Psyché
Psyché, ballet en trois actes de Pierre Gardel, musique de Müller (ou Miller), 14 décembre 1790.
Académie royale de Musique.
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Titre :
Psyché
Genre
ballet
Nombre d'actes :
3
Musique :
oui
Date de création :
14 décembre 1790
Théâtre :
Académie royale de Musique
Chorégraphe(s) :
M. Gardel cadet
Compositeur(s) :
M. Müller (Miller)
Le livret du ballet a d’abord paru chez P. de Lourmel, à Paris, en 1790.
Sur la page de titre de la brochure du ballet de 1790, à Bruxelles, chez Deboubers, 1795 :
Psyché, ballet-pantomime en trois actes, Par M. Gardel : Représenté, pour la premiere fois, sur le Théatre des Arts, le 14 Décembre 1790.
Page 5, l’ouvrage de Gardel est qualifié de « ballet d’action ».
Sur la page de titre de la brochure de l’an 5, à Rouen, de l'Imprimerie de Montier-Dumesnil :
Psyché, ballet-pantomime en trois actes, Par M. Gardel : Représenté, pour la premiere fois, sur le Théatre de l’Académie Royale de Musique, le 14 décembre 1790 ; Remis au Thé$âtre des Arts de Rouen, par le citoyen Hus fils, Maître des Ballets de ce Spectacle, en Messidor, de l’an V.
Dans la brochure de l’an 5, figure un texte préliminaire, intitulé :
Très-courtes réflexions de l’auteur.
Depuis longtemps mes amis me conseilloient d’essayer mes foibles talents sur le sujet de Psyché, sujet immortalisé par le divin La Fontaine. D’abord, mes refus étoient constants, parce que je savois que MM. Noverre & D’Auberval avoient tous deux donné des preuves de leur génie sr ce même sujet, & que je ne craignois les comparaisons qui ne pouvoient tourner à mon désavantage ; cependant je lus les Programmes de ces deux Maîtres, & je m’apperçus qu’ils n’avoient aucune ressemblance, & que par conséquent ils ne pouvoient être comparés : cela fit luire en moi un rayon d’espérance. Je pris aussi-tôt Apulée, La Fontaine, Molière, & le charmant poëme de M. L’Abbé Aubert, et je vis qu’il m’étoit aussi facile d’éviter d’être comparé à MM. Noverre & D’Auberval, qu’il avoit été facile à ce dernier de l’être à M. Noverre. Au même instant je me mis à l’ouvrage, & je ne sais encore si, à l’aide des idées que les grands Poëtes, que je viens de nommer, m’ont donnés & inspirés, je suis parvenu au but que je m’étois proposé.
Je ne doutois pas que quelques personnes répandroient (comme elles l’ont déjà fait) que ce Ballet n’est pas de moi ; mais je me suis rappellé qu’elles avoient mises mon Télémaque sur le compte de plusieurs Artistes qui n’y avoient jamais pensé, & cela ne m’a pas arrêté ; peut-être est-ce un malheur ; peut-être aussi ai-je été trop téméraire d’oser me mesurer avec deux Adversaires aussi redoutables ; mais la carrière des Arts, ainsi que celle des Armes, ne se parcourent pas sans cette témérité, qui souvent assure le succès. Au reste, si l’on veut bien comparer les trois Programmes, on me saura gré du moins d’avoir cherché à vaincre les difficultés que la crainte de la ressemblance m’a présentée à chaque Scene de mon Ouvrage.
Gardel.
Le citoyen Hus au public de Rouen.
Si l’on envisage que les grandes difficultés qu’offrent la mise du Ballet de Psyché, sans doute on jugera téméraire un jeune Artiste d’avoir entrepris de le monter, sur-tout dans un Théatre où les défauts de localité n’offroient que des obstacles ; mais si le Public ne daigne apercevoir dans cette démarche qu’un nouveau désir de lui plaire, il lui saura gré d’avoir transmis ce célebre Ouvrage du citoyen Gardel, & de lui offrir de nouveau les talents du citoyen Laborie, qui s’est acquis une réputation justement méritée dans le rôle de Zéphir qu’il a créé à Paris. Les talents que la citoyenne Lombard a déployés dans l’Art de la Pantomime, ne laissent aucun doute sur la manière dont elle rendra le rôle de Psyché.
