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Les Projets de [la] sagesse

Les Projets de [la] sagesse, comédie en un acte et en vers, de Latouche, 3 décembre 1811.

Théâtre de l’Impératrice, Odéon.

Titre

Projets de [la] sagesse (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

3 décembre 1811

Théâtre :

Odéon, Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Latouche

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1811 :

Les Projets de sagesse, comédie en un acte, en vers, Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l’Impératrice, le 3 décembre 1811. Par M. de Latouche.

Nous tromper dans nos entreprises,
C’est à quoi nous sommes sujets ;
Le matin je fais des projets,
Et le long du jour des sottises.

Voltaire.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 16e année, 1811, tome VI, p. 404-405 :

[Compte rendu sévère : la morale de cet ouvrage est incertaine, et le style « prétentieux et maniéré », ce qui n’a pas empêché son succès.]

ODÉON. THÉATRE DE L’IMPÉRATRICE.

Les Projets de sagesse, comédie en un acte et en vers, jouée le 3 décembre.

Encore une imitation du joli conte de Memnon ou la Sagesse humaine.

Un jeune homme, revenu, à vingt ans, des vanités du monde, s'est retiré dans un quartier tranquille pour y vivre en sage, et

Cultiver la physique et la mélancolie.

Il a fait Vœu de fuir les femmes, la table et le jeu, et de ne jamais se battre. Un essaim de jeunes fats et de femmes légères tombent chez lui, le séduit, l'enivre, le ruine ; une querelle s'ensuit. Il se bat; il est blessé. Un tuteur, qui l'a suivi et a eu l'œil sur toutes ses folies, arrive au moment où il est au désespoir, le console et acquitte ses dettes.

Ce jeune homme n'agit pas. On vient le trouver ; sans cela il seroit resté sage. On ne voit pas quelle est la morale d'un ouvrage aussi stérile d'action et d'intérêt. Le style est prétentieux et maniéré. L'ouvrage a pourtant été applaudi, et on a demandé l'auteur. Il se nomme M- Latouche.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1812, tome I (janvier 1812), p. 286-289 :

[Compte rendu plutôt critique, mais qui finit pourtant par des encouragements à un auteur débutant. Les reproches sont très classiques : trop d’incidents, dont l’accumulation nuit à la vraisemblance, dénouement trop prévisible, faiblesse de l’intrigue. Mais il y a aussi des points positifs (versification, détails spirituels, gaîté).]

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Les Projets de la Sagesse

Un conte charmant de Voltaire, Memnon ou la Sagesse humaine, a fourni à l'auteur des Projets de Sagesse l'idée morale de cette petite pièce donnée avec succès à l'Odéon. Les incidens très-gais, mais quelquefois un peu libres du conte ne pouvaient se reproduire au théâtre ; il a donc fallu créer un nouveau plan d'où il pût résulter de nouveaux détails. On conçoit que la scène n'est plus à Babylone ; elle est à Paris ; mais dans cette capitale comme autrefois à Babylone, la sagesse trouve souvent des séductions qui lui sont fatales.

Delmont, jeune homme honnête, envoyé dans la capitale pour faire son droit, s'est logé d'abord près du Panthéon, chez son tuteur ; mais il a bientôt quitté le quartier latin et ses études sévères, pour la Chaussée-d'Antin, et ses brillans plaisirs : après être tombé d'erreurs en erreurs, cet autre Enfant prodigue revient dans la maison de son parent, et jure désormais d'être sage :

Je ne veux plus du temps follement abuser (dit-il)
Et je n'ai pas vingt ans, monsieur, pour m'amuser...

Mais bientôt ses traîtres d'amis le suivent, reprennent leur ascendant, et dans le court espace d'une matinée, il renouvelle toutes les sottises qu'il avait si bien promis d'éviter.

Il y a beaucoup d'incidens dans ce petit acte ; il en résulte un peu de confusion, et une telle précipitation que les incidens ainsi accumulés, manquent jusqu'à un certain point de vraisemblance. Le dénouement est trop prévu ; on voit trop qu'un Caton de vingt ans ne finira pas comme il a commencé, et malgré l'adresse que l'auteur a mise à faire naître les événemens dans un ordre naturel, on apperçoit trop souvent la nécessité où il s'est mis de faire tomber son personnage dans toutes les fautes dont ce héros de sagesse a prétendu se garantir.

L'ouvrage n'offre qu'une intrigue faible ; c'est moins une comédie qu'une succession de tableaux ; mais en général ces tableaux sont vrais et d'un effet agréable. La versification a de la facilité, et une certaine élégance ; quelquefois l'auteur réussit à trouver le vers de la comédie ; souvent aussi, il anime son dialogue par des détails spirituels. On a beaucoup ri de ces vers d'un homme à bonnes fortunes dont le caractère est tracé avec gaîté.

Je mène ainsi de front, deux, quatre, six intrigues,
Pour une qui m'échappe, une autre a réussi,
Et j'ai toujours le cœur occupé, Dieu merci.

L'auteur a été demandé et nommé, c'est M. de la Touche : nous croyons que cet ouvrage est sa première production dramatique, mais il porte un nom distingué dans les lettres ; déjà même il a obtenu de l'institut une distinction honorable pour son poëme sur la Mort de Rotrou ; on a reconnu dans ce poëme un genre de talent bien différent de celui qu'exige la comédie ; mais ce talent peut se distinguer aussi dans la carrière dramatique, s'il est soutenu par l'esprit d'observation et l'étude des mœurs : les Projets de Sagesse ne paraissent donc devoir être considérés que comme un essai, et à ce titre ils méritent des encouragemens.

Pour le succès des représentations suivantes, on peut s'en rapporter aux acteurs qui ont joué avec beaucoup d'ensemble. Clozel, Mlle. Delille, Mlle. Fleury dans un rôle qui n'est pas de son emploi, et qu'elle joue avec beaucoup de finesse, se sont surtout distingués, et ont singulièrement contribué au succès de l'ouvrage.

S.          

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