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La Rencontre en voyage

La Rencontre en voyage, opéra-comique (comédie en un acte, en prose, mêlée d’ariettes), paroles de Pujoulx, musique de Bruni, 9 floréal an 6 [28 avril 1798].

Théâtre Feydeau.

Titre

Rencontre en voyage (la)

Genre

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

9 floréal an 6 [28 avril 1798]

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

M. Pujoulx

Compositeur(s) :

M. Bruni

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Migneret et chez Vente, an VI ;

La Rencontre en voyage, comédie en un acte, en prose, mêlée d’ariettes, Par le C.en B. Be. Pujoulx ; musique du C.en Bruni. Représentée pour la première fois au Théâtre Feydeau, le 9 Floréal, an 6 de la République.

La page de titre est précédée d'un avertissement sur la lutte contre la contrefaçon :

AVERTISSEMENT.

On prévient le Public, qu'un grand nombre d'Auteurs dramatiques ayant cherché le moyen de parer aux contre-façons, s'est déterminé à faire exécuter un Cachet identique qu'il sera impossible d'imiter, et qui sera déposé au Bureau dramatique établi rue Helvétius, N.° 664, près celle Chabanais. Ce Cachet, la propriété des Auteurs, sera empreint sur chaque exemplaire. Mais ce moyen ne pouvant pas être d'une exécution très-prompte, on prévient, en attendant, que tous les exemplaires de la Rencontre en voyage, et d'autres Pièces s'il y a lieu, seront signés du Fondé de pouvoirs des Auteurs dramatiques, à l'adresse ci-dessus indiquée.

Nota. Comme il pourroit se faire que les pièces de théâtre fussent contre-faites dans les Départemens, les Correspondans des Auteurs dans chaque Département sont invités à poursuivre, aux termes de la Loi, tout contre-facteur ou vendeur de contre-façons, s'il s'en découvre.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an VI, troisième trimestre, n° 23 (20 Floréal an VI), p. 304-305 :

[Jugement plutôt positif d’une pièce à qui on peut bien sûr reprocher de la lenteur (c’est un reproche récurrent), que la musique ne fait pas oublier. Un peu d’invraisemblance, un peu d’inconvenance, mais le comique des situations « est fort bien saisi », ce qui a entraîné le succès de la pièce. Éloge discret du compositeur.]

Théâtre de la rue Feydeau.

La Rencontre en voyage.

Un Jeune espagnol, Dom Raphaël, se rend à Cadix, incognito., pour y étudier tout à son aise le caractère de la fille d'un banquier, nommée Constance, que sa famille veut lui faire épouser. Un jeune français se rend aussi à Cadix pour y demander en mariage la fille d'un banquier dont il est devenu amoureux à Bordeaux, où elle a demeuré trois mois avec une tante. Les deux jeunes gens se rencontrent dans une auberge sur la route de Cadix. Le français plein de lui-même et de ses conquêtes galantes, veut faire de l'espagnol un homme à bonnes fortunes, et lui apprendre les moyens de plaire à toutes les femmes.

Une occasion se présente de mettre la leçon en pratique ; on-annonce l'arrivée d'un voyageur avec sa fille ; le Français gage qu'il se fera aimer d'elle avant la fin; du jour, et l'Espagnol parie le contraire. Heureusement pour le Français, cette jeune personne est celle qu'il a vue à Bordeaux, cette même Constance que Dom Raphaël va chercher à Cadix, sans la connaître. A la vue du Français, surprise, émotion de la part de Constance, égale surprise du coté de l'Espagnol qui admire déjà ce commencement de succès.

Le père de Constance vient de recevoir une lettre de la famille de Dom Raphaël, qui l'instruit des projets du jeune homme, et de l'incognito qu'il veut garder. D'après cette lettre, le père imagine que Raphaël pourrait bien être un des deux jeunes gens rencontrés dans l'auberge. La figure du Français lui a plu ; il désire trouver en lui le vrai Dom Raphaël, ne doute bientôt plus de ce qu'il désire, se conduit en conséquence, et facilite au Français un tête à tête avec sa fille, ce qui n'est pas très-convenable, mais fournit une scène piquante par l'étonnement toujours croissant de l'Espagnol qui ne conçoit pas comment la séduction a pu gagner jusqu'au père. Enfin, tout s'éclaircit et s'arrange au gré des deux amans.

