et d'y semer les traits d'esprit, l'auteur du Présent de Noces aurait pu se flatter d'un brillant succès. Malheureusement ces talens, quoique rares, ne suffisent pas, même pour une pièce en un acte. On veut qu'elle ait un plan ; qu'elle présente quelque chose de neuf dans l'intrigue, dans les situations ou du moins dans les caractères ; et tout cela manque au nouvel opéra. Valmont, jeune homme très-sentimental, et St.-Phar, assez mauvais sujet, font la cour à Mélise, jeune veuve assez capricieuse. Amis, quoique rivaux, ils s'entendent assez bien pour fondre leur différend dans une gageure. Ils prennent la journée entière pour faire valoir leurs prétentions auprès de Mélise ; celui qui obtiendra d'elle le témoignage le plus décidé de son affection, gagnera cinq cents louis et aura le champ libre. En effet, St.-Phar et Valmont obtiennent l'un après l'autre un tête-à-tête avec Mélise ; elle se moque du premier, tout en lui laissant beaucoup d'espoir ; elle tourmente le second et le désespère. Mais on se souvient de ce que chante Denise dans l'Epreuve villageoise :

La France part l'ame ravie ;
André s'en va ben humilié;
Mais sti là qui croit faire envie,
Finira par faire pitié.

C'est aussi ce qui arrive dans le Présent de Noces. Après avoir causé avec Mélise, St.-Phar et Valmont lui écrivent pour la presser encore plus vivement de se décider. Elle leur répond à tous deux, et ses billets sont en quelque sorte la parodie l'un de l'autre. Celui de St.-Phar commence par des éloges et finit par un congé ; celui de Valmont débute par une réprimande et se termine par un consentement à épouser. Voilà toute l'intrigue de la pièce, car un valet de St. Phar et une soubrette de Mélise n'y prennent qu'une part très-superflue : on voit qu'ils n'ont été introduits dans la pièce que pour la faire durer un peu plus long-tems.

On sait que le public, sur-tout aux premières représentations, fait moins attention au style et aux détails d'un ouvrage, qu'à l'intrigue et aux situations ; le style aurait pu seul sauver le Présent de Noces ; aussi le naufrage a-t-il été complet, sans bruit cependant, sans orage ; le vaisseau a coulé tout doucement, et la tempête ne s'est déclarée que lorsque des amis indiscrets ont prétendu le relever.

La musique de cet opéra est, dit-on, le coup d'essai d'un jeune homme. Nous aimons à croire qu'il est en effet bien jeune ; qu'il appartient encore à cet âge où la mémoire est dans toute sa force, et si richement meublée qu'elle ne permet pas à l'imagination de se développer. Tout ce qu'il a prouvé dans cet ouvrage, c'est qu'il entend bien la composition et qu'il a beaucoup de musique dans la tête. Il faut l'attendre à une seconde production, et souhaiter qu'elle fasse plus d'honneur à son imagination qu'à sa mémoire.               V.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1810, tome I, p. 203 :

[Un gros défaut, ni plan, ni scènes, sinon écriture de qualité, mais « des mots ne font pas une pièce ».]

Théâtre de l'Opéra Comique.

Le Présent de Noces, ou le Pari, opéra comique en un acte, joué le 2 janvier 1810.

Cet ouvrage n'a pas eu de succès, quoiqu'il fût assez bien écrit, et même brillant de mots. Mais, comme des mots ne font pas une pièce, l'auteur, une autre fois, s'occupera sans doute davantage du plan et des scènes, choses indispensables dans un ouvrage dramatique.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1810, p. 283-286 :

[Première indication : le sujet semble, pour le début venir tout droit du Misanthrope (une coquette, deux soupirants rivaux). L’intrigue tourne autour de leur compétition, dont le vainqueur devra payer 500 écus à Mélise la coquette. Les deux soupirants passent une évaluation auprès de Mélise, qui joue avec chacun d’une manière qui ne leur convient pas, puis annonce son choix dans une lettre où chacun apprend son sort. Le valet du vaincu, qui croyait tant à sa victoire, apporte un cadeau de noces qui constitue le « présent de noces » promis par le « pari ». Deux mariages concluent la pièce, celui du vainqueur avec Mélise, celui du valet du vaincu avec la soubrette de Mélise. On a rapproché cette intrigue de celle de la Dupe de son Art, dont le critique dit ne pas vouloir se souvenir... Pièce en vers, le Présent de Noces use et peut-être abuse de l’esprit, à grand renfort d’antithèses, dont celles du valet Frontin, qui en fait sur tous les sujets. La pièce, qui a été sifflée, a une versification agréable, un dialogue de bon ton, mais il faudrait que l’auteur travaille le sujet, les caractères et le plan de son ouvrage. Le sort de la musique est vite réglé : elle « ressemble à tout et ne signifie rien ». Heureusement, les interprètes ont soutenu par leur réputation une pièce qui a eu bien de la chance d’être «  écoutée jusqu'à la fin ».]

