Il Re Teodoro a Venezia

Il Re Teodoro a Venezia, opéra en 2 actes, livret italien de Casti, livret français de Pierre Ulric Dubuisson, musique de Paisiello, le 21 février 1789.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Re Teodoro a Venezia (il)

Genre

opéra italien

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

 

Musique :

oui

Date de création :

21 février 1789

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

Casti (en italien), Paul Ulric Dubuisson (en français)

Compositeur(s) :

Paisiello

Le « dramma eroi-comico » en deux actes de Casti et Paisiello a été créé le 23 août 1784 à Vienne. Première représentation en français, à Fontainebleau,le 28 octobre 1786 (livret de Paul Ulric Dubuisson). première représentation à l’Académie royale de musique le 11 septembre 1787, sur un livret de Pierre-Louis Moline.

Mercure de France, n° 11 du 14 mars 1789, p. 100-104 :

[La pièce a rencontré un grand succès, croissant de jour en jour, et le critique attribue cette réussite à la qualité des acteurs de la troupe italienne du Théâtre de Monsieur : ils ont reçu « les leçons du Maître lui-même », et représentent le modèle de l’interprétation (fondé sur le respect de la mise en scène originelle plus que sur l’innovation). Un peu longue, la pièce a été heureusement raccourcie : sa durée est désormais « proportionnée à celle de l'attention des Auditeurs ». Comme le sujet est connu, inutile de faire l’analyse, le critique passe directement aux acteurs dont il va examiner successivement la qualité, en matière de chant et de capacité à jouer : « la voix superbe & l'excellente méthode » pour l’un, « beaucoup d'entente de la scène, & de l'adresse dans sa manière de chanter » pour une autre (même si sa voix est « un peu fatiguée »). L’ensemble des jugements portés est favorable. Sur l’opéra, deux reproches : la fin, à laquelle il est reproché de laisser en prison le personnage principal (le Roi Théodore), alors qu’il suscite l’intérêt des spectateurs : c’est une faute. Et l’utilisation d’airs étrangers à la partition : ce second reproche n’est pas partagé par le critique, ces airs étrangers à l’opéra (les uns de Paisiello, les autres de Zingarelli) étant bien adaptés aux capacités vocales des interprètes. Appréciation très positive de l’orchestre et du travail de l’adaptateur dont les coupures sont jugées pertinentes (elles portent sur « les longueurs & les futilités du dialogue »). On finit par l’annonce de la publication d’une brochure donnant le livret en français. Le travail du traducteur est particulièrement apprécié.]

THÉATRE DE MONSIEUR.

Nous avons annoncé le succès qu'a eu sur ce Théatre il Re Teodoro à Venezia ; il n'a fait depuis qu'augmenter de jour en jour. Nous avions déjà une première idée de l'extrême beauté de cette musique ; il nous restoit à l'entendre exécuter dans sa pureté originale par des Acteurs qui , ayant reçu les leçons du Maître lui-même, avoient conservé ses véritables mouvemens, par des Acteurs enfin accoutumés à cet ensemble parfait qu'on ne rencontre guère ailleurs qu'en Italie. La Troupe Italienne du Théatre de Monsieur a procuré cet avantage ; & il paroît avoir été vivement senti dès la première représentation, malgré son extrême longueur. A la seconde, on a fait des retranchemens considérables, & la durée de l'Ouvrage se trouvant mieux proportionnée à celle de l'attention des Auditeurs, rien n'a plus arrêté l enthousiasme qu'il étoit fait pour exciter.

On connoît assez le sujet de cette Pièce ; nous n'avons donc à parler que des Acteurs qui l'ont chantée M. Rovedino, dont la voix superbe & l'excellente méthode font toujours un nouveau plaisir, est chargé du rôle de Théodore. Il a saisi très habilement ce mélange de noblesse & de comique , qui laisse distinguer un Aventurier chargé de représenter un personnage important. Mme. Limperani, dans le rôle de Lisette, a montré beaucoup d'entente de la scène, & de l'adresse dans sa manière de chanter, quoique sa voix soit un peu fatiguée. M. Scalzi a fait plaisir dans le rôle de Sandrin : on désireroit dans son chant un peu plus d'art & de grace. On a aussi été fort content de M. Bianchi dans le rôle de Garbolin.

Mlle. Baletti n'a que le second rôle de femme, celui de Bélise ; mais il n'y a point de second rôle pour un premier talent, & tel est celui de Mlle. Baletti. Elle chante deux Airs avec la voix la plus pure & l'habileté la plus rare. On s'apperçoit qu'elle cherche à profiter des conseils que nous lui avons transmis relativement à son articulation. On l'entend déjà beaucoup mieux dans le récitatif. Mais ce n'est pas en un jour qu'on peut rectifier une habitude ; il lui reste beaucoup à faire pour acquérir cette qualité. On doit néanmoi[n]s lui savoir gré de ses premiers efforts, & l'encourager à les continuer.

M. Mengozzi , qui n'étoit engagé dans cette Troupe que pour tenir le Clavecin, y chante maintenant la partie de Ténore. On connoissoit déjà depuis long-temps le charme de sa voix, & ce goût délicat avec lequel il sait embellir son chant sans jamais l'étouffer par des ornemens trop multipliés. Sa réputation étoit faite dans les Concerts, elle s'est encore augmentée sur ce Théatre, qui paroît très-favorable à sa voix. Il a paru d'ailleurs jouer avec intelligence, & ses airs (qui ne pouvoient pas être ceux de la partition) étoicnt fort heureusement choisis.

