La Rivale d’elle-même

La Rivale d’elle-même, comédie en un acte mêlée d’ariettes, livret de Bins de Saint-Victor, musique de Jean-Pierre Solié,12 vendémiaire an 9 [4 octobre 1800].

Théâtre Favart.

Pièce à ne pas confondre avec la Rivale d’elle-même, comédie en trois actes et en vers, de Fillette-Loraux, créée sur le Théâtre royal de l’Odéon, le 6 juillet 1816.

Titre

Rivale d’elle-même (la)

Genre

opéra-comique (comédie en un acte mêlée d'ariettes)

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

12 vendémiaire an 9 (4 octobre 1800)

Théâtre :

Théâtre Favart

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

Jean-Pierre Solié

Courrier des spectacles, n° 1310 du 13 vendémiaire an 9 [5 octobre 1800], p. 2-3 :

[Rien n’a pu sauver la pièce, ni les acteurs, ni la musique, et elle a tout juste pu aller à son terme. L’intrigue est un tissu d’invraisemblances, que le critique se plaît à souligner. Elle repose sur les travestissements d’une « jeune veuve », qui change d’identité, puis s’habille en homme, pour tenter de savoir si elle est vraiment aimée. Après mille péripétie, elle finit pr avouer son amour. L’article tourne au réquisitoire : le personnage principal, « une franche coquette » ; le style, un mélange d’imperfections, de trivialités, d’équivoques ; des invraisemblances impardonnables. La pièce a été à juste titre sévèrement jigée, et on ne regrettera que quelques morceaux d emusique.]

Théâtre Favart.

Le talent des acteurs et quelques morceaux de musique très-agréables, n’ont pu garantir d’une chûte la pièce de la Rivale d’elle-même, que l’on vient de donner pour la première fois sur ce théâtre. C’est tout-au-plus si les improbations multipliées des spectateurs ont permis de conduire jusques à la fin cet ouvrage, dont le moindre défaut est un enchaînement continuel d’invraisemblances.

Dorval est devenu amoureux d’une jeune veuve dans une promenade ; depuis il l’a suivie par-tout et s’est introduit dans un bal qu’elle fréquentoit. Cette femme, qui n’a pas été heureuse en mariage, et qui dès-lors a conçu la plus forte prévention contre les hommes, s’est en quelque sorte amusée de cet amant, au point de se donner pour miss Burton, nom d’une anglaise de ses amies qui se trouvoit au même bal. Mais un lustre en se détachant a écrasé dans sa chûte la véritable miss Burton. Dorval ne doute pas avoir perdu celle qu’il aimoit ; il est depuis ce tems plongé dans une profonde mélancolie, et a pris le parti de voyager. Arrivé à Bordeaux, il apperçoit à la fenêtre d’une auberge un jeune homme qui a tous les traits de celle qu’il regrette ; c’est effectivement la jeune veuve qui se plaît à porter d’autres habits que ceux de son sexe. Trompé par cette apparence, Dorval cherche à faire la connoissance de ce jeune homme, qui pour donner le change sur cette ressemblance, se dît le frère de cette miss Burton. La veuve, aidée de sa femme-de-chambre, se sert de cette rencontre pour juger si elle est réellement aimée. On gagne Frédérick, domestique de Dorval, et on le met dans la confidence ; il est employé à remettre des lettres qui devoient vraisemblablement jetter du jour sur l’intrigue , et qui n’ont fait que l’embrouiller. Dans l’une, le prétendu Burton annonce à Dorval qu’il est obligé de s’absenter pendant deux jours, et le prie de recevoir miss Burton, sa sœur cadette, qui doit arriver le jour même. Cette sœur ne tarde pas à paroître , et c’est toujours la jeune veuve qui, chose inconcevable, n’est pas reconnue par Dorval. Une autre lettre qu’on fait exprès tomber entrer les mains de Dorval, et qui est censée écrite par Burton, à sa sœur , recommandoit à cette dernière de chercher à se faire aimer de Dorval, qu’il croyoit digne d’elle. Il faut bien que Dorval remette cette lettre singulière à la feinte miss Burton, il en résulte entre ces deux personnages un embarras tel que d’un côte Dorval, pour éviter les traits d’un nouvel amour, fait mettre les chevaux à sa chaise et veut partir, et que de l’autre miss Burton, pour empêcher ce départ, révèle toutes ses ruses, et fait l’aveu d’un amour qu’elle ne peut plus maîtriser.

Le ridicule du rôle de la jeune veuve qui, jusqu’au dernier moment, n’est qu’une franche coquette, les imperfections du style, la trivialité de quelques parties du dialogue, l’équivoque de certaines répliques, et sur-tout des invraisemblances impardonnables ont engagé le public à porter sur cette pièce un jugement sévère et malheureusement mérité. Ce qu’il faut regretter principalement dans cet opéra est un premier morceau d’une composition charmante et pleine de comique, chanté d’ailleurs avec un goût admirable par le citoyen Martin, et en outre une romance très-expressive.

B * * *          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1800, tome III, p. 549 :

Théâtre Favart.

La Rivale d’elle-même.

Cet opéra a été joué le 12 vendémiaire. Il n’a pu se soutenir jusqu’à la fin. La musique offroit quelques morceaux très-agréables.

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