Théâtre de l’Opéra-Comique.

Le Présent de Noces ou le Pari, opéra comique en un acte.

Les premières scènes de cet ouvrage semblaient annoncer que l'auteur en avait pris le sujet dans le Misantrope. Valmont et Saint-Phar arrivent chez Mélise, comme Acaste et Clitandre chez Célimène, dans le dessein de la faire expliquer. Il est vrai qu'Acaste [Saint-Phar ?] est aussi fat que Clitandre, au lieu que Valmont est très-sentimental ; mais tous deux conviennent, comme chez Molière, que celui qui produira la preuve la plus évidente de l'amour de Mélise, restera maître du champ de bataille et ne sera plus troublé par son rival ; seulement ils ajoutent à cette convention un pari de cinq cents louis qui sera payé par le vaincu et servira de présent de noces. Mélise paraît ensuite avec sa soubrette ; elle se fait présenter la liste de son portier, et cette liste lui fournit l'occasion de faire les portraits de ses amis, comme Célimène dans la scène du Cercle. Cette Mélise est aussi une coquette ou plutôt une femme quinteuse, qui dit tantôt blanc, tantôt noir, et paraît ne pas trop savoir ce qu'elle veut. Quoique représentée par Mme. Belmont, sa possession ne paraissait donc pas extrêmement désirable, et l'on pouvait croire que le dénouement se ferait comme celui du Misantrope, par l'exhibition de deux billets qui mettraient au jour sa coquetterie et sa fausseté. Mais l'auteur du Pari n'a pas voulu suivre jusqu'au bout son premier modèle. Les deux amans reviennent l'un après l'autre essayer leur mérite auprès de Mélise. La première audience est pour Saint Phar. Mélise s'amuse à lui faire approuver et blâmer successivement les mêmes choses, ce qui ne l'empêche pas de se flatter du plus doux espoir. Valmont vient après lui, et Mélise le tourmente d'une autre manière ; elle lui fait entendra qu'elle préfère Saint-Phar. Les deux rivaux se retrouvent ensuite ensemble, on ne sait trop comment; et par le conseil de la soubrette, ils écrivent à Mélise dans son salon. Lisette porte leurs billets à sa maîtresse et rend compte de ses réponses un moment après. Selon la remarque de l'auteur lui-même, ces réponses ressemblent à des couplets ; le trait est à la fin. Dans celle que reçoit Saint-Phar, Mélise fait l'éloge de ses qualités aimables, mais conclut qu'il ne pourra la rendre heureuse qu'en renonçant à la voir ; dans le billet remis à Valmont, elle lui reproche au contraire son humeur exigeante, ses principes sévères, et lui déclare qu'elle ne veut pas de lui pour amant ; mais elle finit par avouer qu'elle fera volontiers son bonheur dans le mariage. La lecture en commun de ces deux billets est à peine finie que Mélise se montre ; Frontin, valet de Saint-Phar, arrive presqu’en même-temps ; son maître, qui se croyait sûr de gagner le pari, l'avait chargé d’acheter une corbeille que les cinq cents louis de Valmont devaient payer. Frontin l'apporte en effet, et elle est reçue en présent de noces. Saint-Phar prend son parti de bonne grace ; son valet, plus heureux que lui , épouse Lisette, et la pièce finit. Un critique a déjà remarqué qu'elle ressemblait beaucoup, pour le fond, à la Dupe de son Art, autre petit opéra en un acte, joué sur le même théâtre, il y a quelques mois. Nous l'avons vue aussi cette Dupe de son Art ; nous en avons même rendu compte ; mais grace au ciel, nous l'avons oubliée ; c'est assez de voir les ouvrages de ce genre, sans être obligé de s'en souvenir ; la tâche serait d'ailleurs trop pénible; car quelles traces peuvent laisser dans la mémoire toutes ces copies plus ou moins pâles des mêmes tableaux ?

