Le Renégat ou La Belle géorgienne, pantomime chevaleresque en trois actes, texte de Jean Guillaume Cuvelier de Trie, musique d'Alexandre Piccinni, ballet de Morand, décors et costumes d'Isidore, avec Henri Franconi (Humprey le rénégat), Marie Franconi (Aldina), Laurent Franconi (Saint-Amand), 25 novembre 1812.
Théâtre du Cirque Olympique
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1917 (nouvelle édition corrigée) :
Le Renégat ou La Belle géorgienne, pantomime chevaleresque en trois acteset à grand spectacle, Tirée de la vieille chronique des Croisades, Par J.-G.-A. Cuvelier ; Musique composée et arrangée par M. Alexandre ; Ballet de M. Morand ; Costumes et Décors de M. Isidore. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Cirque Olympique, le 25 Novembre 1812, Et reprise pour l'Ouverture de la nouvelle Salle de MM. Franconi, le 8 Février 1817.
Journal de l'Empire, du 28 novembre 1812, p. 4 :
[Le premier soin de Geoffroy, qui a été enseignant, est de définir le mot renégat, qu'il distingue avec précision d'apostat. Le renégat du titre est un templier (ce qui permet à Geoffroy de montrer un peu de ses connaissances encyclopédiques, par le rappel de la tragédie de Renouard, et d'une phrase prêtée à Salomon). Il peut ensuite résumer l'intrigue de la pièce, dont il souligne le classicisme : une jeune femme enlevée par le renégat, et qu'un preux chevalier tente de délivrer avec bien des difficultés, ce qui amène combats et évolutions militaires sur la scène, jusqu'à ce qu'arrive le dénouement attendu, la délivrance de la belle Géorgienne et la mort du renégat. A l'imitation du baptême de Clorinde par Tancrède (Le Tasse), le chevalier reçoit le baptême du chevalier. Mais pas d'histoire d'amour : les vœux que le chevalier a prononcés lui interdisent de songer à l'amour et au mariage. Le critique dresse la liste des qualités de la pièce : « un caractère religieux, [...] la beauté des décorations, la richesse des costumes, l'agrément des danses et des couplets qu'on y chante » à quoi s'ajoute « une grande variété de personnages, de chevaliers, de guerriers ». Pour l'interprétation, le critique met en avant les membres de la famille Franconi, qui jouent très bien. Mais les autres acteurs, appelés à se battre « avec une ardeur proche du fanatisme », semblent avoir été moins satisfaisants, si on essaie de décrypter la dernière phrase de la critique. »
CIRQUE OLYMPIQUE.
Le Renégat, ou la Belle Géorgienne.
Le Renégat et la Géorgienne ont eu beaucoup de succès : on appelle renégat un chrétien qui abjure sa religion pour la loi musulmane ; apostat se dit généralement des traitres à la foi de leurs pères, il s'appliquoit plus particulièrement aux moines infidèles qui jetoient le froc. Le renégat du Cirque est un chevalier templier. Dans la tragédie des Templiers, il y a bien un petit apostat qui a quitté ses frères pour sa maitresse ; mais il se ravise, et quitte ensuite sa maîtresse pour ses frères, parce qu'il les voit malheureux : ce qui est contraire à la doctrine de l'amour reçue dans tous les romans et dans tous les théâtres. Il y a même un auteur bien plus respectable, je crois que c'est le roi Salomon, qui dit que l'amour est fort comme la mort ; fortis est ut mors dilectio. Le renégat enlève la belle Géorgienne dont il est éperdument amoureux ; un chevalier fidèle, opposé au renégat, délivre la Géorgienne sans autre motif qu'une amitié pure. La belle esclave, tour-à-tour prise et reprise, passe de main en main, échappe à beaucoup de dangers ; ce qui amène des situations théâtrales, des combats, des évolutions. Tout finit, comme de raison. par la délivrance décisive de la belle Géorgienne, et la mort du renégat. L'auteur, M. Cuvelier, a imité le Tasse., qui fait baptiser Clorinde par Tancrède. La Géorgienne est aussi baptisée par le chevalier fidèle : et ce n'est pas à l'article de la mort qu'il lui rend ce service ; ce n'est pas aussi pour lui qu'il la baptise ; ses vœux lui défendent et l'amour et l'hymen.
Cette pantomime est remarquable par un caractère religieux, par la beauté des décorations, la richesse des costumes, l'agrément des danses et des couplets qu'on y chante : il y a une grande variété de personnages, de chevaliers, de guerriers, tant sarrasins que chrétiens.
Mad. Franconi la jeune représente dignement la belle Géorgienne. Le renégat et le chevalier fidèle sont très bien joués par les deux frères Franconi. La scène est du temps des Croisades, dont l'esprit semble avoir passé de la Palestine sur nos théâtres et dans notre littérature actuelle. Nos acteurs, nos auteurs sont divisés en Sarrasins et en Croisés qui se combattent avec une ardeur voisine du fanatisme. Il est à craindre que cette nouvelle Croisade n'attire sur les théâtres et la littérature de Paris les mêmes désastres que les anciennes Croisades éprouvèrent dans l'Orient.
Geoffroy.
Ajouter un commentaire