Créer un site internet

Ponce de Léon

Ponce de Léon, opéra-bouffon en 3 actes, paroles et musique de le Breton. 14 ventôse an V [4 mars 1797].

Théâtre de la rue Favart, ci-devant Théâtre italien

Titre :

Ponce de Léon

Genre

opéra-bouffon

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

14 ventôse an 5 [4 mars 1797]

Théâtre :

Théâtre de la rue Favart

Auteur(s) des paroles :

Lebreton (Henri-Montan Berton)

Compositeur(s) :

Lebreton (Henri-Montan Berton)

Almanach des Muses 1798.

Fond pris dans un conte de madame d'Aulnoi.

Des situations comiques, de l'esprit. Le C. le Breton a été applaudi comme auteur, et comme musicien.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, Barba, 1797, an V :

Ponce de Léon, opéra-bouffon, en trois actes ; Paroles et musique de M. Lebreton. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de l'Opéra-Comique, rue Favart, le 25 ventôse an V.

Courrier des spectacles, n° 58 du 15 ventôse an 5 [5 mars 1797], p. 2-4 :

[La pièce nouvelle a connu un beau succès, et le critique énumère bien des qualités (« du comique de situation, de la gaieté, de la bouffonnerie ») et peu de défauts. Le genre gai vaut mieux que le larmoyant, et les pièces pleines d’action sont supérieures aux pièces trop bavardes. L’analyse de la comédie n’a rien de surprenant : on y retrouve l’habituelle quête de la bien aimée, avec ses habituels obstacles et ses habituelles ruses. Il y a même une scène nocturne avec confusion entre deux femmes, on se croirait chez Figaro... Sans surprise, les mariages attendus sont au rendez-vous à la fin. Il ne reste plus qu’à féliciter les acteurs, jugés excellents. On peut donc donner le nom de l’auteur. Une dernière information : impatient de voir la pièce nouvelle, les spectateurs ont empêché le déroulement de la première pièce, qui n’était pourtant pas une nouveauté, et qui a été traitée comme si elle en était une.

Céphise, ou l’Erreur de l’esprit est une comédie en un acte et en prose de Marsollier des Vivetières, représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Italien, en 1784, et reprise en 1797.]

Théâtre de la rue Favart.

L’opéra de Ponce de Léon, donné hier à ce théâtre, a eu beaucoup de succès ; on y a vu avec plaisir du comique de situation, de la gaieté, de la bouffonnerie, ce qui vaudra toujours mieux que le larmoyant. Nous avons trouvé dans le 1.er acte, fort agréable d’ailleurs, quelques situations trop répétées, d’autres un peu tirées ; le second est plein de scènes agréablement imitées des bons auteurs ; le troisième acte offre beaucoup d’événemens, mais trop précipités les uns sur les autres. Enfin cette pièce est presque toute en action , ce qui vaut beaucoup mieux que les fades raisonnemens, les épigrammes et les madrigaux, dont les trois quarts des ouvrages d’aujourd’hui sont remplis.

Voici l’analyse de cette comédie : Ponce de Léon arrive de Madrid avec Padille, son domestique. Le jeune seigneur cherche à retrouver Mélanie, que le père de cette dernière lui a promise en mariage ; celui- ci étant mort, elle est sous la puissance d’une vieille tante, nommée Dalmanguinarose, qui veut la faire entrer dans un couvent, à la sollicitation d’un certain dom Caffardo, qui doit s’emparer de tous les biens de Mélanie, pour, quand on les lui aura livrés, en faire donation au couvent. Ponce de Léon et son valet examinent si le château devant lequel ils sont, est bien celui qu’on leur a indiqué ; ils en sont bientôt assurés, et forcés de se cacher. M.me Dalmanguinarose sort, et donne les ordres de ne laisser entrer personne chez elle. Pélerino, son premier domestique, est amoureux de Laurette, suivante de Mélanie ; il lui fait un bouquet. Ponce de Léon et Padille ont la finesse d’y mettre une lettre pour Mélanie. Pélerino reporte ainsi le bouquet et le billet en même temps. L’amant et son valet, pour s’introduire dans le château, se déguisent en pèlerins. Padille feint d’avoir été attaqué par des voleurs ; Ponce de Léon demande pour lui des secours au château ; on les lui envoie , et on les reçoit dans cette bienheureuse maison. Padille est traité avec le plus grand soin , on le porte sur un sopha, où il reste étendu jusqu’au moment où chacun le laisse seul avec Ponce de Léon. M.me Dalmanguinarose fait venir deux médecins, un apothicaire et un chirurgien ; l’un ordonne une saignée, l’autre du jalap, etc. Enfin ils ne sont aucunement d’accord, et ils se disputent avec chaleur. Padille voyant qu’on veut l’instrumenter, s’enfuit des mains des médecins. M.me Dalmanguinarosc se trouve mal. Laurette profite de cela pour lui prendre une clef qui doit servir à l’issue de cette affaire ; mais dom Caffardo a su que les deux pèlerins sont des amans déguisés, et qu’ils doivent enlever Mélanie, il les fait arrêter.

