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Les Parents d’un jour

Les Parens d’un jour, opéra-comique en un acte, paroles d’Amédée de Beauplan, musique d’Angelo Benincori, 7 novembre 1815.

Théâtre de l’Opéra Comique.

Titre

Parens d’un jour (les)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

7 novembre 1815

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

M. *** (Amédée de Beauplan)

Compositeur(s) :

M. *** (Angelo Benincori)

Journal des débats politiques et littéraires, 12 novembre 1815, p. 1-2 :

[Quand une pièce chute, à quoi bon tenter de la remettre à l’affiche ? Le cas des Parents d’un jour était sans ambiguïté, le poème, « cet obscur imbroglio, ce mélange de niaiseries et de logogryphes », est sans intérêt d’aucune sorte, et il ne fallait laisser aucun espoir au jeune auteur. Le critique s’en prend plus particulièrement aux gens qui choisissent de mettre de tels ouvrages dans les théâtres : ici, il s’agit non d’un ouvrage médiocre, que la musique pourrait rendre acceptble, mais d’« un ouvrage aussi vicieux par le fond que par les détails, un ouvrage qui rappelle les situations les plus triviales et les travestissemens les plus usés sur les différens théâtres ; où l'on chercheroit en vain un trait piquant et un mot spirituel ». Le musicien n’a bien sûr pas pu mettre sur un tel poème une musique « froide, vague et insignifiante », ni expressive, ni dramatique. Il ne pouvait pas faire mieux, malgré des qualités perceptibles par moments. Mince consolation pour lui, « on ne peut pas désespérer du musicien comme de l'auteur ». L’article s’achève par une vive attaque contre les « infâmes cabaleurs qui tyrannisent toutes les premières représentations », derrière leur chef et sa canne redoutable. Il réaffirme la suprématie du parterre, qui a bien fait de refuser qu’on mette sur la place publique le nom des auteurs, pour qui l’anonymat ets finalement salutaire.]

AMBIGU-COMIQUE.

Première représentation des Parens d'un jour, opéra comique en un acte et en prose.

Si les Parens d'un jour n'annonçoient pas, en se reproduisant sur l'affiche, la prétention de prolonger, contre toute raison, leur existence éphémère j'aurois peut-être consenti à garder le silence sur leur première apparition ; mais puisqu'ils ont l’imprudence de se remontrer aux yeux du public en dépit de la juste rigueur qu’il a déployé contre eux, je me vois obligé de me joindre à lui, de seconder sa sévérité, et de concourir de tous mes moyens à l'exclusion absolue de cette ridicule et opiniâtre parenté.

Après avoir entendu cet obscur imbroglio, ce mélange de niaiseries et de logogryphes, où la platitude des vers peut seule le disputer à celle de la prose, mon unique sentiment a été de plaindre l'auteur que l’on dit être un jeune débutant et qui n'a eu au fond que le tort assez ordinaire à son âge, de méconnoître sa vocation. Cette tentative pourra du moins avoir pour lui cet heureux résultat, de le détromper, et de lui faire abandonner pour jamais une carrière où la pesanteur de sa première chute l'avertira du péril qu'il y aurait à continuer. Un demi-succès eût été pour lui comme pour nous bien autrement dangereux. Que ne sont-ils tombés de même à leur première entrée dans le monde dramatique, tous ces petits faiseurs de vaudevilles, tous ces grands constructeurs de mélodrames qui depuis quinze ans, encouragés par des réussites d'un moment, ont acquis le privilège de nous ennuyer périodiquement à chaque nouvelle phase de la lune ?

Mais, si l'on doit quelques égards à l'inexpérience de l'auteur, quels ménagemens peut réclamer le savant comité, qui admet, sans scrupule, de pareilles pauvretés ? Comment, Messieurs, vous avez dans la mémoire les opéras de Favart, de Sédaine, de d'Hèle, de Marmontel, de M. Duval, de M. Hoffman, et la comparaison ne sert pas du moins à vous éclairer sur le mérite des ouvrages que l'on propose à votre adoption ? Que vous acceptiez un ouvrage médiocre ; soit : la musique peut parer et renforcer la médiocrité ; mais un ouvrage aussi vicieux par le fond que par les détails, un ouvrage qui rappelle les situations les plus triviales et les travestissemens les plus usés sur les différens théâtres ; où l'on chercheroit en vain un trait piquant et un mot spirituel, vous le recevez avec une bonhomie perfide, qui induit en erreur et le malheureux auteur, qui sur la foi de vos suffrages intéressés, a droit jusqu'à un certain point de compter sur les suffrages impartiaux des spectateurs, et le compositeur plus malheureux encore, qui perd son temps à travailler sur des paroles réprouvées. Comment en effet prêter de la mélodie à un poëme sans effet et sans raison ? Autant vaudroit essayer d'animer un cadavre.

