Créer un site internet

René Descartes

René Descartes, comédie en 2 actes et en prose, par le C. Bouilly. Le 4e jour complémentaire de l'an 4 [20 septembre 1796].

Théâtre de la République

Titre :

René Descartes

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en prose

Musique :

non

Date de création :

4e jour complémentaire, an 4 (20 septembre 1796)

Théâtre :

Théâtre de la République

Auteur(s) des paroles :

Bouilly

Almanach des Muses 1797.

Pièce composée dans la chambre même où Descartes reçut le jour, et sur la table où son père lui apprit à écrire.

Fond historique, ainsi que la plupart des traits qui peignent le caractère de ce philosophe. L'auteur rappelle souvent ses propres paroles et les détails de sa vie privée.

Descartes demeure à Utrecht, chez un charron. La fille de ce charron et son ouvrier s'aiment tous deux ; mais le père ne veut les marier que lorsqu'ils seront parvenus à amasser une somme de mille sequins. Il en manque encore cinq cents. Descartes gagne un prix, et va en verser le produit dans le coffre où les deux amants conservent leurs épargnes.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an V :

René-Descartes, trait historique ; en deux actes et en prose ; Par le citoyen Bouilly, Représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre de la République, le quatrième jour complémentaire de l'an IV de la république française.

Benè qui latuit, benè vixit.

Ovid....

Le texte de la pièce est précédé d'une adresse au lecteur, et qui insiste sur le respect de la vérité historique :

AU LECTEUR.

De tous les ouvrages que j'ai mis sur la scène, celui-ci, je dois l'avouer, est le plus cher à mon cœur.

Né dans la contrée où nâquit René-Descartes ; accoutumé, dès mon enfance, à chérir, à respecter sa mémoire ; conduit dans la route des vérités éternelles, par le sentier que fraya ce grand innovateur ; pouvai-je [sic], sans l'émotion la plus vive, retracer son image ?

Aussi n'ai-je employé que peu de tems à la composition de cette pièce. J'en commençai les premières scènes dans la chambre où Descartes reçut le jour, sur la table où son père lui apprit à écrire. La touchante simplicité du lieu , le respect qu'il m'inspiroit, remplissoient à-la-fois mon ame de l'ivresse la plus douce, de l'enthousiasme le plus brûlant : je croyois être dans le sanctuaire de l'immortalité ; ma main ne pouvoit suffire aux élans de mon imagination.

Le fond de cet ouvrage, ainsi que la majeure partie de ses détails, sont véritablement historiques. C'est dans une lettre de Descartes à sa mère, que j'ai puisé le trait que je retrace ; c'est dans les écrits de ce philosophe, et principalement dans l'éloge qu'en a fait Thomas à l'académie françoise, que j'ai recueilli ses belles maximes, les particularités les plus remarquables de sa carrière.

Enfin, pour le montrer vivant, et tel qu'il étoit ; pour le faire connoître à cette grande portion du peuple qui, sans doute, ignoroit jusqu'à son nom, j'ai rappellé souvent ses propres paroles ; j'ai peint ses mœurs, son caractère ; je l'ai suivi, sur-tout dans les détails de la vie privée, miroir toujours fidèle de ce que nous valons et de ce que nous sommes.

Le succès a surpassé de beaucoup mon attente. La vue de Descartes, dans la personne du citoyen Monvel, a produit l'impression la plus profonde, l'illusion la plus complette..... Les spectateurs instruits se disoient : « C'est lui ; oh ! c'est bien lui » !... Les autres répétoient avec attendrissement : « C'est là Descartes ; et nous ne le connoissions pas .'....... Paroles précieuses qui ne sortiront jamais de mon cœur , et qui seules font ma récompense.

