Le Roi Léar, tragédie en cinq actes et en vers, de Jean-François Ducis, 16 janvier 1783.
Création au Château de Versailles, une représentation à l’Odéon le 20 janvier de la même année.
Reprise au Théâtre Français de la rue de Richelieu le 12 juin 1792.
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Titre :
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Roi Léar (le)
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Genre
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Tragédie
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Nombre d'actes :
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5
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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16 janvier 1783, reprise le 12 juin 1792
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Théâtre :
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Château de Versailles, reprise au Théâtre Français de la rue de Richelieu
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Auteur(s) des paroles :
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Jean-François Ducis
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Mercure universel, tome 16, n° 473 du 15 juin 1792, p. 240 :
[L'auteur et le prétendu traducteur d'un « ouvrage plein de génie et de sensibilité » (un tel jugement n'est pas évident en 1792) sont un peu maltraités : on n'imagine pas une telle orthographe pour le célèbre dramaturge anglais, et Ducis se voit ramené au statut de traducteur. C'est surtout l'interprétation qui est mise en valeur : Monvel, digne successeur de Brisard, qui a créé le rôle, est excellent, tandis que Talma se contente d'avoir « bien rendu le rôle d'Edgard. Sinon, décors et costumes « ne laissent rien à desirer ».]
Theatre François de la rue de Richelieu.
Le roi Léar, tragédie traduite de Sckakespeard [sic !], par M. Ducis, ouvrage plein de génie et de sensibilité, n’avoit pas été représenté depuis le célèbre Brisard.
Il falloit le talent sublime de M. Monvel, sa profonde sensibilité, cette connoissance de l’art dont il donne tous les jours tant de preuves, soit dans ses ouvrages dramatiques, soit dans les rôles qu’il remplit au théâtre, il falloit, disons-nous, cet ensemble de moyens pour exprimer, comme il l’a fait dans le roi Lear, la douleur déchirante, le délire touchant, le remords d’avoir été injuste envers la plus tendre des filles. M. Monvel a réuni les suffrages de tous les connoisseurs, et principalement de ceux qui ont vu M. Brisard. Le public a demandé M. Monvel après la pièce, et l’a couvert des applaudissemens les plus mérités. M. Talma a bien rendu le rôle d’Edgard. La pièce est montée avec le plus grand soin ; les décorations et les costumes ne laissent rien à desirer.
Mercure universel, tome 16, n° 477 du mardi 19 juin 1792, p. 303 :
[Court article, pour souligner que la réussite du Roi Lear est encore plus éclatante à la deuxième représentation, et pour mettre en valeur le talent de Monvel, proposé en modèle pour « tous les jeunes artistes » qui apprendraient avec lui à « douter leurs forces ».]
Theatre François de la rue de Richelieu.
La seconde représentation du Roi Léar offroit un spectacle encore plus intéressant que la première, par le nombre infini des spectateurs. Les beautés de cet ouvrage ont été vivement senties ; nous invitons tous les jeunes artistes qui ne se croient point encore arrivés à la perfection, lorsqu’ils ne sont que médiocre, à étudier M. Monvel dans le Roi Léar, pour apprendre à douter de leurs forces.
Mercure Français, n° 28 du 14 juillet 1792, p. 59-60 :
[La reprise de la tragédie de Ducis a été un vrai succès, Monvel reprenant le rôle de Lear avec beaucoup de talent. Le critique le croit au moins égal à l’acteur créateur du rôle. Plutôt que de revenir sur le sujet, il préfère souligner l’émotion ressentie par le public devant les malheurs de ce roi (songe-t-il à un autre roi ?) que l’ingratitude des siens conduit à la folie. Il a apprécié aussi le jeu de Mlle Desgarcins, et plus généralement la qualité d’ensemble de l’interprétation ainsi que le soin mis à sa réalisation dans tous les détails.]
Ceux qui ont vu, il y a quelques années, le Roi Léar au Théâtre Français, se rappellent sans doute avec attendrissement combien la belle tête de Brizard, combien la sensibilité de son organe & le naturel de sa diction ajoutaient à l’intérêt qu’inspire cette Tragédie si touchante. Il était difficile d’espérer qu’aucun autre Acteur pût le remplacer dans ce rôle, & cependant nous venons de voir, au Théâtre Français de la rue de Richelieu, M. Monvel, privé d’une partie de ces avantages, les faire oublier par la supériorité de son talent, & donner à ce rôle une physionomie nouvelle par des moyens plus estimable sans doute, & peut-être préférables à ces dons extérieurs que la Nature lui a refusés. Nous ne reviendrons pas sur le sujet de cette Tragédie, que son premier succès a suffisamment fait connaître ; nous répéterons seulement que de tous les Ouvrages de M. Ducis, c’est peut-être celui qui a le plus fait couler de larmes, & celui dont le plan a paru le plus sagement conçu. On n’a point vu sans de vives émotions un malheureux Roi qui a cédé son trône & tout ce qu’il possédait à ses enfans, chassé, persécuté par ces mêmes enfans, abandonné m^me par ses sujets, exposé la nuit dans des déserts aux fureurs de la tempête, & moins sensible à cet excès de maux qu’à cette monstrueuse ingratitude qui finit par aliéner sa raison. Mlle. Desgarcins n’a pas excité moins d’intérêt dans le rôle touchant d’Elmonde, & elle a été très-bien secondée par tous les autres Acteurs. En général, exécutée avec un grand ensemble, avec un soin qui s’étend sur toutes les parties accessoires du Spectacle, cette Piece a fourni au moins autant d’effet que lorsqu’elle fut donnée pour la premiere fois.
D’après la base César, la pièce de Ducis a d’abord été jouée dès 1783, à Versailles (16 janvier) et à Paris (20 janvier). Trois représentations sont signalées à la Monnaie de Bruxelles 2 en 1783, 1 en 1791. Puis la pièce est reprise au Théâtre Français de la rue de Richelieu, à partir du 12 mai 1792. Elle y a connu 7 représentations jusqu’au 20 juillet 1792.
D’après la base La Grange de la Comédie Française, la pièce a été jouée par les Comédiens Français 31 fois entre 1783 et 1800.
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