Repentir et générosité

Repentir et générosité, drame en cinq actes, en prose, et à spectacle, de Prévost, 4 nivôse an 8 [25 décembre 1799].

Théâtre Sans Prétention.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, an 10. – 1802 :

Repentir et générosité, drame e, cinq actes, en prose, et à spectacle ; Par Prévost, Directeur du Théâtre Sans Prétention, Boulevard du Temple ; Représenté, pour la première fois, à Paris, le 4 nivôse an 8.

Cette pièce est la 42me de cet Auteur.

Comme souvent avec Augustin Prévost, la pièce est précédée d'une préface où l'auteur ironise sur la difficulté d'écrire des pièces dans un monde où le gouvernement interdit bien des choses (dont les mots roi et monsieur .Il finit bien sûr sur l'habituel appel à l'indulgence pour sa pièce.

PRÉFAC E.

Il en faut une. Un criminel cherche à se justifier du crime qu'il a commis, je conviens du mien; vouloir faire une pièce sérieuse, n'en ayant fait que de comiques, c'est être bien hardi; (mais un malheureux qui se noie s'attache en périssant au plus faible roseau.) La liberté d'écrire est si limitée, qu'il est impossible de s'étendre sur aucun sujet, je tiens la direction d'un théâtre et suis très-embarrassé pour remplir mes obligations ; je me soutenois autrefois avec les chefs-d'œuvre de nos anciens auteurs ; ne pouvant plus les jouer, à cause des circonstances, il a fallu prendre une autre marche ; il s'agissoit de ne point déplaire au public, et de suivre la loi ; elle défendoit la plus grande partie des pièces, les mots de roi et de monsieur : l'on a bien substitué celui de citoyen, ce qui éprouvoit encore des difficultés envers le Gouvernement, concernant les personnages qui devoient le porter, outre plus quantité de gens qui se font un plaisir de contredire tout, murmuroient très-fort ; je leur représentois que ce mot n'étoit point nouveau et que de tous temps et dans tous les écrits, pour honorer un individu, on le traitoit de citoyen. Il en est un qui, un jour, me répondit, (cela est vrai, mais depuis qu'il y a tant de coquins qui le portent, je me trouve deshonoré lorsque l'on m'appelle citoyen). Pour obvier à tant d'obstacles, je résolus donc de faire cette pièce, qui est ma 42me. J'ai fait en sorte qu'il ne soit point question de roi, de monsieur, ni de citoyen. Après avoir passé à la censure ordinaire, je la fis représenter, elle fut accueillie favorablement ; quantité de personnes m'ont persécuté pour la faire imprimer ; je me rends à leurs desirs. Si je suis punissable, j'attends mon arrêt ; j'espère que le lecteur indulgent voudra bien adoucir mon châtiment, en se ressouvenant que mon incapacité ne sauroit répondre au desir que j'ai de bien faire, et qu'il ne me condamnera tout au plus qu'à faire des cornets pour envelopper du poivre, dont le papier ne peut plus servir à autre chose après.

Prévost.          

Liste des personnages :

PERSONNAGES.

 

Don SOROGOUD, Gouverneur et Capitaine-Général de Lima,

Dugy.

MENDOCE, vieux valet de don Sorogoud,

Prévost.

Don SANCHE, Grand d'Espagne, amant de dona Constance, mais, rebuté, et Gouverneur de l'audience de Quito,

Leroy.

Don JUAN, amant de dona Constance,

Auguste.

Dona MORELLI, mère de dona Constance.

F. Prévost.

Dona CONSTANCE,

Emilie.

Don ANTONIO, Bénédictin, Général de l'Ordre,

Robert.

Un GARDE, parlant.

Fleuri.

Deux BUCHERONS, parlant.

Josquin.

Sallé.

Un Bourreau,

Gardes,

Peuples,

Personnages muets.

La Scène se passe à Lima, capitale du Pérou.


 

Acte 1 : Le Théâtre représente un Palais.

Acte 2 : Palais.

Acte 3 : Le Théâtre représente l'intérieur d'une prison partagée en deux, faisant double scène. Il y a une porte qui communique d'un endroit dans l'autre.

Acte 4 : Le Théâtre représente une place publique ; au milieu, un échafaud pour trancher la tête.

Acte 5 : Le Théâtre représente une forêt et des rochers ; une grotte sur le devant, à gauche des spectateurs. Il est nuit.

Les derniers mots de la pièce, prononcés par Don Sorogoud en présence de tous les personnages à l'exception de Mendoce, p. 46 :

Que mon exemple apprenne que jamais le crime ne reste impuni. (Il meurt dans les angoisses).

(On fait tableau et la toile baisse).

On peut reconstituer toute une intrigue à partir de ces changements de décor : il y a tout ce qu'il faut pour un mélodrame.

La dernière page de la brochure adresse un compliment au public :

[Selon un procédé qu'on retrouve souvent dans les comptes rendus de théâtre, l'auteur joue avec les mots qui composent le titre.]

COMPLIMENT
DE L'AUTEUR AU PUBLIC.

Citoyens, en composant ce faible ouvrage, j'ai plus compté sur votre générosité que sur mes facultés ; si vous daignez m'accorder votre indulgence, je ferai tous mes efforts pour que vous n'ayez pas sujet de vous en repentir.

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