L’hypocrite dom Caffardo est amoureux de Laurette ; celle-ci feint de lui donner un rendez-vous à minuit, il accepte. Laurette et Mélanie se servent de la clef que la première a prise à M.me Dalmanguinarose, et délivrent les deux amans ; mais bientôt le bruit les force d’aller se cacher ; c’est Pélerino qui a été chercher sa maîtresse pour la rendre témoin de tout ce qu’il a entendu dire aux quatre amans. M.me Dalmanguinarose arrive ; minuit sonnant, dom Caffardo vient an rendez-vous, il prend la tante pour Laurette, et lui fait mille protestations d’amour. M.me Dalmanguinarose se fait connoître, et citasse don Caffardo de chez elle. Ponce de Léon obtient Mélanie, et Padille épouse Laurette.

M. Gavaudan a supérieurement joué et chanté dans le rôle de Padille. M. Michu a bien rempli celui de Ponce de Léon. M. Clienard a fait voir dans celui de don Caffardo qu’il n’est étranger dans aucun emploi. M.mes Gontier, Jenny, Schreuser ont aussi fort bien joué.

Les paroles et la musique de cet opéra sont de M. Le breton, déjà connu par d’autres ouvrages. Un petit accident est arrivé hier à la pièce de Céphise, le public impatient de voir la 1.re représentation de Ponce de Léon, n’a pas laissé achever la première pièce, qui n’est pourtant pas nouvelle, et ne méritoit pas ce sort injuste.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1797, volume 3 (mai-juin 1797), p. 269-271 :

[Le compte rendu s’ouvre sur le résumé critique de l’intrigue : des commentaires entre parenthèses (ou non) accordent des satisfécits (« (dans une scène assez neuve) », « par un moyen très-comique ») ou distribuent des blâmes (« (ce qui n'est pas d'un goût très-pur) »). Une fois le sujet connu, le critique montre l’inégalité des deux actes : « premier acte charmant », auquel on ne reproche que « quelques longueurs, second acte « très inférieur », où peu de scènes sont comiques, et sans être neuves ou nécessaires à la marche de l’intrigue, troisième acte « encore plus foible » : « L'intrigue devient pénible, embrouillée, peu vraisemblable ; & le dénouement commun ». Par contre, la musique est jugée excellente : « La force, la grâce, la mélodie, le chant, tout est remarquable & plein de goût dans sa musique ».]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE.

PONCE de Léon, paroles & musique de Lebreton.

Ponce de Léon, fils d'un grand seigneur espagnol, est amoureux de la signera AméIia. Cette jeune personne, n'ayant ni père ni mère, est sous le pouvoir d'une tante qui, vivant dans un château, la tient dans un esclavage affreux. Cette tante, très-prude & dévote, a, pour directeur, le supérieur d'un couvent voisin. Ce directeur , appelé Caffardino, cache, sous les apparences d'une sainte dévotion, le dessein qu'il a de faire donner à son couvent tous les biens d'Amélia, & de la faire enfermer pour sa vie dans un monastère. Caffardino espère tout du crédit qu'il a sur l'esprit de la tante. Cependant Ponce découvre, après mille recherches, le château qui renferme sa chère Amélia. Il y arrive avec son valet Pédrille, espèce de figaro, ingénieux, intrigant. Par le conseil de cet homme, & grâce à une idée qu'un valet, nommé Pélerino, leur donne sans s'en douter (dans une scène assez neuve), ils se déguisent en pèlerins. Ils supposent qu'ils ont été attaqués par des voleurs, que Pédrille est blessé grièvement; le château s'ouvre : on y reçoit les faux pèlerins, qui, adroitement, avoient fait, avant, remettre un billet à Amélia, par un moyen très-comique, qu'on détaillera plus loin. La tante reçoit les pèlerins avec bonté, témoigne même plus qu'une tendre pitié au valet déguisé (ce qui n'est pas d'un goût très-pur) : Caffardino découvre, au second acte, que les pèlerins sont des imposteurs ; il les fait arrêter par l'alcade ; mais Laurette, soubrette d'Amélia, est dans les intérêts de Léon, elle donne un faux rendez-vous à Caffardino, qui est amoureux d'elle ; il ouvre lui-même une porte sur une terrasse, dont les amans profitent pour s'évader, pendant que, dans une chambre obscure, Caffardino prend la tante pour Laurette, & se trahit au point de tomber à ses genoux. Rage, fureur de la tante; en ce moment, des gardes ramènent les amans qu'ils ont arrêtés s'enfuyant. La tante, éclairée sur les perfides intentions de Caffardino, rend ses biens à sa nièce, & l’unit à Ponce de Léon, qui apprend au public que son oncle, premier ministre, va faire punir Caffardino. Tel est le sujet de cet ouvrage.

