La Revue de l'an 7, vaudeville en un acte et en prose, d'Allaire, 1799, imprimée.
Théâtre des Jeunes-Élèves du boulevard.
Goizet, Dictionnaire universel du Théâtre en France et du théâtre français à l'étranger, tome 2, p. 28. donne à Allaire un coauteur en la personne d'Alissan de Chazet. Mais je n'ai pas trouvé d'autre source pour cette collaboration.
D'après la base César, pièce d'auteur inconnue, représentée 5 fois au Théâtre des Jeunes Élèves du 11 au 30 septembre 1799 [25 fructidor an 7-8 vendémiaire an 8].
Bien qu'ayant feuilleté le Courrier des spectacles entre juillet et octobre 1799, je n'ai pas trouvé trace de représentations de la pièce...
Marcellin Pellet, Variétés révolutionnaires [Paris, 1885], II. Les revues de fin d'année au théâtre sous le directoire et le consulat, p. 25-28 :
[Marcellin Pellet souligne d'abord la forte ressemblance avec la pièce de l'année précédente, la Revue de l'an 6. Même intrigue, même moyen pour trouver le bon gendre. Puis il donne de larges extraits de la pièce, dont plusieurs couplets. Il montre à deux reprises le lien de la pièce avec le contexte politique : la possible préparation d'un coup d'État, auquel Bonaparte pourrait bien préparer les esprits, et, dans le vaudeville final, la lassitude de tous après huit années de guerre et l'unanimité du souhait de paix.]
La Revue de l'an VII, en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles par le citoyen Allaire, membre du Lycée des arts, représentée le 28 messidor an VII (18 juillet 1799), est calquée sur la Revue de l'an VI. Les personnages sont Préval, libraire ; Célestine, sa fille ; Prosper, amant de Célestine, et Hippolyte, ami de Prosper. L'intrigue est identique : il s’agit toujours d'un mariage auquel le père s'oppose ; les rôles à transformations sont tenus cette fois par deux personnages au lieu d'un.
Préval, marchand libraire, attaque, lui aussi, les romans anglais, ce qui prouve à quel point le public en était obsédé à cette époque, et, faisant allusion à la politique commerciale et économique du Directoire, il s’écrie :
Ah! proscrivons-les promptement
Comme marchandises anglaises.
Prosper survient et demande Célestine en mariage. Mais Préval, « en ce siècle où l'or est prostitué », veut avant tout un gendre homme d'esprit.
Pour dégoûter le brave libraire des gendres trop spirituels, Prosper et son ami Hippolyte organisent une procession de personnages grimés qui viennent jouer devant le vieillard des rôles extravagants.
Ainsi Hippolyte apparait en fournisseur des armées et demande la main de Célestine en se vantant de ses habiles dilapidations:
Je fournis mille bagatelles,
Du linge, du blé, des habits,
Du bois, des souliers et des selles,
Et toujours à très juste prix.
Je fournis du vin souvent aigre,
Des étoffes de cent couleurs,
Et même parfois du vinaigre
Qu'on nomme des quatre...
PRÉVAL, achevant.
… voleurs.
HIPPOLYTE.
D'après ce qu'il vient d'entendre,
Monsieur voudrait-il me prendre
Déjà pour un voleur ?
PRÉVAL.
Non, monsieur, mais pour un fournisseur.
HYPPOLYTE.
C'est qu'on pourrait s'y méprendre.
Après cette exécution des fournisseurs des armées de la République, Prosper rentre déguisé en juif allemand entrepreneur de fêtes publiques, d’ascensions de ballons et d'illuminations, métier excellent depuis que Bonaparte a pris l'habitude de faire mousser ses victoires afin de préparer les esprits à un coup d'État. Le juif allemand fait l'éloge des aéronautes :
De nos grands hommes d'à présent
C'est l’image la plus fidèle.
Tel d’entre eux, aujourd'hui puissant,
Demain, je le vois qui chancelle.
Il en est ainsi d'un ballon,
Il s’enfle beaucoup et s'élève,
Maisj'entends siffler l’aquilon,
Et voilà le ballon qui crève.
Préval se rend compte d’une chose, c'est que les gens spirituels peuvent laisser parfois à désirer sous le rapport de la moralité. Il capitule comme Dupont, et accorde sa fille à Prosper. Le vaudeville final est à citer, car il exprime les vœux unanimes des Français pour la paix après huit longues années de guerres :
Souvent, au milieu des alarmes
On voit éclore de beaux jours.
Peut-être que du sein des armes
La paix renaîtra pour toujours.
Pour embellir notre patrie
Cet heureux moment viendra-t-il ?
La triste humanité s'écrie :
Ainsi soit-il ! ainsi soit-il !
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