Le Procès ou la Bibliothèque de Patru, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, de Pain, 24 fructidor an 10 [11 septembre 1802].
Théâtre du Vaudeville.
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Titre
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Procès (le) ou la Bibliothèque de Patru
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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24 fructidor an 10 (11 septembre 1802)
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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M. Joseph Pain
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Masson :
Le Procès, ou la Bibliothèque de Patru, comédie en un acte, en prose, Mêlée de vaudevilles, représentée pour la première fois sur le théâtre du Vaudeville, le 24 fructidor an X. Par Joseph Pain.
Courrier des spectacles, n° 2016 du 25 fructidor an 10 [12 septembre 1802], p. 2 :
[Le sujet paraît bien peu adapté au genre du Théâtre du Vaudeville, où il faut faire rire. Un austère avocat ne semble pas le personnage adéquat pour amuser le public, et il aurait fallu égayer la pièce avec les autres personnages, ce qui n’a été le cas que pour deux rôles accessoires. Même les couplets, « dont quelques-uns sentent le travail », ne compensent pas « le vuide de l’action ». L’intrigue combine deux événements différents (sans que le critique conteste ce qui pourrait passer comme une absence d’unité d’action), le procès que gagne Isidor, le neveu de Patru, amoureux de la plaignante, et la vente de la bibliothèque de Patru, reliée au procès par le besoin d’argent que ce procès cause (lien un peu ténu, peut-être). Dans les deux cas, l’auteur a choisi de placer un Anglais dans le rôle de l’adversaire (en 1802, les Anglais sont des ennemis très acharnés, au théâtre comme sur le champ de bataille). Le procès est gagné, et Isidor épouse sa belle plaignante, et la bibliothèque est vendue, mais à Boileau, qui en laisse la jouissance à Patru. Le critique a apprécié l’interprétation, tout en contestant les costumes de deux acteurs (« ils n’avoient pas le costume du tems »). L’auteur n’a pas été demandé : c’est un échec, mais le critique juge qu’il est possible d’obtenir le succès par « des coupures et des changemens ».]
Théâtre du Vaudeville.
Première Représentation de la Bibliothèque de Patru, ou le Procès.
Le nom de Patru est plus connu au barreau qu’au Parnasse ; aussi doit-il ètre étonné de se voir couché tout au long dans un vers et d’être chanté au Vaudeville. Un avocat célèbre, toujours au fond de son cabinet ou à la tribune, ne peut être pour le théâtre qu’un être nul et sans intérêt, à moins qu’il n’y ait dans son caractère des nuances qui le fassent ressortir. Patru, bon, honnête et franc, a paru hier sans couleur, peut-être parce qu’il étoit peint trop fidèlement. Comme il faut au Vaudeville une certaine dose de gaîté, il étoit nécessaire d’en répandre sur tout ce qui entoure le personnage principal, puisque celui-ci en manquoit : c’est ce que l’on a négligé de faire. Presque tous les personnages ont la même physionomie, le même ton, le même langage, à l’exception de deux rôles accessoires, la gouvernante et le libraire, mais ils sont si peu de chose ! Des couplets dont la plupart sont assez bien faits et dont quelques-uns sentent le travail, n’ont pu couvrir le vuide d’action.
Voici l’analyse de la pièce dont l’histoire du siècle de Louis XIV a fourni le fonds à l’auteur.
Patru s’est chargé de défendre la cause de madame de Verneuil, jeune veuve pour qui il a fait les plus grands sacrifices. Il doit plaider contre un Anglais nommé Kell, qui voudroit terminer le procès en épousant la jeune adversaire. Patru a «confié la défense de cette cause à Isidor son neveu qui, par amour pour madame de Verneuil s’en est chargé avec ardeur, et qui se flatte de faire annuller le jugement prononcé par un autre tribunal contre sa cliente.
Il s’imagine que tous les juges la verront des mêmes yeux, et qu’aucun avocat de la partie adverse n’aura contr’elle des moyens de défense. Patru n’est pas aussi sûr du succès que son neveu, et pour parer à tout inconvénient, il s’est déterminé à vendre sa bibliothèque. Barbin, le fameux Barbin qui vivra autant que le lutrin ou il figure, encore tout déconfit par la descente qu’ont faite dans sa boutique les chantres et les Chanoines de la Sainte Chapelle, se présente pour acheter celte belle collection de livres. Sur 200,00 fr. que lui demande Patru, il ne peut rien donner pour le moment, et demande du tems pour payer. Point de crédit. Patru part pour le tribunal avec Isidor. Madame de Verneuil reste avec une vieille gouvernante qui, pour l’égayer , chante une chanson picarde, lorsque Barbin revient avec dix mille fr.
On vient annoncer à madame de Verneuil le gain de son procès, et celui qui lui donne cette bonne nouvelle est son adversaire lui-même qui est fort content d’avoir perdu, croyant que la fin des procès sera aussi celle des rigueurs de madame de Verneuil, mais Isidor reçoit sa main, c’est une dette qu’elle acquitte avec joie.
Quant à la bibliothèque, l’Anglais en offre trente mille fr. au lieu de vingt que Patru demandoit à Barbin ; mais l’ami de Patru, Boileau réclame pour la même somme cette propriété de l’Avocat, à condition qu’il en gardera la jouissance toute sa vie.
