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La Ruche céleste, ou le Secret de l'Hymen

La Ruche céleste, ou le Secret de l'Hymen, divertissement à spectacle en un acte, de Jean-Baptiste Dubois, 23 mars 1811.

Théâtre de la Gaîté.

Almanach des Muses 1812.

Titre :

Ruche céleste (la), ou le Secret de l’Hymen

Genre

divertissement à spectacle

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

23 mars 1811

Théâtre :

Théâtre de la Gaîté

Auteur(s) des paroles :

Jean-Baptiste Dubois

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1811 :

La Ruche céleste, ou le Secret de l'hymen, Pièce en un Acte, à Spectacle, mêlée de Couplets et de Danses, Pour célébrer la Naissance du Roi de Rome ; Par J. B. Dubois, Représentée sur le Théâtre de la Gaîté, le 23 Mars 1811.

Journal de Paris, n° 87, jeudi 28 Mars 1811, p. 621 :

La Ruche celeste, pièce de circonstance, représentée il y a quelques jours pour la première fois au th âtre de la Gaîté, a obtenu beaucoup d'applaudissemens.

Le Seigneur de l'Isle des Curieux, attend avec impatience la naissance d'un premier enfant. Les habitans de l'isle font à cette occasion de nombreux paris. Mercure paroît ; ils l'accablent de questions. Ce dieu s'amuse quelque tems des diverses conjectures que forment les Curieux, au sujet d'une Ruche celeste, exposée à leurs regards. Cette Ruche s'entrouve, et ils voyent avec joie qu'elle renferme un bel enfant. Jupiter survient, alors il proclame les destinées brillantes du nouveau né, et toutes ces heureuses prédictions inspirent le plus vif enthousiasme.

Cette pièce remplie de jolis couplets, a été montée avec beaucoup de soin. Elle est l'ouvrage de M. Dubois, déjà connu au théâtre par des productions remplies d'esprit.

Journal de l’Empire, 28 mars 1811, p. 4 :

[La pièce du théâtre de la Gaîté se distingue de ses concurrentes, généralement situées dans le monde humain, en montrant les dieux de l’Olympe descendant sur la scène pour célébrer la naissance du Roi de Rome. Ambition remarquable pour un « petit théâtre », qui emprunte au prestigieux Opéra. L’intrigue repose naturellement sur une intrigue matrimoniale, un père qui pose des conditions pour le choix d’un gendre, que Mercure aide à remplir les conditions posées par le beau-père, richesse et connaissance du sexe de l’enfant à naître. Et la pièce s’achève par un mariage, bien sûr, et par l’apparition des portraits des souverains. Pour le critique, l’ouvrage « est riche d'imagination et brillant de spectacle », il en vante les « allusions fines et délicates », les « allégories ingénieuses. Mais la place manque pour citer les couplets qui justifieraient ces appréciations. Dans un prochain article ?]

THEATRE DE LA GAIETE.

La Ruche Céleste.

Presque toutes les pièces de ce genre qu'on voit aux autres théâtres sont des fêtes de village ; on y voit des paysans ou de très petits bourgeois, des bergers, des sorciers, des invalides. Le théâtre de la Gaieté l'a pris sur un ton plus haut ; ses personnages sont les dieux les plus renommés de l’Olympe, et Jupiter lui-même ; ils descendent sur le théâtre de la Gaieté comme sur celui de l’Opéra, dans des nuages pompeux. La façade de ce théâtre, le jour de la première représentation, étoit magnifiquement illuminée en verres de couleur ; on lisoit au milieu : Vive le Roi de Rome ! La splendeur de ce frontispice attiroit tous les regards : tant d'éclat annonçoit non la porte d’un petit théâtre, mais l’entrée de l’Olympe. Sans doute en composant cette pièce M. Dubois a suivi l'exemple de Virgile qui, prêt à célébrer la naissance d'un rejeton du maître du monde, invite les Muses pastorales de la Sicile à s'essayer dans de plus nobles chants :

Sicelides Musae paulo majora canamus.

De même il me semble entendre M. Dubois s'écrier : « Muses du Boulevard ! plus de niais, plus de poissardes, plus de farces populaires ; prenez votre essor de la halle jusqu'au ciel, osez vous mêler parmi les divinités, et vous approcher du trône de Jupiter. » Si jamais cette ambition fut permise, c'est quand il faut chanter la naissance d'un Roi de Rome, enfant des dieux. »