La musique de ces pauvres Parens justifie parfaitement les observations. Le compositeur est aussi, assure-t-on, un débutant; et, pour son coup d'essai, il a commis la faute capitale de s'apparier fort mal. Il ne faut donc pas s'étonner si sa musique a paru froide, vague et insignifiante ; j'aurois défié Grétry. de rien faire d'expressif et de dramatique sur de semblables paroles. On a cru remarquer dans la partition des effets d'orchestre bien combinés, de la science et même de l'art dans .l'accord des instrumens à corde avec les instrumens à vent, quelques motifs ingénieux mais trop peu développés. L'ouverture manque d'ensemble et d'unité ; ce sont des parties concertantes, des espèces de fugues qui se succèdent sans se rattacher à une idée dominante. Tout balancé, on ne peut pas désespérer du musicien comme de l'auteur. Il ne faut peut-être au premier, pour arriver au but, qu'un meilleur compagnon de voyage.

Des sifflets ont fait justice de cette production infortunée ; cependant quelques-uns de ces infâmes cabaleurs qui tyrannisent toutes les premières représentations, qui crient, à la porte ! quand le parterre use avec le plus de modération du droit de témoigner son mécontentement ; dont le chef se fait reconnoître à la canne menaçante qui lui sert à la fois de signe de ralliement et de. symbole de puissance et qui si on le laissoit faire lui serviroit au besoin d'instrument de correction ; ces cabaleurs, dis-je, ont osé demander les auteurs. Heureusement le parterre a repoussé avec indignation cet acte de révolte contre sa suprématie ; le nom des victimes n'a point été révélé, et je n'aurai point la dureté, en les faisant connoitre, de me montrer plus rigoureux que le public.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, 1815, tome V, p. 433 :

Théâtre de l’Opéra Comique.

Les Parens d’un jour, opéra comique en un acte.

Il est inutile de rendre compte de cette pièce qui n’a fait que paroître et disparoître sur l’affiche. Elle avoit été condamnée le premier jour ; l’auteur a voulu subir un second jugement, il ne lui a pas été plus favorable que le premier.

Mémorial dramatique, ou almanach théâtral pour l’année 1816, dixième année, p. 75-76 :

LES PARENS D'UN JOUR, opéra en un acte, paroles de M. ***, musique de M. ***. (7 novembre).

Un jeune homme nommé Dorville est amoureux d'Hortense, fille de mad. Raimbeau, et sans déclaration préalable, il se présente chez cette dame sous le nom de Belfort, prétendu d'Henriette, attendu par la famille, et que personne n'a encore vu. Cette ruse n'est pas nouvelle. Le vrai Belfort, informé du tour que Dorville lui joue, veut aussi s'amuser et se présente dans la maison sous le nom d'un frère de Dorville lui-même. Le valet de Belfort preud l'habit et le rôle de leur père, Dorville est bien embarrassé à la vue de ce père singulier, qui cependant le rassure en faignant de le reconnaitre pour son fils.

L'annonce d'une banqueroute de la part du père de Belfort, engage Dorville à se faire connaitre, et cet aveu est suivi de celui de Belfort qui cède ses droits avec d'autant plus de plaisir qu'il n'est point épris de la belle Hortense.

Un poème plus que médiocre, une musique insignifiante ont fait siffler les parens d'un jour, qui n'ont eu que trois représentations très-orageuses.

Nicole Wild et David Charlton Théâtre de l'Opéra-Comique Paris, répertoire 1762-1972, p. 353, attribuent le livret à Arthur de Beauplan, et la musique à Angelo Benincori. L’attribution à Arthur de Beauplan pose un sérieux problème : il est né en 1823 (et mort en 1890). Peut-être vaut-il mieux attribuer le livret de ces Parents d’un jour à son père, Amédie de Beauplan (1790-1853). La pièce a connu trois représentations.

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