La pièce a été bien jouée par les cit. Vertpré, Lenoble et Henri, et par mademoiselle Belmont. Nous ferons seulement remarquer à cotte aimable actrice et au citoyen Lenoble qu’ils n’avoient pas le costume du tems.
L’auteur n’a pas été demandé. En faisant des coupures et des changemens, sa pièoe obtiendra sans doute plus de succès à une seconde représentation.
F. J. B. P. G * * *.
Courrier des spectacles, n° 2018, du 27 fructidor an 10 [14 septembre 1802], p. 2 :
Théâtre du Vaudeville.
La Bibliothèque de Patru a obtenu plus de succès à la seconde représentation. L’auteur a été demandé et nommé : c’est le citoyen Joseph Pain.
Mercure de France, tome neuvième, n° LXIV (1er jour complémentaire an 10), p. 607-608 :
[Compte rendu assez déroutant, qui ne juge guère, même s’il commence par souligner la brièveté de la carrière des pièces sur le Théâtre du vaudeville, et qu’il signale que la pièce « a été jusqu’à la fin », peut-être parce que c’est surprenant. Sinon, la pièce est présentée comme l’association de deux éléments dont le lien n’est pas évident. Le procès est plutôt confus, et la bibliothèque pose des problèmes d’évaluation (l’auteur du compte rendu la juge surévaluée... : est-ce une bonne question dans un article de critique dramatique ?).]
Théâtre Du Vaudeville.
Ce théâtre est abondant en nouveautés ; les pièces y paraissent et disparaissent très-vîte. Dans les premiers temps, les auteurs cherchaient un sujet, prenaient la peine d'en combiner les situations ; maintenant on ne fait que des couplets ; et quand l'auteur n'en trouve plus, sa pièce est finie.
La première représentation du Procès, ou la Bibliothèque de Patru, a été jusqu'à la fin. Tout l'intérêt est rassemblé sur une veuve qui n'est pas trop malheureuse ; car elle a de la jeunesse, de la beauté, deux amants, de beaux habits, et même un voile brodé en argent, quoiqu'elle soit réduite à vivre des bienfaits de Patru. L'un de ces amants plaide pour elle ; c'est le neveu de cet avocat célèbre. L'autre amant plaide contre elle. Si elle gagne, elle épousera son avocat, qu'elle aime ; si elle ne gagne pas, elle pourra épouser sa partie adverse, qui l'aime.
Cette partie adverse est un Anglais qui vient chez Patru, le prier de lui faire perdre son procès, et cela, une heure avant qu'on le juge, quoiqu'il soit bien prouvé que Patru ne peut rien pour lui, et qu'il n'a pas besoin d'être sollicité pour faire contre lui tout ce que prescrit le devoir en pareil cas. La veuve gagne et épouse le jeune orateur. L'Anglais s'en va, un peu surpris de perdre deux causes aussi promptement.
La bibliothèque de Patru sert d'épisode ; réduit à la vendre, un libraire lui en offre 20,000 francs, en demandant crédit pour moitié. Patru, trop pressé pour accorder du temps, serait sans doute obligé d'aller chercher un autre libraire, si une lettre-ne lui annonçait qu'on achète sa bibliothèque 30,000 francs, à condition qu'il en jouira toute sa vie. La lettre est signée Boileau. L'auteur d'une action aussi délicate devait nécessairement jouer un rôle dans la pièce. L'auteur de la pièce ne l'a pas voulu. Le prix de la bibliothèque de Patru est exagéré, vu le taux de l'argent à cette époque ; aussi, pour augmenter le nombre des livres, l'auteur y a mis des écrivains anglais qu'on ne connaissait pas alors en France. Cela amène un couplet dont l'esprit est qu'il faut avoir du génie pour aimer les écrivains anglais de ce temps là. Le parterre s'est mis à applaudir, au grand étonnement des loges, qui, immobiles de surprise, regardaient la quantité d'hommes de génie rassemblés ce jour-là au parterre du Vaudeville.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 8e année, 1802, tome III, p. 105 :
[Le compte rendu considère que le sujet de la pièce est d’une grande minceur, et que l’ajout d’une histoire sentimentale à laquelle le spectateur ne trouve pas d’intérêt ne la rend pas meilleure.]
Le Procès, ou la Bibliothèque de Patru.
Cette pièce a été jouée, pour la première fois, le samedi 24 fructidor.
Patru, célèbre avocat, aussi bienfaisant que rempli de talens pour le barreau, se gênoit souvent pour avancer des fonds à ceux de ses cliens dont il croyoit la cause juste. Dans un de ces momens où il étoit sans ressource, il ne trouva pas d'autre expédient que de vendre une très-belle bibliothèque dont il étoit possesseur. Boileau la lui acheta, à la condition expresse que Patru eu jouiroit toute sa vie. Ce trait de bienfaisance de Boileau ne pouvoit suffire pour remplir un acte entier. Aussi l'auteur a-t-il ajouté pour épisode l'amour du neveu de Patru pour la cliente de son oncle; mais le défaut d'intérêt a été cause du peu de succès de cet ouvrage du C. Joseph Pain.
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