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Plaire, c'est commander

Plaire, c'est commander, opéra en deux actes, paroles de Lasalle, musique d'Henriette Beaumesnil, 12 mai 1792.

Théâtre de Mlle. Montansier.

Titre :

Plaire, c’est commander

Genre

opéra

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

 

Musique :

oui

Date de création :

12 mai 1792

Théâtre :

Théâtre de Mademoiselle Montansier

Auteur(s) des paroles :

Lasalle

Compositeur(s) :

Henriette Beaumesnil

Mercure universel, tome 15, n° 443 du mercredi 16 mai 1792, p. 254-255 :

[Le sujet « présente une idée ingénieuse », dit le critique. Il consiste à montrer les femmes voulant exercer le pouvoir après la disparition de leurs maris, sous le regard ironique du « gouverneur de l'isle ». La tentative échoue dès qu'est annoncée l'arrivée d'une « bande de sauvages ». Mais (est-ce ce que le critique appelle « une idée ingénieuse ?), les « sauvages qui attaquent la colonie des femmes, ce sont les maris, qui ont échappé au naufrage. Et tout rentre dans l'ordre : ce qui fait le pouvoir des femmes, c'est leurs charmes. Après ce résumé de l'intrigue, le critique dit tout le bien qu'il pense de la musique, qui est « fort gaie », œuvre d'une femme, dont on a fait répéter une ariette par un acteur « qui joue le rôle d’un abbé bien pincé, bien musqué ». Après le nom du compositeur, on a le nom de l'auteur des paroles, sans commentaire.]

Théatre de Mademoiselle Montansier.

Le sujet du petit opéra donné hier pour la seconde fois, sous le titre de plaire c'est commander, présente une idée ingénieuse. Des femmes habitent une colonie, elles croient avoir perdu leurs maris dans un naufrage. Satisfaites de recouvrer leur liberté, elles forment le projet de remplir elles-mêmes toutes les fonctions publiques, et de s’arroger l’autorité. Le gouverneur de l’isle rit de leur projet, les laisse former un aréopage, et au milieu de leur assemblée, vient annoncer qu’une bande de sauvages fond sur la colonie : la frayeur s’empare de tous les esprits ; elles abandonnent les armures dont elles s’étoient revêtues ; mais en vain elles pressent, elles sollicitent, les soldats restent immobiles, et les Sauvages ont le temps de tomber sur le troupeau féminin : mais, ô surprise ! les Sauvages ne sont autres que les maris que l'on avoit crus morts : alors les femmes reconnoissent que leur empire est dans leurs charmes, et que plaire c'est commander.

La musique de cet opéra est fort gaie. Elle est de Mlle. Beaumenil.

Le public a fait répéter une ariette chantée par M. Lebrun, qui joue le rôle d’un abbé bien pincé, bien musqué.

Les paroles sont de M. Lasalle.

Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 163 du 11 juin 1792, p. 678 :

[Compte rendu positif d’une « bagatelle » : « des scenes originales, des situations plaisantes ; un dialogue vif et enjoué », une musique qui exprime « avec beaucoup d’art et de fidélité les situations et les paroles ».]

Théâtre de Mlle Montansier.

Plaire, c’est commander. – Tel est le titre d’une comédie en deux actes, mêlée d’ariettes, que l’on donne avec succès à ce théâtre. Des scenes originales, des situations plaisantes ;un dialogue vif et enjoué font de cette bagatelle un ouvrage agréable. Les paroles sont de M. Delasalle. L’auteur de la musique est mademoiselle Beauménil, cette actrice que le théâtre de l’Opéra regrette encore, était déjà connue par des productions estimées. Dans celle-ci, mademoiselle Beauménil a surtout le mérite d’exprimer .

Mercure universel, tome XI, n° 443, du Mercredi 16 Mai 1792, p. 254-255 :

[Le critique considère que la pièce présente une intrigue originale, ce qui n’est pas si évident. Sinon, un éloge modéré de la musique, qualifiée de « fort gaie », et pas d'éloge du tout des paroles : on n’en connaît que le nom de l’auteur, sans jugement. Quant à la compositrice, elle est certes mieux traitée, mais son nom est déformé.]

THÉATRE DE MLLE. MONTANSIER.

Le sujet du petit opéra donné hier pour la seconde fois, sous le titre de plaire c’est commander, présente une idée ingénieuse. Des femmes habitent une colonie, elles croient avoir perdu leurs maris dans un naufrage. Satisfaites de recouvrer leur liberté, elles forment le projet de remplir elles-mêmes toutes les fonctions publiques, et de s’arroger l’autorité. le gouverneur de l’isle rit de leur projet, les laisse former un aréopage, et au milieu de leur assemblée, vient annoncer qu'une bande de sauvages fond sur la colonie : la frayeur s'empare de tous les esprits ; elles abandonnent les armures dont elles s'étoient revêtues ; mais en vain elles pressent, elles sollicitent, les soldats restent immobiles, et les Sauvages ont le temps de tomber sur le troupeau féminin : mais, ô surprise ! les Sauvages ne sont autres que les maris que l'on avoit crus morts : alors les femmes reconnoissent que leur empire est dans leurs charmes, et que plaire c'est commander.

