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Pradon sifflé, battu et content

Pradon sifflé, battu et content, comédie anecdote, en un acte et en vaudevilles, de J. A. Jacquelin et Philidor R*** [Joseph Henri Flacon Rochelle], 11 frimaire an 8 [2 décembre 1799].

Théâtre des Jeunes Artistes

Almanach des Muses 1801

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Fages, an IX (1800) :

Pradon, sifflé, battu et content, comédie anecdote, en un acte et en vaudevilles, Par J. A. Jacquelin et Philidor R***. Représentée pour la 41e fois, à Paris, sur le Théâtre des Jeunes Artistes, le 16 Thermidor an VIII.

Soit le 4 août 1800. Ce n'est pas la date de la première, et il est inhabituel, sur la couverture d'une brochure, de signaler la 41e représentation...

Philidor R***, c'est Joseph Henri Flacon Rochelle.

Courrier des spectacles, n° 1004 du 12 frimaire an 8 [3 décembre 1799], p. 2 :

[De l’anecdote de Pradon sifflant sa pièce, les auteurs, qui sont nommés, avec une erreur pour un des deux, donnent une version un peu étonnante, mais qui ne déplaît pas au public. Il faut bien sûr glisser une affaire de mariage dans la pièce, ce n’est pas facile, mais ils y sont arrivés. La pièce fait intervenir des gens fort connus comme Chapelain et Pradon, comme souvent. Elle nous fait entrevoir ce qui se passe dans les théâtres, et qui n’est pas toujours très correct? Le compte rendu s’achève sur le reproche d’employer des « expressions trop libres », et même de « manquer à la décence.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

L’anecdote de Pradon sifflant lui-même sa pièce a fourni le sujet d’un vaudeville agréable donné hier avec succès pour 1a première fois à ce théâtre sous le titre de Pradon sifflé, battu et content. Les auteurs sont les cit, Jacquelin et Isidor.

Chapelain déjà vieux, veut épouser la fille de Pradon, Angeline, qui lui préfère un jeune officier, nommé Valcour. Duremblay, ami de Pradon, épie le moment de découvrir au père l’aversion qu’éprouve Angeline pour Chapelain ; c’est précisément un jour de première représentation pour Pradon qui craint la cabale. Alors Dutremblay lui conseille de siffler lui-même sa pièce, afin de la faire applaudir. Le moyen est trouvé bon, la pièce est jouée, Pradon revient, mais sifflé, mais battu, mais content. Battu ? et par qui ? par Valcour lui-même qui a voulu soutenir la pièce de son beau pere, et qu’il a frappé sans le connoître. Pradon enchanté de trouver un admirateur, lui donne sa fille en mariage.

Les auteurs de cette bluette, où on applaudit quelques jolis couplets, auroient pu supprimer certaines expressions trop libres, et être gais sans manquer à la décence.

G . . .

On retrouve cette anecdote dans le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes d'Edmond Guérard, tome second (troisième édition, Paris, 1876), p. 219 :

Poëte sifflé, battu et content.

Pradon ayant fait une.pièce de théâtre, s'en alla, le nez dans son manteau, se mêler dans la foule du parterre, afin de se dérober à la flatterie et d'apprendre, sans être connu, ce que le public penserait de son ouvrage. Dès le premier acte la pièce fut sifflée. Pradon, qui s'était attendu à de grands applaudissements, perdit d'abord contenance. Un de ses amis qui l'avait accompagné, s'apercevant de son trouble, le prit par le bras, et lui dit : « Monsieur, tenez bon contre ce revers ; et si vous m'en croyez, faites comme les autres si vous ne voulez pas qu'on vous soupçonne d'être l'auteur de la pièce. »

Pradon, revenu à lui-même, goûta ce conseil, et se mit à siffler de toutes ses forces. Un mousquetaire, l'ayant poussé rudement, lui demanda pourquoi il sifflait, ajoutant que la pièce était bonne, et que son auteur méritait d'être encouragé. Pradon repoussa le mousquetaire, et jura qu'il sifflerait jusqu'au bout. Le mousquetaire, irrité de cette réponse, prend le chapeau et la perruque du poëte, et les jette sur le théâtre. Pradon, sensible à cet affront, donne un soufflet au mousquetaire, et celui-ci, mettant l'épée à la main, veut tuer son adversaire, et lui fait deux croix sur le visage. Enfin Pradon, sifflé, battu et content, gagne la porte et va se faire panser (l).

(Galerie de l'ancienne cour.)          

La pièce est absente de la base César.

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