Voilà les situations dont le comique fort bien saisi a fait réussir la pièce, malgré quelques invraisemblances ; la confiante précipitation du père, sur-tout, est au moins extraordinaire, nous ajouterons que la fatuité du Français pourrait avoir plus de grâces, et quelquefois un meilleur ton ; il dit à l'Espagnol, qui part, ainsi que lui, pour Cadix: Vous avez des mulets, moi je cours la poste ; où l'Espagnol marche, le Français vole. Cela n'est pas poli. Il y a aussi quelques lenteurs dans la marche de la pièce, et la musique, quoique très-agréable, ne les sauve pas, ou les fait mieux sentir encore, parce qu'elle arrive souvent quand on a tout dit, défaut ordinaire aux opéra comiques qui sont plus chargés d'intrigue que de tableaux, et dont le développement ne peut se faire sans le continuel secours du dialogue.

Les paroles sont du C. Pujoulx, la musique est du C. Bruni. On retrouve dans plusieurs morceaux, et sur-tout dans un duo très,applaudi, le chant facile et gracieux du compositeur de Claudine, de Toberne, etc.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1798, tome I, p. 274-275 :

[Compte rendu étonnamment neutre, qui ne dit rien sur la pièce, en dehors du récit de l’intrigue et d’un jugement positif sur le côté amusant qui naît de l’opposition entre Espagnol et Français. Rien non plus sur la musique, en dehors du nom du compositeur, qui a déjà connu le succès.].

Le petit opéra de la Rencontre en Voyage, joué dernièrement sur le théâtre Feydeau, a eu beaucoup de succès. Voici quel en est le sujet.

Un jeune Français et un jeune Espagnol qui vont à Cadix, se rencontrent dans une auberge à quelques lieues de cette ville. Rassemblés par la circonstance, ils se racontent mutuellement le but de leur voyage : l'Espagnol va épouser une jeune personne qu'il ne connoît pas, et dont il n'est pas connu ; mais il veut se présenter à elle sous un nom emprunté, et ne prétend l'épouser qu'au cas où il lui plairoit.

Le Français, au contraire, se rend à Cadix pour épouser une jeune personne qu'il a vue il y a trois ans, qu'il aime et dont il est aimé, et que vingt bonnes fortunes, dit-il, n'ont pu lui faire oublier. L'Espagnol, dont le caractère est bien différent, s'étonne que le jeune Français fasse si facilement des conquêtes : lorsqu'il arrive dans l'auberge, une jeune personne paroît avec son père. Le Français parie que, s'il veut, il rendra dans la journée cette jeune personne amoureuse de lui; l'Espagnol parie le contraire. Constance, c'est le nom de cette jeune personne, entre et reconnaît dans le jeune Français un amant qu'elle n'a pas vu depuis trois ans, et le Français reconnoît la maîtresse qu'il alloit chercher à Cadix, et qui est en même temps celle que l'Espagnol vouloit éprouver. Le père de Constance reçoit dans le même moment une lettre qui lui annonce le dessein de son gendre futur, et lui apprend qu'il doit être à Cadix. Cependant l'aubergiste lui ayant certifié que tous les voyageurs qui avoient passé la nuit dans l'auberge y étoient encore, il s'assure que ce ne. peut être que l'un des deux jeunes voyageurs qu'il vient de voir, et croit que c'est le Français qu'il surprend aux genoux de sa fille pendant une partie de piquet qu'il fait avec l'Espagnol. Il le force à signer une promesse de mariage, et est fort étonné quand il voit sa signature ; il l'est encore bien plus quand il apprend que l'Espagnol est le gendre qu'il attendoit, et qu'il y a trois ans que sa fille aime le jeune Français. Comme il ne veut pas forcer ses inclinations, et que l'Espagnol ne vouloit l'épouser qu'au cas où il en seroit aimé, tout s'arrange très-facilement, et Constance épouse son amant. Tel est le fond de cette petite pièce que l'auteur a su rendre très-amusante par le contraste du caractère de l'Espagnol et du Français : le rôle de ce dernier a été parfaitement joué par le citoyen Jausserand.

L'auteur des paroles est le citoyen Pujoulx, et celui de la musique le citoyen Bruni. Celui-ci avoit déjà fait preuve de talent dans un opéra intitulé La Forêt de Sicile, joué dernièrement au théâtre Montansier.

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-septième année, tome V, p. 215-217 :

THEATRE DE LA RUE FEYDEAU.

La Rencontre en voyage, opéra.

