La Réunion du dix août, ou l'Inauguration de la République Françoise, sans-culottide dramatique, en cinq actes et en vers, mêlée de déclamations, chants, danses et évolutions militaires, de Gabriel Bouquier et Pierre Louis-Moline, musique de Bernardo Porta, ballets de Gardel, 16 germinal an 2 [5 avril 1794].
Opéra national.
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Titre :
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La Réunion du dix août, ou l'Inauguration de la République Françoise
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Genre
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sans-culottide dramatique, mêlée de déclamations, chants, danses et évolutions militaires
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Nombre d'actes :
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5
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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5 avril 1794
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Théâtre :
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Opéra National
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Auteur(s) des paroles :
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Bouquier et Moline
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Compositeur(s) :
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Porta
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Almanach des Muses 1794
La Réunion du dix août, ou l'inauguration de la République Françoise, sans-culotide dramatique, en cinq actes et en vers, mêlée de déclamations, chants, danses et évolutions militaires. Au peuple souverain, par les Citoyens G. Bouquier, membre de la convention nationale et du comité d'instruction publique, et P. L. Moline, secrétaire-greffier, attaché à la convention. Paris, Vatar, rue de l'Université, n. 139 et 926.
Le plus vif et le plus pur patriotisme.
Drame lyrique composé pour une fête nationale.
Les personnages sont le président et les députés de la convention, les envoyés des assemblées primaires, les membres des autorités constituées, etc. etc.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume (juillet 1794), p. 287-292 :
[Pour cette pièce éminemment patriotique, célébrant la fête donnée le 10 août 1793 pour le premier anniversaire de l’abolition de la royauté, le critique ne peut que montrer son enthousiasme devant le spectacle donné à l’opéra : il renonce à en faire le résumé (il signale simplement qu’elle reprend les étapes de la fêtes de l’année précédente), il renonce aussi à parler des prestations des chanteurs et des danseurs, globalement félicités, tout comme le compositeur, dont la tâche lui apparaît comme difficile. Il fait seulement un sort particulier aux deux acteurs chargés de rôles parlants (ce qui apparaît comme une innovation ; et il invite l'un d’eux à « ménager ses moyens physiques), ainsi qu’aux ballets, de Gardel : ils ont fait défiler toutes les catégories sociales, et en particulier des gens qu’on ne voyait sur le théâtre que pour s’en moquer, les forts des halles, auxquels le ballet rend leur dignité. De même, l’évolution de jeunes garçons n’a pu être réglée que par un militaire, et non le maître de ballet, tant leur évolution est précise et impressionnante pour l’âme des spectateurs. Le compte rendu s’achève par le constat du succès de la pièce, qui a « le double mérite d'être bien traitée dans toutes les parties, & de vivifier dans l'ame des spectateurs l'amour de la patrie & de la révolution », avant un long extrait des propos du représentant du peuple saluant les cendres des héros morts pour la patrie.]
OPÉRA NATIONAL.
La Réunion du 10 août, ou l’Inauguration de la république française, scene en cinq actes, paroles de Bouquier & Moline, musique de Portat.
On se rappelle que lors de la réunion da 10 août de l’année derniere, il y eut cinq stations, savoir, à la place où fut la Bastille ; sur le boulevard vis-à-vis le théatre de l'opéra comique national rue Favart, à la place de la Révolution, à celle des Invalides, & enfin au champ de Mars. Ces cinq stations, forment les cinq actes. Les auteurs du poème, Bouquier & Moline, convaincus d'avance que la copie de cette fête ne pouvoit jamais surpasser la beauté & le touchant de la fête elle-même, se sont attachés à la suivre dans sa marche & dans ses détails ; ils n'y présentent rien en effet qui n'ait été dit ou fait dans cette mémorable journée ; mais ils ont le mérite d'avoir su choisir habilement les traits, de les avoir çlassés dans un ordre convenable. Aussi sans cesser un instant de faire raisonner la corde patriotique, ils soutiennent l'intérêt par la chaleur des expressions, par la grace de plusieurs tirades, & par la vérité des tableaux pris tous dans les différentes classes du peuple.
On sent les difficultés que ce sujet présentoit au compositeur de la musique ; Porta y fait preuve d'un véritable talent ; ses marches, ses chœurs nombreux, ses chants, ses accompagnemens, & un grand nombre d'airs de danse ou de pantomime, ont été généralement applaudis.
Pour nous resserrer & éviter des redites, nous ne citerons en particulier aucun des artistes exécutans ni dans la partie du chant, ni dans celle de la danse. On y entend & on y voit successivement, animés de l'émulation patriotique, tous ceux qui, depuis long-tems, sont en possession de l'estime & de la faveur du public. Nous ne pouvons cependant nous taire sur une innovation que le sujet comporte avec avantage, sans présenter aucun inconvénient que celui peut-être d'une imitation moins heureuse. Deux personnages y parlent, l'ordonnateur de la fête & le président de la convention. Ces deux rôles sont très-bien rendus par Renaud & Adrien. Le dernier, chargé du rôle de président, le rend avec la simplicité & la noblesse qui conviennent à ce personnage important. La beauté de son organe donne à tous ses récits & aux tirades nombreuses dont ce rôle est composé, une onction, une chaleur & un charme qui font passer dans tous les cœurs l'amour de la patrie & le courage du républicanisme. L'expérience lui apprendra bientôt sans doute à ménager ses moyens physiques, & sur-tout à ne pas les épuiser presqu'entiérememt avant d'avoir terminé son morceau.