On me dira : Voilà bien deux principaux personnages qui seront l’ornement du Tableau ; mais à qui ferez-vous jouer Vénus, l’Amour, Flore ? Qui dansera ce beau Pas de la Leçon de danse donnée par Terpsicore, &c. ? Comment pourrez-vous présenter tour-à-tour une esquisse du Temple de Vénus, le Péristile du Palais de Psyché, le vol de Zéphyr, ensuite le retour de ce dernier avec Psyché portés sur des nuages, l’Enfer, la gloire de Jupiter, l’Olympe ? Comment soutiendrez-vous le luxe qu’exigent les Costumes pour un pareil ouvrage Qui formera le cadre du Tableau ? Voilà la grande difficulté, & d’avance j’en suis pénétré. Cependant, je répondrai : Le cit. Rivière, quipoartage le désir que j’ai de varier les plaisirs du ¨Public, est chargé du rôle de l’Amour. Peut-être, jeune Emule & admirateur comme moi des talents du citoyen Laborie, parviendra-t-il à mériter les encouragements que le Public lui a prodigués.
Quant au rôle de Vénus, la citoyenne Richardy a bien voulu l’accepter ; persuadée, ainsi que moi, que le Public ne jugera, dans cette démarche, que on empressement à nous seconder.
Dans celui de Flore, offrir la jeune Guingret, que vous honorez de votre suffrage, c’est lui fournir les moyens de s’en rendre digne, en redoublant d’efforts pour le mériter.
A l’égard du Pas de Deux de Terpsicore, c’est au citoyen Gardel, Auteur du Ballet, que je m’adresse. Dans l’impossibilité où j’étois de transmettre cette Scene, n’ayant que deux Danseuses, l’une chargée du rôle de Pysché, & l’autre de celui de Flore, j’ai cru pouvoir prendre sur moi d’altérer la vérité, en supposant qu’au lieu de Terpsicore, Zéphyr & Flore donnoient la leçon de danse à Psyché ; il me le pardonnera sans doute : d’ailleurs, ce Pas de Trois, qui n’est qu’une composé de celui de Deux, qui se danse journellement au Théatre des Arts à Paris, a fourni au citoyen Laborie l’occasion de se multiplier.
Pour ce qui regarde les Décorations & les Costumes, je laisse aux connoisseurs à apprécier les talents du Décorateur, & à lui rendre la justice qu’il mérite ; j’ajouterai seulement que le citoyen Cabousse, directeur de ce Spectacle, s’est prêté à toutes mes demandes ; qu’il a fait les plus grands sacrifices pour monter cet Ouvrage avec toute la pompe dont il est susceptible. Sans le peu de temps que nous avons à jouir des talents du citoyen Laborie & de la citoyenne Lombard; nous eussions fait plus ; mais il étoit de toute impossibilité au Décorateur d’en fournir davantage.
Reste l’exécution générale du Ballet. Eh bien ! J’ose espérer qu’à l’aide des talents & du zele de tous mes Camarades, jaloux comme moi de vous plaire, nous parviendrons à la rendre intelligible. Si par malheur je m’étois trompé, l’idée que j’aurai tenté, par ce nouvel effort de mériter l’indulgence dont vous m’honorez depuis mon séjour en cette Commune, me dédommagera amplement. C’est dans ces sentiments que je me dis du Public l’humble serviteur.
Hus, Fils.
Sur la revendication par Pierre Gardel du statut d’auteur, on peut lire l’article de Vannina Olivesi (CRAL - Centre de recherches sur les arts et le langage), « Se dire auteur de ballets pantomimes : Psyché de Pierre Gardel, 1790-1791 », in Marie Cléren, Caroline Mounier-Véhier, Laura Soudy-Quazuguel, Céline Torrent, Formes, emplois et évolution du livret de ballet de la Renaissance à nos jours, Classiques Garnier, 2021, 978-2-406-12004-9.
Mercure de France, tome CXXXIX, n° 52 du samedi 25 décembre 1790, p. 159-160 :
[Pas grand chose à se mettre sous la dent pour le critique. L’Académie Royale de Musique n’a présenté comme nouveauté qu’un ballet pantomime, et le critique ne sait comment en rendre compte : on ne peut l’apprécier qu’en le voyant. Il en vante les qualités, nées de la collaboration de tous (machiniste, décorateur, danseurs). Le sujet n’est pas neuf, mais Gardel a su le rénover. Rien sur la musique.]