Le premier acte est charmant, à quelques longueurs près. Le moyen que le valet emploie pour faire tenir une lettre à Laurette, en la plaçant dans un bouquet, que Pélerino, valet de la maison, va lui porter, est aussi piquant que neuf. Le second acte est très-inférieur. Les scènes du valet, livré aux médecins, à la diette, &c., sont les seules où l'on peut voir une intention comique, mais elles ne sont ni neuves, ni nécessaires à la marche de l'ouvrage. Le troisième acte est encore plus foihle, s'il est possible. L'intrigue devient pénible, embrouillée, peu vraisemblable ; & le dénouement commun.

On ne sauroìt donner trop d'éloges à la musique ; elle est charmante depuis le commencement jusqu'à la fin. M. Lebreron prouve, dans cet ouvrage, qu'il peut traiter, comme musicien, avec un succès égal, toute espèce de genre. La force, la grâce, la mélodie, le chant, tout est remarquable & plein de goût dans sa musique.

Annales dramatiques ou dictionnaire général des théâtres, tome septième (Paris, 1811), p. 439-441 :

PONCE DE LÉON , opéra-bouffon en trois actes, paroles et musique de M. Berton, aux Italiens, 1797.

Ponce de Léon, chevalier espagnol, avait le consentement du père de Mélanie ; il allait devenir l'époux de cette jeune personne, lorsqu'une guerre imprévue le força de quitter Madrid. Pendant son absence, le père meurt, et Mélanie passe au pouvoir d'une vieille dévote qui la tient étroitement enfermée. Dame Dalmanchinaros, sa tante, docile aux avis du moine Caffardo son directeur, veut en faire une religieuse ; elle va partir pour le couvent, quand Ponce de Léon, accompagné de son valet Padille, arrive sous les murs du château de la tante de sa maîtresse, situé près de Saint-Jacques de Compostelle. Après avoir fait une reconnaissance dans la place, ces messieurs prennent le parti de s'y introduire, à la faveur de l'habit de pélerin dont ils se sont affublés. Ils ont pour eux Laurette, suivante de Mélanie, qui les seconde puissamment. Dame Dalmanchinaros prend le plus vif intérêt à ces pauvres pélerins échappés au fer des assassins. L’un d'eux, Padille, dit-on , a été grièvement blessé. Elle lui impose une diète rigoureuse, en attendant que la faculté s’empare de sa personne, ce qui n’est pas très-rassurant pour lui qui meurt de faim. Deux médecins, un chirurgien et un apothicaire paraissent en effet. Bientôt le médecin se dispute avec son confrère, le chirurgien avec l'apothicaire ; tous quatre sont prêts à en venir aux mains et sortent furieux : heureusement pour Padille qui tremblait de toutes ses forces, et qui, grâces à l'irascibilité de ces messieurs, en est quitte pour la peur. A peine est-il sorti de ce danger, qu’il s’en présente un plus grand. La mèche est découverte ; l'alarme est dans le château ; une troupe d’alguasils est à leurs trousses. Heureusement encore Caffardo qui aime Laurette, donne dans le piége que lui a tendu cette fine soubrette. Le moine est démasqué, et Ponce de Léon obtient la main de celle qu’il aime.

Tel est le fond de cette pièce tirée d’un conte qui porte le même titre.

Nicole Wild, David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 369 :

Opéra bouffon en 3 actes. Livret et musique d'Henri Montan Berton. 4 mars 1797 (Favart I).

Livret d'après un conte de Marie d'Aulnoy. Le conquistador espagnol Juan Ponce de Leon débarqua en Floride en 1512.

Reprise : 1er janvier 1802 (Feydeau. → 1807).

D'après la base César, la pièce a été jouée 33 fois au Théâtre Italien, du 4 mars 1797 au 9 novembre 1799 (14 fois en 1797, 16 fois en 1798, 3 fois en 1799).

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×