Richardet, ou le Jeune aventurier

Richardet, ou le Jeune aventurier, drame en quatre actes, en prose, à grand spectacle, de Pierre Blanchard, musique de J. Gaultier, jeux et ballets d'Eugène Hus, 1er brumaire an 11 [23 octobre 1800].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, an 9 [1800] :

Richardet, ou le Jeune Aventurier. Drame en quatre actes, en prose, à grand spectacle, Mêlé de Jeux, Chants, Danses, Pantomime, etc. Représenté pour la prmeière fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaieté, en Brumaire de l'an IX.

Courrier des spectacles, n° 1329 du 2 brumaire an 9 [24 octobre 1800], p. 3 :

Théâtre de la Gaîté.

Richardet, ou le Jeune Aventurier, mélodrame en quatre actes, obtint hier à ce théâtre assez de succès. Peut-être cette réussite eut-elle été plus complette si la pièce eut été mieux sçue, et si plusieurs fois on n’eut pas manqué d’ensemble dans l'éxécution. L’auteur agira sagement de faire quelques corrections à cet ouvrage dont nous donnerons demain l’analyse.

Courrier des spectacles, n° 1330 du 3 brumaire an 9 [25 octobre 1800], p. 2-3 :

[Le critique s'est trompé en donnant le nom du théâtre où il a vu la pièce, mais c'est sans doute un simple lapsus. Le compte rendu qu'il donne de ce nouveau drame (qu'on pourrait aussi voir comme un mélodrame) se réduit largement à en donner l'analyse, ce qui revient à résumer une intrigue plutôt compliquée, et qui accumule les traits habituels des mélodrames : un enfant trouvé, éduqué au château, et que le fils du châtelain chasse parce qu'il le jalouse  la femme du châtelain qui s'évade de la tour où elle est enfermée, et que son mari retrouve chez une brave paysan, celui qui justement a trouvé Richardet ; et bien sûr Richardet est le fils du châtelain, tandis que son fils est le fils du paysan, qui l'a fait passer pour le fils du châtelain, qui lui avait été confié, et qu'il avait égaré. Tout le monde retrouve sa place, Richardet peut épouser « sa jeune maîtresse ». On ne sait pas trop ce que devient l'ex-fils du châtelain, mais c'est sans importance, semble-t-il, pour le critique. Le jugement porté sur la pièce distingue le travail de Blanchard, jugé très sévèrement (longueurs, exposition et dénouement mal amenés, on ne peut sauver que « quelques belles situations, des idées saines et morales » : Blanchard devrait se limiter à écrire des romans), des ballets, « assez applaudis », et bien interprétés.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

Richardet trouvé dans une forêt par un bon paysan, a été élevé au château de Montfort, et en grandissant, il a profité de l’éducation qu’on lui a donnée au point de surpasser en talens tous ses rivaux, même le fils du Sire de Montfort. Ce jeune seigneur en conçoit tant de dépit, qu’il le chasse du château, et lui ordonne de retourner chez les paysans. Richardet regagne son ancien asyle où l’attendent Gérard et son épouse, qui l’ont, nourri, et Anna, leur fille, qui lui est promise en mariage ; pour arriver à leur chaumière, il préfère le plus court chemin, et traverse le parc de Montfort. Arrivé près d’une tour située au milieu de ce parc, il entend des gémissemens, des menaces. Ces cris provenoient d’une enceinte dans laquelle gémissoit Sophie, femme du comte de Montfort, que celui-ci avoit fait passer pour morte, et qu’un scélérat nommé Albert, connoissant l’intention du Sire de Montfort de rendre la liberté à la prisonnière, se préparoit à assassiner.

Le tonnerre qui gronde sur leur tête éclate et foudroie l'assassin. Richardet s’enfuit, et trouvant une brèche à la muraille du parc, il s'échappe par cette issue, et arrive bientôt chez le bon Gérard. Là grand étonnement lorsqu’il raconte son aventure, et cet etonnement redouble lorsque l’on voit entrer précipitamment la Comtesse de Montfort qui est sortie du parc par la même brèche que Richardet, et qui s’est hâtée de se soustraire à toutes les poursuites, en cherchant un asyle chez Gérard. Ces bonnes gens persuadés de la mort de la Comtesse, croyent voir un fantôme ; mais bientôt la confiance succède à la frayeur, et chacun s’empresse de lui prodiguer tous les secours dont elle a besoin après une si longue captivité.

Cependant le Comte de Montfort apprenant l’évasion de sa femme, voit le moment où son crime va être divulgué : il veut fuir de son château, et laisse l’autorité à son fils : ce dernier fier et impérieux, commence par rebuter un bon paysan qui lui offre quelques fruits. Celui-ci indigné le menace, et lorsque Montfort, retenu par les prières de Sophie, qui lui pardonne, avoue sa faute devant ses vassaux, ce paysan se déclare le père nourricier du jeune Prince, et annonce qu’il n’est pas le fils de Montfort, mais le sien propre : alors il raconte comment il eut jadis dans la forêt le malheur de perdre le fils du Sire de Montfort, et comment il lui substitua son propre enfant. Le vieux Gérard qui l’entend déclare que vers le même tems il trouva Richardet dans le bois, et Richavdet reconnu pour le fils du Sire de Monfort épouse sa jeune maîtresse.

Telle est l’analyse de Richardet, ou le Jeune Aventurier. Cet ouvrage offre bien des longueurs. L'exposition n’est pas bien amenée, le dénouement tombe des nues. Mais il offre quelques belles situations, des idées saines et morales. L’auteur est le citoyen Pierre Blanchard, qui fait mieux un roman qu’une pièce de théâtre.

Dans les ballets, qui ont été assez applaudis, on a vu avec plaisir les talens réunis du citoyen Gaston et de mademoiselle Caroline. Cette aimable danseuse n’avoit point paru au théâtre depuis deux mois.

F. J. B. P. G ***.          

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