Nous ne savons comment louer assez le naturel si vrai, si comique sans caricature, si parfait en un mot, avec lequel M. Raffaenelli a joué & chanté le rôle de Taddée. Celui qu'il avoit rempli dans le Vicende, n'avoit pu nous en donner une idée juste, & nous avouons que nous étions loin de lui croire le mérite qu'il a montré dans cette Pièce, où il joue en Acteur consommé. Nous le croyons comparable à ce que nous avons de meilleur, même en France, (& nous avons trouvé beaucoup de monde de cet avis) ; mais la manière dont il chante l'air Che ne dici tu Taddeo, nous semble ne devoir être comparée à rien.

On a fait à cet Opéra quelques reproches assez justes, d'autres injustes. S'il est de notre devoir de faire passer aux Auteurs ou aux Acteurs l'opinion publique lorsqu'elle nous paroît générale, il nous appartient également de justifier auprès du Public ces mêmes Auteurs ou Acteurs. On se plaint de ce que le Poëte Italien a fini sa Pièce en laissant en prison le Roi Théodore qui a inspiré de l'intérêt. C'est une faute sans doute, quoiqu'il y ait beaucoup de philosophie dans cette idée. L'Auteur ne devoit pas préférer la vérité historique à l'effet théatral: mais puisque cette faute est liée à la musique, on ne pouvoit plus la corriger. Si on l'a fait dans les Traductions Françoises qu'on a données de cet Ouvrage, ce n'est qu'en bouleversant plusieurs morceaux du dernier final ; mais la Troupe Italienne, plus obligée de se conformer aux intentions du Compositeur, ne pouvoit rien se permettre de semblable.

On a reproché aussi d'avoir introduit des airs qui ne sont pas de la partition. Ce reproche, que nous avons été les premiers à faire à l'égard des Vicende , n'est pas fondé pour cet Opéra-ci : on n'a changé les airs que de deux rôles. Celui de Bélise ne contient que deux morceaux très foibles, très-insignifians, faits pour une Chanteuse médiocre ; on auroit été très fâché que Mlle. Baletti les eût préférés à ceux qu'a faits pour elle M. Zingarelli, Compositeur très-distingué, & dans lesquels elle a pu au moins développer ses talens. Il est encore plus facile de justifier M. Mengozzi ; son rôle dans l'original est celui d'une Basse-taille. Il lui étoit impossible de les conserver. Ceux par lesquels il les a remplacés, sont du même Compositeur ; & la manière dont il les chante ne doit laisser aucun regret.

Nous ferions aussi l'éloge de l'Orchestre, si la réputation qu'il s'est établie dès le commencement, & qu'il soutient si bien, ne le mettoit pas au dessus de tout éloge. C'est M. Mestrino qui conduit maintenant les Opéras Italiens. Les coupures ont été faites par M. l'Abbé Andrei, Poëte Italien, attaché à ce Théatre ; & on doit lui savoir gré de l'habileté avec laquelle il a élagué les longueurs & les futilités du dialogue, sans rien retrancher de ce qu'on y trouve de piquant ou de nécessaire à l'action.

On trouve au Théatre la Traduction du Roi Théodore, de l'Imprimerie de Monsieur. Cette version très-fidelle, & dans la quelle l'Auteur a conservé toute la finesse & l'élégance du style original, est d'un homme de beaucoup d'esprit, qui s'en est fait un amusement. Il s'est plu à traduire en vers blancs tout ce qui est en musique, & il a conservé le rythme de l'original ; de sorte qu'à peu de chose près, ses paroles pourroient aller sous le chant. Il a même souvent vaincu la difficulté de la rime, sur-tout dans les repos, d'une manière très heureuse ; & loin que son style se ressente de cette contrainte, il n'en est que plus cadencé, plus agréable, & plus rapproché de l'original

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome IV, p. 324 :

THÉATRE DE MONSIEUR.

On a donné à ce théâtre , plusieurs pieces qui n'ont eu aucun succès.

[...]

Mais un opéra qui a obtenu le succès le plus brillant, c'est il re Teodoro à Venezia, musique de Paisiello ; & ce succès ne fait qu'augmenter à chaque représentation. Nous avions déja une premiere idée de l'extrême beauté de cette musique ; il nous restoit à l’entendre exécuter dans sa pureté originale par des acteurs qui, ayant reçu les leçons du maître lui-même, avoient conservé ses véritables mouvemens ; par des acteurs enfin accoutumés à cet ensemble parfait qu'on ne rencontre guere ailleurs qu'en Italie.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome huitième, floréal an XII [avril 1804], p. 277 :

[Reprise réussie en 1804 : devant un public restreint, un beau succès.]

THÉATRE DE L'OPÉRA-BUFFA.

Les Bouffons vont partir : dans six semaines ils auront quitté la capitale. Il re Theodoro est leur dernier adieu aux Parisiens, et c'est sans doute pour nous donner des regrets que cet ouvrage est celui qu'ils ont le mieux joué de tous. Aussi la foule s'empresse-t-elle d'aller entendre Mme. Strina Sacchi et Martinelly : quand je dis la foule, c'est-à-dire, la société choisie qui seule fréquente ce spectacle.

La base César signale il Re Teodoro, opéra, joué le 21 février 1789 au Théâtre de Monsieur. Elle n’en connaît pas les auteurs.

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