Il y a longtemps que nous n'avons entretenu nos Lecteurs de Spectacles. Les Théatres qu'on appeloit grands, lorsque les petits ne représentoient que des farces indignes de quelque attention, n'ont point donné d'Ouvrage susceptible d'un examen détaillé. On voit bien sur notre premier Théatre Lyrique, nommé l'Opéra, un superbe Ballet pantomime, intitulé Psyché, de la composition de M. Gardel , mais nous ne pouvons parler que de son succès &de son mérite, tous deux très-distingués. Il faut voir une Pantomime pour la bien juger : toute analyse en détruit l'effet. Nous nous contenterons de dire que celle-ci réunit tout ce qui peut charmer les yeux & intéresser l'ame ; que la disposition du sujet, les tableaux charmans que le Maître de Ballet y a introduits, que les idées ingénieuses du Machiniste, l'habileté du Décorateur, le talent prodigieux des Exécutans, tout concourt à en faire le plus beau Spectacle du Monde. Nous ajouterons, pour couronner cet éloge, que MM. Noverre & d'Auberval ont traité le même sujet, & que M. Gardel a eu l'art difficile de le traiter après eux, d'une manière également intéressante , mais sans leur ressembler.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 1 (janvier 1791), p. 299-305 :
ACADÉMIE ROYALE DE MUsIQUE.
Le mardi 14 décembre, on a donné la premiere représentation de Psyché, ballet-anacréontique en trois actes, de M. Gardel.
Tout le monde a vu le superbe ballet de Télémaque ; tout le monde a été enchanté de la fraîcheur des tableaux & de l'expression de chaque scene, On a admiré la fécondité de M. Gardel dont la danse noble & savante avoit été tant de fois applaudie ; on ne croyoit pas que le talent pût aller plus loin. M. Gardel, ne pouvant plus être vaincu par personne, dans son art, a tenté de se surpasser lui-même ; il y a réussi en composant le ballet de Psyché.
Ce sujet avoit déja été traité par un grand maître, M. Noverre ; & par un compositeur habile, M. Dauberval. Ces artistes ne s'étoient point imités ; M. Gardel n'a également imité ni l'un ni l'autre.
Le théatre représente une vaste campagne ; on voit sur la gauche la statue de Vénus devant son temple, sur la droite le palais du roi, pere de Psyché, & dans le fond la mer qui se brise aux pieds d'un rocher extraordinairement élevé. Zéphyre arrive, il bondit, il voltige avec ses ailes d'or, il folâtre en attendant l'Amour ; il s'approche des eaux, son souffle les gonfle ; il s'en éloigne, les eaux s'appaisent. L'Amour paroît, il peint à son ami les tourmens de son cœur, il s'est blessé lui-même, il adore Psyché, simple mortelle, mais d'une si grande beauté que Vénus même en est jalouse. Le bruit d'une fête force l'Amour & Zéphyre à s'éloigner ; une troupe de jeunes amans forme des danses agréables, & offre des fleurs à Vénus. Psyché, suivie de son pere, de sa mere, de ses sœurs & de leurs époux, lui présente un panier de colombes ; mais son hommage est repoussé : le tonnerre gronde, la terre tremble, la statue de Vénus disparoît, tout s'enfuit, Psyché reste seule sur les marches de l'autel ; le bruit cesse, elle se rassure, elle s'enhardit, elle cherche la cause du miracle ; enfin elle pousse la témérité jusqu'à se placer elle-même sur le piédestal de la statue de Vénus, dont elle prend la position. sa vanité est satisfaite, mais il lui faudroit des témoins ; elle rappelle ses parens, les jeunes amans, & elle court se replacer sur l'autel Ils la trouvent belle comme Vénus, & ils lui rendent les mêmes honneurs Le tonnerre gronde, la foudre brise le temple, & on lit dans un nuage, en caracteres de feu, une inscription dont le sens est que » Psyché doit s'unir à un monstre sur le rocher ; que rien ne peut la soustraire à ce châtiment «. La douleur accable les parens de Psyché. Le peuple sort pour parer la victime, l'Amour exprime à Zéphyre tout son désespoir, il lui montre le rocher où Psyché doit périr, il n'espere qu'en lui seul pour la sauver. Vénus veut raconter à l'Amour l'outrage qu'elle a reçu de Psyché; il dissimule : un char brillant sort du sein des flots, Vénus s'y asseoit, les néréïdes & les tritons l'entourent, le char fend la surface des eaux, il s'éloigne ; l'Amour & Zéphyre, montés sur le rocher, le suivent des yeux. L'Amour s'éloigne ;- il tremble pour Psyché, il recommande à Zéphyre de bien saisir le moment.
