Psyché, ou la Curiosité des Femmes, vaudeville, de Théaulon et Armand Dartois, 9 juin 1814.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre
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Psyché, ou la Curiosité des Femmes
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Genre
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vaudeville anacréontique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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9 juin 1814
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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MM. Théaulon et Armand Dartois
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Le Spectateur, ou Variétés historiques, littéraires et critiques (Malte-Brun), tome I, n ° VIII, p. 378-379 :
[Compte rendu constatant un échec (plus de sifflets que d’applaudissements...), et un échec qu’explique le choix d’un sujet illustré de tant de chefs-d'œuvre. Il était très difficile de faire une œuvre nouvelle sur un thème déjà traité par les plus grands. Les seules à plaindre, les malheureuses interprètes...
La citation du Despréaux latin est naturellement une citation de l'Art poétique d'Horace, v. 149-150, « et ce dont il désespère de faire quelque chose de bon, il le laisse ».]
Théâtre du Vaudeville. — PSYCHÉ, ou LA CURIOSITÉ DES FEMMES, vaudeville anacréontique, en un acte.
Tout le monde ne peut voyager à Corinthe. Le Vaudeville vient d'être puni de sa témérité d'avoir osé toucher à cette Psyché tour à tour immortalisée par les lettres, la peinture et la chorégraphie : le petit théâtre de Momus a voulu rivaliser avec le grand Opéra ; d'aigres sifflets, dominant les applaudissemens, ont été les rayons qui ont fondu les ailes de ce nouvel Icare, et le parterre a fait un accueil si discourtois aux dames de l'Olympe, qu’il les aura sans doute, pour long-temps, dégoûtées du pied à terre qu'elles avoient eu la fantaisie de prendre dans la rue de Chartres.
En venant à leur tour exposer une Psyché, MM. Théaulon et Dartois n'ont consulté que leur zèle : un ami éclairé leur auroit fait sentir que plus ce sujet avoit été heureux, plus il étoit téméraire de le reproduire, à moins de le traiter d'une manière absolument nouvelle ; ce qu'ils n'ont pas fait.
N'est-ce point en de pareilles circonstances que l'homme de lettres doit répéter, avec le Despréaux latin,
Et quae
Desperat tractata nitescere posse, relinquit ?
Au surplus, La Fontaine et M. Gardel feront aisément supporter au public cette autre mésaventure de la pauvre Psyché : une douleur un peu plus durable, après celle des auteurs, sera sans doute celle de mesdames Arsène et Betzy : il est si doux à deux jolies femmes de représenter Vénus, et surtout de faire l'Amour ; la charité nous fait une loi d'espérer que les occasions de prendre leur revanche ne manqueront point à ces dames.
L’Ambigu, ou Variétés littéraires et politiques, volume XLV (Londres, 1814), n° CCCCIV (20 juin 1814), p. 698-699 :
[Compte rendu très mitigé, qui constate que la pièce, « une parodie graveleuse de la Psyché de Molière, Corneille et Quinault », a pour tort principal de venir après une longue suite d'œuvres fortes sur le même sujet.]
THÊATRE DU VAUDEVILLE.
Psyché.
Je n'ai pas de questions si graves à traiter avec les auteurs de la rue de Chartres [l’article précédent, consacré à une pièce « politique », les États de Blois, s’achevait sur des considérations sur la situation de la France en 1814]. Il ne tiendrait qu'à moi de rappeler cependant que cette fable de Psyché est une vieille allégorie mystique des Grecs. C'est une rêverie à la manière de Platon, qui a été arrangée fort agréablement par le platonicien Apulée. On pense que le sens propre de cette histoire n'est rien moins que la recherche de l'amour ou de l'esprit divin par l'âme qui s'appelait Pyché, et que les malheurs dont la curiosité de Psyché est suivie, sont une image figurée des peines auxquelles l'homme s'expose, en voulant élever son intelligence au-dessus des secrets de la nature. Cette métaphysique paraît un peu forte pour le Vaudeville.
Le Vaudeville s'est emparé de l'histoire de Psyché un mois après le mariage, et n'en a retranché d'ailleurs que ses infortunes ; tous les fâcheux voyages de l'héroïne, tous ses incroyables travaux sont sagement écartés des yeux du spectateur, et, dans cette fable mythologique, il n'y a qu'une machine : c'est la descente de l'Amour qui vient dénouer la pièce au nom de Jupiter, en apportant à sa femme un brevet d'immortalité ; encore cette machine est-elle un escamotage. Mlle Betzi, qui fait l'Amour, et qui ne le fait pas mal, ne s'est pas exposée aux périls d'une gloire. Elle arrive des cieux de plainpied, en se glissant derrière un nuage à coulisse, qui s'écarte pour la laisser voir. Ce dénoûment n'a pas eu le bonheur de plaire, quoiqu'il ressemble à celui de Philoctete, et quelques sifflets malveillants se sont unis au sifflet du machiniste. Je ne vois pas pourquoi le parterre est plus difficile avec MM. Théaulon et Dartois qu'avec Sophocle.