On sent que dans une piece de ce genre, la partie des ballets est moins un accessoire qu'une partie très-principale. L'espace ne nous permettant pas de donner aux détails leur développement, nous nous bornerons à nommer Gardel, & nous ajouterons seulement que dans les cinq actes entiers, l'ensemble est digne de ce qu'on est en droit d'attendre de. cet artiste estimable.
L’exécution est au-dessus de tout éloge. Tout ce qu'il y a d'ingénieusement imaginé par le compositeur des ballets, est rendu avec une vérité, une noblesse, une grace & un ensemble que ce spectacle peut seul offrir. Les pas des militaires canonniers, des forts de la halle & de leurs compagnes, des villageois & villageoises, des jeunes garçons auxquels leur âge ne permet encore que d'aspirer à l'honneur de servir un jour la patrie, ont été applaudis avec transport. Il est probable que les évolutions de ces derniers sont étrangeres au travail de Gardel, & que le mérite en appartient à quelque militaire bien exercé dans son art ; mais tel que soit cet instituteur, il a le droit de s'en applaudir par la précision incroyable de l’exécution & par l’effet qu'elle produit sur l'ame des spectateurs. On ne peut se défendre, en voyant cette manœuvre, & en observant l'âge des exécutans & le peu de tems employé à leur instruction, de calculer les ressources d'un peuple aussi nombreux que le nôtre, animé tout entier du même esprit, auquel on parvient aussi facilement à donner les moyens de se présenter devant l'ennemi avec autant d'avantages.
Ce moment n'est pas le seul qui frappe les yeux d'un observateur. Le pas des forts de la halle remplit l'ame des spectateurs de la joie la plus douce & la plus pure. Qu'on nous pardonne de rappeller que jadis, c'est-à-dire, il y a quatre ou cinq ans, il n'étoit possible d'introduire ces personnages sur la scene qu'en les avilissant. Dans cette piece, au contraire, leurs costumes & leurs attitudes les plus habituels y sont parfaitement conservés, mais sans charge, & cette ressemblance qui étoit nécessaire, ne fait qu'ajouter à l’intérêt. En voyant l'homme occupé pendant le cours entier de sa vie à des travaux utiles, se mêler des jeux qui ne sont pas les siens, les fautes qu'il commet font sourire ; mais combien, par la réflexion, son abandon & son insouciance sur les formes le rendent respectable, & donnent de prix à la joie commune qu'il partage !
Cette piece a été universellement applaudie, & nous lui croyons le double mérite d'être bien traitée dans toutes les parties, & de vivifier dans l'ame des spectateurs l'amour de la patrie & de la révolution.
On jugera par les vers suivans, qui ont excité les plus vifs applaudissemens, du mérite du poëme de Bouquiers & Moline. Le représentant du peuple, couvrant de palmes & de lauriers l'urne qui renferme les cendres des braves guerriers morts en défendant la patrie :
Pour terminer cette fête civique,
Restes chéris de nos braves guerriers !
Je dépose sur vous ces palmes, ces lauriers
Que vous offre la république.
De respect, d'admiration,
Le cœur attendri, l’ame émue,
Au nom de notre nation,
Restes sacrés ! je vous salue !.....
Intrépides soldats, braves républicains,
Illustres morts ! que vos destins
Sont brillant, sont dignes d'envie !.....
Heureux enfans de Mars ! votre sang, votre vie
Ont cimenté la liberté :
Celui qui meurt pour la patrie
Renaît pour l’immortalité !
Comme vous, jaloux de la gloire
Que vous avez su mériter,
En célébrant votre mémoire,
Nous jurons de vous imiter. !
. . . . . . . . . . . .
Ah ! reposez en paix dans le sein de la gloire !
Vous ne serez point outragés
Par des sanglots & par des larmes. !
Dignes héritiers de vos armes,
Comme vous nous mourrons, ou vous serez vengés !
Votre fierté, votre courage,
Ont embrasé nos coeurs du plus juste courroux !
Dans l'accès d'une sainte rage,
Tous les tyrans vont tomber sous nos coups,
Nous acheverons votre ouvrage,
Ou nous mourrons clignes de vous !
(Journal de Paris ; Annonces & avis divers.)
Le site Chronopera permet de donner une liste des représentations de la pièce :
soit 38 représentations en 10 mois.
La base César ajoute 3 représentations, en janvier 1796 (les 4, 12 et 14). Elle répartit l'ensemble de ces représentations entre l'Opéra (salle de la Porte Saint-Martin) et l'Académie royale de Musique, à compter du 26 juillet 1794). Mais l'Académie royale de Musique ne porte plus ce nom depuis longtemps...
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