Le Prodigue par bienfaisance, et le chevalier d'industrie

Le Prodigue par bienfaisance, et le chevalier d'industrie, comédie en quatre actes et en prose, de Dumaniant, 22 novembre 1790.

Théâtre du Palais Royal.

D'après la préface qui précède la pièce dans la brochure, la pièce a d'abord été en cinq actes.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Cailleau et fils, 1791 :

Le Prodigue par bienfaisance, et le chevalier d'industrie, comédie en quatre actes et en prose. Réprésentée pour la première fois à Paris, sur le Théâtre du Palais-Royal, le 22 novembre 1790.

Pas de nom d'auteur sur cette page de titre.

Le texte de la pièce est précédé d'une préface :

[L'auteur commence par une longue justification du choix du personnage mis en avant dans le titre, alors qu'il n'est pas le personnage principal de la pièce. Il insiste sur la réalité de ce personnage de « prodigue par bienfaisance », qu'il affirme être facile à reconnaître (« Commandant de la Garde Nationale dans une ville de Flandres » et fait ensuite le portrait parfaitement identifiable d'un traducteur de Térence, curé en Normandie, fabuliste : ce ne peut être que Guillaume-Antoine Lemonnier (1721-1797). Ses bienfaits dans sa paroisse sont immenses. Le seul tort que se fait le préfacier, c'est de ne pas l'avoir assez mis en avant. Sinon, le succès de sa pièce qu'il a réduite à quatre actes tient largement aux interprètes qu'il énumère en les couvrant d'éloges.]

PRÉFACE.

En mettant au Théâtre le Prodigue par bienfaisance, ce n'est point un être de raison, un caractère idéal, que j'ai voulu esquisser, comme la [sic] prétendu le Rédacteur des Petites Affiches dans le compte très-inexact qu'il a rendu de cette Comédie. L'homme vertueux qui m'a servi de modèle existe. Il m'honore de son amitié ; il a été reconnu dans Sainville. Comme le personnage de ma Pièce, il a souvent été la dupe de son bon cœur, de la confiance envers des frippons qui ont trouvé le secret de s'approprier une grande partie de sa fortune. Cette épreuve fatale de la perversité des méchans ne lui a rien ôté de son amour pour les malheureux ; il les cherche avec activité ; il les soulage avec délices. Né dans la classe ci devant privilégiée, il a adopté avec transport les principes de la Constitution qui régénère la France. Ami du repos, il a sacrifié ses goûts au bonheur public ; il a été nommé Commandant de la Garde Nationale dans une ville de Flandres, auprès de laquelle il a des terres, & il en remplit les devoirs pénibles avec le zèle qu'on pouvait attendre de son patriotisme. Je n'ai pas besoin de le nommer, sa modestie s'en offenserait sans doute ; mais j'en dis assez pour qu'on dise : C'est lui.

Pour l'honneur de l'Humanité, il n'est pas le seul pour qui la bienfaisance soit un besoin, & dont elle est l'unique passion, Un de mes amis m'a conduit chez l'aimable Traducteur de Térence, à qui nous devons un Recueil de Fables qu'on lit avec plaisir, après celles de la Fontaine. Ce digne homme, Curé d'une Paroisse nombreuse en Normandie, en employait les revenus, qui étaient considérables, à soulager ses pauvres Paysans. Je l'ai vu regretter de faire une soutane neuve, dont il avait un grand besoin à notre avis, parce qu'il prétendait qu'avec l'argent qu'elle lui coûterait, il pourrait habiller trois de ses Paroissiens. Quoiqu'il perde beaucoup au nouvel ordre de choses, il n'en est pas moins un zélé Patriote, & dernièrement, en nous faisant l'éloge des travaux de l'Assemblée Nationale, il nous écrivait : Rien ne manquera à mon bonheur, si la Nation, en m'ôtant un revenu qui m'était personnellement. inutile, s'occupe de mes Pauvres ; mais si je les voyais souffrir, (ce qui ne sera pas,) je me regarderais comme un débiteur insolvable & contraint de fuir la présence de ceux envers qui il ne pourrait plus s'acquitter.

Si les bornes d'une Préface, que je n'ai pas envie de faire trop longue me le permettaient, je pourrais citer une foule d'anecdotes peu connues, qui prouveraient toutes qu'il existe des Prodigues par bienfaisance ; mais cela ne me justifierait pas d'avoir fait choix de ce caractère qui n'est pas bien saillant dans ma Pièce. Quoiqu'il ne paroisse que pour faire des bonnes actions, presque tous les autres rôles produisent plus d'effet. C'est un très-grand défaut, j'en conviens que le personnage dont une Comédie porte le titre, n'y soit que secondaire. J'ai eu tort, comme je le voulais d'abord, de ne pas nommer celle-ci le Chevalier d'Industrie ; elle n'en eût pas été meilleure pour cela ; mais je n'aurais pas fixé l'attention des Spectateurs sur un Personnage que l'on perd trop souvent de vue pendant qu'un autre rôle occupe toujours la scène. Le titre d'une Comédie influe souvent beaucoup sur le jugement qu'on en porte ; ce reproche n'est pas le seul qu'on pourrait me faire sans doute, & si cette Pièce a été toujours assez favorablement accueillie, sur-tout depuis que je l'ai réduite en quatre Actes, j'aime à publier que les Acteurs y ont singulièrement contribué. Il est impossible de jouer avec plus d'élégance & de grace le rôle de Madame de Longueval, que ne l'a fait Mademoiselle Candeille. M. Monvel a été original touchant & vrai dans celui de l'oncle. Paul ne pouvait guéres trouver un Acteur qui le fît mieux valoir que mon ami Michot. M. Fusil a mérité les applaudissemens qu'on lui a donnés dans le rôle de Dubois ; Mademoiselle Fiat a fort embelli celui de Lisette ; M. Chatillon a mis dans celui de d’Armincourt de l'à-plomb & de la finesse. M. Saint Clair, sa femme, MM. Desrosières, Genest & Forgères m'ont laissé le regret de ne pas leur avoir fourni plus de moyens de développer leurs talens, & ils ont prouvé qu'il n'existe jamais de mauvais rôles pour les Acteurs intelligens & soigneux.

D'après la base César, la comédie de Dumaniant a été jouée 7 fois au Théâtre du Palais Royal, du 22 novembre 1790 au 12 janvier 1791.

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