Cette nouvelle pièce a eu un succès brillant & mérité.

Deux jeunes gens, l'un français, l'autre espagnol, sont sur le point de partir pour Cadix ; le premier y va rejoindre une jeune personne qu'il a vue à Paris ; l'amour l'entraîne. Le second y va épouser la même belle, qui est riche, qu'il n'a jamais vue ; l'intérêt le conduit. Les deux rivaux, sans se connoître, déjeûnent ensemble dans la même hôtellerie. Il s'élève entr'eux une discussion sur les femmes. Le français présomptueux, mais aimable, prétend qu'il n'est point de jolie femme qu'on ne puisse captiver quand on sait s'y prendre bien. L'espagnol récuse cette maxime reçue à Paris. Le français parie de le convaincre de cette vérité, s'ils rencontrent en voyage une jolie femme. L'espagnol tient le pari. Les enjeux sont déposés dans les mains de l'aubergiste.

Arrivent la jeune personne & son père. Surprise, joie, intérêt des deux amans à la première vue ; plus grande surprise de l'espagnol, qui ne conçoit rien à la sympathie des femmes pour les Français. Sa surprise augmente quand il s'apperçoit de l'intelligence subite des deux amans, & de la facilité du père, qui les laisse ensemble ; il le croit de moitié dans le pari. Son étonnement est au comble en retrouvant le français aux pieds de sa- belle.

Enfin tout s'explique : le père, trompé par une lettre & par quelques mots échappés, a cru reconnoître, dans le français, le futur de sa fille, & lui fait signer le contrat. L'espagnol croit rêver, le père nomme le vrai futur : c'est moi, dit l'espagnol. II se console aisément d'une aventure qui l'eût désolé le lendemain de ses nôces. Les deux rivaux refusent les enjeux. Ils restent à l'aubergiste , qui, stupéfait, & s'y perdant , observe pourtant, avec le public , que l'intrigue finit fort bien. Nous ajoutons qu'elle est fort bien conduite.

Ce joli ouvrage est parfaitement joué. Le C. Lesage a saisi à sa manière, c'est à dire divinement bien, le rôle du bavard aubergiste. Le public lui a sait répéter son dernier couplet. II est si sacile que nous l'avons retenu.

J'ai vu, craignant I'orage,
Les auteurs près d'ici.
Je leur ai dit: courage !
Et j'avois peur aussi.
Auteurs, acteurs, tout ensemble ;
Mais secondez nos vœux ;
Et nous dirons ensemble :
Le voyage est. heureux.

Ce poëme est du C. Pujoult, connu déjà avantageusement. La musique est du C. Bruni. Cet ouvrage doit ajouter encore à la réputation de ce charmant compositeur. Les auteurs ont été demandés. Leur modestie les a dérobés aux applaudissements.

Annales dramatiques: ou, Dictionnaire général des théâtres, tome huitième (Paris, 1811), p. 74 :

RENCONTRE EN VOYAGE (la), opéra en un acte, par M. Pujoulx, musique de Bruni, à l'Opéra-Comique, 1796.

Don Raphaël, jeune Espagnol, se rend incognito à Cadix pour y étudier le caractère de la fille d'un banquier, qu'on veut lui faire épouser. Il rencontre dans une auberge un jeune Français qui se rend aussi à Cadix, pour épouser la fille d'un banquier, qu'il a connue à Bordeaux. Notre compatriote veut apprendre à l'Espagnol le secret de plaire à toutes les femmes.-Précisément on annonce l'arrivée d'un voyageur avec sa fille. Il va lui donner un échantillon de son savoir faire. Le Français gage qu'il se fera aimer avant la fin du jour ; l'Espagnol tient le contraire. Comme on s'y attend bien, cette jeune personne est celle que nos voyageurs vont chercher à Cadix. Le Français, déjà connu d'elle, aimable d'ailleurs, fait des progrès très-rapides, dont l'Espagnol s'étonne de plus en plus. Le père reçoit en vain une lettre qui l'instruit des projets de don Raphaël ; le Français lui plaît, et il aime à se persuader qu'il n'est autre que le don Raphaël lui-même. Enfin tout s'éclaircit ; le Français gagne son pari, et épouse sa maîtresse. Cette petite pièce offre des invraisemblances , mais des traits comiques.

D'après la base César, la pièce a été jouée 41 fois au Théâtre Feydeau, du 28 avril 1798 au 23 avril 1799 (34 fois en 1798, 7 fois en 1799)

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