Les artistes du théâtre de la République que j'ai eu le bonheur de m'associer dans cet ouvrage, en ont assuré le succès par leur zèle, par leurs talens distingués ; qu'ils me permettent donc de leur offrir publiquement l'assurance de ma gratitude ! Je ne fais en cela que suivre un adage de celui dont ils m'ont aidé à célébrer la mémoire , et qui disoit que la reconnoissance étoit un fardeau qu'on devoit alléger, toutes les fois qu'on en trouvoit l'occasion.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 2e année, 1796, tome III, p. 414-416 :

[Une pièce mettant en scène Descartes et une intrigue amoureuse (mais Descartes n’est que témoin de cette idylle) peut avoir du succès. Son installation à Utrecht est justifié par son désir d’être libre. L’intrigue, résumée de façon précise, est présentée comme une « idée neuve ». Elle montre un Descartes vivant chez un artisan et favorisant l’union de la fille de son hôte avec un ouvrier. Un point important : le compte rendu insiste sur les persécutions qu’il subit, mais aussi les protections qui lui permettent d’échapper à ses persécuteurs. La pièce est jugée favorablement : elle est une bonne initiation à la doctrine de Descartes. Les deux principaux acteurs masculins (Descartes et l’artisan) « ont été très-applaudis ». Succès aussi pour l’auteur, dont plusieurs titres sont rappelés.]

THÉATRE DE LA RÉPUBLIQUE,

La première représentation de René Descartes a eu beaucoup de succès. La scène est dans Utrecht, où Descartes avoit cru devoir se retirer pour profiter de la liberté d'écrire et de penser que sembloit lui assnrer la nature du gouvernement.

II a choisi, pour demeure, la maison d'un charron de profession, dans l'espoir d'y être moins connu. Cette maison n'est composée que du maître, de sa fille et d'un ouvrier qu'elle aime, et dont elle est aimée. L'auteur a supérieurement profité de cet incident pour offrir aux spectateurs le tableau des mœurs simples et douces de la nature. Descartes n'est pas long-temps à s'appercevoîr du penchant mutuel des deux jeunes gens : il interroge le père, qui lui avoue que lui-même désire cette union ; mais que trouvant sa fille trop jeune encore, et voulant s'assurer de la persévérance du jeune homme, il a fait avec eux un traité. Il ne donnera son consentement qu'à l'époque où, par leurs travaux et leur économie, ils auront amassé mille sequins ; et , pour leur en faciliter les moyens, il les associe aux bénéfices de sa maison.

Les deux amans, occupés uniquement d'abréger le temps prescrit, travaillent de toutes leurs forces, et déposent, dans une cassette commune, dont chacun d'eux a la clef, ce que chaque semaine ou chaque mois apportent de bénéfice. La jeune fille même, trouvant que le pauvre Felicio, son amant, a bien de la peine, vend ses petits bijoux secrètement pour atteindre plutôt le but trop éloigné prescrit par son père.

Cette idée neuve et simple jette sur tous ces personnages le plus grand intérêt.

Poursuivi par le fanatisme et ses suppôts, Descartes, trompé dans son attente, est persécuté. Sa doctrine est qualifiée impie et séditieuse ; il est fait défense de l'enseigner. L'ordre est obtenu pour l'arrêter ; mais par la protection de Maurice de Nassau, il est rendu à ses amis, et réintégré dans la maison du vertueux charron.

Un mémoire qu'il a mis au concours est couronné ; il dépose, à l'insçu du père et des enfans, le prix dans la précieuse petite cassette. Ce prix est plus que suffisant pour la somme exigée, et le mariage se conclut.

Il seroit trop long de suivre Descartes dans ses principes philosophiques ; c'est sur la scène qu'il faut l'entendre. Il a paru au public que les mots saillans que la tradition nous a transmis y sont employés assez naturellement.-

Le rôle de Descartes est rendu par Monvel ; et celui du charron par Michaud : tous deux ont été très-applaudis.

L'auteur, qui a été demandé, est le citoyen Bouilly, auteur des Dernières Paroles de Jean-Jacques Rousseau, de Pierre-Le-Grand, et d'autres pièces qui ont réussi sur différens théâtres.

D'après la base César, la pièce a été jouée 13 fois au Théâtre français de la rue de Richelieu, du 20 septembre 1796 au 13 février 1797.

Ajouter un commentaire

Anti-spam