La Robe et les Bottes, ou l’Effet d’optique, folie-vaudeville en un acte, de Dieulafoy et Gersin, 28 février 1810.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Robe et les Bottes (la), ou l’Effet d’optique
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Genre
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folie-vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ?
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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28 février 1810
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudevolle
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Auteur(s) des paroles :
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Dieulafoy et Gersin
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Almanach des Muses 1811.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1810 :
La Robe et les bottes, ou un Effet d'optique, folie-vaudeville en un acte, Par MM. Dieulafoy et Gersin ; Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 28 février 1810.
L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1810, tome IV (avril 1810), p. 273-278 :
[Le critique prévient d’emblée : ce n’est pas le fonds qui importe dans cette pièce (une nièce prise entre sa tante et son oncle), mais les détails : « si le canevas est usé, la broderie est beaucoup plus neuve ». L’intrigue tourne autour des tentatives d’un nommé de Boiscourt à la recherche d’une jeune fille richement dotée, et qui utilise le moyens de fêtes à la mode des bourgeois pour emporter l’assentiment de la tante de la malheureuse Henriette. Une bonne part de la pièce joue de ces caricatures. L’intrigue est plutôt compliquée, avec force quiproquos. Le public a applaudi une pièce gaie, des couplets piquants, des traits comiques, mais il a aussi sifflé un usage excessif des calembours dont le critique donne des exemples en effet peu convaincants. Peut-être aussi l’intrigue est-elle un peu chargée : « une répétition, une reconnaissance, un ballet, les marionnettes et la pièce curieuse » en un acte. Et la construction de l’intrigue paraît peu solide. Un paragraphe est consacré à signaler les ressemblances de la pièce nouvelle avec des succès récents, avant de les excuser (on ne peut guère les éviter). Un acteur remarqué dans une distribution qui a « en général fort bien » joué.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
La Robe et les Bottes, ou l'Effet d'optique, folie-vaudeville en un acte, de MM. Gersain et Dieu-la-Foy.
Ce n'est point dans le fonds de cette pièce qu'il faut chercher cette originalité qui distingue d'autres ouvrages des mêmes auteurs. Le fonds est assez simple : c'est comme ailleurs une tante ridicule qui veut marier sa nièce à un prétendu plus ridicule encore ; c'est un honnête homme d'oncle qui cherche à rompre ce mariage pour donner Henriette à l'amant qu'elle a préféré. Mais si le canevas est usé, la broderie est beaucoup plus neuve. La scène se passe à Lonjumeau, où M. Boiscourt possède une petite maison de campagne, attenante à un château dont le propriétaire lui a ouvert le parc. C'est là qu'il a attiré Mme. de la Poulardière, et qu'il lui donne de petites fêtes dont il espère que la dot d'Henriette lui remboursera amplement les frais. Celle dont on nous fait voir les préparatifs doit être la dernière, et précédera la signature du contrat. Elle est composée de deux parties ; d'une scène d'amour versifiée par M. de Boiscourt lui-même, et d'un ballet allégorique dont le programme est aussi de sa composition. La scène sera récitée par M. Destirades, tragédien ambulant, et par une actrice de la même force. Le ballet, mis en action par M. Zéphyr, danseur moral, sera exécuté par le cocher, la cuisinière et les autres domestiques de la maison, travestis en Amours et en Grâces : la fête sera terminée par un feu d'artifice au bout d'un Bâton. La connaissance de tous ces détails, qui offrent une critique assez piquante des fêtes que se donnent les bourgeois de Paris, a fourni à l'oncle d'Henriette le moyen de la marier à son gré. M. Dubreuil (c'est ainsi qu'il se nomme), arrivé depuis deux jours de Bordeaux où on le croit encore, n'a pas perdu un seul moment. Il a su que la fière Agnès, qui doit répéter la scène d'amour avec Destirades, n'est autre que l'épouse infidelle et trahie de ce tragédien, et il compte sur leur