Le Présent de noces a pourtant un mérite que la Dupe n'avait pas ; il est écrit en vers et offre des traits piquans et spirituels dans le dialogue. C'est dommage que l'auteur y coure un peu trop après l'esprit. Il nous a semblé que le public se dégoûtait un peu de l'antithèse ; les amis seuls ont applaudi celles de Frontin sur les amours d'un moment de Saint-Phar, qui lui font faire à lui des courses éternelles, sur les affaires de son maître, qui ne lui laissent point de temps à donner à sa maîtresse, etc., etc. Les traits de ce genre coûtent trop peu et sont prévus trop facilement pour être long-temps applaudis d'un public qui a l'habitude des spectacles. L'auteur, qui n'a point été nommé (car les sifflets lui ont ôté l'envie de l'être), paraît en état de réussir par d'autres moyens. Sa versification est agréable et son dialogue de bon ton; mais il faut méditer un sujet, établir des caractères et ordonner un plan avec art lorsqu'on veut faire une comédie.

La musique de cet ouvrage ressemble à tout et ne signifie rien. L'auteur sait la composition; voilà tout ce qu'on peut dire à sa louange, car nous n'avons pas distingué dam tout l'ouvrage un seul motif vraiment original.

Elleviou, Paul et Moreau, Mmes. Gavaudan et Belmont jouaient dans cette pièce : aussi l'a-t-été écoutée jusqu'à la fin.                           G.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l'an 1811, cinquième année (1811), p. 74-75 :

THÉATRE DE L’OPÉRA-COMIQUE.

Le Présent De Noces ou le Pari, opéracomique en un acte. (25 janvier.)

Valmont et Saint-Phar arrivent chez Mélise, dans le dessein de la faire expliquer. Mais tous deux conviennent que celui qui produira la preuve la plus évidente de l'amour de Mélise, restera maître du champ de bataille et ne sera plus troublé par son rival ; seulement ils ajoutent à cette convention un pari de cinq cents louis qui lui sera payé par le vaincu et servira de présent de noces. Mélise paroît ensuite avec sa soubrette ; elle se fait présenter la liste de son portier, et cette liste lui fournit l'occasion de faire les portraits de ses amis. Cette Mélise est une coquette ou plutôt une femme quinteuse, qui dit tantôt blanc tantôt noir, et paraît ne pas trop savoir ce qu'elle veut ; sa possession ne paraissait donc pas extrêmement désirable. Les deux amans reviennent l'un après l'autre essayer leur mérite auprès de Mélise. La première audience est pour Saint-Phar. Mélise s'amuse à lui faire approuver et blâmer successivement les mêmes choses, ce qui ne l'empêche pas de se flatter du plus doux espoir. Valmont vient après lui, et Mélise le tourmente d'une autre manière ; elle lui fait entendre qu'elle préfère Saint-Phar. Les -deux rivaux se retrouvent ensuite ensemble, on ne sait trop comment ; et par le conseil de la soubrette, ils écrivent à Mélise dans son salon. Lisette porte leurs billets à sa maîtresse, et rend ses réponses un moment après. Dans celle que reçoit Saint-Pbar, Mélise fait l'éloge de ses qualités aimables, mais conclut qu'il ne pourra la rendre heureuse qu'en renonçant à la voir ; dans le billet remis à Valmont, elle lui reproche au contraire son humeur exigeante, ses principes sévères, et lui déclare qu'elle ne veut pas de lui comme amant, mais elle finit par avouer qu'elle lui confiera volontiers son bonheur dans le mariage. La lecture en commun de ces deux billets est à peine finie, que Mélise se montre ; Frontin, valet de Saint-Pbar, arrive presqu'en même tems ; son maitre, qui se croyait sûr de gagner le pari, l'avait chargé d'acheter une corbeille que les cinq cents louis de Valmont devaient payer. Frontin l'apporte en effet, et elle est reçue en présent de nôces. Saint-Phar prend son parti de bonne grace ; sou valet plus heureux que lui, épouse Lisette.

Elleviou, Paul et Moreau , Mesd. Gavaudan et Belmont jouaient dans cet ouvrage, aussi l'a-t-on écouté jusqu'à la fin.

Cette pièce tombée au milieu des sifflets, avait beaucoup de ressemblance avec la Dupe de son art, opéra joué et tombé sur le même théâtre, le 9 septembre. Le Présent de Noces a pourtant un mérite : il est écrit en vers, et offre des traits piquaus et spirituels dans le dialogue. La musique du nouvel ouvrage est aussi mauvaise que le poème.

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