Raymond, comte de Toulouse, ou le Troubadour, comédie en cinq actes et en prose, de Michel-Jean Sedaine, de l’académie françoise, 22 septembre 1789.
Théâtre Français.
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Titre :
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Raymond, comte de Toulouse, ou le Troubadour
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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5
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Vers / prose ?
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prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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22 septembre 1789
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Théâtre :
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Théâtre Français
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Auteur(s) des paroles :
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M. Sedaine
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Mercure de France, (3 octobre 1789), p. 20-22 :
[Récit d’une chute, que l’adresse de l’auteur, qui n’est certes pas un débutant pourrait peut-être récupérer. Fonds trop léger pour cinq actes, manque d’intérêt. On est en face d’une production typique de Sedaine, avec tous les défauts qu’on lui connaît, et que le critique énumère avec plaisir, en multipliant les antithèses (« des détails piquans & des détails oiseux; de l'énergie & de la foiblesse ; le mot propre & le mot vague, quelquefois même le mot trivial ».]
Le Mardi 22 Septembre, on a donné la première représentation de Raymond, Comte de Toulouse, ou le Troubadour, Comédie en cinq Actes & en prose, par M. Sedaine , de l'Académie Françoise.
Raymond aime la Comtesse de Boulogne, dont il voudroit devenir l'époux. Jusqu'ici il n'a pu obtenir un aveu favorable. Il a trouvé dans un bosquet une Comédie critique contre les Courtisans, dont la Comtesse est Auteur. II désire la faire représenter sur son Théatre. La Comtesse le permet, elle se décide même à épouser Raymond s'il réussit à la faire représenter. Après quelques difficultés, un Troubadour consent à passer pour l'Auteur de la Pièce. Le Grand-Référendaire, le Sénéchal, leurs Employés examinent l'Ouvrage, le déclarent satirique, immoral, scandaleux, & expédient un ordre qui enjoint à l'Auteur de quitter la ville. Raymond s'indigne, & menace de sa colère ceux qui s'opposent a la représentation de l'Ouvrage. Alors on feint d'obéir ; mais à l'instant de commencer le spectacle, on vient d'annoncer [sic] que le Théatre est en feu. Le Comte n'a plus d'espoir. La Comtesse qui a voulu simplement lui prouver que, malgré son rang & son pouvoir, il ne pourroit pas parvenir à faire jouer un Ouvrage proscrit par ses Courtisans, se fait connoître pour l'Auteur persécuté, & donne la main à Raymond.
Ce fonds est bien foible, & il ne pouvoit pas suffire à cinq Actes. La malignité y rencontre de quoi se satisfaire ; mais il n'y a jamais rien pour l’intérêt. On a applaudi quelques traits susceptibles d'applications, on en a réprouvé bien davantage. On remarque dans cette Production tout ce que l'on distingue dans les Productions dramatiques de M. Sedaine ; des détails piquans & des détails oiseux ; de l'énergie & de la foiblesse ; le mot propre & le mot vague, quelquefois même le mot trivial ; de l'effet de temps en temps, & une marche généralement incertaine. Les représentations qui vont suivre seront-elles mieux traitées que la première ? C'est au moins la matière d'un doute : mais M. Sedaine s'est relevé si souvent avec tant de bonheur, qu'il peut former l'espérance de reparoître avec éclat, sur-tout s'il sait faire des sacrifices. Dans une circonstance où le présent bat le passé, il y a bien des ressources pour le succès.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome XI (novembre 1789), p. 313-314 :
[Constat de l’échec d’un auteur réputé, académicien. Le critique reconnaît que la pièce reflète les caractéristiques habituelles des pièces de Sedaine (dont le nom varie d’ailleurs, entre Sedaine et Sédaine). Et le critique suggère que l’auteur célèbre n’a guère à se plaindre de son échec...]
THÉATRE FRANÇOIS.
Le mardi 22 septembre, on a donné la premiere représentation de Raimond, comte de Toulouse , ou le Troubadour, comédie en cinq actes & en prose , par M. Sedaine, de l'académie françoise.
Le fonds de cette piece est bien foible, & il ne pouvoit pas suffire à cinq actes. La malignité y rencontre de quoi se satisfaire ; mais il n'y a jamais rien pour l'intérêt. On a applaudi quelques traits susceptibles d'applications, on en a réprouvé bien davantage. On remarque dans cette production tout ce que l'on distingue dans les productions dramatiques de M. Sedaine ; des détails piquans & des détails oiseux ; de l'énergie & de la foiblesse, le mot propre & le mot vague, quelquefois même le mot trivial, de l'effet de tems-en-tems, & une marche généralement incertaine. Comme c'est, au surplus, la production d'un écrivain qui est en possession de se relever de presque toutes les chûtes ; peut-être celle-ci n'est-elle pas sans ressource.
Nous nous interdirons toutes réflexions ultérieures, hormis celle que nous avons entendu faire sur l'objet même de cette comédie : si quelqu'un a lieu de se plaindre publiquement des obstacles qu'éprouve l'auteur d'une piece de théatre, pour jouir des honneurs de la représentation, est-ce bien, demande-t-on, celui qui est parvenu (sans assurément employer l’intrigue) à en faire représenter une trentaine, tant à l'opéra, qu'au théatre françois,. au théatre italien & à l'opéra-comique.
Voici une lettre que M. Sédaine avoit adressée au Journal de Paris, pour publier le jour de la représentation du Troubadour.
Messieurs,
» En 1777, un homme très-respectable me demanda, de la part de Catherine II, impératrice de toutes les Russies, une comédie pour son amusement ; je la fis, elle daigna l'accepter, & cette comédie est Raimond V, ou le Troubadour.
Le public devinera aisément les raisons qui ont pu jusqu'à ce jour suspendre son admission au théatre françois.
Signé Sédaine.
(Mercure de France ; Journal de Paris ; Affiches, annonces, & avis divers.)
Œuvres de La Harpe, tome XIII, Correspondance littéraire, lettre CCLXXVIII, p. 103 :
L'infatigable Sedaine a osé risquer aux Français une comédie en cinq actes, Raymond, comte de Toulouse. L'idée en était assez piquante : il s'agissait de faire voir qu'un prince, le plus souvent chez lui ne fait pas ce qu'il veut, mais ce que veulent ceux qui le servent, ce qui, après tout, leur est commun avec les autres hommes ; car quel est celui qui ne dépend pas plus ou moins de ses valets ? Ceux de Raymond ne veulent pas que l'on joue devant lui une pièce dont ils craignent l'effet sur l'esprit du prince. Sa maîtresse parie contre lui qu'il ne parviendra pas à la faire représenter ; et, en effet, ceux qui s'y opposent finissent par mettre le feu au théâtre, au moment de la représentation. Un pareil sujet ne comportait guères qu'un acte ou deux. Il fallait y coudre une petite intrigue agréable ; et sur-tout, le fond n'étant que satirique, le dialogue devait étinceler d'esprit ; c'est précisément ce qui manque à Sedaine. Aussi la pièce est tombée absolument, et n'a pu être jouée que deux fois : c'était un sujet qui ne pouvait réussir qu'avec le gros sel de Beaumarchais.
D’après la base César, la pièce n’a connu que deux représentations, les 22 et 26 septembre 1789. La base La Grange de la Comédie Française confirme l’échec.
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