reconnaissance pour son premier trouble-fête. Il a rencontré un huissier qui venait arrêter M. Zéphyr au nom de ses créanciers ; il a payé ses dettes et renvoyé l'huissier, mais il fera jouer son rôle par Florville, amant d'Henriette, et il faudra bien que le pauvre Zéphyr déguerpisse au milieu de son ballet. La fête ainsi dérangée par la désertion des principaux acteurs, Dubreuil déguisé se présente pour remplir le vide qu'ils laissent, avec des marionnettes et une optique; et une fois maître du champ de bataille, il triomphera facilement. Tout se passe en effet selon ses vues. Destirades et son Agnès se disent d'abord des douceurs en vers et des injures en prose, mais bientôt la prose l'emporte et ils sortent furieux. La répétition du ballet commence, mais Florville paraît en huissier, et Zéphyr s'échappe. Alors, il faut bien accueillir le pauvre joueur de marionnettes qu'on avait d'abord repoussé cruellement. Il demande la clef du voisin pour faire entrer plus commodément son théâtre et son optique ; on la lui donne, il place l'optique devant la grille de communication, de manière à la masquer, et ses marionnettes en face. C'est par celles-ci qu'il commence son divertissement. Polichinelle chante un couplet d'annonce ; puis viennent les amours d'Arlequin et de Colombine, et Florville, caché sous le théâtre de poche, explique tout bas à Henriette, qu'on a fait asseoir auprès, ce qui pourrait n'être pas assez clair dans les avis qu'Arlequin lui donne. Des marionnettes on passe à l'optique. Henriette entre la première sous le rideau avec son ridicule prétendu ; mais celui-ci se plaint qu'il ne voit rien, ou qu'il ne voit pas ce que Dubreuil annonce. C'est là que celui ci l'attendait. Il suppose qu'il y a du dérangement dans la boîte, fait sortir Boiscourt de dessous le rideau, et y fait passer son garçon pour remédier au désordre. Ce garçon est encore Florville, sous un nouveau déguisement. Quelques momens s'écoulent. Boiscourt et sa compagnie s'ennuient de ne voir que la robe d'Henriette et les bottes de Florville au-dessous du rideau ; ils témoignent leur impatience, et Dubreuil découvrant la boîte, leur fait voir que la Robe et les Bottes sont en effet restées seules, tandis qu'Henriette et Florville s'évadaient à travers le parc du voisin. En même-temps il se fait connaître. Il déclare qu'un notaire dresse en ce moment l'acte de donation de tous ses biens à sa nièce, sous la condition qu'elle épousera Florville. Mme. de la Poulardière n'a rien à répondre, mais elle s'en console en épousant elle-même l'aimable Boiscourt.
Beaucoup de gaieté, plusieurs couplets très-piquans et quelques traits d'un vrai comique, ont fait le succès de cette pièce. Les applaudissemens quelquefois très-vifs qu'elle a reçus n'ont cependant pas été sans mélange. Les sifflets ont été provoqués par l'abus du calambourg, misérable genre de plaisanterie que les gens de goût, faute de pouvoir le proscrire, voudraient renfermer au moins dans l'enceinte des Variétés. Le rôle de Mme. de la Poulardière a paru aussi beaucoup trop chargé : elle a vu z'hier le Tartuffe de Molière ; elle a-t-êté voir le malagréable du Museum. La première de ces sottises est par trop invraisemblable ; la seconde est à peine intelligible, et les auteurs feraient fort bien de les supprimer. Peut-être, au reste, ces traits et beaucoup d'autres, auraient-ils passé à la faveur du carnaval, si l'intrigue avait été plus attachante, si les différentes parties qui la composent avaient fait un tout mieux lié. Les auteurs, mieux connus d'ailleurs par de si jolis ouvrages, ne se sont pas rappellés cette fois qu'il peut être dangereux de rassembler trop de choses dans un petit espace, parce qu'il est difficile alors de les enchaîner, de les développer. Ils nous ont donné, dans la Robe et les Bottes, une répétition, une reconnaissance, un ballet, les marionnettes et la pièce curieuse ; mais aussi tout cela se succède comme dans la pièce curieuse, au gré de celui qui en tire les fils, sans motifs pressans et surtout sans obstacle ; les personnages que l'on mystifie étant absolument passifs, et ceux même qui ont d'abord rempli la scène disparaissent l'un après l'autre pour ne plus revenir. Un pareil spectacle occupe plutôt qu'il n'amuse ; et lorsqu'on n'est pas entraîné par l'ensemble, on juge avec sévérité les moindres détails.
