Paulin & Clairette, ou les Deux espiègles, comédie en deux actes, mêlée de chant, paroles & musique de Dezède, 5 janvier 1792.
Théâtre de la Nation.
-
Titre :
|
Paulin & Clairette, ou les Deux espiègles
|
Genre
|
comédie mêlée de chant
|
Nombre d'actes :
|
2
|
Vers / prose
|
prose, avec des couplets en vers
|
Musique :
|
chant
|
Date de création :
|
5 janvier 1792
|
Théâtre :
|
Théâtre de la Nation
|
Auteur(s) des paroles :
|
Dezède
|
Compositeur(s) :
|
Dezède
|
Mercure universel, tome 11, n° 309 du vendredi 6 janvier 1792, p. 94-96 :
[Sur le théâtre de la Nation, théâtre sérieux voire dramatique, une pièce gaie, c'est une nouveauté. L'opéra comique qu'on y a joué la veille a eu un grand succès. Le critique en donne la liste des personnages, ce qui permet de cerner assez clairement le sujet : pas de surprise, tous les rôles traditionnels sont bien là, niais compris, au nom significatif de subtil. Le comique des situations a suscité de vifs applaudissements. La musique, écrite comme le livret par Dezède, ose une innovation certes réussie, mais qui donne un bien mauvais exemple aux « jeunes auteurs » : la mise en musique d'un « passage en prose ». La pièce a été très bien jouée, « avec beaucoup d'ensemble », par des interprètes remarquables, bonnes chanteuses pour les rôles principaux, vérité pour l'actrice jouant la mère de Clairette, originalité pour Subtil le niais.. Le rôle de Paulin a été joué par une actrice.
Théâtre de la Nation.
Le théâtre de la nation vient de se dérider le front ; et laissant de côté le drame pleureur, il entonne l’opéra comique.
On a donné hier avec beaucoup de succès la première représentation de Paulin et Clairette, comédie en deux actes, mêlée de chants.
Un jeune homme pétulant et une villageoise sensible, moins étourdis qu’espiègles, un oncle fort indulgent, une mère méchante et grondeuse, une grand’maman bonne et compatissante, un [sic] espèce de niais recherché, un chef de famille, qui arrive à point nommé pour unir Paulin et Clairette, enfans aimables qui, par leur vivacité et leurs heureuses dispositions, intéressent tout le monde ; tels sont les personnages qui figurent dans cette agréable production dont les situations comiques ont été vivement applaudies.
La musique est pleine de naturel et de gaieté, et parfaitement analogue aux paroles. L'on en sera peu étonné quand on saura qu’elle est de M. Dezedes, qui est aussi l’auteur du poëme. M. Dezedes a voulu mettre en musique un passage en prose. Cette tentative, quoiqu’heureuse, ne doit pas autoriser une innovation capable d’égarer les jeunes auteurs.
La pièce est rendue avec beaucoup d'ensemble. Mesdemoiselles Devienne et Mezerai ont joué avec infiniment de grâces et de gentillesse les rôles de Paulin et Clairette. On leur a trouvé une voix aussi' fraîche que flexible. Mademoiselle Joly a mis une grande vérité dans celui de la mère Dorothée. M. Dunant a donné une tournure originale au rôle de M. Subtil.
Mercure français, n° 7, du samedi 18 février 1792, p. 78 :
[Le critique appelle à l’indulgence envers cet opéra-comique : il est exécuté par des acteurs « peu exercés au chant », si bien que le compositeur a dû se limiter.]
On a donné aussi à ce Théâtre Paulin & Clairette, paroles & musique de M. Dezede. C’est un véritable Opéra-comique ; car la musique n'est pas là simplement comme du chant, mais comme du dialogue, & faisant partie de la Scène. Cette bagatelle offre dcs tableaux agréables. Il ne faut pas juger sévérement un pareil Ouvrage, exécuté par des Acteurs peu exercés au Chant, & où le Compositeur n'a pas pu employer tous ses moyens.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 3 (mars 1792), p. 314-315 :
[La création de la pièce de Dezède au Théâtre de la Nation marque un moment inédit : on joue l’opéra-comique (genre tout de même secondaire) dans le Théâtre de la Nation, voué aux genres nobles, tragédie et comédie. Ce signe d’ouverture dans le monde du théâtre ne ravit pas le critique, qui met en garde contre la confusion des genres : « C'est la confusion des genres qui ôte à un théatre sa dignité, sa considération & ses succès. C'est le goût, devenu exclusif de l'opéra-comique, qui a tué, dans les provinces, la tragédie & la haute comédie : Mrs. les comédiens françois ne devroient pas l'avoir oublié. ». Comme le critique du Mercure, il note la faiblesse des acteurs devenus chanteurs. Sur la pièce elle-même, le jugement porté est peu enthousiaste : elle n’a rien de neuf, le fonds est léger, et la gaîté est parfois un peu excessive. Ce qui n’a pas empêché le public de rire.]
Le jeudi 5 janvier on a donné la premiere représentation de Paulin & Clairette, ou les deux Espiegles, comédie en deux actes, mêlée de chant.
Puisqu'on donne des tragédies au Palais-royal, le théatre de la nation peut bien donner des opéras-comiques. C'est dans cette derniere classe qu'il faut ranger la petite piece de Paulin & Clairette.
Mde. Valentin ne veut pas que sa fille épouse Paulin, parce qu'il s'est moqué de son protégé qui est un niais nommé Subtil. Les espiégleries de Paulin, qui toutes ont pour but de chercher à voir Clairette, consistent à s'échapper par une lucarne d'une chambre où on l'a renfermé ; à s'introduire dans le logis par une fenêtre, tandis que la grand'mere s'endort ; à se cacher dans une armoire, &c. Tout cela n'a pas paru très-neuf, & l'on a trouvé que les scenes étoient beaucoup trop multipliées pour un fonds aussi léger ; la gaîté a semblé aussi portée un peu loin dans quelques détails ; mais enfin l'on a ri assez souvent, & le public a cru ne devoir pas se montrer trop difficile. Il a demandé l'auteur, ce qui prouve qu'il était d'avance dans le secret de la comédie : car il n'y a qu'un auteur pour les paroles & la musique ; c'est M. de Zede. On a distingué un charmant trio que chantent les deux jeunes gens & la vieille, qui rêve dans son sommeil.
Mlle. de Vienne a été justement applaudie dans le rôle de Paulin ; Mlle. Mezeray, dans le rôle de Clairette ; & Mlle. Joly a été excellente dans celui de la vieille grand'mere. Mais nous aurons le courage de le dire, l'ouvrage en général, auroit été mieux rendu sur un théatre voué à la comédie-lyrique. C'est la confusion des genres qui ôte à un théatre sa dignité, sa considération & ses succès. C'est le goût, devenu exclusif de l'opéra-comique, qui a tué, dans les provinces, la tragédie & la haute comédie : Mrs. les comédiens françois ne devroient pas l'avoir oublié.
D’après la base César, il y a eu 8 représentations (dont 6 au mois de janvier), du 5 janvier au 14 mars 1792.
Ajouter un commentaire