Une marche lugubre annonce l'arrivée de la malheureuse victime. Tout le peuple la suit en pleurant. Elle gravit lentement le rocher : parvenue au faîte, elle se met à genoux, sa mere s'évanouit ; mais, au moment même Zéphyre, fidele aux ordres de l'Amour, enleve Psyché ; elle file rapidement dans les nuages, comme ces feux qu'une illusion d'optique nous fait nommer étoiles tombantes.
L'idée de faire placer Psyché sur le piédestal de la statue de Vénus, est poétique ; elle motive la fureur de cette déesse. La machine qui enleve Psyché est du plus grand effet, & fait beaucoup d'honneur aux talens de M. Boulet , machiniste.
Au second acte, Zéphyre, à l'entrée de la nuit, descend Psyché sur un lit de repos dans le palais de l'Amour. Elle sort de son évanouissement, elle entend des sons touchans, c'est l'Amour ; elle le prend pour un monstre, elle le fuit ; mais il est si tendre, si prenant : elle est émue, elle le questionne ; il sort, en promettant de revenir le soir. Le jour paroît, il offre à Psyché de nouveaux sujets d'étonnement. Elle parcourt les vastes salles de ce palais, dont elle admire la magnificence ; elle apperçoit une toilette, elle y court. De petits zéphyrs, grimpant aussi-tôt sur le siege, sur le miroir, sur la toilette, forment un grouppe charmant, & couronnent Psyché de fleurs. On apporte la robe nuptiale ; Flore & Zéphyre, suivies de nymphes, forment des danses & des cadres dont Psyché est toujours le tableau. Elle voudroit les imiter ; Terpsichore paroît avec sa harpe d'or, elle lui enseigne l'art de la danse. Rien ne paroît manquer au bonheur de Psyché ; mais Vénus, toujours sensible à son outrage, se présente à elle sous les traits de sa mère. Psyché lui fait part de son bonheur, elle lui montre la robe nuptiale. Vénus lui demande le nom de son époux ; elle ne peut répondre ; alors la déesse leve un rideau, elle lui fait voir un monstre épouvantable. Psyché recule d'effroi ; Vénus lui donne une lampe & un poignard ; elle se retire, en jettant sur le lit de repos un bouquet de pavots.
L'Amour revient ; Psyché , à sa voix douce & tendre, est agitée ; il s'assied sur le lit de repos, il respire l'odeur du pavot, il s'endort. Psyché saisit la lampe, s'arme du poignard, elle avance en tremblant, elle va frapper le monstre. Ciel ! elle apperçoit le plus beau des dieux, le poignard tombe, la lampe vacille dans ses mains, une éteincelle brûle les ailes de l'Amour ; il s'éveille, il s'exhale en reproches & s'éloigne, malgré le désespoir de Psyché.
Vénus vient alors s'emparer de sa proie. A sa voix Tysiphone fend la terre ; elle appelle ses sœurs ; elles saisissent Psyché qui se débat vainement, l'enlevent & la descendent aux enfers.
Au troisieme acte, le théatre représente le Tenare ; dans l’éloignement un volcan s'éleve, il vomit une lave rouge & brûlante, source du Phlégeton qui roule en bouillonant ses flots enflammés, & serpente dans ce séjour d’horreur. La lueur qu'il répand est réfléchie d'une maniere insoutenable par les énormes piliers de diamant qui soutiennent les voûtes immenses de l'abyme infernal. Dans le fond, sur la gauche, on voit le palais de Pluton, édifice digne du dieu qui y habite, & des mains qui l'ont bâti. Des antres, des gouffres, des montagnes varient cet affreux tableau : on apperçoit la retraite de Cerbere ; on voit les chaînes, les crocs, les harpons, & tous les instrumens épouvantables imaginés par les filles de l'enfer, pour le supplice des tourmentés.
Psyché paroît, elle est moins effrayée des tourmens affreux qu'on lui prépare, qu'afffigée de la perte de son époux. Les monstres la saisissent, ils l'attachent sur des crocs de fer avec des serpens ; ils jettent dans un gouffre enflammé la robe nuptiale ; ils détachent Psyché ; armés de poignards, de torches & de longues épées flamboyantes, ils la poursuivent sans lui laisser de repos ; elle fuit pour éviter leur rage sur le sommet du volcan : en ce nomment [sic ] Cerbere lâché par Tysiphone, fait entendre ses épouvantables aboyemens. Psyché chancelle & tombe dans les flots brûlans du fleuve ; les horribles furies se réjouisssent par des danses infernales.
