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Raphael

Raphaël, comédie-vaudeville en un acte, de Jean-Baptiste Dubois, 1er février 1808.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Raphaël [ou le Tableau de sainte Cécile]

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

1er février 1808

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Jean-Baptiste Dubois

Almanach des Muses 1809.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Masson, 1808 :

Raphaël, comédie-vaudeville en un acte, Par J. B. Dubois. Représentée sur le Théâtre du Vaudeville, le 1er février 1808.

Mercure de France, littéraire et politique, n° CCCXLII du samedi 6 février 1808, p. 278-279 :

[Le compte rendu s’ouvre par l’analyse de l’intrigue, une histoire sentimentale, dont le critique conteste qu’il soit conforme au caractère du peintre, qu’il croit plus galant que soucieux d’amitié : le Théâtre du Vaudeville parle beaucoup d’histoire, mais on ne peut guère s’y fier. Pièce au succès limité, malgré la qualité de certains acteurs. L’auteur a été nommé.]

Théâtre du Vaudeville. — Iere représentation de Raphaël. — Raphaël, pendant son séjour à Florence où il n'était connu que sous le nom d'Alberti, devient amoureux de la jeune et belle ...... ;son retour à Rome, les faveurs d'un des premiers princes de cette ville, qui le comble de ses bienfaits, et chez lequel il loge, rien ne peut le distraire de son amour. Le prince qui était absent revient avec une jeune Florentine qu'il doit épouser, et qu'il veut présenter à Raphaël comme sa femme ; nos lecteurs ont déjà deviné que cette jeune personne est celle pour qui le peintre soupire depuis si long-tems, et comme il n'a pas de modèle pour peindre Sainte Cécile, le prince, qui est très-complaisant, s'empresse d'envoyer sa femme dans l'atelier de Raphaël : les amans se reconnaissent et veulent sacrifier leur amour à l'amitié et à la reconnaissance, ce qui est très-naturel et sur-tout très-fréquent : après quelques scènes tant soit peu longues, et assez inutiles, le prince les unit, et leur chante un joli petit couplet dans lequel il dit qu'il vaut beaucoup mieux être bienfaiteur qu'époux, et qu'une femme ne vaut pas deux amis. Selon l'histoire, Raphaël était plus que galant, et son libertinage a même hâté la fin de sa carrière, mais au Vaudeville on nous le montre aussi fidèle que feu Céladon de constante mémoire ; on croit qu'il est mort garçon, eh bien on se trompe encore puisqu'il s'est marié au Théâtre du Vaudeville. A la vérité comme il n'y avait pas beaucoup de témoins à cette union, il est possible qu'elle soit demeurée secrète. On pourrait maintenant faire un cours complet d'Histoire au Théâtre du Vaudeville, mais je crois qu'on n'y puiserait pas des notions bien justes sur la vie des grands-hommes que l'on y a joués successivement.

Le Vaudeville de Raphaël n a obtenu qu'un succès d'estime ; c'est ainsi je crois que l'on parle d'un ouvrage qui n'a réussi que médiocrement: il est bien joué par MMmes Hervey et Verpré, mais Auguste, chargé du rôle de Raphaël, s'en acquitte plutôt en écolier qu'en maître.

L'auteur, demandé, a été nommé: c'est Mr. Dubois.

[La pièce comporte un rôle féminin et deux rôles masculins : si Mme Hervey a joué Cécilia, c'est sans doute M. Verpré qui a joué le Prince Augustin Chigi et M. Auguste a tenu le rôle de Raphaël. C'est d'ailleurs ce qu'indique la brochure.]

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome III, mars 1808, p. 279-283 

[Le critique a choisi d’ironiser sur le caractère trop attendu de la pièce : il fait sa chronique sous forme de recette, comment faire un vaudeville, avec une longue liste d’ingrédients destinés à satisfaire le public, à qui on donne le plaisir d’admirer l’esprit de la pièce et de prendre une leçon de morale : et le public a été au rendez-vous, puisque « le public n'a pas oublié d'applaudir une seule vertu ou un seul jeu de mots ». Dommage seulement que la pièce ne soit pas amusante. Elle comporte pourtant une innovation : l’auteur avait prévu un couplet de substitution au cas où le couplet d’annonce serait redemandé, si bien qu’il y a eu deux couplets d’annonce.]