Ce petit vaudeville est une parodie graveleuse de la Psyché de Molière, Corneille et Quinault. On peut trouver qu'elle vient un peu tard, mais l'esprit et la gaieté arrivent toujours à temps. Je voudrais seulement que MM. Théaulon et Dartois ne missent pas leur gaieté et leur esprit à un régime si monotone. Ils ne leur fournissent plus qu'une espèce d'aliment, déguisé à la vérité de mille manières différentes, mais qui devient insipide à force d'être servi. Ces malheureux maris qu'on a chantonnés sur tous les airs, sont-ils l'unique sujet de leurs refrains intarissables ? Il y avait peut-être une exception à faire le jour du mariage de l'Amour.
La pièce nouvelle est bien fournie en succès ; mais parmi ces couplets, qui sont généralement fort piquants, il y en a quelques-uns qui n'ont pas coûté beaucoup pour la façon. On en jugera par quelques vers que je me crois sûr d'avoir retenus. Je ne réponds de rien depuis que je me suis fait une affaire pour un hémistiche.
Psyché
M'a touché,
J'entends
En prétends
Admirer,
Adorer
A jamais
Ses attraits.
J'entends et prétends qu'il n'y a pas de raison pour écrire en prose si l'on prend cela pour de la poésie. M. Jourdain en a dû faire beaucoup de pareille sans le savoir.
La Psyché de MM. Théaulon et Dartois a le tort grave de venir après celles d'Apulée, de Molière, de La Fontaine et de Raphaël, qui étaient toutes assez jolies. C'est bien certainement celle qui aurait inspiré le moins de jalousie à Vénus, et c'est peut-être pour cela que Vénus ne l'envoie pas aux enfers. Si elle n'est pas tombée tout-à-fait aussi bas cela a tenu à peu de chose. Les actrices ont dû contribuer au succès équivoque de l'ouvrage, et il faut convenir que la représentation aurait fait envie sous ce rapport à Raphaël lui-même. Les petits défauts que l'on pourrait tout au plus reprocher à Mademoiselle Betzy et à Mlle. Arsène ajoutaient encore à la convenance de leurs rôles. L'une manque peut-être de légèreté, mais c'est l'Amour qui se marie. L'autre n'a plus l'adolescence éternelle et la grâce svelte de Cithérée, mais ce n'est pas Vénus sortant des flots. On s'en aperçoit bien à son accoutrement qui est loin d'être léger : c'est Vénus aux noces d'un fils, et par conséquent un peu mûre. Mademoiselle Rivière, l'âme ou la Psyché du théâtre, est un sujet très-précieux pour le Vaudeville pathétique : elle a des larmes dans la voix comme une actrice de tragédie. Tout cela composerait un ensemble très-satisfaisant si la pièce était meilleure.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome III, p. 393 :
[Compte rendu sans enthousiasme d’une œuvre qui a réussi. L’important pour l’auteur de l’article, c’est la généalogie de l'œuvre, de La Fontaine à l’Opéra, avant de descendre au Vaudeville. Il y a une hiérarchie des genres comme des théâtres.]
THEATRE DU VAUDEVILLE.
Psyché, ou la Curiosité des Femmes, vaudeville en un acte, joué le 9 juin.
Le charmant sujet de Psyché, qui a fourni à La Fontaine un poème supérieur peut-être à son original, et que M. Gardel a si heureusement transporté à l'Opéra, vient d'être ajusté pour le Vaudeville. Les auteurs ne peuvent se dissimuler que lutter contre La Fontaine et l'Opéra, étoit une entreprise assez périlleuse. A défaut de malice et de gaieté, ils ont mis dans l'ouvrage de la grâce : malgré quelques improbateurs sévères, il a réussi. Il est de MM. Dartois et Théaulon.
Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1815, IXe année, p. 129 :
PSYCHÉ, ou la Curiosité des Femmes, vaudeville en un acte, par MM. Théaulon et Dartois. (6 juin.)
L'intrigue est fondée presque toute entière sur la fable de Psyché. Il n'y a de l'invention des auteurs qu'une espèce de sorcière, qui vient dire la bonne aventure à la belle curieuse. Cette sorcière est Vénus elle-même ; elle a pris ce déguisement pour voir de plus près l'orgueilleuse mortelle qui lui ravit son fils, et pour la faire tomber plus facilement dans le piège qu'elle a tendu, Aidé par les sœurs de Psyché, elle voit complettement réussir son projet et parvient à s'emparer de sa victime. Mais bientôt arrive l'amour avec un brevet d'immortalité pour sa femme. La mésalliance n'existant plus, les deux amans s'empressent d'arriver au dénouement.
Cette pièce a paru froide, quelques murmures ont d'abord rendu le succès douteux ; mais MM. Théaulon et Dartois en ont été quittes pour la peur.
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