La musique de cet opéra est fort gaie. Elle est de Mlle. Beaumond. Le public a fait répéter une ariette chantée par M. Lebrun, qui joue le rôle d'un abbé bien pincé, bien musqué.

Les paroles sont de M. Lasalle.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 8 (août 1792), p. 305-307 :

[La plus grande partie du compte rendu tourne sur la question de savoir si la pièce nouvelle est celle à laquelle Moline, qui a écrit une pièce très semblable, faisait allusion dans son avertissement. De toute façon, la pièce a plu : « de l’esprit, de la gaieté »; d’où découle le succès, renforcé par la qualité de la musique, œuvre d’une femme. Son ouvrage a «  de l'esprit, de la sensibilité, de l'expression, une couleur agréablement dramatique », et la musicienne a obtenu « des applaudissemens & des suffrages ».]

THÉATRE DE MLLE. MONTANSIER.

Le samedi 12 mai, on a donné la premiere représentation de Plaire, c'est commander, opéra en deux actes, dont la musique est de Mlle. Beaumesnil.

En 1765, M. Moline fit imprimer une comédie en un acte & en vers, mêlée d'ariettes, intitulée les Législatrices. Son ouvrage est précédé d'un petit avertissement dans lequel il dit : « L'auteur ayant appris qu'il va bientôt paroître une nouvelle piece qui porte le même titre que la sienne, & dont le sujet, littéralement suivi, est la copie du sien, à la différence près que le dialogue est en prose, a jugé à propos de mettre au jour ce poëme, qui, quoiqu'original, est peut-être fort au-dessous de la copie. » Voici la fable de M. Moline. Des François ont abordé dans une isle déserte, où ils ont formé une colonie. Les femmes qui sont avec eux se sont mis en tête de faire des loix & de gouverner l'isle, en prenant le pas sur les hommes. On fait l'impossible pour leur ouvrir les yeux sur leur extravagance ; elles ne veulent rien entendre On se résout à céder en apparence ; mais on leur prépare un tour contre lequel vient se briser leur orgueil. On leur annonce que l'isle est ravagée par des sauvages ; qu'il est urgent de repousser leur fureur meurtriere : elles tremblent, elles se renvoient le commandement, qu'aucune d'elles ne veut accepter. Enfin, elles implorent le secours de leurs amans, qui se font un instant prier, mais qui les désabusent. Ce n'est qu'un piege qu'on leur a tendu ; les sauvages ne sont qu'imaginaires, ainsi que le danger. Tout rentre dans l'ordre ordinaire, & les femmes consentent à ne plus régner que par leurs attraits.

Que l'on compare cette fable à celle de Plaire, c'est commander, c'est la même chose, avec cette différence, pourtant, que dans la nouvelle piece, l'exposition est mieux motivée ; que le ridicule des législatrices est mis en développement dans quelques scenes ; que les caracteres des héroïnes sont mieux prononcés & mieux opposés ; que le stratagème qui amene le dénouement est en action ; que la piece est en prose ; enfin qu'elle est en deux actes. seroit-ce de cet ouvrage, que M. Moline parloit dans son avertissement ? Cela ne seroit pas impossible, car on assure qu'il est fait depuis plus de vingt ans.

Quoi qu'il en soit, le public a vu, avec plaisir, l'adage antique & toujours nouveau, qu'on vient de distribuer en scenes, sous le titre de Plaire, c'est commander. On y a trouvé de l'esprit, de la gaieté, & de-là est arrivé un succès à l'auteur. Il est vrai qu'il avoit pris, comme moyen de secours, un acolyte très-intéressant. Cet acolyte est Mlle. Beaumesnil, qui a mis l'ouvrage en musique. Après avoir embelli, dans un tems, les vers & les mesures d'autrui, par les charmes de son intelligence, de ses graces & de son organe, elle prête aujourd'hui ses accens aux poëtes, & ses modulations aux acteurs chantans. ses compositions ont de l'esprit, de la sensibilité, de l'expression, une couleur agréablement dramatique, & elle obtient des applaudissement & des suffrages.

D’après la base César, le « poème » est d'Adrien-Nicolas de La salle, la musique est d'Henriette-Adélaïde de Villars, dite Beaumesnil. La pièce a été jouée 16 fois en 1792 à partir du 12 mai, et 11 fois en 1793.

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