Raphaël, ou le Tableau de Sainte Cécile.

Avec un grand nom, beaucoup de génie, de grands talens et de grandes vertus, on peut faire un vaudeville, et c'est ce qui se voit tous les jours. On met un homme de génie en scène, ce qui donne des couplets sur le génie, l'immortalité, la gloire, etc. ; on lui suppose, comme de raison, beaucoup d'enthousiasme sur son art, ce qui fournit beaucoup d'allusions à l'art quelconque où il brille et aux différentes productions du grand homme. Ce grand homme a affaire à un grand seigneur ; il faut bien que cela amène, bon gré malgré, quelques maximes sur les rangs, l'égalité et la prééminence des talens, sur les avantages de la naissance. Enfin ce grand homme se trouve à une grande occasion ; il est appellé à exercer de grandes vertus, à faire un grand sacrifice, et nous n'en finissons plus sur la vertu, le devoir, l'amitié, la reconnaissance, que le parterre ne finira jamais d'applaudir ; et voilà comme on fait un vaudeville qui réussit, et voilà comme s'est fait et a réussi celui de Raphaël.

Raphaël est chez un prince d'Italie qui n'a pas dit son nom ; ainsi, comme il y a beaucoup de princes en Italie, on peut choisir. Celui-ci a fait élever Raphaël, le protége, le loge, et Raphaël l'appelle une fois ou deux monseigneur, afin que le prince lui dise de l’appeller mon ami, ce dont il ne s'était probablement pas avisé plutôt, parce que cela était bon à garder pour une première représentation au Vaudeville. Quoi qu'il en soit, ce prince ou cet ami revient d'un voyage, pendant lequel Raphaël s'est amusé à faire une quantité de tableaux, entr'autres une Psyché que le prince commence par trouver un peu légèrement vêtue ; Raphaël promet de l'habiller davantage ; à quoi le prince répond :

Non, Raphaël, il ne faut pas,
Que l'art nous cache la nature.

Apparemment que l'art du peintre ne paraissait pas dans la représentation des beautés naturelles de Psyché, autant qu'il aurait pu paraître dans ses habillemens. Après avoir fait beaucoup d'esprit dans ce genre-là, le prince et Raphaël se confient mutuellement qu'ils sont amoureux ; le prince est même plus avancé, car il est marié, tandis que Raphaël est encore à la peine de faire chercher sa maîstresse à Florence où il l'a connue, où on ne la trouve plus, et où le prince a épousé la sienne ; du moins il le dit ainsi pour faire un sujet de vaudeville, car on juge bien que celle dont le prince est amoureux est la maîtresse de Raphaël, qu'elle n'a connu que sous le nom d'Alberti. Cette jeune personne est la parente du prince, qui a comblé sa famille de bienfaits, car ce prince-là est le bienfaiteur de tout le monde. En récompense, le père, en mourant, lui a légué sa fille ; le prince a accepté la succession, et n'attend, pour faire honneur au testament, que le consentement de sa jolie cousine, qu'il a amenée dans son palais afin de faire plus ample connaissance, et que, pour la décence seulement, il fait passer pour sa femme. Il lui parle de Raphaël qu'elle croit ne pas connaître, et lui dit de prendre garde à elle , parce que Raphaël est un homme dangereux ; mais elle témoigne avoir peu de goût pour les grands peintres, parce qu'un grand peintre, dit-elle,

Qui met l'amour dans ses tableaux,
N'en conserve plus dans son ame ;

au lieu que l'élève,

S'il met l'amour dans ses tableaux,
C'est qu'il l'a trouvé dans son ame.