Vénus veut jouir elle-même des tourmens de sa rivale. Tysiphone lui explique tout ce qu'elle a fait éprouver à la pauvre Psyché. Vénus n'est pas encore satisfaite ; elle ordonne aux démons de la ramener.
Psyché enchaînée, sort d'un gouffre enflammé : Vénus la fait attacher sur un rocher : on la tourmente de mille manières, elle n'y résiste plus ; les parques paroissent ; Atropos va trancher ses jours ; le cizeau fatal est suspendu ; Psyché implore Vénus, mais envain ; la déesse donne l'ordre, le fil est coupé ; Psyché tombe morte.
L'Amour paroît, il donne des marques du plus affreux désespoir, il brise son arc, ses flèches & son carquois ; Vénus est attendrie, mais elle ne peut ramener Psyché à la vie ; elle invoque la puissance de son père. Le théâtre se couvre de nuages : Jupiter paroît, il ranime Psyché, les nuages se dissipent & laissent voir l'Olympe. L'Hymen unit les deux amans ; Jupiter leur présente la coupe nuptiale. Ces nœuds & cette apothéose sont célébrés par une superbe fête, dans laquelle se mêlent plusieurs divinités de l'Olympe.
Nous avions bien raison, en annonçant ce ballet, de dire que c'étoit la création d'un poëte. Les tableaux des deux premiers actes sont frais, doux & suaves, comme ceux du Guide & de l'Albane. L'acte des enfers est terrible ; c'est le premier chant de Milton.
M. Vestris a mis la plus touchante expression dans le rôle de l'Amour, & après avoir intéressé par la vérité de sa pantomime, il a excité, dans le dernier ballet, les transports auxquels il est accoutumé. M. Laborie bondit comme Zéphyr lui-même ; Mlle. saulnier est noble & belle comme Vénus ; Mlle. Rose remplit d'après nature le rôle de Terpsicore ; & Flore ne doit pas être plus gracieuse & plus légère que Mde. Pérignon. Mlle. Miller joue avec ame & intelligence le rôle extrêmement difficile & pénible de Psyché. Enfin , si nous voulions donner à chacun le tribut d'éloge qu'il mérite, nous serions forcés de louer jusqu'aux furies.
La décoration des enfers est du plus grand effet, elle est aussi pittoresque que savamment composée,. ainsi que tout tous [sic] les ouvrages de M. Paris.
Jamais on ne vit une si grande réunion de talens, ni une exécution plus parfaite. Que les Vandales qui prétendent que la ville de Paris ne doit pas s'occuper de soutenir son opéra, aillent voir Psyché, ils reconnoîtront leur erreur !
M. Gardel a paru dans le ballet général ; il exécute comme il invente. Cet artiste intéressant & modeste a été demandé & a reçu les plus justes applaudissemens.
(Chronique de Paris.)
Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome quatrième, nivôse an XII [décembre 1803], p. 278 :
[Un compte rendu plutôt original, puisqu’il ne dit pas un mot du ballet au programme (c’est une reprise), et qu’il ne parle que des tenues des spectateurs, et surtout des spectatrices.]
THÉATRE DE L'OPÉRA.
Psyché, ballet-pantomime.
La reprise de ce ballet avait attiré la foule à la dernière représentation de l'Opéra. Le ballet a été remis avec magnificence. Jamais Zéphir Duport n'avait développé plus de grâce: toutes les femmes qui assistèrent à cette première représentation étaient en grande parure ; les jeunes-gens avaient pris leur costume d'étiquette. La sortie fut très-brillante : toutes les élégantes étaient en blanc, et portaient un spencer de satin bordé de fourrure blanche. Ce jour-là tous les schalls de cachemire, toutes les fleurs rares, toutes les plumes recherchées, tous les diamans étaient sortis : aussi les lunettes de nos incroyables se tournaient incessamment des loges au théâtre, du théâtre vers les loges. Les applaudissemens du parterre, l'aspect des premières, la coquetterie des femmes, l'empressement des jeunes gens, firent de cette soirée une soirée charmante.
D’après la base César, le chorégraphe est Gardel cadet (Pierre Gabriel Gardel), le compositeur, Ernest Louis Müller / Miller, dit Krasinsky / Graschinsky. La première a eu lieu le 14 décembre 1790, et le ballet a connu un vif succès tout au long de la décennie (et sans doute au delà !). Castil-Blaze, dans Théatres lyriques de Paris, l’Académie impériale de musique, tome premier (Paris, 1855), p. 526, parle à son propos et à celui de Télémaque de « fortune prodigieuse », et le crédite de 925 représentations.
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