Prologue d'ouverture du Théâtre de l'Odéon, de Joseph Patrat, 1er prairial an 5 [20 mai 1797].
Théâtre de l'Odéon.
Courrier des spectacles, n° 135 du 2 prairial an 5 [21 mai 1797], p. 3 :
[Pour sa renaissance, le Théâtre de l'Odéon offre un prologue acceptable et qui a été applaudi, et deux pièces sans intérêt, et plutôt mal jouées, les Philosophes amoureux, de Destouches (1729), et l'Apparence trompeuse, de Guyot de Merville (1744). Rien de neuf. Il faudra mieux faire !]
Théâtre de l'Odéon.
L’ouverture de ce théâtre n’a pas été heureuse. Elle a commencé par un prologue dans lequel on répond aux demandes souvent faites dans le public. Qu’est-ce que veut dire Odéon ? quels acteurs espère-t-on avoir pour ce théâtre ? ce prologue a été souvent applaudi. Il présente quelquefois la critique d’une entreprise aussi hardie ; mais une fable qui le termine, et dans laquelle on réclame la bienveillance du public, a été fort bien accueillie.
A l’égard des deux premières pièces que l’on donna ensuite, il étoit difficile de faire un plus mauvais choix ; et nous ne pouvons dissimuler que tous les acteurs qui ont paru sont extrêmement foibles. L’actrice qui a joué dans le prologue, et ensuite dans la petite pièce, est la seule qui ait montré du talent, un peu de ressemblance dans le jeu et dans l’organe avec mademoiselle Joly, lui ont attiré de fréquens applaudissemens. L’acteur qui a joué Léandre dans les Philosophes, a une bonne diction, mais son jeu et sa marche sont on ne peut plus gênés. Celui qui jouoit Damis a aussi été quelquefois applaudi. En général il est à souhaiter, pour le succès de ce théâtre, que l’on y choisisse mieux les ouvrages, et que l’on y présente des acteurs plus faits pour plaire au public.
L. P.
Courrier des spectacles, n° 136 du 3 prairial an 5 [22 mai 1797], p. 2 :
[Deuxième représentation. Elle se passe mieux. Mais les pièces jouées après le prologue ne sont toujours pas des nouveautés.]
Théâtre de l'Odéon.
Ce théâtre eut plus de succès hier qu’il n’en avoit eu la veille. Un choix de pièces plus heureux, plus d'ensemble dans les acteurs, dont plusieurs paroissoient pour la seconde fois ; tout a contribué à lui obtenir de l’encouragement. Le prologue, fait et joué par M. Pat rat, a été fort applaudi. Le drame du Fils naturel, malgré les coupures qui y ont été faites, a encore paru froid, quoique l’on y ait souvent applaudi madame Verteuil, M. Drouin, l’acteur qui jouoit Clairville, et l’actrice qui rendoit le rôle de Rosalie.
On donna, pour seconde pièce, le Legs, de Marivaux. Madame Verteuil et M. Drouin y ont reparu dans les principaux rôles. Madame Verteuil y a été très-applaudie. M. Drouin, soit fatigue du premier rôle, soit crainte d’être comparé au grand maître qui le joue au théâtre Feydeau, avec tant de supériorité, ne l’a pas rendu aussi bien que celui de Dorval. Mais on peut espérer, qu’avec du travail, cet acteur, qui est doué d’un bel organe, d’un physique très-agréable, et qui, déjà, dit très-bien, pourra devenir un sujet précieux pour la haute comédie. On a vu avec plaisir madame Pélissier paroître dans le rôle de soubrette. Cette actrice et celle qui joue dans le prologue, font croire que cet emploi difficile sera bien rendu à ce théâtre
L. P.
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