Le prince, qui ne conçoit pas trop la raison de cette différence, en trouve une autre de la préférence de Cécilia pour les élèves, c'est qu’ils sont plus jeunes ; en conséquence il n'ose guères s'offrir ; Cécilia lui observe bien que

La beauté rajeunit le cœur.
--- Oui, mais ne rajeunit pas l'homme,

répond le prince. Cependant Cécilia, par reconnaissance, se croit obligée de l'accepter, malgré son amour pour Alberti, de qui d'ailleurs elle n'a point de nouvelles ; et c'est en ce moment que Raphaël paraît, de fort mauvaise humeur d'une mauvaise plaisanterie de l'Arioste qu'il a chargé de chercher sa maîtresse, et qui lui mande qu'il a long-temps désespéré de trouver celle dont il lui faisait la description ; mais, ajoute-t-il,

Je l'ai trouvée en fin dans mon Roland ;
      Cherche au second volume ,

qu'il lui envoie. Le prince présente à Raphaël sa prétendue femme, qu'il a fait habiller en Sainte-Cécile, afin qu'elle servît de modèle au peintre pour un tableau de Sainte Cécile que le pape lui a demandé. Le bon prince, témoin de la surprise des deux amans, ne manque pas de prendre l'agitation de son rival pour l'effet de l'inspiration du génie. Les jeunes gens, restés seuls, s'expliquent et se décident à sacrifier leur amour à l'amitié, aux devoirs de la reconnaissance ; Raphaël veut même partir ; mais le prince, qui le surprend regardant un portrait de sa maîtresse, découvre par-là tout le mystère et unit les deux amans. Ainsi chacun a fait son devoir, les vertus ont joué leur rôle, le public n'a pas oublié d'applaudir une seule vertu ou un seul jeu de mots ; rien n'a donc manqué à ce vaudeville, que d'être un peu amusant.

Il avait commencé par une nouveauté. Après un couplet d'annonce un peu gai sur la vie et la mort de Raphaël, l'auteur, qui comptait sur le bis, a fait chanter, au lieu du couplet redemandé, un couplet beaucoup plus long et plus sérieux sur la gloire de son héros; en sorte que nous avons eu deux couplets d'annonce au lieu d'un : le premier était, contre l'ordinaire, et apparemment à cause de la convenance, adressé aux femmes, que l'auteur a supposé sans doute très-intéressées au sort de Raphaël, car c'est encore à elles qu'il se recommande dans le couplet de la fin :

Que les femmes défendent
      L’acteur ;
Que les hommes demandent
      L’auteur ;
Que l'on crie au parterre :
      Bravo !
Pour nous cela peut faire
      Tableau

Je ne vois pas trop comment ; mais le parterre, qui n’a pas pu se refuser au plaisir de faite tabeau, a crié bravo ! et a demandé l’auteur qui est M. Dubois.

Archives littéraires de l'Europe, tome dix-septième, 1808, trimestre de janvier, Gazette littéraire, février 1808, p. xliv-xlv :

Théâtre du Vaudeville.

Raphaël ou le Tableau de sainte Cécile, comédie-vaudeville en un acte, de M. Dubois.

Le sujet de ce tableau est pris non de l'histoire de Raphaël, mais de celle d'Alexandre et d'Apelle ; c'est tout simplement l'aventure du héros macédonien et du peintre de Cos avec la belle Campaspe. Faites d'Alexandre un prince italien, substituez Raphaël à Apelle ; que la Campaspe moderne ne soit point une esclave, mais une cousine du prince qui veut l'épouser, et vous referez ensuite à votre loisir le vaudeville de M. Dubois. En effet, vous savez déjà que Raphaël est rival du prince, et que le prince lui cédera l'objet de leurs amours ; vous savez aussi que c'est comme modèle à peindre que le prince présentera sa Campaspe à Raphaël, et le titre doit nous aider à deviner que le tableau que doit faire l'Apelle d'Urbin est celui de sainte Cécile.

Un spectacle assez nouveau, quelques couplets bien tournés et le talent des acteurs ont obtenu un léger succès à ce vaudeville.

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