Dans une prétendue île des Curieux où le poète établit la scène, la reine du pays est sur le point d'accoucher ; tout le peuple fait de vains efforts pour deviner le sexe du divin enfant attendu avec tant d'impatience : les femmes : désirent que ce soit une princesse, les hommes aimeraient mieux un prince. Un des principaux habitans du pays ne veut pour gendre qu'un homme aussi riche que sa fille, et en même temps assez savant pour lui apprendre si l'enfant de la reine sera garçon ou fille. L'amant de la demoiselle, qui n’est ni riche, ni devin, appelle à son secours Mercure, dieu des marchands, des fripons, des orateurs et des charlatans. Mercure arrive dans un nuage ; il ne se trouve pas plus savant que le jeune homme sur la grande question du sexe ; mais il promet de l'enrichir, et tient parole : sous le costume de magicien, il tire beaucoup d'argent des hommes et des femmes du pays en leur prédisant ce qu’ils souhaitent. Après avoir comblé les amans de richesses pour se débarrasser de leurs questions inutiles, il leur dit de s'adresser à l'Amour et à Minerve. L'Amour et Minerve, sur la première sommation, descendent du ciel, amenant pour surcroît de biens les trois Graces ; mais la meilleure pièce de leur équipage est une ruche d'or. L'Amour et Mercure se préparent à l'ouvrir ; un coup de tonnerre les arrête ; Jupiter lui-même, la foudre à la main, descend
dans une gloire. La ruche s'ouvre devant lui, et laisse voir un petit .garçon. Le maître des dieux annonce au nouveau né les plus brillantes destinées ; après quoi tous les dieux remontant au ciel dans leurs nuages. On aperçoit au fond du théâtre les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice. Mariage des jeunes amans, grande joie dans toute l'île. Cet ouvrage est riche d'imagination et brillant de spectacle ; il est semé d'allusions fines et délicates, d'allégories ingénieuses et fait beaucoup d'honneur à l'esprit et au talent de M. Dubois. L'espace ne me permet pas de citer des couplets ; je suis forcé de les remettre à un autre article, ainsi que l'annonce de
l’Espoir Réalisé, pièce que l'on joue avec beaucoup de succès à l'Ambigu-Comique et dont l'auteur est M. de Sainclair. Ce théâtre, dans toutes les occasions de cette nature, ne manque jamais de se distinguer par son zèle et par l'agrément de ses productions.                               Geoffroy.

Tablettes de Polymnie, IIme année, n° 21 (5 Avril 1811), p. 327-328 :

Théâtre de la Gaîté.

LA RUCHE CELESTE, Ou LE SECRET DE L'HYMEN.

Le Théâtre de la Gaîté est un de ceux qui se rapprochent le plus du grand Opéra par la fraîcheur des décorations et la perfection des ballets que l'ingénieux Hullin varie sans cesse avec tant de goût. Cette fois, le domaine de la Gaîté a voulu s'agrandir aux dépens de la rue de Richelieu. L'Olympe étonné y brille dans tout son éclat, et non content d'une seule gloire, (comme à l'Opéra) il y en quatre qui se promènent en tous sens sur le Théâtre. Jupiter, Minerve, Mercure, l'Amour et tous les dieux de la cour céleste, (excepté Momus) concourent à orner cette pièce dont l'allusion a été saisie et applaudie avec transport.

Les habitans de l'isle des curieux attendent avec impatience la nouvelle de l'heureux accouchement de leur reine ; les hommes desirent un garçon, les femmes voudraient que le nouveau né fut de leur sexe, et chacun forme des vœux à sa manière. Le chef de l'isle promet sa fille en mariage à qui satisfera sa curiosité sur ce point. Mercure prend sous sa protection deux amans que leurs parens ne veulent point marier ; par son intercession, une ruche céleste descend de l'Olympe sous la garde de Minerve et de l'Amour, elle s'entrouvre et laisse voir l'enfant chéri qui comble les vœux de tous les curieux de l'Europe.

Il y a de jolis couplets dans cette pièce dont le genre est une innovation à ce Théâtre. Une pompe céleste aussi majestueuse est un peu discordante avec la patronne du lieu ; mais de grands évènemens veulent être célébrés d'une manière grandiose, et on ne peut qu'applaudir au zèle de l'administration et de l'auteur Mr. Dubois.

A. G.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1811, tome II, p. 159-160 :

La Ruche Céleste , ou le Secret de l'Hymen, pièce allégorique à l'occasion de la naissance du Roi de Rome , jouée le 23 mars.

La scène se passe dans une île des Curieux, où chacun veut deviner le sexe de l'enfant dont on attend impatiemment la naissance. Mercure descend du Ciel, s'amuse aux dépens des curieux en leur faisant tour-à-tour deux prédictions contraires. Jupiter descend ensuite avec tout l'Olympe, pour annoncer l'événement aux curieux, et prendre part à leur allégresse.

La pièce est jouée très-agréablement. Elle a été vivement applaudie.

L'auteur est M. Dubois.

L.-Henry Lecomte, Napoléon et l'Empire racontés par le théâtre, 1797-1899 (Paris, 1900), p. 234 :

Gaîté, 23 mars 1811 : La Ruche céleste, ou le Secret de l'Hymen, pièce en i acte, mêlée de couplets et de danses, par J. B. Dubois.

Bonnefoi, habitant de l'île des Curieux, refuse de marier Françoise, sa fille, à Victor, fils de Brigitte, sa vieille voisine, parce que Victor n'a pas une dot égale à celle de Françoise, et surtout parce qu'il réserve sa fille pour celui qui, le premier, révélera le sexe de l'enfant que la reine des Curieux va mettre au monde. Françoise, désolée, invoque si gentiment la protection des dieux que Mercure descend du ciel pour écouter ses plaintes. Il supprime le premier obstacle séparant les amants en augmentant par quelques tours de passe-passe le pécule de Victor, mais il ne peut révéler le secret renfermé dans la Ruche céleste et que Jupiter connaît seul. La première invocation de Françoise a trop bien réussi pour qu'elle n'en risque pas une seconde. Minerve et l'Amour apparaissent cette fois, portant la ruche mystérieuse qui, sur l'ordre de Jupiter, s'ouvre tout à coup laissant voir, sur un tapis d'hermine, le fils né de la reine. Victor, qui a rempli les deux conditions imposées par Bonnefoi, reçoit la main de Françoise, et tous les habitants de l'île fêtent, par des chants et des danses, l'héritier des souverains.

Mélange de rêve et de réalité, cet ouvrage, plus attrayant par les détails que par le fond, eut un succès incontesté.

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