Les Rivaux sans le savoir, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, 10 messidor an 10 [29 juin 1802].
Théâtre du Vaudeville
Almanach des Muses 1803.
Courrier des spectacles, n° 1942 du 11 messidor an 10 [30 juin 1802], p. 2 :
[Il ne manque à la nouvelle pièce que les deux éléments essentiels dans un vaudeville, « de la gaîté » et « à son défaut, des couplets spirituels ». Elle est donc « complètement tombée ». Le résumé de l'intrigue explique bien cette chute : une « jeune veuve » dont deux cousins sont amoureux, un des deux croyant pouvoir par ruse obtenir la main de la belle Céphise, et étant cruellement détrompé par le choix qu’elle fait de son cousin. « Extrême froideur d ecet ouvrage ». Il y a dû y avoir beaucoup de bruit pour rythmer les airs des couplets : « les cannes, les pieds et quelquefois les sifflets » y ont contribué. On n’a pas entendu « une partie de la pièce », que le critique suppose ironiquement être la meilleure. Rien sur l’auteur, rien sur l’interprétation.]
Théâtre du Vaudeville.
Pour réussir dans un vaudeville il faut de la gaîté, ou dumoins à son défaut des couplets spirituels. La pièce donnée hier sous le titre des Rivaux sans le savoir ne présente aucun de ces avantages, aussi est-elle complètement tombée. L’analyse que nous allons essayer d’en donner fera voir que sa chûte ne manque point de causes.
M. Bonnel a deux neveux. Melcourt voyage ; Bellami demeure avec son oncle, et se propose de lui donner bientôt une nièce dans Céphise, jeune veuve qui arrive exprès de Soissons pour épouser. M. Bonnel a fait préparer un appartement très-joli pour recevoir sa future nièce. Elle doit arriver le jour même, mais Flore, sa suivante, qui l’a précédée et qui loge nous ne savons où en attendant sa maîtresse, apprenant que celle-ci a une inclination, prend sur elle de dire que son arrivée est retardée. Melcourt amène à son oncle une jeune personne dont la voiture a cassé en route ; c’est Céphise elle-même qui a pris pour Melcourt un sentiment non moins tendre que celui qu’elle lui a inspiré. Bonnel, qui ne sait que faire de son appartement, le lui offre, et elle l’accepte sans façon. Bellami est un véritable sot qui n’en a que plus de prétention à l’esprit, et qui se croyant préféré à son cousin lui propose ainsi qu’à Céphise de se signer une promesse de mariage, dans la persuasion où il est que celle-ci n’y consentira point. L’évènement le détrompe, et il se retire, laissant les amans jouir de leur bonheur. On peut juger de l’extrême froideur de cet ouvrage. Le public s’en est dédommagé en accompagnant les airs avec les cannes, les pieds et quelquefois les sifflets. Une partie de la pièce n’a point été entendue. Nous aimons à croire que c’est la meilleure.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIIIe année (an X-1802), tome Ier p. 417 :
Les Rivaux sans le savoir.
On a bâillé à cette pièce insignifiante depuis la première scène jusqu'à la dernière, le 10 messidor, jour de sa première représentation. On a osé la reproduire avec quelques changemens, mais sans plus de succès.
Ajouter un commentaire