Les Portraits du jour ou le Nouveau cercle, comédie en un acte et en vers, de Préfontaines, 7 prairial an 5 [26 mai 1797].
Théâtre de l'Ambigu Comique.
Les Portraits du jour ou le Nouveau cercle est également connu sous le titre la Restitution légitime ou les Portraits du jour. Il a été employé pour la brochure publiée en 1797 en donnant comme date de création le 15 prairial an 5 alors qu'elle a été créée le 7 prairial [26 mai 1797]. Brochure qui s'ouvre sur une sorte de préface.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, au Bureau de l'Écho, 1797 :
La Restitution légitime, ou les Portraits du jour ; comédie en un acte et en prose. Par P. A. Préfontaine. Représentée le 15 prairial an 5, sur le théâtre de l'Ambigu-comique.
En guise de préface :
[Le texte de ces remarques suppose que la pièce a déjà été représentée plusieurs fois. Et l'auteur profite de la publication de la brochure pour régler un certain nombre de comptes, avec le théâtre de son temps dont il déplore le déclin avec des arguments qui ne sont pas si neufs, et qui dessinent l'image de ce qu'il attend du théâtre et de ce que lui semble être devenu la scène. Il critique également les interprètes à qui il demande « plus de soin dans leur mémoire et de vérité dans leur diction ». Il met à part deux actrices, et l'une surtout que le public applaudit chaque jour.]
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES.
Tracer avec énergie et mettre en scène les minauderies de nos puristes élégans et glacés, de nos jolis juges littéraires et de ces riches de nouvelle fabrique, c'étoit s'imposer une tâche plus délicate que pénible ; et j'ignore si je l'ai bien remplie. Au reste, s'applaudir de ses efforts, ce n'est pas se vanter du succès.
Je devois m'attendre à la censure et à la flatterie de ces êtres impérieux par systême ou faux par caractère ; mais l'encens noircit l'idole. Leur critique amère ne m'atteint pas, le feu follet de leur imagination ne m'éblouit point ; et je n'en reste pas moins ferme dans mes principes. Que les hommes estimables me tiennent compte de mes efforts, et mon but est rempli.
Depuis que tout le monde a la manie d'écrire, grace à la dépravation du goût, on ne reconnoît plus la scène française ; et, si l'on en croit certaines gens qui vous glapissent sans cesse à l'oreille, des effets, monsieur, des effets, il faut absolument renoncer à la morale.
On ne voit plus sur la scène que des événemens qui tombent des nues, de grands fracas qui fatiguent les yeux et étourdissent sans laisser une pensée durable, des ombres encapuchonées de leurs linceuils, des situations rebattues, des convulsions en impromptu, des dénouemens volumineux et souvent inintelligibles ; enfin, des pièces où l'on voit que l'auteur s'est contorsioné l'imagination, pour enfanter des caractères qu'il a rêvés et dont il ne pourroit ou n'oseroit se rendre compte à lui-même. Voilà pourtant, depuis quelques années, le cercle vicieux et puérile où l'ignorance et la médiocrité se sont empoisonnées.
J'aurois peut-être des reproches à faire à certains artistes qui ont joué cette pièce, et auxquels plus d'un auteur a le droit de recommander plus de soin dans leur mémoire et de vérité dans leur diction ; cependant je dois rendre justice à mesdames Cousin et Julie Diaucourt. Citer le nom de cette dernière, c'est me dispenser de faire son éloge ; et d'ailleurs le public, qui vient chaque jour lui payer un juste tribut d'applaudissemens, doit lui prouver qu'il sait encore mieux que moi apprécier ses talens.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
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ACTEURS.
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Madame Simon, ci-devant femme-de-chambre.
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Talon, femme.
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Mademoiselle de Belcourt, sous le nom de Florinde, passant pour la fille de Mme. Simon.
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Cousin, fme. Picard.
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De Verseuil, sous le nom de Jasmin, valet de Mme. Simon, amant de Florinde.
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Isidore.
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Faustin, homme faux, caractère commun.
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Jeault
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Valcourt, bel esprit, être fat et sot.
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Camaille
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Pédantini, homme parvenu et plein de jargon.
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Bougnole.
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Dutravers, personnage sentencieux, auteur griffonnier.
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Lebel.
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Sophie, coquette à la mode.
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Julie.
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Lucinde, coquette à la mode.
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Sophie.
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Un Notaire.
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La scène est à Paris dans plus d'un sallon,
Courrier des spectacles, n° 141 du 8 prairial an 5 [27 mai 1797], p. 2-3 :
[« Une petite comédie », dont l'auteur est nommé. Le critique renonce à faire la critique de cette pièce ayant peu d'intrigue, répondant peu à son titre (mais cette idée est peut-être une façon de nier la portée politique de la pièce, portée qui paraît avoir été perçue par le public qui a applaudi « plusieurs traits du même genre » que la satire des filous. L'intrigue elle-même s'attache à montrer la dénonciation d'une femme qui a usurpé les biens de ses maîtres (la question, en 1797, est sans doute d'actualité : « la loi qui rend les biens des condamnés à leurs enfans « ...).]
Théâtre de l'Ambigu Comique.
On donna hier à ce théâtre une petite comédie intitulée les Portraits du jour ou le nouveau Cercle : elle a réussi. On a demande l’auteur, c’est M. Préfontaines.
Florinde, fille de M. de Belcourt, a perdu ses païens par le fer révolutionnaire. Ceux de Deverseuil ont eu le même sort. La femme-de-chambre de sa mère s’est emparé [sic] de ses biens, et en jouit sous le nom de madame Simon. Elle a pris chez elle la jeune Florinde, qu’elle fait passer pour sa fille, et le malheureux Deverseuil est entré à son service sous le nom de Jasmin. Les parens de ces deux infortunés avoient projetté leur union ; et quoiqu’ils ne se connoissent pas, leurs sentimens réciproques s’accordent avec les intentions de leur famille. Madame Simon avoit promis la main de Florinde à un jeune parvenu, fat, plein de sa personne, et qu’elle ne peut souffrir. Au moment où on la presse de consentir à ce nœud, Deverseuil arrive avec un notaire qui a des titres qui établissent ses droits pour rentrer dans les biens de ses parens, au moyen de la loi qui rend les biens des condamnés à leurs enfans. Deverseuil démasque madame Simon, qui prend le parti de se retirer : les jeunes gens s’épousent.
On voit que cette pièce a peu d’intrigue, et qu’elle ne répond guères à son titre un peu fastueux. Un poète, un fripon parvenu, deux fats et deux femmes du jour, sont les autres personnages de cette pièce, à la marche de laquelle ils sont étrangers. Nous ne critiquerons pas cet ouvrage, qui, d'ailleurs, a été fait dans de bonnes intentions. Le public a fait répéter la phrase suivante adressée par le poète au fripon enrichi :
Si l'on était obligé de restituer tout ce qu'on a volé ou usurpé, il est plus d'une espèce de filou démasqué qui serait ré duit à la misère.
Plusieurs autres traits du même genre ont été vivement applaudi. Les acteurs ont bien rendu leurs rôles.
L. P.
D'après la base César, la pièce, d'auteur inconnu, a été jouée 5 fois au Théâtre de l'Ambigu Comique, du 26 mai 1797 au 9 juin 1797.
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