Nous ne nous arrêterons point aux rapports que peut avoir la pièce nouvelle avec les Marionnettes ou les Provinciaux de M. Picard. Il est impossible aujourd'hui d'éviter toute ressemblance, et jamais au vaudeville elles n'ont empêché un succès. La fortune qu'ont éprouvée la Robe et les Bottes en serait un fort brillant pour beaucoup d'auteurs. MM. Gersain et Dieu-la-Foi doivent être plus difficiles ; ils corrigeront sans doute ce nouvel ouvrage, et ne se reposeront pas qu'ils n'aient donné à leurs charmans vaudevilles un plus digne successeur.
Joly, chargé du rôle de l'oncle, l'a rendu avec beaucoup de rondeur et de naturel ; on l'a vivement applaudi. La pièce en général a été fort bien jouée.
Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, tome huitième (Paris, 1811), p. 38-140 :
ROBE ET LES BOTTES (la), ou L'effet de L'optique, folie-vaudeville en un acte, par MM. Gersain et Dieu-la-Foi, au Vaudeville, 1810.
Cette pièce, qui offre de la gaîté et des couplets agréables, est une critique assez piquante des fêtes que se donnent les bourgeois de Paris. M. de Boiscourt possède à Longjumeau une petite maison attenante à un château, dont le propriétaire lui a ouvert le parc, dans lequel il donne de petites fêtes à Mad. de la Poulardière, pour qu'en échange, elle lui donne la main d'Henriette, sa nièce, amante de Florville. Il s'agit d'une scène d'amour versifiée par M. de Boiscourt, et d'un ballet allégorique. La scène sera jouée par M. Destirades, tragédien ambulant, et par une actrice du même calibre. Le ballet sera exécuté par le cocher, la cuisinière et les autres domestiques de la maison. M. Dubreuil, oncle de l'amant d'Henriette, arrivé depuis deux jours de Bordeaux, a su que la fière Agnès, qui doit répéter la scène d'amour avec Destirades, n'est autre que l'épouse infidèle et trahie de ce tragédien. Il compte sur leur reconnaissance pour son premier trouble-fête. Il a rencontré un huissier qui venait arrêter M. Zéphir, au nom de ses créanciers ; il a payé ses dettes, et renvoyé l'huissier; mais il fera jouer son rôle par Florville, et il faudra bien que le pauvre Zéphir déguerpisse au milieu de son ballet. Destirades et son Agnès se disent d'abord des douceurs en vers, et des injures en prose ; mais la prose l'emporte bientôt, et ils sortent furieux. La répétition du ballet commence. Bientôt Florville paraît en huissier, et bientôt aussi Zéphyr prend la fuite. M. Dubreuil se présente, à son tour, avec des marionnettes et une optique, qu'on avait d'abord refusées, et qu'on est fort heureux de trouver. Il commence son divertissement par les marionnettes ; et de celles-ci, on passe à l'optique. Henriette entre la première sous le rideau, avec son ridicule prétendu, qui se plaint de ne rien voir, ou du moins, de ne pas voir ce que Dubreuil annonce. Il suppose que sa machine est dérangée, fait sortir Boiscourt de dessous le rideau, et y fait passer son garçon, pour remédier au désordre. Ce garçon est Florville, sous un nouveau déguisement. Quelques momens s'écoulent. Boiscourt et sa compagnie, ennuyés de ne voir que la robe d'Henriette et les bottes de Florville, témoignent leur impatience. Dubreuil découvre la boîte, leur fait voir que la robe et les bottes sont en effet restées seules, tandis qu'Henriette et Florville s'évadaient à travers le parc du voisin. Enfin il se fait connaître, fait donation de tous ses biens à son neveu, dont il fait le mariage, et Mad. de la Poulardière s'en console en épousant l'aimable Boiscourt.
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